Edito n°1171 : « Engorgement »

Pour l’instant, on en n’est pas là. Si en France et en Italie la situation s’est considérablement tendue ces derniers jours, avec une montée en flèche des contaminations au Covid-19, pour le moment, la situation est un peu moins tendue en principauté. Néanmoins, elle reste suffisamment préoccupante pour que, le 23 octobre 2020, le ministre d’Etat, Pierre Dartout, ait annoncé une nouvelle série de restrictions, sans toutefois opter pour un couvre-feu (lire notre article dans ce numéro). En France, 54 départements, soit 46 millions de Français, sont désormais concernés par le couvre-feu annoncé par le Premier ministre, Jean Castex. Les Alpes-Maritimes sont concernés, ce qui contraint les salariés français et italiens qui travaillent à Monaco à se munir d’une dérogation pour se rendre en principauté avant 6 heures du matin ou après 21 heures. Mais, désormais, l’inquiétude gagne le secteur hospitalier français qui redoute de fortes secousses. Lundi 26 octobre 2020, les directeurs d’établissements de santé publics et privés d’ Île-de-France ont reçu pour consigne de « déprogrammer » tout ce qui ne relève pas du Covid-19. En Île-de-France, le cap des 800 lits de réanimation a été atteint le 26 octobre 2020, ce qui représente un taux d’occupation de 70 %. D’ici le week-end du 31 octobre 2020, environ 1 100 lits de réanimation devraient être occupés. L’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France estime pouvoir dégager un total de 1 775 lits d’ici le 3 novembre 2020. Au-delà, c’est l’inconnu, et il n’est pas certain que de nouvelles solutions pourront être trouvées. Surtout qu’il n’est évidemment pas possible de « déprogrammer » la totalité des patients, puisque, pour certains, accéder au service de réanimation est vital. Du coup, la crainte des soignants est double. D’abord, il faut faire face à cette deuxième vague sans possibilité de faire appel à des renforts, puisque cette fois, toute la France est touchée. Ensuite, il faut se préparer à tenir physiquement et nerveusement pendant tout l’hiver, ce qui semble une mission presque impossible. A Monaco, le 23 octobre 2020, Pierre Dartout s’est tout de même montré rassurant. « Nos infrastructures hospitalières et de suivi des patients en ville sont performantes. Elles sont prêtes. Depuis le début de la crise, notre politique sanitaire nous a permis d’assurer une réponse efficace de l’hôpital, en évitant son engorgement », a estimé le ministre d’Etat. Pourvu que ça dure.