Edito n°1182 : Urgence

Depuis un peu plus d’un an, la pandémie de Covid-19 écrase tout sur son passage. Le monde entier est tourné vers ce sujet, qui impacte la vie de chacun. Pourtant, bien évidemment, les autres maladies n’ont pas disparu. À commencer par les cancers, qui restent en France la première cause de décès chez l’homme et la deuxième chez la femme. Selon l’Institut national du cancer (INCa), en 2018, 157 400 personnes sont mortes d’un cancer, soit plus de 400 par jour. Au niveau mondial, plus de 19 millions de nouveaux cas et 10 millions de décès ont été enregistrés en 2020, d’après des chiffres communiqués par le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC), une agence spécialisée de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Chez les enfants, en France, ils sont entre 2 500 à 3 000 à être touchés par un cancer chaque année, soit environ 1 enfant sur 440. Chaque année, environ 500 enfants meurent d’un cancer. Ces chiffres sont bien sûr intolérables. Pourtant, jugée pas suffisamment rentable, la recherche sur les cancers pédiatriques est délaissée. Le plus souvent, les traitements pour les adultes sont recyclés et adaptés pour les enfants. Les cancers pédiatriques qui touchent un enfant ou un adolescent âgé de 0 à 14 ans inclus ne sont pas une fatalité, estime le fondateur et président de la fondation Flavien, Denis Maccario, dans l’interview qu’il nous a accordée, et qui est à lire dans le dossier spécial que nous publions dans ce numéro. Entre 2015 et 2020, sa fondation a reversé 643 500 euros à la recherche, notamment au centre scientifique de Monaco. Et ça marche. En effet, suite à deux découvertes réalisées par les équipes de chercheurs, coordonnées par le cancérologue Gilles Pagès, et qui travaillent à Monaco et à Nice sur les tumeurs pédiatriques, l’espoir est permis. Comme l’explique le docteur en biologie Vincent Picco dans ce numéro, un essai clinique devrait être lancé autour d’une molécule, l’Axitinib, en 2021 par le professeur Nicolas André de l’assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM). Un second essai clinique est espéré pour 2022 par la chercheuse au CNRS, spécialiste en oncologie et membre de l’Institut cancer et vieillissement de Nice (IRCAN), Sonia Martial. « J’aimerais que l’on fasse désormais aussi vite pour que soit lancé un essai clinique autour de cette molécule, l’Axitinib, que ce que l’on fait vite pour le Covid-19 », lance Denis Maccario. Car coronavirus ou pas, les cancers pédiatriques continuent de tuer tous les jours. L’urgence est toujours là.