Edito n°1280 : Option

Après plus d’un an de guerre en Ukraine, les observateurs qui pensaient que ce conflit ne durerait pas en sont pour leurs frais. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a débuté le 24 février 2022 et, plus de treize mois après, les troupes du président ukrainien Volodymyr Zelensky affichent toujours une remarquable résistance, avec le soutien de l’OTAN. Voilà pourquoi aujourd’hui, personne ne sait vraiment comment sortir de cette guerre qui ressemble de plus en plus à une impasse pour le président russe, Vladimir Poutine. Dans ce numéro, Monaco Hebdo a interrogé Julian Fernandez, professeur à l’université Paris-Panthéon-Assas, co-directeur de l’Annuaire français de relations internationales et de la plateforme d’analyse de l’actualité stratégique #LeRubicon. Il évoque quatre scenarii qui lui semblent envisageables : « Un effondrement du régime russe à la suite du ressac des forces sur le terrain, un renversement du gouvernement de Kyiv après une offensive décisive de Moscou, une montée aux extrêmes « clausewitzienne » avec le recours à des armes de destruction massive suivie, d’une conflagration générale, et la poursuite d’une guerre d’attrition et de positions dans le Sud et l’Est de l’Ukraine. » Cependant, le scénario qui lui semble le plus crédible, c’est « un conflit à la violence relativement contenue, mais qui s’inscrit dans le temps long ». En tout cas, pour le moment, aucun des deux camps ne semble en capacité d’imposer une victoire totale et ce conflit semble s’enliser. Il faut aussi prendre en considération les sphères politiques et économiques. Et même judiciaires, car un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale a été lancé contre Vladimir Poutine. Le président russe est ainsi devenu le quatrième chef d’Etat en exercice frappé par ce type de décision. Avant lui, en 1999, on se souvient du président de Serbie, Slobodan Milosevic, avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), et aussi des dirigeants soudanais, Omar Al-Bachir, en 2009, et libyen, Mouammar Kadhafi, en 2011, par la Cour pénale internationale. Il faudra mesurer ce que ce mandat d’arrêt pèsera dans le cadre de discussions autour d’un éventuel futur accord de paix. Sur le plan économique, la Russie est isolée et l’Etat a injecté beaucoup d’argent, notamment pour revaloriser les salaires des fonctionnaires, des soldats et de leurs familles, ainsi que les prestations sociales. Cela permet à Vladimir Poutine de ne pas subir, pour le moment, les effets des sanctions économiques décidées notamment par l’Union européenne (UE). Mais le manque de main-d’œuvre se fait aussi sentir, avec une partie de la population qui a fui le pays, et une autre qui se bat en Ukraine. Résultat, les compétences manquent dans certains métiers, notamment les plus techniques, comme le secteur informatique, par exemple, ce qui pourrait avoir un impact sur l’armée russe. Dans un tel contexte, difficile de savoir comment trouver une issue à ce conflit. Certains estiment qu’une médiation internationale, assurée par l’Assemblée générale de l’ONU, permettrait de poser une base pour atteindre la paix. Après plus d’un an de guerre, il ne faut sans doute négliger aucune option.