Edito n°1278 : Pluies

2023 pourrait être encore pire que 2022. C’est le message que fait actuellement passer un certain nombre d’experts à propos de la sécheresse. En France, le niveau de 80 % des nappes phréatiques est en dessous de la normale, a indiqué le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) dans un communiqué publié lundi 13 mars 2023. A titre de comparaison, moins de la moitié se trouvait dans cette situation préoccupante en 2022. Pire encore, le BRGM souligne qu’environ 45 % des nappes souterraines ont atteint un seuil « bas » ou « très bas ». Partant de ce constat, « la reconstitution des stocks d’ici le printemps 2023 reste difficilement envisageable sur les nappes réactives affichant des niveaux très bas », estime le BRGM. Avant d’ajouter : « Pour les prochains mois, cette recharge 2022-2023 déficitaire risque d’impacter l’ensemble des nappes inertielles du bassin parisien, et plus particulièrement celles du couloir Rhône-Saône. » Mais la sécheresse s’impose aujourd’hui comme un phénomène global qui touche toute la France, et Monaco y compris, bien sûr. Résultat, le préfet des Alpes-Maritimes, Bernard Gonzalez, a placé le département en « alerte sécheresse » le 10 mars 2023, et cela, « au moins » jusqu’au 30 avril 2023. Alors que Monaco Hebdo bouclait ce numéro le 14 mars 2023, douze autres départements étaient classés en état de vigilance, ou concernés par des mesures de restriction d’eau. Un arrêté préfectoral a été publié le 13 mars 2023, qui souligne que « la période de recharge partielle du 1er septembre 2022 au 4 mars 2023 est déficitaire de 30 à 50 % par rapport à la normale ». Quant au manteau neigeux, il est « déficitaire d’environ 60 % par rapport à la moyenne sur le département ». Une série de restrictions, que Monaco Hebdo détaille dans ce numéro, ont donc été décidées par la préfecture des Alpes-Maritimes.

Des restrictions qui ne s’appliquent pas à Monaco, même si le directeur général de la société monégasque des eaux (SME), Manuel Nardi, est convié en tant qu’invité aux réunions du comité sécheresse autour du préfet des Alpes-Maritimes. « Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de coercition qu’il ne se passe rien à Monaco. En 2021, il avait été décidé avec l’Etat monégasque d’un plan de communication destiné au grand public, pour rappeler que l’eau est une ressource précieuse, que l’on ne sait pas en fabriquer, et qu’elle se raréfie », explique Manuel Nardi, dans la longue interview qu’il a accordée à Monaco Hebdo. Pendant l’été 2022, alors que la consommation d’eau de la principauté en heure de pointe est estimée à 16 000 m3, une baisse d’environ 10 % a été constatée suite à cette opération de sensibilisation. Chaque année, Monaco consomme 4,7 millions de m3 d’eau. « A Monaco, la production habituelle était située entre 1,5 et 2,5 millions de m3 d’eau par an. Aujourd’hui, avec 660 000 m3, nous sommes trois fois plus bas », constate Manuel Nardi. Impossible d’être auto-suffisant, les ressources doivent donc nécessairement venir de l’extérieur. Mais, que ce soit en France ou en Italie, le faible niveau des nappes n’incite guère à l’optimisme. Reste donc à faire preuve de responsabilité et à être attentif à sa consommation d’eau, tout en espérant que les mesures de restriction porteront leurs fruits. Pour vérifier cela, le BRGM devrait travailler sur une étude, afin de mesurer précisément l’efficacité des restrictions. En attendant, tout le monde espère l’arrivée de pluies providentielles. Sans trop y croire.

1) Le communiqué du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) est à lire ici.