Edito n°1264 : Causes

Négatif ou positif ? Tout dépend comment on regarde les choses. La conférence sur le climat de Charm El-Cheikh s’est achevée avec trente-sept heures de retard, et la grande avancée réside dans la reconnaissance, pour la première fois, de la nécessité d’une aide financière pour les pays les plus vulnérables face au réchauffement climatique. Un fonds consacré aux « pertes et dommages » viendra aider économiquement les pays en développement frappés par des dégâts irréversibles dûs à la crise climatique. Le constat répété pendant cette COP27 a été le même : les pays pauvres sont en première ligne face à la canicule, aux sécheresses, aux inondations, et aux ouragans, alors qu’ils pèsent le moins dans les émissions de gaz à effet de serre. Cette situation provoque chaque année des morts, et vient peser sur le développement économique de ces pays. Cette question de la « dette climatique » a donc été tranchée, avec en toile de fond, le Pakistan où des inondations ont récemment provoqué 1 700 morts. Ce fonds sera supervisé par quatorze pays du Sud et dix pays du Nord, afin qu’il soit fonctionnel pour la COP28, prévue du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï. Les pays riches financeront ce fonds. Reste à savoir si la Chine, toujours classée parmi les pays en développement, rejoindra les financeurs de ce fonds. Ce sujet reste sur la table, alors que la Chine est le premier émetteur de gaz à effet de serre et la deuxième puissance économique mondiale. C’est encore peu, mais une quarantaine de pays ont accepté de verser plus de 350 millions de dollars (338 millions d’euros) au titre des « pertes et dommages ». En revanche, les 196 pays présents ont échoué à trouver un accord pour régler la problématique posée par les énergies fossiles, qui figurent toujours parmi les premières causes du réchauffement climatique. Comme en 2021, le texte final stipule seulement que les pays s’engagent à faire baisser plus rapidement l’utilisation du charbon, alors que le pétrole et le gaz ne sont pas cités. De grands producteurs de pétrole comme les États-Unis, la Norvège, la Colombie, et la Norvège étaient favorables à une sortie de ces combustibles étalée dans le temps. Mais en face, une majorité de pays, dont la Chine, la Russie et les pays du Golfe, ont repoussé cette idée. Beaucoup d’observateurs ont donc estimé que l’on s’attaquait aux conséquences du réchauffement climatique, sans se pencher sur les causes. « Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant, et c’est une question à laquelle cette COP n’a pas répondu », a estimé, pour sa part, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Si l’accord de Paris qui consiste à contenir le réchauffement climatique à 1,5 °C a été réaffirmé, les engagements actuels des pays signataires ne permettront pas de l’atteindre. Pas plus qu’ils ne permettront d’atteindre un réchauffement de 2 °C par rapport à l’ère pré-industrielle.