Edito n°1257 : Extrêmes

En France, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a tranché la question. Entre le 1er juin et le 22 août 2022, 11 000 décès supplémentaires ont été enregistrés par rapport à la même période en 2019, qui est la dernière année où le Covid-19 était absent. Sans dire de façon claire et définitive les raisons qui expliquent ces morts, l’Insee indique que cela « s’explique vraisemblablement par la vague de chaleur survenue à la mi-juillet, après un premier épisode de canicule dès la mi-juin ». Cette hypothèse prend de l’épaisseur, si on s’attarde sur les pics de mortalité. En effet, chacun est lié à une vague de chaleur : autour du 19 juin, puis autour du 19 juillet, autour du 4 août, et pendant la période du 11 au 13 août 2022. Pour le mois de juillet 2022, il y a eu en France, en moyenne, 1 750 décès par jour, ce qui représente une augmentation de 13 % par rapport à juillet 2019. En juin 2022, 1 700 décès de plus ont été décomptés, soit une hausse de 4 %, en comparant avec juin 2019. L’épisode de canicule enregistré en 2003 reste ancré dans les mémoires. Il avait provoqué un surplus de 15 300 morts en France métropolitaine. Or, l’été 2022 est le deuxième été le plus chaud jamais enregistré après 2003. À Monaco, les chiffres publiés par l’Institut monégasque des statistiques et des études économiques (IMSEE) montrent que le nombre de résidents décédés entre juin et août 2022, est au-dessus de la moyenne [à ce sujet, lire notre article La canicule de l’été 2022 a-t-elle causé un pic de mortalité à Monaco ?, publié dans ce numéro — NDLR], sans que l’on puisse parler de sur-mortalité. Néanmoins, la canicule de l’été 2022 nous renvoie nécessairement vers la problématique du réchauffement climatique. Dans le dossier spécial que nous vous proposons dans ce numéro, la rédaction de Monaco Hebdo s’est donc posée une question simple : va-t-il falloir s’y habituer ? Est-ce que les températures extrêmes enregistrées l’été dernier vont devenir la norme ? Pour répondre à ces questions, nous avons interrogé une série d’experts. Qu’ils soient climatologues, scientifiques spécialistes de la biologie marine, ou économistes de l’environnement, ils ne sont guère optimistes. Sécheresse, incendies, pluies diluviennes, et même canicule marine, les effets concrets sont déjà là, et ils sont très violents. Face à ce constat, il est urgent d’agir, et de façon drastique répètent ces spécialistes, tout en déplorant de ne pas être suffisamment entendus. En attendant, c’est aussi notre capacité à nous adapter à ce nouvel environnement climatique qui est questionnée. Car les changements sont déjà là, et aucun retour en arrière ne sera possible.