Edito n°1239 : spatiale

C’était en février 2022. À l’occasion du sommet spatial de Toulouse, le chef de l’État français, Emmanuel Macron, a martelé dans son discours l’importance pour l’Union européenne (UE) de bâtir une réelle indépendance stratégique vis-à-vis des grandes puissances, comme la Chine, les États-Unis, et la Russie, mais aussi des géants du secteur privé que sont SpaceX, dirigé par le milliardaire américain Elon Musk, ou Amazon, notamment. Il faut dire que les sujets liés à la conquête spatiale sont multiples, et de toute première importance. Il y a notamment l’accès à Internet, bien sûr, mais aussi la navigation par satellite, ou encore l’observation des différentes armées déployées à la surface du globe. La guerre qui se déroule en Ukraine depuis le 24 février 2022 donne d’ailleurs un écho particulier à ce sujet. À Toulouse, Emmanuel Macron a plaidé pour la construction de « microlanceurs réutilisables », ainsi que le déploiement par l’UE de sa propre flotte de satellites, tout en militant pour la mise en place d’« un cadre de régulation », afin de mieux protéger les satellites européens. Citant Platon (428 / 427 av. J.-C. – 348 / 347 av. J.-C.), Emmanuel Macron a rappelé que « l’astronomie oblige l’âme à regarder vers le haut ». C’est justement parce que Monaco regarde vers le haut que la principauté est positionnée sur ce secteur. Comme un symbole, le 2 août 2021, le bureau des affaires spatiales de Monaco a été lancé par le gouvernement, actant ainsi très officiellement l’intérêt de la principauté sur ce thème. Dans une interview accordée à Monaco Hebdo en octobre 2021, le patron de ce bureau, et de la direction des plateformes et des ressources numériques en principauté, Christophe Pierre, rappelait que la principauté s’intéressait à l’exploration spatiale depuis 2008. Le secteur privé s’y intéresse aussi. Le premier acteur à s’être lancé, c’est Space Systems International (SSI), dirigé par le docteur Ilhami Aygun. Quatorze ans plus tard, trois entreprises spécialisées se sont positionnées, dont le groupe monégasque Venturi, dirigé par Gildo Pastor. Sur ce marché pas tout à fait comme les autres, Monaco peut difficilement agir seul. Comme souvent, c’est sur le multilatéralisme que la principauté mise. Et pas uniquement avec l’UE, comme le montre le projet de Venturi Lab, la filiale suisse du groupe monégasque, et son pendant américain, Venturi Astrolab. Ces deux structures planchent en effet sur la construction d’un rover pour les prochaines missions lunaires de la National Aeronautics and Space Administration (NASA). Et puis, la conquête spatiale, c’est aussi savoir se protéger de ce qui vient de l’espace, comme les astéroïdes, par exemple. Dans ce numéro, l’astrophysicien et directeur de recherche au CNRS à l’observatoire de la Côte d’Azur, Patrick Michel, nous explique comment les missions DART de la NASA et Hera de l’agence spatiale européenne (ESA) vont tenter de répondre à cette question [à ce sujet lire son interview « Ce risque, nous avons les moyens de le prédire et de le prévenir » — NDLR]. De quoi éviter le scénario du film catastrophe de Michel Bay, Armageddon (1998).