Edito n°1237 : Retraites

Dix ans. C’est le temps qu’il aura fallu au projet de régime de retraite complémentaire monégasque pour voir le jour. Dans ce numéro, Monaco Hebdo retrace, dans le cadre d’un dossier spécial, sa genèse, en compagnie notamment du conseiller-ministre de la santé et des affaires sociales, Didier Gamerdinger, du directeur des caisses sociales de Monaco, Bertrand Crovetto, mais aussi des partenaires sociaux que sont la Fédération des entreprises monégasques (FEDEM) et l’Union des syndicats de Monaco (USM). « Le système actuel fonctionne bien. Mais, vu de Monaco, on perçoit qu’il y a des réflexions sur le régime des retraites depuis 10 ans en France, entre l’allongement des durées de cotisations, et l’allongement des droits. On s’est donc dit qu’on aimerait être maîtres de notre destin, en créant notre propre caisse de retraite monégasque, pour ne plus dépendre des futures réformes décidées en France », résume Didier Gamerdinger. En France, dans l’entre-deux-tours de la présidentielle, on a effectivement vu resurgir la très épineuse question de l’âge de la retraite. Qualifié pour le deuxième tour de cette élection qui se déroulera le 24 avril 2022, le président candidat Emmanuel Macron a confirmé son projet de progressivement repousser l’âge de la retraite de 62 à 65 ans, à partir de 2030. Mais il a aussi indiqué que « tout ça se discute », sans exclure la possibilité d’un référendum sur ce sujet hautement sensible. Son projet actuel, qui était de retarder l’âge de départ de 4 mois par an dès 2023, est donc décalé. En cas de réélection, Macron a promis de ne pas diminuer le montant des pensions, et de ne pas revoir à la hausse les cotisations, tout en mettant la retraite minimale à 1 100 euros par mois, pour une carrière complète. Bref, on le voit, en France, la thématique est très clivante, avec, en creux, la question du financement qui se pose. Mais pas à Monaco, comme le rappelle Bertrand Crovetto : « En France, la population active a diminué de 0,5 %, en moyenne sur la période 2016-2020, alors qu’elle a progressé de 1,6 % à Monaco, en moyenne, à la même période. Ce décalage est l’un des élément qui explique que ce régime monégasque sera excédentaire, de par la croissance de l’effectif cotisant. » Résultat, la différence entre les cotisations et les pensions servies est estimé à 100 millions d’euros par an. Cela peut permettre d’abonder le fonds de réserve monégasque. Et même, comme le propose Didier Gamerdinger, de diminuer les montants des futures cotisations des employeurs et des employés. Désormais, l’objectif est que cette future caisse soit lancée le 1er janvier 2023. C’est donc la dernière ligne droite pour un dossier aussi technique que politique. Car il s’agit aussi de quitter le système français en bons termes.

Toute l’équipe de Monaco Hebdo marque une pause. Retrouvez Monaco Hebdo n°1238 en kiosques jeudi 28 avril 2022, et toujours en continu sur www.monaco-hebdo.com.