Edito n° 1232 : « Hostiles »

Alors que Monaco Hebdo bouclait ce numéro le 8 mars 2022, la guerre se poursuivait depuis treize jours en Ukraine. Kiev attendait l’ouverture de couloirs humanitaires, afin de pouvoir évacuer des civils. Le bilan humain était difficile à établir avec précision. De son côté, le 7 mars 2022, l’Ukraine évoquait 11 000 morts chez les Russes, alors que Moscou en reconnaissait 498, et parlait de 2 870 morts chez les Ukrainiens. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, 364 civils auraient été tués et 1,7 million d’Ukrainiens auraient fui leur pays. Le 8 mars 2022, la Russie assurait avoir ouvert des « couloirs humanitaires » pour permettre l’évacuation de civils de Kiev, de Tchernihiv, de Soumy, de Kharkiv, et de Marioupol. Mais la méfiance était grande, et le président Volodymyr Zelensky, toujours présent dans la capitale ukrainienne, évoquait des routes minées par l’armée russe, et de possibles destructions de bus de civils. La situation était donc extrêmement tendue. C’est dans ce contexte qu’a débuté l’examen des candidatures de l’Ukraine, de la Géorgie et de la Moldavie par l’Union européenne (UE). Ces trois demandes ont été déposées suite à l’invasion russe de l’Ukraine. Mais ce processus d’adhésion demande beaucoup de temps. Il est d’une grande complexité, et il nécessite l’unanimité des vingt-sept pays de l’UE. Sur le plan économique et financier cette fois, Moscou a contre-attaqué, en annonçant le 7 mars 2022 qu’une liste de pays « hostiles » à la Russie avait été dressée. Dans cette liste, sans surprise, on trouve l’ensemble des pays de l’UE, les Etats-Unis, et la Suisse notamment, mais aussi Monaco. Ces pays seront désormais remboursés en roubles, a indiqué Moscou, alors que cette monnaie a perdu 45 % de sa valeur depuis janvier 2022. Si elle est temporaire et qu’elle ne concerne que les paiements de plus de 10 millions de roubles par mois, cette décision démontre que, même affaiblie économiquement, la Russie entend défendre ses intérêts et punir les pays qu’elle juge inamicaux. Interrogé par Monaco Hebdo, le ministre d’Etat de la principauté, Pierre Dartout, et son gouvernement, ont estimé pour leur part que Monaco n’avait pas de « dépendance » à la Russie, tout en soulignant que les échanges entre les deux pays ne représentaient que 6,3 millions d’euros en 2021. Reste toutefois à prendre en considération d’autres facteurs. Notamment la réputation des banques monégasques, contraintes de geler les avoirs de certains ressortissants russes, comme le souligne l’administrateur délégué de la banque privée CMB Monaco, Francesco Grosoli. Sans oublier le tourisme et le risque de voir quelques-uns des 750 Russes installés en principauté quitter Monaco, pour s’installer ailleurs. Trois enjeux qui pourraient peser lourd pour la principauté.