Edito n°1230 : « DYS »

D yslexie, dysgraphie, dyscalculie, dysorthographie… À Monaco, comme ailleurs, les jeunes victimes de troubles « dys » font face à une souffrance. Pour les aider, la prise en charge est montée en puissance au fil des années. « 6,2 % des élèves scolarisés à Monaco bénéficient d’un projet individualisé lié à des troubles spécifiques du langage et des apprentissages », indique la directrice de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports, Isabelle Bonnal. Depuis une vingtaine d’années, l’accompagnement de ces jeunes s’est considérablement accentué. En France, la loi du 11 février 2005 a posé les principes du droit à la scolarité en milieu ordinaire pour les jeunes en situation de handicap. L’école est de plus en plus « inclusive », même s’il reste toujours des efforts à faire. À Monaco, la principauté fait « du cas par cas » pour les élèves souffrants de troubles spécifiques du langage et des apprentissages, assure Isabelle Bonnal. Elle détaille d’ailleurs le dispositif mis en place par la principauté, dans l’interview qu’elle a accordée à Monaco Hebdo cette semaine. De son côté, fin 2021, Marc Mourou, président de la commission de l’éducation, de la jeunesse et des sports du Conseil national, a alerté le gouvernement monégasque sur cette question. L’ordonnance souveraine du 23 novembre 2021 a fait bouger les choses. Elle permet à un orthophoniste titulaire de s’associer avec un ou deux autres orthophonistes. « Bien que deux confrères seulement soient autorisés à exercer simultanément au sein du lieu d’exercice professionnel commun, cela permet d’assurer une meilleure continuité, et cela offre, pour les enfants qui suivent, des séances régulières », glisse Marc Mourou, qui n’oublie pas qu’il reste encore à faire pour améliorer le panel de soins : « Il existe encore un manque de pédopsychiatres, neuropsychologues ou psychomotriciens en principauté. Ce sont des profils très recherchés, où le besoin se fait de plus en plus ressentir, notamment pour prendre en charge la santé mentale des jeunes. » En tout cas, les effets de cette politique volontariste se vérifient dans les chiffres. Aujourd’hui, les jeunes touchés par des troubles « dys » sont de plus en plus présents dans le secteur de l’enseignement supérieur français, dans lequel beaucoup de Monégasques et de résidents partent se former. Selon les chiffres publiés par le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (1), en France, l’université compte 40 000 étudiants en situation de handicap (environ 2 % des effectifs). Ils étaient un peu plus de 10 000 en 2010. Sur ce total, 25 %, en moyenne, souffrent de troubles du langage et de la parole. Les grandes écoles font aussi des efforts. Toujours du côté français, sur les 2 % d’étudiants en situation de handicap qui rejoignent les établissements de la Conférence des grandes écoles (CGE), environ un tiers est victime de troubles « dys ». De quoi permettre à ces étudiants de se préparer au mieux, avant de rejoindre la vie professionnelle. Un monde dans lequel ils devront continuer à se battre pour faire leur place.

1) État de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation en France n° 14 : les étudiants en situation de handicap dans l’enseignement supérieur (chiffres 2019) : https://publication.enseignementsuprecherche.gouv.fr/eesr/FR/T243/les_etudiants_en_situation_de_handicap_dans_l_enseignement_superieur/.