Edito n°1217 : Talent

Et si la boxe faisait son retour au plus haut niveau à Monaco ? C’est la question que s’est posée cette semaine la rédaction de Monaco Hebdo. À l’origine de ce questionnement, l’éclosion d’un talent. Depuis quelques années, le Monégasque Hugo Micallef aligne les performances, au point d’avoir acquis récemment le statut professionnel. Et pas n’importe comment, puisque c’était en septembre 2021, à l’occasion d’une soirée de boxe organisée autour du combat du champion français Tony Yoka, le tout devant les caméras de Canal+ et d’ESPN pour les États-Unis. Hugo Micallef a battu l’Argentin Ezequiel Gregores, dans la catégorie des super-légers, les moins de 63,5 kg. Et ce n’est pas tout. Mi-juillet 2021, Micallef a signé un contrat de cinq ans avec le promoteur américain Top Rank Boxing. Créé en 1973 par Jabir Herbert Muhammad et Bob Arum, Top Rank Boxing est connu pour son travail avec les plus grands boxeurs du monde, de Muhammad Ali (1942-2016) à Joe Frazier (1944-2011), en passant par Oscar de la Hoya ou Tyson Fury aujourd’hui. Dans l’interview que Hugo Micallef a accordée à Monaco Hebdo, il raconte son parcours, comment il s’est construit, et pourquoi il a décidé de s’installer aux Canaries pour travailler et se préparer pour son second combat professionnel, qui devrait avoir lieu en décembre 2021, là encore dans une soirée organisée autour de Tony Yoka. Mais c’est l’objectif affiché par ce boxeur de 23 ans qui retient l’attention : devenir le premier Monégasque à être sacré champion du monde de boxe. Et même, tenter d’unifier ce titre au sein des différentes fédérations de boxe. Le challenge est ambitieux, mais Micallef est déterminé. Avec un total de 129 combats et de 112 victoires chez les amateurs entre 2015 et 2021, son palmarès parle pour lui, et il pourrait lui permettre de réaliser un autre rêve : combattre à Monaco, chez lui, dans le cadre d’un championnat du monde. De quoi ramener la boxe au plus haut niveau en principauté, comme au début du siècle dernier. À l’époque, sous le règne d’Albert Ier (1848-1922), la boxe est perçue comme un levier intéressant pour doper l’attractivité et l’économie de Monaco. La Société des bains de mer (SBM) utilise donc ce vecteur pour remplir ses hôtels, ses restaurants et son casino. Elle crée même l’International Sporting Club, une structure chargée d’organiser des événements sportifs suffisamment attrayants pour attirer de nouveaux clients. Des combats de niveau mondial sont organisés à Monaco, avec notamment l’Argentin Carlos Monzón (1942-1995) ou l’Américain Marvin Hagler (1954-2021). Si depuis 2013, la SBM continue de jouer la carte « casino-boxe », ce sport a été dépassé par le football en termes de notoriété. Seuls les championnats du monde poids lourds, dominés par le Britannique Tyson Fury, passionnent les foules. Mais organiser ce type de combat coûte très cher, et Monaco ne semble pas disposé à payer la note, comme l’explique dans ce numéro le président de la fédération monégasque de boxe Laurent Puons. À moins que la trajectoire du Monégasque Hugo Micallef ne vienne changer la donne.