Edito n°1200 : VII

Monaco peut-il s’affirmer comme une terre de rugby ? Dans la longue interview que le prince Albert II a accordée à Monaco Hebdo, il nous donne sa vision de ce sport qu’il estime promis à un bel avenir. Notamment le rugby à VII. Devenu sport olympique en 2016 à l’occasion des Jeux olympiques (JO) de Rio, le rugby à VII poursuit son développement. En 2020, la Ligue nationale de rugby (LNR), qui organise les championnats de rugby à XV professionnels que sont le Top 14 et la Pro D2, a embrayé, en créant le Supersevens : les quatorze clubs du Top 14, rejoints par les équipes de Monaco et des Barbarians, ont ainsi été réunis pour disputer la première édition du championnat de France des clubs de rugby à VII. Un premier tournoi s’est déroulé en février 2020, dans un format très télévisuel : 28 matches au total de sept minutes, à élimination directe. De quoi séduire les abonnés de Canal+, seul diffuseur de cette compétition. Cet été, trois tournois sont prévus, avec pour objectif une qualification pour la finale, organisée en novembre 2021, à Paris La Défense Arena. Monaco a donc créé son équipe, le Monaco Rugby Sevens, un projet piloté par Emmanuel Falco et l’ancien ouvreur du XV de France, Frédéric Michalak. Plus simple que le rugby à XV, le rugby à VII mise davantage sur la vitesse et le spectacle. Suffisamment pour séduire largement, alors qu’en France et à Monaco, le rugby à XV domine tout ? C’est ce que veulent croire les promoteurs du rugby à VII, LNR en tête. Le prince Albert II juge en tout cas que ce sport est une aubaine pour son pays : « Si dans le rugby, la discipline phare reste le rugby à XV, le rugby à VII est très intéressant. Notamment pour des petits pays qui n’ont pas forcément les moyens humains de mettre sur pied une équipe de rugby à XV de niveau international […]. Le rugby à VII donne davantage de possibilités à de petites nations du rugby de se développer et de participer à des grands championnats internationaux. » Mais la participation de Monaco à ce championnat de rugby à VII des clubs pourrait être une étape vers un autre objectif, encore plus ambitieux : la mise en place d’une équipe nationale, capable de se qualifier pour les Jeux olympiques (JO). « Les JO sont un objectif à moyen et long terme », nous a glissé le prince Albert. En parallèle, Monaco pourrait aussi avoir de l’ambition pour son équipe de club de rugby à XV, l’ASM Rugby. « L’ASM Rugby n’a pas de stade. Cela constitue les limites de ce projet qui verrait ce club monégasque atteindre un jour le Top 14. Mais, dans l’absolu, pourquoi pas ? En tout cas, ce serait une situation inédite pour le sport monégasque : avoir le football, le basket et le rugby au plus haut niveau, ce serait vraiment extraordinaire », s’est enthousiasmé Albert II. A l’heure où le football souffre d’une image dégradée, notamment à cause de la violence, de l’homophobie et de l’argent roi, le rugby se pose comme une alternative crédible. Et un excellent vecteur de communication pour Monaco, toujours extrêmement soucieux de son image.