vendredi 26 avril 2024
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La Princesse Grace, sa vie en bios

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Qui était l’actrice Grace Patricia Kelly née le 12 novembre 1929 à Philadelphie, devenue Princesse Grace de Monaco le 19 avril 1956 en épousant le Prince Rainier III, et disparue le 14 septembre 1982 à Monaco ? Monaco Hebdo a posé la question à six des biographes qui ont dressé son portrait.

Par la rédaction.

« Quand on est biographe, on a forcément une lecture subjective des événements de la vie de la personnalité sur laquelle on écrit. On n’y échappe pas. » Sandro Cassati est l’auteur de Grace de Monaco : Le rôle d’une vie, paru courant avril aux éditions City. Il s’agit de l’une des biographies les plus récentes sur la vie de la Princesse Grace. Depuis le début de l’année, ont également été publiés Le Roman de Grace Kelly de Alain-Guy Aknin et Stéphane Loisy (éditions Romart), Grace, la princesse déracinée de Bertrand Tessier (éditions de l’Archipel) ou encore Grace Kelly d’Hollywood à Monaco, le roman d’une légende de Sophie Adriansen (éditions Premium). Une autre, Tapis de roses, signée Christian Dureau doit paraître sous peu. Certains l’admettent, ils profitent de la vague du film d’Olivier Dahan, Grace de Monaco. D’autres évoquent un concours de circonstances. Au total, plus d’une vingtaine de biographies ont été consacrées à l’actrice et princesse monégasque depuis sa regrettée disparition.

Identité
Qui était Grace Kelly ? « Grace, c’est le Graal de toutes les femmes », estimait Elisabeth Gouslan, auteur de Grace de Monaco, la glace et le feu, interrogée par Monaco Hebdo en novembre 2013. « Grace a été l’idéal pour les générations de petites filles nées dans les années 40, devenues femmes dans les années 60. Elles-mêmes ont transmis cet idéal à leurs filles. Grace avait tout. C’était une mère comblée par trois très beaux enfants, mariée à un prince », développait-elle. Nombre d’auteurs ont été fascinés par le mystère que dégageait la personnalité de Grace Kelly. « On disait beaucoup que c’était un personnage froid. Il y a eu une confusion entre sa personnalité et celle des rôles qu’elle incarnait dans certains films, notamment ceux d’Hitchcock qui l’obligeaient à avoir un côté énigmatique. Or, il y a aussi des films où elle se montrait très drôle », indique Alain-Guy Aknin, co-auteur du Roman de Grace Kelly. « On ne pouvait pas résister à la Princesse. Elle avait trop de charme. Elle était vive, drôle, gentille, très affectueuse », se souvient Jacqueline Monsigny, qui, avec son mari Edward Meeks, furent de proches amis de la Princesse pendant 13 ans. L’auteur du livre de souvenirs Chère Princesse Grace (Ed. Michel Lafon) décrit la princesse Grace comme « très proche des gens et facile à approcher. » « Lorsqu’elle se rendait au marché, il y avait des femmes qui disaient « La plus belle, c’est notre Princesse ». C’était une femme rare », raconte-t-elle.
Bertrand Tessier s’est, lui, attaché à dresser un portrait psychologique « extrêmement précis » d’un « personnage charismatique et transaltantique » dans Grace, la princesse déracinée. Il n’a pas voulu choisir entre l’actrice et la Princesse pour le titre de son ouvrage car selon lui, elle a traversé « une quête d’identité. » « Les hasards et les coïncidences sont très nombreuses dans sa vie. Elle a passé 26 ans et demi en tant que Grace Kelly et 26 ans et demi en tant que Princesse Grace de Monaco. C’est intéressant comme coïncidence. Ses deux vies ont été le prolongement l’une de l’autre. Il y a là deux vies, deux époques, deux identités qui s’entrechoquent perpétuellement. Même son prénom Grace, seul point commun entre ses deux vies, quand elle devient princesse, est prononcé à la française. Ce qui fait qu’elle adopte une identité différente », développe-t-il. Quant à Sandro Cassati, il voit dans la vie de Grace Kelly « une forme de fracture. » « Une actrice hollywodienne brillante d’abord dont les films ont marqué durablement l’histoire du cinéma. Puis une femme qui a mûri d’un coup. Une mère courage qui a su comprendre la charge assez lourde qui lui incombait », poursuit-il.

Enfance
Dans les premiers chapitres des biographies revient d’abord un nom, incontournable. Celui de Jack Kelly, le père de Grace. Née le 12 novembre 1929, Grace est issue d’une famille catholique et irlandaise. Jack Kelly et Margaret Katherine Majer, tous deux anciens sportifs de renom, élèvent leurs quatre enfants de façon rigoureuse. L’effort et la culture de la gagne priment.
A son adolescence, Grace Kelly est initiée au théâtre à New York par son oncle, George Kelly, dramaturge de renom. « Ça a été le déclenchement d’une vocation. Son oncle a suscité en elle l’envie de devenir actrice. Mais le théâtre n’a pas été un tremplin à proprement parler pour sa carrière au cinéma », analyse Alain-Guy Aknin. Grace Kelly se rêve comédienne mais se heurte au refus de son père, qui n’apprécie guère le mode de vie adopté par les artistes. Il finit par l’autoriser à quitter le domicile familial pour qu’elle intègre l’American Academy of Dramatic Arts. Mais Jack Kelly pose certaines conditions. Grace est notamment logée au Barbizon Hotel for Women de New York, fréquenté par des filles de bonne famille, où les hommes ne peuvent avoir accès qu’au rez-de-chaussée et sont bannis après 22h. Avant de devenir une star du grand écran, Grace Kelly est tour à tour mannequin, égérie de films publicitaires, comédienne dans des téléfilms et sur les planches.

Kelly/Hitchcock
La filmographie de Grace Kelly compte onze films. Parmi les plus célèbres, Le train sifflera trois fois de Fred Zinnemann, Mogambo de John Ford et surtout Le Crime était presque parfait, Fenêtre sur cour et La Main au collet réalisés par Alfred Hitchcock. « Les trois Hitchcock ont été particulièrement marquants dans sa carrière. A contrario, Une fille de la province, film pour lequel Grace Kelly a été oscarisée, n’est pas resté dans l’histoire du cinéma », note Alain-Guy Aknin. La relation entre les deux artistes est « un concours de circonstances », dit-il. « Hitchcock a toujours eu une prédilection pour un certain type d’actrices. Jeunes, blondes, énigmatiques. Grace Kelly était l’actrice dont il a eu besoin au bon moment. Hitchcock était un peu amoureux d’elle », précise le co-auteur du Roman de Grace Kelly.

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Alfred Hitchcock et Grace Kelly avec le casting de La Main au collet (1954). © Photo Collection AAPM.

 

Pour Elizabeth Gouslan, « leur relation a donné lieu à trois chefs-d’oeuvres. » « Elle est unique dans les annales de Hollywood. C’est ce moment magique où un réalisateur trouve sa muse et devient un pygmalion extrêmement inspiré. Hitchcock n’a pas connu l’accomplissement avec Ingrid Bergman, avec qui il a vécu, mais avec Grace. Il invente ses films pour elle. Il fait étoffer la partition de Grace dans Fenêtre sur cour, veut la voir épanouie comme une fleur dans Le crime était presque parfait. En inventant pour Grace Kelly, Hitchcock s’invente lui-même », soulignait-elle dans nos colonnes en novembre 2013.

Mariage et vie de palais
Le 19 avril 1956, Grace Kelly épouse le prince Rainier III, qui règne sur Monaco. « Un conte de fées devenu réalité », selon plusieurs biographes. L’actrice a fait sa connaissance lorsqu’elle est venue présenter La Main au collet au festival de Cannes en 1955. Un journaliste de Paris Match, Pierre Galante, dont l’épouse Olivia de Havilland est une amie de Grace Kelly, les a présentés. Le mariage qui suivra est immortalisé par la MGM, « une superproduction à l’égal de Mogambo, incroyablement millimitrée, parfaitement réussie » pour Sandro Cassati. « Ce mariage est une ligne de transition entre une héroïne de fiction et une femme. Ce film est le premier non-film de Grace », ajoute Stéphane Loisy.

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© Photo Archives du Palais Princier

Les écrits sur la vie de la Princesse en principauté diffèrent d’une biographie à une autre. « Sous l’identité de Grace Kelly, c’est une femme indépendante qui pense à s’affranchir de sa famille, des règles d’Hollywood. Elle est même suspendue par la MGM à un moment donné. Quand cette femme libre arrive à Monaco, elle est dépossédée de sa famille, de sa nationalité américaine, de sa langue. Elle doit se construire dans un pays qui est grand comme les deux tiers de Central Park », soutient Bertrand Tessier. « Au-delà de l’amour entre le Prince Rainier et la Princesse Grace, il y a un partnership. Le développement de Monaco, c’est vraiment Rainier et Grace. Tout va être possible. Grace donne une aura internationale à Monaco. » Jacqueline Monsigny ne la connaissait pas encore au moment du conflit mais elle affirme en avoir parlé avec elle. « Elle a beaucoup soutenu son mari durant cette période », dit-elle.
Celle qui fut l’amie de Grace de Monaco durant treize ans rejette la version d’une Princesse triste. « Ce qui me désole, c’est qu’on détourne parfois la vérité. Elle n’était pas corsetée au palais, elle ne s’ennuyait pas. La Princesse Grace de Monaco était libre. Un jour, Edward et moi avons été invités par la Princesse à dîner dans un restaurant de la place du Palais. Elle est venue à pied, très simplement, sans garde. On ne pourrait plus faire cela aujourd’hui, relate-t-elle, Grace et Rainier s’aimaient. Ils étaient extrêmement proches, ils partageaient la même chambre. Ça veut dire beaucoup. » Même son de cloche du côté de Stéphane Loisy : « Son rôle d’épouse lui tenait à coeur. Elle a été dépeinte comme une princesse prisonnière du protocole alors que c’est tout le contraire. L’actrice brillante qu’elle était avait le tour de ses ambitions artistiques à Hollywood. Elle aspirait à d’autres ambitions, humaines. »

Disparition
Le 13 septembre 1982, la Princesse Grace de Monaco décède après un accident de voiture survenu dans l’un des lacets de la route de la Turbie. Une route sur laquelle avaient été tournés plusieurs scènes de La Main au collet. Bertrand Tessier apporte de nouveaux éléments dans Grace, la princesse déracinée. Le journaliste a balayé méthodiquement l’horrible rumeur selon laquelle la Princesse Stéphanie se trouvait au volant de la Rover lors de l’accident. « Il est frappant qu’en 2014, la rumeur perdure. Lorsque j’ai annoncé à mon entourage que j’allais faire un livre sur Grace Kelly, la première question qu’on m’a posé, c’est « Alors, c’est Stéphanie qui conduisait ? ». Il fallait que j’aille vérifier », explique le biographe. « Je pensais que c’était une rumeur de bistrot puis en fouillant dans les archives, je me suis aperçu que Le Monde l’avait véhiculée cinq jours après l’accident avant qu’elle ne soit reprise par d’autres médias », développe-t-il. L’écrivain a retrouvé Roger W. Bencze, le capitaine de gendarmerie franco-américain qui a mené l’enquête sur l’accident de Grace de Monaco. « En 1982, les gendarmes, c’est la Grande Muette. Ils ne communiquent pas. Roger W. Bencze avait demandé à ce que la voiture soit retirée au plus vite. Il ne voulait pas que les journalistes photographient la voiture. L’enquête qu’il a menée est tout à fait précise et remarquable, détaille le journaliste. Un témoin lui indique aussi qu’il a identifié la Princesse Grace dix minutes avant l’accident au volant de la Rover devant une boulangerie de La Turbie. Bencze va refaire le trajet. Il conclut qu’il n’y a aucune possibilité pour que la Princesse Grace et la Princesse Stéphanie aient échangé leurs places entre le moment où le témoin a vu Grace au volant et l’accident. La Princesse Grace était forcément au volant. » Sa disparition a « cristallisé l’icône », pour Sandro Cassati, auteur de Grace de Monaco, le rôle d’une vie. Ce jour-là, « on a perdu une grande personnalité », résume Jacqueline Monsigny. Et Bertrand Tessier de citer André Malraux : « La tragédie de la mort est en ceci qu’elle transforme la vie en destin. »

Public
Quelle image reste-il aujourd’hui de la Princesse Grace dans l’opinion publique ? L’actrice ? La Princesse ? Ou les deux ? Pour Stéphane Loisy, « la femme reste avant tout. » « Il reste l’image d’une femme honnête, discrète, épanouie, tournée vers les autres. Une femme de valeurs, d’intégrité, ancrée dans la modernité par rapport à son époque. Là où réside le talent de cette femme, c’est qu’elle a compris que la vie, ce n’était pas la fiction, les paillettes et les stars », dit-il. Elizabeth Gouslan penchait plutôt pour l’image de la Princesse. « Le Rocher est éternellement associé à l’image évanescente, distinguée, élégante de la Princesse Grace. Elle a supplanté la Belle Epoque. Elle avait sa chance propre et une classe indescriptible. A travers mon enquête, j’ai constaté avec tristesse qu’on l’a un peu oubliée. Les jeunes générations ont peu de connaissances de la Princesse. J’ai écrit ce livre pour raviver sa mémoire. La Princesse Grace est très actuelle. La mode en demeure toujours très friande. Karl Lagerfeld adore son look. Même chose chez Dior », nous confiait-elle en novembre 2013. Selon Sandro Cassati, « il reste plutôt le personnage de la mère, quelqu’un d’une grande douceur. Il y a eu chez la Princesse Grace à la fois une grande modernité, lorsqu’elle a été jeune actrice, et un respect de la tradition, lorsqu’elle a été mariée. »

Film
Fallait-il faire un film de la vie de Grace de Monaco, ne serait-ce que sur un épisode ? Les biographes contactés par Monaco Hebdo sont partagés sur la question. Pour Stéphane Loisy, co-auteur de l’ouvrage Le Roman de Grace Kelly, la réponse est clairement non. « La Princesse Grace était un personnage public extrêmement discret. Elle avait des qualités hors normes d’altruisme, de dévotion. Ce n’était pas la candidate idéale pour un biopic », dit-il. D’après lui, le film d’Olivier Dahan s’apparente à une « interprétation assez nauséabonde faite par un cinéaste qui utilise le principe du biopic pour refaire l’histoire. Il n’y a aucun respect de Rainier et de Grace. » « Dahan le dit lui-même. Les biographies ne l’intéressent pas. Il préfère réinventer les personnalités. Il y a quelque chose de malhonnête dans ce processus. Dépeindre Rainier comme un tyran, comme semble le montrer la bande annonce, c’est crapuleux […] Je pressens que le film sera assez inintéressant », expose Stéphane Loisy, qui parle même de « révisionnisme ». Au passage, il tacle également le choix de Nicole Kidman. « Personne ne peut incarner Grace Kelly sinon elle-même », affirme-t-il. Si Sandro Cassati a été « surpris » qu’un épisode de la vie de Grace de Monaco soit adapté au cinéma, il estime l’Australienne « crédible » pour le rôle. « Il y a relativement peu de femmes dont la beauté pouvait rivaliser avec celle de la Princesse Grace », rappelle l’auteur de Grace de Monaco : Le rôle d’une vie.

« Grace de Monaco », ceci n’est pas un biopic

Le scénario du film d’Olivier Dahan a été largement critiqué
pour son caractère fantaisiste par la Famille Princière de Monaco qui estime que le réalisateur réécrit l’Histoire.

Par la rédaction.

Le 67ème festival de Cannes débute avec une polémique. Depuis un an et demi, le film d’ouverture, Grace de Monaco, projeté hors compétition et réalisé par Olivier Dahan, suscite la critique du Palais de Monaco. Mercredi 14 mai, le réalisateur montera les marches du palais des festivals aux côtés de Nicole Kidman et de Tim Roth. L’Australienne incarne l’actrice Grace Patricia Kelly, devenue princesse Grace de Monaco le 19 avril 1956, en épousant le prince Rainier III, interprété par l’Américain. Problème : le scénario, qui met en avant le rôle de Grace de Monaco durant les tensions franco-monégasques de 1962, est critiqué par la Famille Grimaldi. « La famille princière ne souhaite en aucune manière être associée à ce film qui ne reflète aucune réalité et regrette que son Histoire ait fait l’objet d’un détournement à des fins purement commerciales », a fait savoir le palais princier, le 2 mai dernier, dans un communiqué.

« Références erronées et douteuses »
Les quelques images dévoilées jusqu’à présent ont provoqué le courroux des enfants du Prince Rainier III et de la Princesse Grace de Monaco. « La bande-annonce fantaisiste confirme le caractère totalement fictionnel de ce film. Celle-ci renforce la conviction laissée lors de la lecture du scénario qu’il s’agit d’une production, d’une page de l’histoire de la Principauté, basée sur des références historiques erronées et littéraires douteuses. Le réalisateur et les producteurs avaient refusé de prendre en considération les très nombreuses observations formulées par le Palais qui auraient eu pour conséquence une remise en question globale du scénario et des personnages », avance-t-on au Palais qui ne veut pas que soit utilisé le terme biopic pour qualifier l’oeuvre d’Olivier Dahan. Thierry Frémaux, délégué général du festival de Cannes, se défend, cité par l’AFP : « Le film n’est pas un biopic au sens strict du terme, de la vie à la mort », explique-t-il en ajoutant que ce film « contribuera certainement de belle manière à la légende monégasque. »
Pour sa part, le réalisateur du film s’est défendu dans les colonnes du Parisien Magazine, en date du 2 mai. « De toute façon, je revendique le droit de faire un film de fiction. Ce n’est pas un travail d’historien, mais d’artiste », a précisé Dahan au quotidien. Une fiction, qui de toute façon, ne respecte pas l’Histoire de Monaco et de la Famille Princière et qui ne devait pas refaire l’Histoire à des fins commerciales.

« Page réécrite et inutilement glamourisée »
La polémique remonte au 27 décembre 2012. Paris Match consacre sa Une à Nicole Kidman « troublante Grace de Monaco » et s’intéresse au film d’Olivier Dahan sur une double page. L’article mentionne que le palais aurait été « rassuré par l’exigence totale de crédibilité de la production » et « n’aurait pas demandé de changements significatifs sur le scénario. » Le 15 janvier 2013, en réponse au papier de l’hebdomadaire, la Famille Princière se fend d’un communiqué au ton virulent et marque sa désapprobation totale vis-à-vis du scénario de Grace de Monaco. « N’ayant nullement été associés à ce projet, le scénario remis à leurs Altesses avait suscité beaucoup d’étonnement. Le palais princier avait en son temps fait part à la production du film de nombreuses demandes de changements, toutes n’ayant pas été prises en considération », conteste le palais, qui réfute déjà la notion de biopic. Ce film « relate une page, réécrite et inutilement « glamourisée », de l’Histoire de la Principauté de Monaco et de leur famille comportant à la fois d’importantes inexactitudes historiques et une série de scènes purement fictionnelles. »

La princesse Stéphanie « choquée »
Le 14 mars 2013, dans un entretien à Monaco Hebdo, la Princesse Stéphanie se confie sur le scénario du film : « Ce qui nous a choqués, c’est cette manière de mettre notre père à l’arrière-plan. On avait l’impression que toutes les décisions de Monaco venaient de ma mère ! Paix à son âme, c’était une femme extraordinaire, mais ce n’était pas elle le Prince de Monaco. C’en était comique à la fin car dans tous ces épisodes de 1962, à la lecture du scénario, on pouvait penser que c’était elle qui avait livré le bras de fer avec de Gaulle. Romancer, c’est bien mais il faut respecter cet homme merveilleux qu’était le Prince ainsi que la réalité historique. Là, ils ont même fait ressusciter des personnes décédées à cette époque… » Et la Princesse de désapprouver au passage le choix de Nicole Kidman pour incarner sa mère : « Les faits réels ont été déformés en faisant passer les Français pour des imbéciles, avec un faux vaudeville… Il faut également penser à tous les vieux Monégasques qui ont vécu cette période. On n’a pas le droit de leur voler un bout de leur histoire. Quant au casting, j’ai été choquée du choix de certains acteurs. Notamment par celui de l’actrice principale. »

Deux versions
Une autre polémique liée à ce film est survenue à l’intérieur même de la production, le 18 octobre 2013 dans les colonnes de Next, le supplément culturel de Libération. Alors que la sortie du film est sans cesse repoussée, Olivier Dahan s’en prend à Harvey Weinstein, distributeur américain de Grace de Monaco. Celui-ci fait remonter les rushs de Dahan pour en faire un film destiné à tout rafler aux Oscars, ce qui ne plaît guère au réalisateur. Sa version sera bel et bien projetée à Cannes, le 14 mai, comme l’a indiqué Thierry Frémaux en présentant la sélection officielle de l’édition 2014. Selon le magazine Variety, Harvey Weinstein aurait décidé d’abandonner la distribution de Grace de Monaco aux Etats-Unis devant le refus opposé par Olivier Dahan pour le remontage du film. Olivier Dahan est revenu sur ce conflit dans Le Parisien Magazine : « Il s’est permis de « refabriquer » mon oeuvre en enlevant certains extraits et en ajoutant d’autres scènes. Il n’avait pas le droit […]Mais aujourd’hui, il n’existe qu’une version : la mienne. » Le réalisateur a aussi fait part de frictions avec le producteur du film, Pierre-Ange Le Pogam et des retards de paiements de salaires pendant le tournage.