vendredi 26 avril 2024
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La densité humaine de Jean Renoir

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Daniel Craig
Quelle sortie cette semaine ? Skyfall. Salué par la critique anglo-saxonne, Sam Mendes signe le film des 50 ans de 007 à l'écran. © Photo DR

Notre confrère Pascal Mérigeau livre une biographie très fouillée de Jean Renoir, grand cinéaste et grand bourgeois parisien, connu aussi comme compagnon de route du Parti communiste et héraut du Front populaire. Or il se trouve que Monsieur Renoir n’a pas toujours eu la conduite qu’on attend d’une idole de gauche. On se gardera bien ici de juger l’homme. On jettera juste un regard amusé sur la façon dont la presse française commente le livre. Qu’y découvre-t-on, d’abord ? Entre autres que Jean Renoir eut des relations influentes dans l’Italie mussolinienne et qu’il s’en vanta même, dans une lettre adressée à un ami, en 1939 : « Ce soir, Benito Mussolini va se faire projeter La Grande Illusion. J’en suis très fier », écrit-il. Plus ennuyeux : pressé de partir en Amérique, et touché par l’échec commercial de La règle du jeu, le cinéaste fait des mamours au gouvernement de Vichy et fustige dans une interview en 1940 « la racaille » qui sévit dans le cinéma français. « On aurait pu réaliser de nombreux films qui auraient servi la cause française, explique-t-il. Mais on n’a pas voulu comprendre la nécessité de cette propagande, laissant ce soin à des producteurs en majorité étrangers ou israélites. » Autant d’écarts considérés par les commentateurs d’aujourd’hui comme donnant une densité humaine supplémentaire à Renoir : malgré tout son talent, le cinéaste n’était qu’un homme comme les autres, avec lui aussi sa noirceur… Quelle sortie cette semaine ? Skyfall, le dernier James Bond. En conseillant quand même à la production de retirer ses publicités vidéo du métro parisien. On y voit Daniel Craig marchant au ralenti, vieilli et bovin, et l’on pleure sur la Vénus sortant des flots, en boxer short tout avantageux, qu’il fut naguère.