samedi 20 avril 2024
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Taxis français et monégasques : le gouvernement princier siffle la fin du « chacun charge chez soi »

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Au cours d’une conférence de presse organisée mercredi 29 mars 2023 au ministère d’État, le gouvernement a présenté les nouvelles règles de prise en charge pour les taxis. Pourtant vivement critiqué de l’autre côté de la frontière, l’État monégasque a de nouveau opté pour un dispositif de vignettes.

Les règles changent encore. Depuis le 1er avril 2023, et jusqu’au 31 octobre 2023, la principauté réinstaure son dispositif de vignettes pour la prise en charge de clients sur le territoire national. Cette décision, rendue publique mercredi 29 mars 2023 à l’occasion d’une conférence de presse, met ainsi fin au principe du « chacun charge chez soi ».

« Le client au centre de toutes les attentions »

Depuis le 1er janvier 2023, seule la dépose de passagers sur le territoire voisin était en effet autorisée pour les professionnels de chaque côté de la frontière, le voyage retour devant s’effectuer à vide. Cette mesure provisoire avait été adoptée en fin d’année dernière, afin d’assainir les relations entre les professionnels du transport des deux États, après une série de manifestations et de coups de sang. On se rappelle notamment du blocage de l’accès du terminal 2 de l’aéroport de Nice aux professionnels monégasques, par les chauffeurs français, en septembre 2020. Ou encore l’opération « escargot » menée par les chauffeurs taxis de l’association des exploitants de taxis indépendants de Monaco (AETIM) en mai 2021. Puis un an plus tard, en mai 2022, lorsque les chauffeurs français avaient menacé de manifester à l’occasion du Grand Prix. Les tractations menées depuis plusieurs mois en vue d’adopter un système plus pérenne, ont donc finalement débouché sur le retour d’un système de vignettes, pourtant fortement décrié côté français. « Le client est au cœur des préoccupations du gouvernement monégasque à la veille du lancement d’une saison estivale qui laisse entrevoir de belles perspectives. Fort des enseignements que nous avons tirés des heures de concertation passées avec les autorités françaises, les professionnels du transport de passagers, à la fois français et monégasques, nous proposons aujourd’hui un dispositif raisonnable, qui peut satisfaire un grand nombre d’acteurs, et que nous avons élargi, de nature à replacer le client au centre de toutes les attentions », a expliqué le ministre d’État, Pierre Dartout.

Au total, 320 vignettes vont être mises à disposition des professionnels étrangers éligibles : 300 pour les VTC et 20 pour les taxis, au prix unique de 600 euros TTC pour toute la période

320 vignettes à 600 euros

Présent à ses côtés mercredi, le conseiller-ministre pour l’économie et les finances, Jean Castellini, a détaillé les grandes lignes dudit dispositif, qui est donc entré en vigueur le 1er avril pour une durée de sept mois. Au total, 320 vignettes vont être mises à disposition des professionnels étrangers éligibles : 300 pour les VTC et 20 pour les taxis, au prix unique de 600 euros TTC pour toute la période. Un coefficient multiplicateur de 3 est appliqué pour obtenir ce nombre de vignettes, précisent les autorités, ce qui représente le triple du parc de voitures de grande remise immatriculées à Monaco. « C’est un dispositif simple, lisible, et que nous souhaitons pérenne », estime Jean Castellini. Pour pouvoir bénéficier du précieux sésame leur ouvrant les portes de la principauté, les professionnels frontaliers devront répondre à un certain nombre de critères, à la fois administratifs et qualitatifs, et effectuer une demande via un téléservice dédié auprès de la direction de la sûreté publique. « Nous souhaitons répondre à des critères de caractéristiques techniques des véhicules du label qualité français dénommé « voiture de transport avec chauffeur – limousine », qui s’aligne sur les obligations demandées aux véhicules de grande remise immatriculés en principauté », a indiqué le conseiller-ministre à l’économie. Tout manquement à cette règle exposera par ailleurs son auteur à une amende de 37,50 euros.

La préfecture des Alpes-Maritimes souligne que « les services de l’État n’ont reçu aucune notification officielle sur le nouveau dispositif mis en place par le gouvernement monégasque, annoncé ce jour par voie médiatique. Contactée, l’ambassade de France à Monaco n’a également reçu aucune information »

Passage en force ?

En contrepartie, les autorités monégasques attendent désormais de la France qu’elle autorise, elle aussi, des taxis et grandes remises monégasques à accéder à son territoire. Et notamment à l’aéroport Nice Côte d’Azur, dont la principauté est « actionnaire à hauteur de 10 % », a rappelé Jean Castellini. Mais la partie est encore loin d’être gagnée, à en croire nos confrères de France 3 Régions, qui expliquent que cette annonce a « passablement énervé » les chauffeurs français, qui prétendent ne pas avoir été avertis au préalable. Tout comme la préfecture des Alpes-Maritimes, qui souligne que « les services de l’État n’ont reçu aucune notification officielle sur le nouveau dispositif mis en place par le gouvernement monégasque, annoncé ce jour par voie médiatique. Contactée, l’ambassade de France à Monaco n’a également reçu aucune information ». Alors, cette décision aurait-elle été prise unilatéralement par la principauté ? Auquel cas il s’agirait d’un véritable passage en force, alors que ce dispositif de vignettes est justement à l’origine de la grogne des professionnels français. Rappelons en effet que ces derniers ont manifesté à de nombreuses reprises leur exaspération de devoir s’acquitter de la somme d’une vignette (750 euros en 2022) pour charger des clients à Monaco, sans qu’un principe de réciprocité ne soit appliqué à leurs homologues monégasques sur le territoire français. À l’heure où la saison des grands événements s’ouvre, ce dossier épineux pourrait donc bien raviver les tensions, et déboucher sur de nouveaux mouvements de protestation dans les prochaines semaines.