jeudi 28 mars 2024
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Stade Louis II : « La balle est
dans le camp du gouvernement »

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Monaco Hebdo poursuit sa série d’interviews avec les présidents des différentes commissions du Conseil national. Cette semaine, Christophe Robino, président de la commission de l’éducation et de la jeunesse, explique pourquoi il y a urgence à remettre à niveau un stade Louis II vieillissant.

Quels sont les textes sur lesquels travaillent votre commission ?

Le travail législatif n’est pas l’activité principale de la commission éducation et de la jeunesse. Après l’adoption du projet de loi sur le prêt étudiant, il n’y a plus de texte sur le bureau de la commission.

Quels sont les principaux sujets qui vous préoccupent actuellement ?

Plusieurs thèmes ont été abordés, notamment à l’occasion des dernières séances publiques : l’orientation des jeunes, la nécessité de recenser et de suivre les jeunes monégasques en cours d’études supérieures, réévaluer les dispositions régissant l’attribution des bourses d’études, en particulier pour les grandes écoles à l’étranger, la place du sport dans les études et l’intégration des filières sportives, les politiques de prévention des addictions et du harcèlement…

Quel travail concret pourra être fait d’ici les élections de février 2018 ?

Nous nous sommes d’ores et déjà attachés à obtenir du gouvernement la révision de certaines dispositions du règlement des bourses d’études. Suite à nos demandes itératives, un premier classement a pu être établi par le Centre d’Information de l’Education Nationale (Cien), des grandes écoles françaises et internationales. Celui-ci devrait servir de référence pour déterminer quelles écoles justifieront d’une majoration des bourses d’études prenant en compte, enfin, oserai-je dire, les frais réels de scolarité, sans plafonnement et indépendamment du calcul du quotient familial.

Quoi d’autre ?

Dans un deuxième temps, une réflexion plus globale sur le calcul du quotient familial et les conditions d’attribution des bourses forfaitaires pourrait être menée. Enfin, nous organisons des rencontres avec des professionnels indépendants du secteur de l’éducation pour alimenter nos réflexions sur d’autres méthodes d’évaluation et d’orientation des jeunes.

Les problèmes autour de la mobilité des étudiants monégasques en Europe et dans le monde sont réglés ?

Malheureusement non. Monaco étant hors Union Européenne (UE), nos étudiants ne peuvent bénéficier des tarifs “préférentiels” de scolarité résultant des accords négociés par l’UE. De même, les étudiants monégasques, sauf ceux pouvant faire valoir une double nationalité, ne peuvent pas bénéficier du programme Erasmus.

Les bourses d’études pour les étudiants qui veulent se former à l’étranger se montent à combien ?

Le montant maximal des bourses actuellement accordées reste malheureusement très inférieur au coût réel des études dans certaines grandes universités, notamment en Angleterre et aux Etats-Unis : dans le meilleur des cas, elles ne couvrent que 20 % du coût annuel de ces cursus prestigieux.

Combien de bourses ont été accordées sur l’année scolaire en cours ?

Pour l’année en cours, 770 dossiers ont été adressés à la direction de l’éducation nationale de la jeunesse et des sports (DENJS). Lors de la dernière commission des bourses d’études du mois de mars, 632 avaient d’ores et déjà été attribuées.

Sur 2014-2015, 2 millions d’euros de bourses d’études ont été accordées : en 2015-2016, l’enveloppe globale des bourses d’études s’élève à combien ?

Pour l’année 2015-2016, le montant des bourses d’études attribuées est resté stable, autour de 2 millions d’euros. Pour 2017, un montant de près de 2,8 millions d’euros a été provisionné. Ce qui permettra de couvrir l’ensemble des demandes et qui laisse une marge confortable pour faire face au surcoût éventuel, dans l’hypothèse où le projet de modification de prise en charge des frais de scolarité des grandes écoles était accepté par le gouvernement.

Officialisée en septembre 2016, l’aide financière de l’Etat pour les prêts étudiants a été accueillie comment ?

Le dispositif est effectif, mais il est encore trop tôt pour dresser un premier bilan. Il est important de communiquer sur ce dispositif. Loin de vouloir se substituer aux bourses d’études, ce dispositif représente un plus pour les étudiants, en leur proposant une solution complémentaire de financement à taux zéro.

La reconnaissance de la nationalité des étudiants monégasques auprès des grandes universités, notamment européennes, pose toujours problème ?

Il entre dans les prérogatives du gouvernement de négocier avec chaque Etat européen ou dans le cadre d’un accord global, la reconnaissance de nos étudiants à l’étranger. Il s’agit d’une préoccupation qui a déjà été évoquée à plusieurs reprises par les élus : on ne peut plus se contenter d’un règlement au cas par cas.

Où en est le plan numérique lancé dans les établissements scolaires monégasques ?

Les chiffres démontrent que grâce à l’investissement dans ce domaine de la DENJS, Monaco se place en leader, tant dans les établissements publics que privés. En 2016, le lycée Albert Ier a déployé et mis à niveau son réseau WiFi, permettant ainsi une plus grande mobilité comme l’utilisation de tablettes. Les écoles primaires se sont vues doter de 93 vidéoprojecteurs interactifs (VPI) et de 5 Tableaux Blancs Interactifs (TBI), le collège Charles III de 29 TBI et le Lycée Technique et Hôtelier (LTHM) de 15 VPI. Le collège Charles III a bénéficié d’un renouvellement de son parc informatique et le LTHM s’est vu doter d’une imprimante 3D.

Et les professeurs ?

Au-delà des équipements, un certain nombre d’enseignants seront certifiés, avec l’acquisition du Certificat Informatique et Internet de l’Enseignement Supérieur de niveau 2 (C2i2e). De plus, une grande attention est portée au développement et à la mise à disposition d’outils pédagogiques.

L’insertion des jeunes monégasques dans le secteur privé pose toujours problème ?

De grands progrès ont été faits, grâce notamment au travail remarquable de la Commission d’Insertion des Diplômés (CID) qui accompagne les monégasques en cours d’étude. Une commission qui facilite aussi le retour des Monégasques qui, après avoir passé plusieurs années à l’étranger, souhaitent revenir dans leur pays. Ces résultats ont été obtenus grâce notamment aux relations qui ont pu être mises en place avec les différents acteurs du secteur privé, en collaboration avec la direction du travail.

Vous êtes pour la mise en place de quotas de Monégasques dans le secteur privé ?

Non, je suis pour le respect de la priorité nationale, telle qu’inscrite dans la loi. Il n’est pas question d’imposer à n’importe quel prix un candidat monégasque. Mais la priorité doit être donnée à ceux qui possèdent les qualifications suffisantes pour occuper les postes proposés. L’établissement de quotas comporte le risque de limiter le nombre d’emplois disponibles pour nos jeunes compatriotes, ce qui ne saurait être acceptable.

Comment définir avec précision les besoins en jeunes diplômés ?

Il est important de mettre en place au plus tôt, avec l’aide de l’Institut Monégasque de la Statistique et des Etudes Economiques (IMSEE) une étude prospective, en se basant notamment sur les résultats du dernier recensement, pour définir les besoins futurs des différents secteurs d’activités. Et faciliter ainsi l’orientation vers les secteurs en expansion, tout en revalorisant certaines professions.

Il faut revaloriser les métiers manuels ?

Je suis convaincu qu’il faut revaloriser les métiers manuels, car ils peuvent offrir des débouchés intéressants à nos jeunes. Ces professions restent indispensables pour nos sociétés. Il y a certainement des opportunités pour nos jeunes qui, ayant l’esprit d’entreprise, pourraient percer dans ces secteurs porteurs. Il faut encourager et soutenir l’esprit entrepreneurial.

Seriez-vous en faveur du port d’uniformes dans les écoles monégasques ?

Les objectifs recherchés par la création d’un uniforme pour les écoles monégasques pourraient être de créer une image identitaire, source d’émulation pour les élèves. Et de gommer les différences sociales. On pourrait imaginer que, sans être portés tous les jours, ceux-ci soient adoptés pour des occasions particulières, comme des rencontres inter-établissements ou des manifestations nationales. Quoiqu’il en soit, si c’est là le projet du gouvernement, il faudra bien l’expliquer. Et que cela n’induise pas ou peu de surcoût pour les familles.

Quels sont les retours que vous avez eus suite à la mise en place de la réforme du collège à la rentrée 2016 ?

Ils sont plutôt rassurants. Les spécificités monégasques qui font le succès de notre système éducatif ont été préservées. Je pense notamment à la conservation des filières européennes et au maintien de l’enseignement du latin et du grec.

Où en est le texte sur le sport ?

Nous espérons le dépôt de ce texte avant la fin du premier semestre. C’est en tout cas ce qui nous avait été indiqué. Il devrait permettre de confirmer le rôle de chacun des acteurs : la DENJS qui, depuis toujours, est impliquée dans l’organisation des activités sportives éducatives et associatives et du Comité Olympique Monégasque (COM). Il devrait aussi clarifier les relations et les rôles respectifs des fédérations et des clubs.

Les installations sportives de la Principauté sont désormais insuffisantes ?

La multiplication des associations sportives, suite aux modifications des dispositions de la loi sur les associations en 2008, a considérablement compliqué la gestion des créneaux disponibles pour les différentes activités. Que ce soit dans le cadre éducatif, associatif ou du sport de haut niveau. De plus, l’évolution des règlements internationaux ne permet plus, pour des raisons de conformité, d’accueillir certaines manifestations de niveau international. Il devient donc indispensable d’établir un diagnostic global des installations.

Où en est la rénovation du stade Louis II ?

C’est un sujet qui fait l’objet de réflexions depuis plusieurs années. Le constat est là : le stade a été extrêmement mal classé par la Fédération Française de Football (FFF). Faut-il le rappeler, ce stade a été inauguré en 1985. Les excellents résultats obtenus par nos équipes de football et de basket professionnelles rendent indispensable a minima une remise à niveau du stade Louis II. Un projet a été étudié par les services du gouvernement et devrait nous être prochainement présenté.

Quels sont les principaux problèmes que cette rénovation du stade Louis II doit résoudre ?

Pour moi, il y a principalement deux types de problèmes : l’absence de mise aux normes des installations pour satisfaire aux évolutions des règlements et des exigences internationales, et le niveau des prestations.

Il faut augmenter le nombre de loges ?

Concernant les loges, il est évident qu’il est urgent de restructurer les loges existantes et d’en créer de nouvelles. Ceci permettra notamment de recevoir des passionnés, de plus en plus nombreux, dans des conditions bien meilleures. Des conditions d’accueil correspondant plus aux attentes, conformément à ce qui est proposé dans des stades plus récents, et, pourquoi pas, en collaboration avec les établissements hôteliers de la Principauté. Les places en gradins sont à mon sens excédentaires. En effet, même lors de matchs évènement, comme le récent Monaco-Manchester City, celles-ci n’étaient pas toutes occupées (1).

Quel est le budget prévisionnel pour ces travaux au stade Louis II ?

Nous n’avons pas, ou très peu, d’informations sur ce sujet. Quand, comment, combien : beaucoup d’hypothèses, mais peu de concret. Et c’est bien le problème : nous avons des équipes professionnelles au top, il nous faut un stade digne d’elles. Il est de la responsabilité du gouvernement d’assumer la remise à niveau du stade, car il s’agit d’installations publiques. En définitive, pour le stade, il est plus que temps d’agir. Et la balle est dans le camp du gouvernement !

Pourquoi avoir rejoint le groupe politique Nouvelle Majorité ?

L’Union pour la Principauté (UP) s’est tout naturellement associée à la Nouvelle Majorité (NM) pour plusieurs raisons. En premier lieu, parce que c’était la meilleure manière de matérialiser la constitution de notre groupe politique, rejoint en cours d’année par des indépendants et le représentant du groupe Renaissance. Et manifester ainsi notre soutien à Christophe Steiner, dans ses fonctions de président du Conseil national.

D’autres raisons expliquent ce choix ?

En second lieu, il devenait indispensable pour nos compatriotes de pouvoir identifier ceux et celles qui ont la volonté de continuer à travailler ensemble jusqu’à la fin de cette mandature, sans distinction partisane, mais dans le seul intérêt du Conseil national. Enfin, cela va nous permettre, selon les besoins, de nous exprimer dans le cadre du groupe, et non plus seulement à titre individuel. Même si, et nous y sommes tous attachés, la liberté de chacun restera respectée.

Il reste 11 mois avant les prochaines élections : comment allez-vous travailler entre votre mandat d’élu et la campagne, qui va forcément venir s’insinuer dans les débats ?

Certains se sont déjà lancés dans la course aux élections, alors que la campagne ne commencera qu’après l’été. Nous avons un mandat à assumer et nous sommes responsables devant nos électeurs de ce mandat. La meilleure campagne que nous pourrons faire, c’est de prouver à nos concitoyens que nous n’avons pas pour seule préoccupation notre réélection. Dans cette optique, j’entends continuer à travailler. Et cela, indépendamment de toutes considérations politiciennes ou démagogiques.

Quels rapports avez-vous désormais avec le groupe Horizon Monaco (HM) ?

Avec la plupart des membres de HM, des relations cordiales. Les amis sont restés des amis, même si nos lignes politiques ont divergé.  Pour les autres, les masques sont tombés. Quel dommage que certains aient perdu de vue ce qui avait fait le ciment de notre groupe durant la campagne : une vraie liste d’union, dans l’intérêt de nos concitoyens.

Serez-vous candidat en 2018 ?

Si je décide de me représenter au suffrage de mes compatriotes, parce que mon envie de travailler pour mon pays reste intacte, il faudra que certaines conditions soient réunies : un vrai leader, capable de créer une liste d’union qui respectera les opinions de chacun autour d’une communauté d’idées. Quant à l’étiquette, je suis UP, je resterai UP.

Sur quels thèmes se joueront les élections de 2018 ?

L’Europe sera forcément l’un des thèmes incontournables de la prochaine campagne. Il est important de suivre l’évolution des négociations qui auront lieu à l’occasion du Brexit et de voir quelle sera la position de la France, à l’issue de la prochaine élection présidentielle, vis-à-vis de l’Europe. Nous pourrons certainement en tirer des leçons quant à la meilleure façon de préserver nos intérêts. Quoiqu’il en soit, il est important de ne pas attiser les sentiments europhobes, mais de garder la préservation de nos spécificités comme objectif dans les discussions avec l’UE : la priorité nationale et notre identité, la fidélité à notre régime et à notre Prince.

Ces élections pour 2018 ne se joueront que sur la question européenne ?

Il ne faudra pas faire de l’Europe l’unique thème de campagne. Les Monégasques attendent mieux et plus : la situation du logement est très préoccupante, la situation de l’emploi pour les nouvelles générations est affolante, sans parler de la Société des Bains de Mer (SBM) qui pose question. J’espère simplement que la campagne se déroulera dans un climat serein, sans mises en cause personnelles.

 

(1) Lors du huitième de finale retour AS Monaco-Manchester City le 15 mars, 15 700 spectateurs se sont déplacés au stade Louis II, dont la capacité maximale est de 18 523 places. Environ 3 000 billets n’ont pas trouvé preneur.