mardi 23 avril 2024
AccueilPolitiquePriorité nationale sous surveillance

Priorité nationale sous surveillance

Publié le

La cellule de veille pour la priorité nationale est opérationnelle depuis le 6 mai. Un instrument visant à faire respecter ce droit constitutionnel pour les Monégasques. Mais qui trouve ses limites dans le secteur privé.

C’était une des nombreuses promesses de campagne… Horizon Monaco a officiellement lancé sa « cellule de veille de la priorité nationale » le 6 mai. Une structure d’essence purement parlementaire qui s’adresse aux nationaux « confrontés à la non-application de la priorité nationale. » Qu’ils soient en recherche d’emploi (à niveau de compétences et d’expérience égales) ou qu’ils se sentent lésés dans l’évolution de leur carrière professionnelle. Du cas par cas donc… Objectif : faire respecter l’article 25 de la constitution monégasque. Même logique pour les entreprises de la place. Car cette cellule entend « protéger les entrepreneurs monégasques d’une concurrence déloyale à niveau de compétence, d’expertise et de tarifications égales » et « les favoriser naturellement dans les attributions de marchés par l’Etat et par les sociétés à monopole concédé. »

Commissaire Spiliotis ?
Que doit alors faire un Monégasque (ou une entreprise) qui se sent lésé dans ses droits nationaux ? D’abord, saisir cette cellule (voir coordonnées ci-dessous) et solliciter un rendez-vous avec cette nouvelle « brigade » composée de trois personnes : une chargée de mission, un élu et un commissaire pour la priorité nationale. Il se murmure d’ailleurs que Christophe Spiliotis-Saquet pourrait prendre le fauteuil de commissaire… Après analyse du dossier, si le trio considère que la contestation est « légitime », la machine se met en marche. « Les équipes de permanents se rapprochent des services du gouvernement et du département concerné pour obtenir des informations précises sur le dysfonctionnement éventuel », explique Laurent Nouvion. Si un non-respect d’une donnée constitutionnelle est constaté, la cellule saisit alors officiellement le gouvernement. Soit d’une façon individuelle, soit d’une façon collective, dans le cadre d’une réunion mensuelle pour le sensibiliser à la problématique et « remédier » à ce dysfonctionnement. Si le procédé peut faire ses preuves dans les emplois publics, quid du secteur privé où moins de 5 % de Monégasques travaillent aujourd’hui ? Le parlement avoue avoir une marge de manœuvre réduite. Lucide, le conseil national balaie d’ailleurs la méthode coercitive. Pas question, en clair, d’imposer à un privé d’embaucher un Monégasque dans ses équipes.

Politique incitative
« Il ne faut pas entrer dans une démarche visant à mettre de la pression sur les entrepreneurs privés, qui ne veulent pas qu’on leur impose des collaborateurs, explique Laurent Nouvion. C’est au travers des cas pratiques que nous analyserons, que nous pourrons déterminer ce qu’il faut faire et ne pas faire. » Dans les mois qui viennent, le conseil national s’est engagé à suggérer à l’Exécutif des pistes de réflexion et d’action pour que les Monégasques puissent s’épanouir dans le secteur privé. « Mais pas de façon coercitive. » Réflexions en cours notamment : proposer des allègements de charges aux entreprises qui embaucheraient des nationaux.

Minoritaires
Reste aussi à opérer un changement de mentalités chez les privés frileux d’embaucher des nationaux. « Il faut cesser de croire que lorsqu’on emploie un Monégasque, on est contraint de le garder jusqu’à la retraite, souligne Claude Boisson. Un Monégasque qui cause des problèmes professionnels peut être licencié au même titre que n’importe quel autre salarié. » Reste à voir aussi comment nos voisins européens vont appréhender cette nouvelle cellule ? La réponse de Laurent Nouvion est sans ambiguité : « Nous sommes minoritaires dans notre pays. Si nous transigeons sur ce principe, la communauté nationale disparaîtra dans les 15 à 20 ans. Nous avons une obligation de pédagogie envers nos amis européens. Même s’ils sont sourds et parfois aveugles… ils seront bien obligés de comprendre… »

Renseignement : 97 98 74 74. Fascicule disponible au conseil national.