vendredi 19 avril 2024
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Priorité nationale : doublement sous contrôle ?

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Souhaitée par Horizon Monaco, une cellule de veille de la priorité nationale chapeautée par Albert Croesi a été créée le 6 mai 2013. Pas suffisant manifestement selon la minorité Union monégasque qui a déposé le 8 octobre dernier une proposition de loi visant à créer « une commission du respect des priorités à l’emploi », saisissable par toute personne qui s’estime lésée dans sa priorité à l’emploi.

Sa composition ? Entre autres : le Ministre d’État, trois conseillers nationaux, deux conseillers communaux, mais aussi un représentant du département des affaires sociales, de la direction du travail, de la Fédération patronale ou encore de l’Union des syndicats. Au-delà du respect de la priorité à l’embauche pour les Monégasques, le texte propose aussi de placer les enfants du pays en troisième rang de priorité. Juste après les nationaux et les personnes ayant un lien direct familial avec un Monégasque. Autre point phare du texte : abroger les lois de quotas édictées en 1934. Celles-ci prévoient que les entreprises privées occupant plus de dix employés ne puissent avoir recours à la main-d’œuvre étrangère que dans une proportion de 80 % de leur effectif. Proportion réduite à 70 % pour les sociétés à monopole concédé. « Ces lois sont inapplicables et inappliquées. La population monégasque active devrait être trois fois plus nombreuse qu’aujourd’hui pour permettre de remplir ces obligations légales », explique Jean-François Robillon. Interrogé par Monaco Hebdo, Albert Croesi reproche au texte proposé le fait qu’il ne concerne que les individus. « Quid de nos entreprises ? Quid de nos sociétés commerciales ? Quid par exemple des consultants monégasques qui sont régulièrement écartés de la SBM, laquelle, soit dit en passant, a pris la fâcheuse habitude de ne délivrer ses marchés qu’à des consultants étrangers ? », indique-t-il. « Je m’interroge également sur la nouvelle nationalité dont il est fait état. Intercalés entre les Monégasques et les étrangers : « Enfant du pays » ! Est-ce une nationalité ? Comment sera-t-il possible de faire reconnaître juridiquement cette « nationalité » ? Je ne suis pas sûr qu’il soit très raisonnable de proposer des mesures inapplicables. Les enfants du pays bénéficient d’ores et déjà d’un certain rang de priorité qui est généralement bien respecté. » Albert Croesi est enfin dubitatif sur le fait de créer une commission dédiée. « Est-il crédible de contraindre un employeur à passer devant une commission pour qu’il obtienne l’autorisation d’embaucher telle ou telle personne… ? ».