vendredi 29 mars 2024
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Jean Castellini : « On gagne plus que ce qu’on dépense »

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Le ministre d’Etat, Michel Roger, a présenté un budget primitif 2016 en hausse à plus d’un milliard d’euros. Il a aussi abordé quelques sujets d’actualité.

C’est donc sur le budget primitif 2016 que Michel Roger a le plus insisté. Un budget en hausse de 7 %, avec un montant prévisionnel estimé à 1,13 milliard d’euros. Une situation « exceptionnelle » a jugé le ministre d’Etat, en rappelant que les autres pays européens souffrent, pendant que Monaco n’affiche ni dette, ni déficit : « La principauté est donc un pays qui inspire la confiance et qui prépare l’avenir ». Résultat, le nombre de résidents augmente, le nombre de salariés aussi, tout comme le nombre d’entreprises créées. « Pour la quatrième année de suite, on est excédentaire, a insisté le conseiller pour l’Economie et les Finances, Jean Castellini. On gagne plus que ce qu’on dépense. La TVA reste un pilier de nos recettes et la bonne nouvelle, c’est que cette TVA est diversifiée ». Pour étayer son propos, Jean Castellini a donné des chiffres : « Avec 95 à 100 millions d’euros le compte de partage représente 8 ou 9 % du total des recettes de l’Etat. Et 1/5ème ou 1/4 des recettes totales de TVA qui sont d’un peu plus de 500 millions ». Donc la TVA de source monégasque est 4 fois plus importante que la TVA issue du compte de partage.

Polygone-Riviera-magasin-Printemps
« On continuera à investir dans le CCF pour le maintenir à un bon niveau. Car la concurrence est forte », a promis Jean Castellini, en faisant allusion au Polygone Riviera, un centre commercial à ciel ouvert sur 4 hectares ouvert depuis la semaine dernière à Cagnes-sur-Mer (notre photo).

Quant aux dépenses publiques, elles augmentent de 7,1 %, soit une hausse de 75,3 millions par rapport au budget primitif 2015. « Le gouvernement continue d’investir dans les équipements, comme dans le centre hospitalier Princesse Grace (CHPG), a ajouté Castellini. On va aussi très prochainement lancer l’appel à candidature pour les travaux du centre commercial de Fontvieille (CCF). Cette opération commencera dans 4 ou 5 ans. Mais dans l’intervalle, on continuera à investir dans le CCF pour le maintenir à un bon niveau. Car la concurrence est forte ». Une allusion à peine voilée au nouveau Polygone Riviera, un centre commercial à ciel ouvert sur 4 hectares inauguré depuis la semaine dernière à Cagnes-sur-Mer. D’ailleurs, pour son premier week-end d’exploitation, le parking de 3 000 places n’a pas suffi. Il faut dire que rien qu’uniquement dans la matinée du dimanche 25 octobre, plus de 10 000 personnes ont fait le déplacement au Polygone Riviera. Pendant qu’à Monaco, beaucoup de commerçants continuent de se plaindre du manque de clients le week-end…

L’Etat a confirmé une fois encore que sa politique d’acquisition et de préemption est l’une de ses priorités : il consacrera 17 millions pour cela. « L’Etat sera de plus en plus présent dans les quartiers ou des opérations de remembrement sont possibles dans les 10 ou 15 ans à venir. Notre bonne santé financière nous permet d’avoir les moyens de nos ambitions », a souligné Castellini.

Parking

Globalement, le gouvernement a prévu d’augmenter ses dépenses d’équipements et d’investissements de 54,4 millions. Sur ces 54,4 millions, 33 millions seront investis pour poursuivre la politique de grands travaux. Notamment à l’ouest de Monaco, avec l’aménagement d’un parc urbain et d’un parking de dissuasion de 1 850 places ou encore la villa l’Engelin. Le gouvernement a confirmé travailler sur un projet de téléphérique qui relierait le parking de dissuasion du jardin Exotique pour arriver au centre commercial de Fontvieille. Objectif : permettre aux salariés de rejoindre leurs bureaux à Fontvieille, tout en laissant leur voiture à l’entrée de la Principauté.

« Rien n’est décidé. Mais on avance bien sur ce dossier », a expliqué le conseiller pour l’Equipement, l’Environnement et l’Urbanisme, Marie-Pierre Gramaglia. Le parking de dissuasion sera réalisé dans le cadre d’une opération immobilière privée, là où se trouvent aujourd’hui les serres du Jardin Exotique. « Les serres du Jardin Exotique vont déménager pour l’ancien parcours Vita, ce qui donnera la possibilité de voir des plantes très anciennes qui n’étaient jusqu’alors pas visibles pour le grand public. Le tout, à travers un cheminement piétonnier », a précisé Marie-Pierre Gramaglia. « Le tunnel descendant devrait être mis en service au second semestre 2016, le parking de dissuasion est espéré pour 2018, à l’est le parking Testimonio toujours pour 2018, on aura un peu contribué à résoudre les problèmes d’accès et de circulation dans la Principauté », espère Michel Roger. Une opération qui pourrait être terminée dans sa totalité d’ici 2019-2020.

« Mini-tunnel »

« On ne s’occupe pas des problèmes de circulation que deux ou trois fois par an, a souligné Michel Roger. C’est une discussion permanente qui se déroule chaque jour avec les maires des communes concernées, la métropole et dans le cadre de la commission transfrontalière avec les autorités françaises ». Ces derniers jours, les travaux sur la route du Mont des Mules entre la Turbie et Beausoleil et en même temps sur la basse corniche, sur l’avenue du 3 septembre à Cap-d’Ail ont provoqué d’énormes difficultés pour accéder à Monaco. Une véritable galère pour les milliers de salariés qui viennent chaque jour travailler en Principauté et qui se retrouvent bloqués dans d’énormes bouchons. Michel Roger a « regretté » que ces deux chantiers se déroulent en même temps et sans concertation préalable. Le ministre discute régulièrement avec le préfet des Alpes-Maritimes de ces graves problèmes de circulation. La création d’une trémie, c’est-à-dire d’un petit tunnel qui partirait du carrefour du quartier Bautugan, où les voies se séparent pour continuer vers Monaco ou rejoindre le centre-ville de Cap-d’Ail, est une possibilité dans laquelle croit Michel Roger. Du coup, il continue d’essayer de convaincre le maire Les Républicains (LR) de Cap-d’Ail, Xavier Beck et la Métropole Nice Côte d’Azur, seuls compétents pour les routes du département. Deux à trois ans de travaux seraient nécessaires et la Principauté co-financerait ce mini-tunnel. « Xavier Beck craint que la moyenne corniche ne soit entièrement bloquée par les travaux de ce mini-tunnel et il craint aussi que cela coupe la liaison entre le haut et le bas de Cap-d’Ail », a estimé Michel Roger, tout en révélant quelques changements concrets. Le tourne à gauche au niveau du cimetière de Cap-d’Ail, dans le sens Italie-France, va disparaitre pour éviter les bouchons dans le tunnel Rainier III. Le rond-point de l’hôpital sera aussi modifié : « La mairie de Cap-d’Ail a accepté de supprimer le stationnement entre ce rond-point et l’entrée de Monaco, ce qui permettra d’élargir la voix et de faire des travaux sur ce giratoire », a indiqué le ministre d’Etat. Enfin, Michel Roger a confirmé que l’ouverture d’une nouvelle bretelle d’autoroute au niveau de Beausoleil était « en bonne voie » et que « début novembre, on devrait avoir des avancées positives ». Le télétravail pour les salariés français est aussi l’un des leviers que le gouvernement monégasque souhaite actionner. Il devrait pouvoir le faire en janvier 2017, date à laquelle le texte de loi aura été validé du côté français et du côté monégasque. « On espère atteindre 15 à 20 % de télétravailleurs, a précisé le conseiller pour les affaires Sociales et la Santé, Stéphane Valeri. Mais ne rêvons pas : on n’aura pas 20 % de télétravailleurs dès janvier 2017. Il faudra du temps… »

 Extension en mer : « Il n’y aura aucune sanction »

Pendant le mouvementé vote du budget rectificatif 2015, « les débats n’ont pas été compliqués, car il n’y a aucun sujet de désaccord sur le fond », a jugé Michel Roger, qui a attribué l’essentiel des « tensions » à la signature du contrat sur l’extension en mer : « La signature de ce contrat relève bien de l’exécutif et pas du législatif. Il y a eu des incompréhensions. Et, il faut bien le dire, un refus de dialogue. Mais tout s’est arrangé lorsqu’on a commencé à discuter ». Le financement de la plateforme de l’extension en mer est estimé entre 800 millions d’euros et 1 milliard d’euros. « Même Bouygues n’a pas un milliard cash à investir dans cette plateforme. Il faut donc faire un montage avec des financeurs ». Mais dès que ce plan sera lancé, il coûtera de l’argent. « Dès qu’on emprunte, le compteur tourne et on paie des intérêts. Voilà pourquoi Bouygues et le groupement responsable des travaux ont besoin d’une indication pour la date. Sinon, comment calculer le coût du financement de cette plateforme, sans savoir quand elle sera réalisée ? » Si en juillet 2016 le Conseil national n’a pas voté la loi de désaffectation nécessaire à la réalisation de ce chantier, il ne se passera « rien » a promis Roger : « Il n’y aura aucune sanction. Le Conseil national est donc bien maître de son ordre du jour. Après, chacun prend ses responsabilités… » R.B.

Héli Air Monaco-Monacair : « Je lance un appel à la raison »

Le bras de fer qui oppose Héli Air Monaco à Monacair (voir Monaco Hebdo n° 940) pour l’attribution de la ligne Monaco-Nice-Monaco depuis cet été continue. La direction d’Héli Air Monaco a été convoquée par la direction de l’inspection du travail. « Il leur a été répété qu’ils doivent accepter le transfert des salariés qui travaillent sur cette ligne chez Monacair, a raconté le conseiller pour les affaires Sociales et la Santé, Stéphane Valeri. Monacair a engagé une procédure en justice pour réclamer le respect des textes de loi. Ils réclament un accès aux fichiers d’Héli Air Monaco pour pouvoir reprendre les salariés concernés chez eux ». Les salariés seront repris au même salaire pour faire le même travail et avec la même ancienneté, a promis Valeri. « On ne peut pas imaginer que plus de 100 salariés soient pris en otage. Je lance donc un appel à la raison », a ajouté Stéphane Valeri. Le gouvernement a rappelé que cette liaison aérienne n’est pas une concession de service public. « C’est une convention de trafic aérien », a insisté le conseiller pour l’Equipement, Marie-Pierre Gramaglia. R.B.