jeudi 25 avril 2024
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Après les démissions, il y aura bien de nouvelles élections municipales à Menton

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C’est désormais officiel. La préfecture des Alpes-Maritimes a confirmé l’organisation d’une élection municipale partielle à Menton les 30 janvier et 6 février 2022. Après le décès de Jean-Claude Guibal, et une série de règlements de comptes politiques, les habitants de Menton pourront élire leur maire eux-mêmes.

Il ne manquait plus qu’une date. Après la cascade de démissions, 23 au total, du nouveau conseil municipal, les électeurs mentonnais seront invités à s’exprimer aux urnes les 30 janvier et 6 février 2022, pour élire leur nouveau maire et son équipe. Rien ne va plus, en effet, depuis la disparition de Jean-Claude Guibal le 25 octobre 2021. L’indétrônable maire, qui était élu depuis 1989, n’avait pas désigné de successeur, avant d’être emporté par une crise cardiaque, à l’âge de 80 ans. Deux semaines après son décès, une véritable guerre de succession a ainsi éclaté au sein de cette mairie, le 9 novembre 2021, lors de l’élection interne du conseil municipal.

La loi l’impose

Yves Juhel, 76 ans, qui était deuxième adjoint de la majorité sous Jean-Claude Guibal, a été élu nouveau maire avec 18 voix, notamment grâce au soutien d’une partie de l’opposition « Menton demain », réputée proche du Rassemblement national (RN), au contraire de la majorité Les Républicains (LR). L’autre candidate à la succession, la première adjointe de la majorité, Sandra Paire, n’a perdu que d’une voix, et elle ne s’est pas avouée vaincue. Plutôt que se rallier à Yves Juhel, cette élue a préféré démissionner le soir-même de l’élection interne, suivie par 17 adjoints dans un premier temps, dans l’espoir de forcer à une élection partielle intégrale. En effet, comme le veut la loi, la vacance de plus d’un tiers des sièges du conseil municipal rend obligatoire la tenue d’une élection, avec les habitants invités aux urnes, cette fois. Au total, 23 conseillers municipaux ont finalement démissionné sur un total de 35 élus. Il faudra donc procéder au renouvellement intégral des conseillers municipaux, et communautaires, de Menton, en application des dispositions du code électoral. Un arrêté préfectoral, publié le 10 décembre 2021, prévoit ainsi officiellement l’organisation d’un premier tour de scrutin le dimanche 30 janvier 2022, suivi d’un second tour, si nécessaire, le dimanche 6 février 2022. Quant à savoir s’il faudra élire 35 ou 39 conseillers municipaux, il faudra attendre la dernière publication du chiffre de la population de Menton, le 1er janvier 2022, par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). Si la population est inférieure à 30 000 habitants, il s’agira d’élire 35 conseillers municipaux. Si elle est supérieure à ce chiffre, 39 conseillers municipaux devront être élus. Le nombre de conseillers communautaires de Menton à la communauté d’agglomération de la Riviera française restera fixé à 18.

Nouvelles élections municipales à Menton
© Photo Ville de Menton

Il a fallu un mois à la préfecture des Alpes-Maritimes pour officialiser la tenue de cette nouvelle élection, alors que les démissions de la première adjointe Sandra Paire, et de ses soutiens, avaient déjà été validées par les services de l’État

Dépôts de plainte et impatiences

Il a fallu un mois à la préfecture des Alpes-Maritimes pour officialiser la tenue de cette nouvelle élection, alors que les démissions de la première adjointe Sandra Paire, et de ses soutiens, avaient déjà été validées par les services de l’État. Pendant ce laps de temps, les esprits n’ont pas fini de s’échauffer entre les deux camps, multipliant les dépôts de plainte de part et d’autre. Yves Juhel a d’abord déposé plainte pour « vol et destruction de documents », mais aussi pour « l’interruption de service public » selon lui, « générée par des congés accordés en nombre, qui ont empêché le traitement du courrier ». Près de 600 kg de papier auraient ainsi été dérobés à la mairie, puis brûlés à la déchèterie municipale, selon le maire en place. Une deuxième plainte a ensuite suivi de la part d’Yves Juhel, après la découverte d’un système d’espionnage d’e-mails à l’hôtel de ville, toujours selon lui. Dans le camp de Sandra Paire, on réplique à chaque fois en multipliant les plaintes pour diffamation. Mais ce n’est pas tout : l’ex-première adjointe a aussi accusé Yves Juhel, dans un premier temps, de ne pas transmettre la liste des démissionnaires en préfecture pour pour jouer la montre. Elle accuse également le maire en place de manœuvres d’intimidation, dans une lettre ouverte déposée dans les boîtes aux lettres des Mentonnais, et publiée aussi sur les réseaux sociaux : « Nous dénonçons les manipulations et les pressions en tous genres effectuées sur les élus démissionnaires et leurs familles. […] Nous dénonçons les intimidations indignes, les purges effectuées au sein des services de la ville de Menton, déstabilisant la continuité du service public. »

Comme le veut la loi, la vacance de plus d’un tiers des sièges du conseil municipal rend obligatoire la tenue d’une élection, avec les habitants invités aux urnes cette fois

Les autres forces auront leur chance

Entre l’affrontement de la droite LR et la droite RN, s’il fallait grossir le trait de ce combat électoral, le nouveau scrutin des 30 janvier et 6 février 2022 offrira cette fois sa chance à l’ensemble des forces politiques de Menton, qui pourront présenter leur liste. Contrairement à la première élection, tenue en interne comme le voulait la procédure d’alors, cette nouvelle élection sera ouverte à toutes les voix, et pas seulement aux anciens membres de la liste « Unis pour Menton », qui avait été conduite par Jean-Claude Guibal en 2020. Si rien n’est encore officiel aujourd’hui [Monaco Hebdo bouclait ce numéro le mardi 14 décembre 2021 — NDLR], une liste de la gauche unie, ainsi qu’une liste écologie devraient faire partie des bulletins sans grande surprise, suivies d’autres candidatures pas encore exprimées publiquement dans la forme. Pour entrer dans le jeu, les candidat(e)s devront toutefois déposer leur liste entre le lundi 10 et le jeudi 13 janvier 2022, à Nice, au bureau des élections du centre administratif départemental (Cadam), pour le premier tour. Puis, entre le lundi 31 janvier et le mardi 1er février 2022, en cas de second tour. Quant aux électeurs, ils devront obligatoirement être inscrits sur les listes électorales de Menton avant le vendredi 24 décembre 2021 s’ils espèrent pouvoir voter. Pour ce qui est de la campagne électorale, elle sera soumise aux mêmes règles qu’un scrutin traditionnel, ce qui laissera donc assez peu de temps aux candidat(e)s pour mener leur opération séduction.

Quand bien même Yves Juhel et Sandra Paire s’écharpent pour dénoncer un ralentissement, voire une interruption, du service public, la mairie de Menton continuera tout de même de tourner pendant cette période d’entre-deux

La vie politique retient son souffle

Quand bien même Yves Juhel et Sandra Paire s’écharpent pour dénoncer un ralentissement, voire une interruption, du service public, la mairie de Menton continuera tout de même de fonctionner pendant cette période d’entre-deux. Le règlement est en effet encadré par le code général des collectivités territoriales, qui fixe la procédure à suivre. En l’état actuel, Yves Juhel conservera ses fonctions de maire, et le conseil municipal pourra continuer de se réunir tel qu’il est, jusqu’à son renouvellement intégral, comme l’a précisé le préfet des Alpes-Maritimes, Bernard Gonzalez, dans un communiqué publié le 13 décembre 2021. Dans l’hypothèse où le conseil municipal aurait été totalement dissous, et où tous les membres en exercice auraient démissionné, une délégation spéciale aurait alors été constituée pour gérer les affaires courantes, et maintenir une qualité de service. Le président de cette délégation aurait alors rempli la fonction de maire jusqu’aux élections. Toujours est-il que la vie politique locale, mais aussi communautaire, devra donc retenir son souffle jusqu’à l’élection du nouveau — ou de la nouvelle — maire. En effet, les élus municipaux et les élus communautaires, de la Communauté d’agglomération de la Riviera française (CARF), sont élus à l’occasion de ce même scrutin, et pour la même durée de mandat. L’intercommunalité verra donc, elle aussi, son visage modifié à compter du 30 janvier 2022. Preuve que tout ce qui se passe à Menton ne reste pas forcément à l’intérieur de ses frontières. Le feuilleton est encore loin d’être terminé.