jeudi 18 avril 2024
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Municipales 2020 Quels enjeux à Roquebrune Cap-Martin ?

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A l’occasion des élections municipales des 15 et 22 mars prochains, Monaco Hebdo dresse un tour d’horizon de la situation dans les communes limitrophes à la principauté.

Cette semaine, Roquebrune-Cap-Martin, avec trois listes déposées. Le maire Les Républicains, Patrick Cesari, tente de briguer un cinquième mandat. Face à lui, Marie-Christine Franc de Ferrière, opposante expérimentée au conseil municipal, et Anthony Malvault, jeune candidat sans étiquette, qui s’est récemment lancé en politique.

Seules deux listes viennent concurrencer Patrick Cesari, maire Les Républicains (LR), depuis 1995 de Roquebrune-Cap-Martin et candidat à sa réélection pour un cinquième mandat. D’un côté Anthony Malvault, 31 ans, chef d’entreprise, candidat de la liste Agir pour Roquebrune-Cap-Martin, qui se dit sans étiquette et soutenu par aucune force politique. De l’autre, Marie-Christine Franc de Ferrière, 66 ans, expert-comptable, conseillère municipale d’opposition centriste durant les deux dernières mandatures et candidate pour la seconde fois, cette fois-ci avec la liste Cap Rocabruna. Le premier s’est présenté aux dernières élections législatives de 2017 et avait recueilli 5 % des voix. La seconde, Marie-Christine Franc de Ferrière, de par sa position au conseil municipal pendant 12 ans, ainsi que par sa profession d’expert-comptable, se place en adversaire sur le terrain de la gestion saine des finances et de la transparence. Elle pointe la mauvaise gestion de la ville, la dilapidation de l’argent public par le maire en place. Celui-ci se défend en déclarant que « depuis 2015 on n’a ni emprunté, ni augmenté la fiscalité. Les derniers budgets étaient excédentaires ». Son opposante l’admet, mais elle estime que c’est de son intransigeance que vient le rétablissement des comptes. Anthony Malvault attaque le maire sortant sur l’absence de logement social (4 % à Roquebrune-Cap-Martin selon lui, quand la loi en impose 25 %). Toujours selon lui, la commune se verrait infliger 800 000 euros par an d’amende pour non-respect de la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU). Ce que dément Patrick Cesari qui dit échapper aux pénalités en faisant les investissements nécessaires, avec plusieurs projets d’habitats en construction sur la commune. Le jeune candidat donne le chiffre de 3 000 logements sociaux à venir, et dit vouloir favoriser l’accès aux Roquebrunois. Cet ancien président d’une association de commerçants insiste également sur la sécurité qu’il faudra assurer avec la venue de nouveaux habitants.

© Photo DR

Anthony Malvault attaque le maire sortant sur l’absence de logement social (4 % à Roquebrune-Cap-Martin selon lui, quand la loi en impose 25 %). Toujours selon lui, la commune se verrait infliger 800 000 euros par an d’amende pour non-respect de la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU). Ce que dément Patrick Cesari

Projets pour la mandature

Pour le moment, aucun des trois candidats ne dit avoir eu écho des discussions en principauté concernant l’éventuelle installation d’une ferme photovoltaïque sur le territoire roquebrunois. Les autorités monégasques ont pourtant mentionné à plusieurs reprises leur intention d’acquérir des fermes solaires dans les communes limitrophes, dont Roquebrune-Cap-Martin. Il semblerait que le projet soit encore à l’état de l’étude, puisque même le maire en place n’a pas eu vent de cela. Néanmoins, tous indiquent leur volonté forte de travailler main dans la main avec leur voisin étranger. Sans toutefois donner de précisions sur d’éventuels partenariats. En revanche, il est un projet qui va se réaliser. Le parking de Saint-Roman, à la frontière monégasque, a été entériné. Celui-ci, situé sur le territoire de la commune de Roquebrune-Cap-Martin, ne fait pas l’unanimité. Marie-Christine Franc de Ferrière dénonce le dépôt de voitures sur sa commune, et la pollution que cela va engendrer, ainsi que le caractère non-constructible du terrain sur lequel il est prévu. De son côté, Anthony Malvault fait de la circulation un des problèmes majeurs à Roquebrune-Cap-Martin. Parmi ses premières mesures à mettre en place, un stationnement de 30 minutes gratuit pour tous sur l’ensemble de la commune. Patrick Cesari rappelle qu’il a créé des lignes supplémentaires de bus pour résoudre le problème du transport.

Base aérienne 943

Le grand projet de la mandature à venir est sans nul doute celui de la Zone d’aménagement concerté (ZAC) de Carnolès. Achetée au profit du ministère de la défense française, cette ancienne base aérienne militaire doit permettre de redynamiser la commune. Une polémique concernant la gestion de celle-ci est déjà apparue puisque le conseil d’administration de la société d’exploitation de la ZAC sera composé des maires alentours, rémunérés en cumul de leurs fonctions d’élus. Malgré tout, les 41 000 m2 serviront à construire une école, des commerces, des logements, un parc, comme le détaille Patrick Cesari, parmi les administrateurs de la ZAC. Anthony Malvault y voit la possibilité de créer un espace de “coworking” [travail partagé — N.D.L.R.] en profitant du télétravail que des entreprises monégasques permettent à leurs salariés. Cela permettrait de désengorger la circulation, tout en limitant les émissions de gaz par le déplacement. De son côté, Marie-Christine Franc de Ferrière espère y construire une pépinière high-tech. Le maire en poste assure qu’il y aura du logement pour actifs sur cette base. Elle place aussi le prix de l’eau, jugé démesuré dans la commune suite à un contrat toxique signé avec Veolia, comme l’un de ses chevaux de bataille. Autre projet d’envergure en construction : la piscine municipale. La conseillère municipale dénonce un déficit démocratique sur la conduite du projet de réouverture de la piscine municipale. Celle-ci sera gérée en délégation de service public, donc confiée à une entreprise privée, et non en régie publique directe, comme elle l’aurait souhaitée. Le maire LR a annoncé la livraison de la « piscine municipale, je dis bien municipale » pour septembre 2020. Il souligne par ailleurs que les finances « saines » permettent de prendre sans emprunter les 9 millions d’euros nécessaires à la piscine qui va bientôt sortir de terre.

Un scrutin plus serré qu’en 2014 ?

En 2014, lors du dernier scrutin, Patrick Cesari l’avait emporté avec 70 % des voix dès le premier tour. Cette fois-ci, Anthony Malvault se dit « confiant » et annonce une victoire surprise de sa liste. Marie-Christine Franc de Ferrière mise elle sur sa connaissance précise des dossiers après 12 ans de siège au conseil municipal, pour convaincre la population. Réponse les 15 et 22 mars 2020 pour les deux tours de l’élection municipale. Une élection qui désignera également les conseillers communautaires de la Communauté d’agglomération de la Riviera française (Carf), à laquelle Roquebrune-Cap-Martin appartient. Tous s’accordent sur la nécessité qu’elle reste en l’état, et qu’elle ne passe pas dans le giron de la métropole Nice Côte d’Azur, comme il a pu être débattu par le passé. Aucun des trois candidats ne souhaite répondre favorablement aux appels du pied récurrents de l’ogre niçois.

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