mardi 23 avril 2024
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Municipales 2020 à Cap-d’Ail :
les dossiers chauds

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À l’occasion des élections municipales des 15 et 22 mars, les deux candidats à la mairie de Cap-d’Ail

évoquent pour Monaco Hebdo les futurs rapports avec la principauté, mais aussi quelques dossiers chauds pour cette commune de 4 600 habitants. Petit tour d’horizon.

Les relations avec le voisin monégasque

« Les relations sont bonnes. Il y a quelques illustrations récentes des bonnes relations entre la principauté et Cap-d’Ail, c’était la ZAC Saint-Antoine. Cela nous permet d’aménager l’école maternelle qui nous a été livrée dans le cadre des équipements publics de la ZAC et qui sera opérationnelle dès la rentrée de septembre 2020 ». Quand il s’agit d’évoquer les rapports avec la principauté, Xavier Beck s’appuie sur des exemples concrets. Le maire Les Républicains (LR) sortant, en fonction depuis 1995, entretient désormais une longue histoire avec Monaco, et a collaboré à maintes reprises avec les autorités du pays voisin. Son adversaire, Romain Pommeret, ouvre lui grand la porte à Monaco, mais sous condition : « Il faut qu’on ait de très bons liens avec Monaco, mais dans l’intérêt commun, insiste le novice en politique. Il faut qu’il y ait un intérêt autant pour Monaco que pour les Cap-d’Aillois. Tout le monde doit y trouver son compte ».

Le Cap Fleuri

Le jeune chef d’entreprise sous-entend-il que les intérêts des Cap-d’Aillois n’ont pas toujours été bien (suffisamment) défendus par Xavier Beck ? Selon Romain Pommeret, la question peut se poser. Notamment pour le Cap Fleuri : « J’ai interrogé beaucoup de Cap-d’Aillois. Les plus anciens se demandent, à juste titre, pourquoi ils n’ont pas de places à la maison de retraite qui va se construire. Je comprends nos aînés qui ne comprennent pas pourquoi ils ne pourraient pas finir leur vie au sein de notre commune. Je pense qu’on aurait pu avoir une meilleure négociation », estime ce jeune candidat sans étiquette qui regrette que seulement cinq lits soient réservés aux résidents de Cap-d’Ail. « C’est une parfaite illustration de l’amateurisme et de la méconnaissance des dossiers de mon adversaire, s’amuse Xavier Beck. On est sur un territoire particulier. Ce n’est pas un terrain communal, je n’ai pas de bail emphytéotique [bail de très longue durée – N.D.L.R.] avec la société de manière domaniale sur ces terrains. C’est une pleine propriété depuis les années 60. On est aussi dans le cadre d’un établissement qui n’est pas reconnu par le Sécu française, donc on n’a pas de voix au chapitre. Il dépend du centre hospitalier princesse Grace (CHPG) de Monaco », explique le maire sortant, qui annonce par ailleurs que 10 lits seront réservés aux Cap-d’Aillois dans le nouvel établissement. « Un accord honnête », juge Xavier Beck, qui confirme que seulement « 5 lits étaient destinés aux Cap-d’Aillois depuis 1964 ». À l’époque, « le ministère français avait accepté une sorte de principe d’extraterritorialité fiscale sur le Cap Fleuri, dépendant de l’hôpital ».

Mobilité et déplacements

Les difficultés de circulation restent l’un des gros problèmes entre Monaco et Cap-d’Ail. Pour Romain Pommeret, ce sujet « n’a pas lieu d’être dans notre programme. Ce sera plutôt pour après, une fois que l’on sera passé. Avant, je pense que pour les Cap-d’Aillois, le trafic avec Monaco n’est pas une priorité, pour l’instant ». Il se dit toutefois « prêt à entendre ce que (lui) dira Monaco pour, pourquoi pas, trouver un arrangement ». D’ailleurs, ce chef d’entreprise n’hésite pas à rappeler que son adversaire « avait rejeté un projet de tunnel sur la moyenne corniche ». Pour le maire sortant, « c’est l’activité monégasque qui est à l’origine des embouteillages. Cap-d’Ail n’a pas vocation non plus à être une sorte d’autoroute prolongée. Il y a une vie à Cap-d’Ail, donc il faut trouver un juste milieu ». Une amélioration du giratoire de l’hôpital a d’ores et déjà été actée, et Xavier Beck a proposé d’« abandonner à Monaco le stationnement horodaté, qui se trouve sur le petit tronçon entre le giratoire et la frontière, pour faire une deuxième voie rentrante ». La commune française a également accepté deux aménagements sur la moyenne corniche, à savoir « la suppression du tourne à gauche quand on vient de Monaco pour descendre sur Cap-d’Ail, et une voie d’insertion quand on descend de la Turbie pour aller sur Monaco ». Enfin, le projet de trémie n’est pas encore acté aujourd’hui et « ne pourra être envisagé qu’après l’ouverture de la bretelle de Beausoleil, et donc la réalisation du giratoire de l’hôpital », rappelle Xavier Beck. Toujours au chapitre « mobilité et déplacements », alors que des communes limitrophes à Monaco, comme Beausoleil, ont réussi à obtenir un financement pour un escalator, Romain Pommeret estime qu’un ascenseur serait le bienvenu dans un quartier de Cap-d’Ail. « Il n’est pas trop sérieux de parler d’un ascenseur qui va du parking de la Liberté pour aller avenue Savorani, et d’oser dire que ça coûte 150 000 euros, alors que ça coûte a minima, en faisant un truc médiocre, 500 000 euros », lui répond Xavier Beck. Si le maire refuse d’évoquer les discussions en cours avec la principauté sur ce sujet, il explique toutefois que « pour relier la basse corniche à l’avenue Savorani, il y a un endroit où il y a un escalier qui est à cheval sur le territoire français et monégasque. Je ne peux pas en dire plus. Des discussions sont en cours avec Monaco ».

Le port de Cap-d’Ail

Alors que Monaco est entré dans le capital du port de Cap d’Ail à hauteur de 20 % (lire l’interview de Daniel Realini, directeur général adjoint de la Société monégasque internationale portuaire (Smit) publiée dans Monaco Hebdo n° 1141), Romain Pommeret s’interroge sur l’intérêt d’une telle opération pour les Cap-d’Aillois. « Absolument rien », répond Xavier Beck. Et pour cause, « c’est la métropole qui gère les ports », précise le maire de la ville. « Personnellement, ça ne me dérange absolument pas [que Monaco entre dans le capital du port — N.D.L.R.]. À partir du moment où on aura un port qui sera animé avec des restaurants, des cafés, des commerces… qui seront bien en France, et qui vont payer des taxes à la commune et au pays, ça me va très bien. Je me fiche de savoir si c’est Veolia ou le Qatar », confie sans détour le maire de Cap-d’Ail. Et, contrairement à ce qu’avait annoncé Daniel Realini, le directeur général adjoint de la société monégasque internationale portuaire (Smit), dans nos colonnes, cette acquisition donne bien droit à des anneaux, selon Xavier Beck : « Ça donne droit à des anneaux, oui, bien sûr. Avec 20 % du capital, ça ne donne pas la propriété, puisque pas de propriété sur le domaine public maritime, mais ça donne vocation à avoir, éventuellement, des contrats d’amodiation » (1).

La navette maritime Nice-Monaco-Menton

Le maire de Cap-d’Ail évoque aussi le projet de navette maritime Nice-Monaco-Menton : « C’est un vieux projet. Je sais qu’il était envisagé au départ qu’elle arrive à Fontvieille, mais elle pourrait arriver au port de Cap-d’Ail. Ce serait l’idée, plus qu’à Fontvieille. C’est une possibilité qui est envisagée, et je n’y vois pas d’inconvénient ». Xavier Beck reste toutefois sceptique quant au succès du projet : « Je ne suis pas convaincu que ça va bouleverser les transports entre Nice et Monaco. Mais c’est une expérience à tenter ».

Le logement des actifs monégasques

Alors que Philippe Ortelli, président de la Fédération des entreprises monégasques (Fedem), a proposé une réflexion sur la mise à disposition de logements pour les actifs monégasques dans les communes limitrophes, les deux candidats à la mairie de Cap-d’Ail semblent sur la même longueur d’onde sur ce « sujet épineux ». « Je pense que Monaco a déjà pas mal de logements sur Cap-d’Ail pour leurs actifs », estime Romain Pommeret, qui attend en retour que « les Cap-d’Aillois aient aussi un intérêt derrière […]. Pourquoi pas embaucher les Cap-d’Aillois, comme ça, ça évitera du trafic ». Xavier Beck, qui rappelle que « plus 75 % des actifs (Cap-d’Aillois) travaillent à Monaco », est encore plus incisif : « Philippe Ortelli a inventé l’eau tiède, car ça fait quelque temps qu’on le fait. Le logement social peut être réalisé dans les limites du territoire communal. Et on n’a pas envie de transformer Cap-d’Ail en une cité-dortoir ». « Plus de la moitié du territoire communal est inconstructible. On est au taquet de ce que l’on peut faire », estime le maire de Cap-d’Ail. Avant d’adresser un ultime tacle au président de la Fedem : « Monsieur Ortelli vend du béton et de la construction. Plus il y a d’immeubles, plus il vend du béton. Mais les Cap-d’Aillois ne sont pas associés dans les affaires de son entreprise […]. Je ne pense pas qu’on pourra faire beaucoup plus. Il y a des communes qui ont plus de territoire, qui peuvent davantage recevoir des opérations nouvelles ».

La plage de la Mala

Alors qu’un arrêté préfectoral d’octobre 2019 menace les établissements et les cabanons, Xavier Beck ne comprend pas « l’acharnement de la préfecture », alors que d’autres constructions ont été validées et acceptées par l’État dans d’autres communes de la région. « On a laissé faire partout des dérogations incroyables et on emmerde ces pauvres occupants des cabanons », s’emporte le maire LR de Cap-d’Ail. Ce dernier pense toutefois que les établissements seront sauvés : « Le nouveau préfet est très « établissements friendly ». Il reprend d’ailleurs en cela une grande tradition de la préfectorale dans les Alpes-Maritimes, qui considère qu’il faut faire un distinguo entre l’aspect économique, où là on peut faire ce qu’on veut, parce que ça crée de l’emploi, ça rapporte de la TVA… et le gars qui a son cabanon. Lui, on peut lui envoyer des bulldozers ». Selon Xavier Beck, des recours sont actuellement en cours pour contester la délimitation du domaine public maritime faite par la préfecture. Mais l’issue demeure incertaine : « C’est dommage, car la Mala a toujours été considérée comme la plus belle plage de la Côte d’Azur, et elle a toujours eu ces cabanons. Ces cabanons remontent à avant la Seconde Guerre mondiale ». De son côté, son adversaire reconnaît suivre « comme tout le monde cette histoire de loin », et refuse de se prononcer sans avoir le dossier en main. Le jeune chef d’entreprise espère toutefois qu’un accord pourra être trouvé : « Il faudrait trouver un terrain d’entente, de façon à ce que les parcelles soient réduites, de façon à redonner un peu d’espace au public. Mais c’est difficile de tout enlever, des familles cap-d’ailloises sont implantées depuis des années ». La Mala sera, à n’en pas douter, l’un des dossiers chauds que le futur maire de Cap-d’Ail devra gérer lors de sa mandature.

1) Acte juridique de concession à titre provisoire et réversible d’un domaine publique à un tiers.

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