jeudi 25 avril 2024
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Gérard Spinelli : « Je me refuse à entrer dans ce jeu stérile »

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Gérard Spinelli, maire sortant sans étiquette de Beausoleil depuis 2008, est candidat à sa propre succession.

Il explique à Monaco Hebdo pourquoi il se sent prêt pour un nouveau sextennat (1). Et il répond aux attaques de son adversaire, Stéphane Manfredi.

Votre première élection remonte à 1995 : pourquoi être encore candidat en 2020 ?

Il n’y a aucune lassitude. J’ai envie. J’ai même très, très envie. Et puis, j’ai l’énergie et j’aime Beausoleil. De plus, beaucoup de Beausoleillois m’expriment leur soutien et sont rassurés que je me présente à nouveau. Enfin, j’ai beaucoup de projets qui sont en cours actuellement.

Lesquels ?

Il y a notamment la rénovation du marché Gustave Eiffel, avec des cabines et des lieux d’animation. Le plus grand Naturalia de France viendra s’installer pour compléter l’offre bio qui est déjà assurée par La Vie Claire. Nous avons aussi racheté le commissariat à l’Etat et nous avons lancé d’importants travaux, largement subventionnés par l’Etat. L’objectif est de pouvoir rassembler la police nationale et la police municipale, afin d’avoir une sécurité accrue pour la ville de Beausoleil. Il y a aussi la pose de 11 escalators. Les travaux de dévoiement des réseaux ont commencé. Ils vont se poursuivre à partir de mai 2020 avec le dévoiement des réseaux des autres concessionnaires, puis il y aura la partie génie civil et enfin, la pose des escalators. Je peux aussi citer comme autre projet en cours, la librairie — salon de thé sur l’avenue du général de Gaulle, qui sera terminée en avril 2020.

Il y avait aussi un projet de crèche ?

Après plus de 4 ans d’études, le permis de construire pour cette crèche a été déposé en février 2020. Autre projet en cours : le parc naturel de Grima. Là, les études sont terminées, les travaux démarreront pendant l’été 2020 pour se terminer à la fin de l’année 2020. Et puis, le projet qui devrait être emblématique pour le mandat 2020-2026, avec des études qui ont démarré il y a plus de 5 ans, c’est l’aménagement d’une villa en médiathèque, bibliothèque et maison d’artistes, sans oublier la création de jardins pédagogiques et potagers. Pour ce projet, le groupe de travail réunit la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), la caisse d’allocations familiales, et la fondation du patrimoine.

Où en est ce projet ?

Le concours d’architecte a été lancé fin 2019. Un architecte sera choisi le 21 avril 2020. J’ai envie de voir aboutir l’ensemble de ces projets dans les mois qui viennent.

Selon quelle logique avez-vous construit votre liste ?

J’ai renouvelé ma liste à plus de 50 %. J’ai trouvé de jeunes colistiers compétents et motivés, et prêts à consacrer du temps à leur ville, malgré leurs contraintes familiales et professionnelles. C’est peut-être le signe d’un véritable renouveau dans les conseils municipaux, avec des jeunes concernés par la chose publique.

Votre fils Nicolas, avec qui il y a eu de fortes tensions, est sur votre liste ?

Je me suis toujours parfaitement entendu avec mon fils Nicolas pendant 33 ans. Nous nous sommes fâchés, et cette crise aiguë a duré trois mois. Nous nous sommes réconciliés, et nous travaillons ensemble pour Beausoleil. Nicolas est donc sur ma liste.

Quel est votre bilan ?

Dans ce mandat-là, j’ai fait le choix de ne pas augmenter les impôts et ne pas emprunter. Ce qui ne nous a pas empêché d’avoir un bilan dont je suis fier aujourd’hui. Nous avons réalisé beaucoup d’équipements publics importants pour la vie de la cité. Le plus visible, c’est le centre culturel prince Jacques : 2 000 m2, 8 millions d’euros, avec une salle polyvalente de 250 places, un espace d’exposition, une ludothèque… Ce lieu accueille aussi l’école municipale de danse, de musique et propose plusieurs espaces de convivialité. Nous avons aussi réalisé le centre histoire et mémoire Roger Benatti qui abrite sur 300 m2 les archives municipales, un centre de documentation, un espace de consultation et une salle pour accueillir des scolaires. Il faut aussi citer la construction du parking souterrain Victor Hugo qui propose 150 places sur 6 niveaux. Et au-dessus de ce parking, nous avons ajouté un espace de vie de 1 000 m2, avec un jardin d’enfants, une place, une aire de détente et un jardin potager.

Quoi d’autre ?

Nous avons également créé la salle du Petit René sur le boulevard des Moneghetti : il s’agit d’une salle de 100 places, destinée aux associations. Enfin, la rénovation du bâtiment Le Centre, nous a permis d’offrir sur 5 niveaux des salles pour les associations, une salle polyvalente de 150 places, et des locaux pour l’université dans la ville de Beausoleil. Nous avons aussi créé des jardins solidaires, et une épicerie sociale. Je remercie tous nos partenaires, la Communauté d’agglomération de la Riviera française (Carf), le département des Alpes-Maritimes, la Région, l’Etat, l’Europe qui nous ont permis de réaliser tous ces équipements sans emprunter et sans augmenter les impôts.

Quels sont vos regrets sur ce mandat ?

Je regrette que la concrétisation de tous ces projets ait souvent pris beaucoup de temps. J’ai en effet mis beaucoup d’énergie pour maîtriser les dépenses de la ville, en particulier les dépenses de personnel. Il a fallu aussi optimiser les recettes. Le fait de me consacrer à cette logique de gestion m’a fait perdre un peu d’empathie naturelle et ne m’a pas permis de consacrer autant de temps que je l’aurais souhaité aux relations humaines avec les Beausoleilloises, les Beausoleillois, les fonctionnaires de la ville et les élus.

Quels sont les sujets qui concernent Monaco ?

Il existe une indéniable communauté de destin entre Beausoleil et Monaco. Il est indispensable de travailler en étroite collaboration avec la principauté. Cette collaboration a permis l’installation de 57 caméras dans la ville de Beausoleil et 11 seront ajoutées en 2020. Elle a aussi permis la mise en double sens du boulevard du Tenao, ce qui a amélioré la circulation à l’Est de Monaco et de Beausoleil. Cette collaboration permet aussi à Beausoleil d’installer 11 nouveaux escalators, mais aussi l’installation de trois stations de vélos électriques. Cette relation est aussi basée sur une préoccupation partagée autour des questions environnementales.

© Photo DR

« Le programme de Stéphane Manfredi semble être la liste des opérations que nous avons déjà réalisées ou qui sont en cours de réalisation. Et sa campagne se résume à une mise en cause permanente, avec pour effet de salir notre ville »

C’est-à-dire ?

Nous sommes des partenaires volontaires pour aider à atteindre l’objectif ambitieux de Monaco, qui est de réduire de 50 % en 2030 les émissions de gaz à effet de serre et d’atteindre la neutralité carbone en 2050. J’ai décidé d’améliorer toutes les circulations piétonnes et je vais donc refaire dans les 6 ans qui viennent les trottoirs de Beausoleil.

Vous avez d’autres projets pour la mandature 2020-2026 ?

Nous voulons créer une liaison souterraine mécanisée entre le tréfonds de la place d’Alba et la salle du Petit René aux Moneghetti. Nous souhaitons réaménager le complexe sportif du Devens pour les jeunes, les sportifs, les collèges et les familles avec l’aide du département. Nous voulons construire aussi un parking souterrain au Tenao avec un jardin d’enfants en surface et une épicerie. Du côté du parc naturel de Grima qui s’étend sur 1,7 hectare, nous créerons des sentiers découverte, des parcours de santé, des tables de pique-nique. Les travaux débuteront pendant l’été 2020 et tout sera terminé pour fin 2020. Il y a aussi l’ouverture d’une maison de retraite médicalisée, qui n’a pas pu aboutir dans ce mandat.

Pourquoi ?

Nous nous sommes heurtés au moratoire des autorités sanitaires car lorsqu’on ouvre une maison de retraite il faut créer des lits médicalisés. Et ce nombre est actuellement limité par les autorités sanitaires françaises. Mais je mettrai tout en œuvre pour pouvoir ouvrir une maison de retraite médicalisée dans les 6 ans à venir.

Cette maison de retraite ouvrira au parc Grima ?

Non, je préfèrerais la construire dans un lieu moins éloigné. On travaille sur deux sites possibles.

Pourquoi cette frénésie de création de lieux publics ?

Parce que Beausoleil est une ville très particulière, dans laquelle il est extrêmement important de parvenir à créer du lien social. L’objectif de ces équipements publics, c’est de favoriser la vie associative, en créant des lieux où on peut se rassembler et avoir une vie culturelle, sportive, artistique… L’objectif, c’est aussi d’avoir une vraie vie à Beausoleil, qui n’est pas une ville dortoir.

Comment vous allez financer tous ces projets ?

On n’emprunte pas et on n’augmente pas les impôts. Je vais donc négocier chaque projet avec nos partenaires institutionnels : la Carf, le département des Alpes-Maritimes, la Région, l’Etat et l’Europe. Et nous discuterons avec le gouvernement monégasque sur certains dossiers susceptibles d’intéresser Monaco.

Quel regard portez-vous sur la candidature de Stéphane Manfredi ?

La candidature de Stéphane Manfredi est incohérente sur le fond comme sur la forme. Sur le fond, c’est quelqu’un à qui j’ai tendu la main, en l’embauchant à la mairie en 2012, alors qu’il avait des problèmes personnels pour le moins complexes. Sur la forme, il n’a pas de projet alternatif crédible. Son programme semble être la liste des opérations que nous avons déjà réalisées ou qui sont en cours de réalisation. Et sa campagne se résume à une mise en cause permanente, avec pour effet de salir notre ville.

Selon un article publié par Mediapart (2), un employé de votre mairie a fait un signalement auprès du Parquet national financier ?

Depuis, mon adversaire a reconnu qu’il s’agissait de lui. Ce sont les arguments désespérés d’un candidat aux abois qui par exemple s’est vu brutalement retirer l’investiture du Rassemblement national (RN), après que ce parti se soit renseigné sur sa personne. Bien évidemment, je n’ai jamais utilisé les moyens de la mairie pour faire campagne, ni demandé à des employés de la mairie de me soutenir sur les réseaux sociaux. Cette accusation est grotesque et malsaine.

Comment expliquez-vous la hausse des charges pour l’organisation des fêtes et des cérémonies de 47 % entre 2010 et 2016, pointée par la Chambre régionale des comptes ?

J’assume totalement. Nous avons dépensé pour les fêtes et les cérémonies 484 563 euros en 2017, 682 416 euros en 2018 et 721 668 euros en 2019. Ces sommes permettent d’organiser plus d’une cinquantaine d’événements dans l’année, comme le festival du livre, le festival de musique de chambre, le carnaval… J’assume donc ce choix d’avoir engagé des dépenses de protocole correspondant à l’animation, aux fêtes et aux cérémonies. Dans d’autres communes, ce sont des lignes budgétaires distinctes, pas à Beausoleil. Sous cette inscription budgétaire, on retrouve encore par exemple, la cérémonie des vœux et toutes les commémorations mais aussi le gala de l’école de danse, la fête de la musique, les animations d’été dont la soirée mousse, une “fan zone” pour la Coupe du Monde, la journée des associations ou encore le forum retraite et celui de la petite enfance… Et j’en passe. J’assume donc le fait que ces dépenses soient plus élevées à Beausoleil que dans d’autres communes de France. Mais, évidemment, chaque centime dépensé l’a été dans l’unique intérêt de la ville.

c’est-à-dire ?

Il est important de recevoir nos partenaires institutionnels et les officiels dans de bonnes conditions. En effet, nous avons besoin de temps pour leur expliquer les particularismes de Beausoleil, car notre commune est très différente de Cap-d’Ail ou de Roquebrune-Cap-Martin. La multiplication de ces manifestations a permis de passer du temps à défendre les projets de Beausoleil et d’obtenir tout l’accompagnement qu’ils méritaient. C’est en partie, grâce à cela que nous avons pu réaliser autant pour Beausoleil, sans augmenter les impôts et en faisant baisser la dette. Les milliers d’euros dépensés pour le protocole se sont transformés en millions d’euros d’aides pour la commune.

Pourquoi ne pas avoir répondu à Mediapart lorsqu’ils vous ont sollicité ?

Mediapart nous a indiqué que leur article était déjà écrit. Il est difficile de répondre à des éléments lorsqu’on n’a pas été contacté ou informé par une juridiction compétente. Et là, d’un seul coup, à quelques semaines d’un scrutin, ce genre d’article sort, comme par enchantement. Stéphane Manfredi a d’ailleurs admis avoir transmis un certain nombre d’informations à Mediapart. Des informations qu’il détenait forcément, puisqu’il était en charge du protocole de la mairie de Beausoleil.

Votre réaction face à ces accusations multiples ?

Je vais déposer plainte contre Mediapart et Stéphane Manfredi pour diffusion de fausses nouvelles en vue de fausser un scrutin électoral (3).

Dans l’interview qu’il nous a accordée (lire par ailleurs dans ce numéro), Stéphane Manfredi assure que certains candidats de votre liste n’habitent pas à Beausoleil ?

Tous les candidats de ma liste ont des attaches très fortes avec Beausoleil. Mettre en cause ce lien, alors que la tête de liste adverse réside à Menton, est quand même cocasse. Pour ma part, je me refuse à entrer dans ce jeu stérile.

Stéphane Manfredi pourrait demander l’annulation de votre liste ou même du scrutin du 15 mars 2020 ?

Notre liste a été validée par la préfecture qui nous a délivré le récépissé définitif. Des vérifications administratives ont déjà eu lieu. Notre liste ne peut donc pas être « annulée ». La façon de parler de Stéphane Manfredi laisse toujours supposer qu’il pourrait y avoir des conséquences, mais c’est toujours pour de l’enfumage qui jette l’opprobre sur Beausoleil.

Mais Stéphane Manfredi dit aussi « craindre pour la sincérité » de ce scrutin et pourrait demander à la préfecture des Alpes-Maritimes de surveiller le bon déroulé de cette élection ?

Stéphane Manfredi est un grand spécialiste de la mise en cause, mais ce n’est pas un grand spécialiste de la proposition. On voit vraiment qu’il s’agit d’un candidat aux abois, qui n’a plus rien à perdre. Il a vraiment envie de salir la ville de Beausoleil, les élus et le scrutin. Je mène un combat pour l’image de cette ville depuis très longtemps. Cette image a évolué positivement, et la population le ressent bien.

Vous êtes confiant pour le vote du 15 mars ?

Beaucoup disent que je suis favori. Mais une élection n’est jamais gagnée. Je reste humble. Je travaille et je travaillerai jusqu’au dernier jour. J’espère que les Beausoleillois me soutiendront dans ce travail permanent que je mène au quotidien, avec toute mon énergie, pour redonner une belle image à notre ville.

1) Gérard Spinelli a été maire de Beausoleil de mars 1989 à juin 1995, puis de juin 1995 à mars 2001, de mars 2001 à mars 2008, ensuite de mars 2008 à mars 2014, et enfin de mars 2014 à mars 2020.

2) Le maire qui se prenait pour le prince de Beausoleil, Mediapart, le 26 février 2020.

3) L’article L97 du code électoral français indique que « ceux qui, à l’aide de fausses nouvelles, bruits calomnieux ou autres manoeuvres frauduleuses, auront surpris ou détourné des suffrages, déterminé un ou plusieurs électeurs à s’abstenir de voter, seront punis d’un emprisonnement d’un an et d’une amende de 15 000 euros ».

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