jeudi 25 avril 2024
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Derrière le « Monaco bashing », une culture de la polémique omniprésente

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Après la confrontation qui a opposé le gouvernement princier au chroniqueur français Guillaume Bigot, suite aux propos que ce dernier a tenus à l’encontre de la principauté sur CNEWS, Monaco Hebdo a demandé à Alexandre Eyriès, chercheur en sciences de l’information, de décrypter cet événement qui a suscité surprise et émotion en principauté.

Comment un simple chroniqueur français a-t-il pu provoquer autant d’émoi ? Au lendemain de la polémique lancée par le chroniqueur et politologue Guillaume Bigot sur le plateau de CNEWS, dimanche 21 février 2021, le ministre d’État de la principauté, Pierre Dartout, a tenu à réagir publiquement pour qualifier la sortie médiatique de « Monaco bashing » lors d’une conférence de presse, trois jours plus tard. À l’origine de cette affaire, plusieurs erreurs exprimées par Guillaume Bigot sur cette chaîne d’information en continu. Selon ce chroniqueur, Monaco était, en partie, responsable de la flambée épidémique de Covid-19 dans les Alpes-Maritimes, et de la saturation des hôpitaux à Nice : « Tous les patients de Monaco vont dans les deux hôpitaux de Nice, c’est ça la réalité », a-t-il lancé sur CNEWS. Avant d’ajouter, d’un ton assez vif : « Lorsque Monaco a voulu rejoindre les Nations Unies, le général de Gaulle leur avait coupé l’eau […]. Il faudrait que la France refasse l’Histoire, et qu’elle ait un chef d’État ». Sous-entendu : il faudrait que le gouvernement français sévisse face aux supposés errements et passe-droits monégasques. Suite à ce passage, le gouvernement princier a réagi le jour-même sur les réseaux sociaux, en s’adressant directement à Guillaume Bigot et à CNEWS, en qualifiant les éléments énoncés par Bigot de “fake news” [fausses informations — NDLR], avant de rétablir ses vérités.

L’intervention du gouvernement en appelle d’autres

« Le gouvernement peut être critiqué, mais pas sur des faits qui sont inexacts et des choses sans fondement », a justifié le ministre d’État Pierre Dartout, mercredi 24 février 2021, en conférence de presse. Pierre Dartout a aussi rappelé que « chaque fois que nécessaire, et sans faire de polémique, car nous sommes un gouvernement, il conviendra de rétablir la véracité des faits. » L’intervention du gouvernement était donc, selon lui, « légitime » car « les faits énoncés étaient tellement inexacts qu’il nous est paru nécessaire de réagir. Il y avait incontestablement une forte émotion en principauté, même si tout le monde n’a pas vu l’émission en direct. » Les réactions n’ont pas tardé ensuite, puisque, au lendemain de l’intervention du gouvernement princier sur les réseaux sociaux, Guillaume Bigot a présenté ses excuses sur CNEWS, en avouant que ses accusations étaient infondées : « Je ne suis nullement adepte des fake news, mea culpa si je me suis trompé. Mes sources étaient manifestement mal renseignées ou mal intentionnées. » Une équipe de télévision de la chaîne d’information s’est même ensuite déplacée en principauté pour un reportage, assez flatteur, consacré à la gestion de la crise sanitaire à Monaco. Pourtant, l’affaire n’est pas close. Loin d’être un simple épisode médiatique, cet évènement semble symboliser l’émergence, pour ne pas dire la confirmation, d’un véritable tournant en matière de communication publique. Aujourd’hui, en effet, un gouvernement doit prendre le choix de réagir en instantané aux propos d’un chroniqueur de télévision qui, bien que son audience soit certaine et, bien que ses propos aient été inexacts, ne se place pas à la hauteur d’un chef d’État et d’un gouvernement, en termes de représentation publique. Les temps changent, la parole publique aussi.

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