vendredi 19 avril 2024
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Un métro souterrain Nice-Monaco : les conseillers nationaux y croient

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Les élus de la majorité Priorité Monaco (Primo !) du Conseil national avancent d’un bloc pour demander au gouvernement monégasque la création d’un métro souterrain pour relier Nice à Monaco. Le ministre d’État, Pierre Dartout, ne désapprouve pas, mais tempère, face à l’exigence d’un tel projet, qui devrait aussi être assumé, en partie, par la France.

S’il y a bien un problème qui pèse sur la principauté, c’est son difficile accès depuis ses entrées de ville, à l’Ouest, comme à l’Est. Parmi les plus lourds problèmes qui pèsent sur l’attractivité de Monaco, qui a été le thème phare des discussions autour du budget prévisionnel 2023 lundi 12 décembre 2022, les ralentissements et les bouchons provoqués par l’afflux de véhicules en heures de pointe peuvent dissuader des candidats pour des postes en principauté. Et cela, même si les salaires sont souvent plus intéressants à Monaco qu’en France ou qu’en Italie, comme a tenu à le rappeler Balthazar Seydoux, vice-président du Conseil national et président de la commission des finances et de l’économie nationale. Alors que faire ? Tant pour la qualité de vie des nationaux et des résidents que pour la compétitivité de la principauté, les élus et le gouvernement cherchent des solutions. Et vite, car il y a urgence, selon la majorité Priorité Monaco (Primo !), qui presse de plus en plus le chef de gouvernement, Pierre Dartout, et sa conseillère-ministre de l’équipement, de l’environnement et de l’urbanisme, Céline Caron-Dagioni, à s’engager fortement, ce qui ne serait pas suffisamment le cas, selon eux. En témoigne l’intervention, pendant cette séance publique budgétaire, de Nathalie Amoratti-Blanc, présidente Primo ! de la commission de la femme et de la famille : « Je pense que nous sommes dans l’urgence. Cela fait vraiment trop longtemps qu’on attend. Il y a eu des études et encore des études, c’est la règle des trois « e », pour « enquêtes, études et expérimentations ». Mais, à un moment donné, je pense qu’il faut avancer et mettre un grand « A », et toutes lettres en majuscules pour « action », afin de nous donner des dates, avec des propositions, et décider ensemble de ce qu’il faut faire. » Les élus semblent d’ailleurs s’être mis d’accord sur une solution bien particulière, pour fluidifier le trafic en entrées de ville.

« Il y a eu des études et encore des études, c’est la règle des trois « e », pour « enquêtes, études et expérimentations ». Mais, à un moment donné, je pense qu’il faut avancer, et mettre un grand « A », et toutes lettres en majuscules pour « action », afin de nous donner des dates, avec des propositions, et décider ensemble de ce qu’il faut faire »

Nathalie Amoratti-Blanc. Présidente de la commission de la femme et de la famille

Un métro souterrain

Sans voie souterraine, point de salut, selon les élus. Exit les solutions classiques, il faut creuser, désormais : « Qui peut encore croire à une solution en surface ? », a demandé Franck Lobono, président Primo ! de la commission du logement. « Le métro est la solution la plus pertinente », a affirmé Balthazar Seydoux. « La solution d’un métro souterrain pose le moins de problème », a estimé Nathalie Amoratti-Blanc. Puis, la présidente Brigitte Boccone-Pagès a demandé « des actes, des décisions et des délais », car, comme l’a ajouté l’élue Primo ! Karen Aliprendi, « les décisions que nous prendrons aujourd’hui ne pourront être concrétisées que d’ici 10 à 15 ans ». On l’aura compris, pendant cette troisième séance budgétaire, les conseillers nationaux avancent désormais avec ce cheval de bataille qu’est le métro souterrain. L’idée serait de relier Nice Riquier à la principauté, en passant sous le terrain de la Brasca. Celle-ci avait déjà été présentée publiquement en novembre 2020, lors d’une séance législative, par le gouvernement, directement, avec Marie-Pierre Gramaglia, alors conseillère-ministre de l’équipement, de l’environnement et de l’urbanisme. Sa sortie avait d’ailleurs surpris, en son temps, la majorité Primo ! et son président de l’époque, Stéphane Valeri : « C’est la première fois que l’on nous parle de ce projet. J’imagine les budgets et les travaux colossaux que cela représenterait. Si le gouvernement avait déjà évoqué ce sujet, on serait un certain nombre à s’en rappeler ». Mais Pierre Dartout et Céline Caron-Dagioni ne suivent peut-être pas ce sujet avec autant d’enthousiasme que Marie-Pierre Gramaglia. Loin de le rejeter, ils y mettent un bémol. Car il implique plusieurs acteurs, dont la France, et une très lourde facture.

L’idée serait de relier Nice Riquier à la principauté, en passant sous le terrain de la Brasca. Celle-ci avait déjà été présentée publiquement en novembre 2020, lors d’une séance législative, par le gouvernement

« 100 millions le kilomètre »

Pierre Dartout ne dit pas « non », mais il ne dit pas « oui » non plus, du moins pas tout de suite. Et pour cause : « Le coût pour creuser un tunnel est estimé, en moyenne, à 100 millions d’euros le kilomètre. Et, notre territoire étant en pente, il se peut que l’ouvrage coûte plus cher. » Plusieurs pistes seraient ainsi à l’étude, selon le ministre d’État. La plus sérieuse serait celle d’une voie souterraine qui relierait Nice à la Brasca, et le parking Charles III, pour dissuader le plus possible les automobilistes à entrer dans Monaco depuis ce secteur. Dans tous les cas, le gouvernement monégasque ne décidera rien seul, puisqu’un projet de métro souterrain dépendra aussi de la France : « Nous avons analysé les hypothèses avec ses inconvénients et ses avantages, mais nous ne sommes pas les seuls à décider. Nous n’avons pas toutes les données budgétaires nécessaires pour faire un choix aujourd’hui, et il faut un accord avec la France, autant avec son gouvernement qu’avec la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), par exemple, s’il s’agit de la création d’une ligne de RER. » Car le ministre d’État assure que la facture, autant que la réalisation de l’ouvrage, sera partagée avec la France : « Il n’y a pas que Monaco qui est préoccupée par cet enjeu, la France l’est aussi et elle sera maître d’ouvrage pour une partie de l’infrastructure. Monaco ne sera pas seule à le financer, non plus. » Mais, pour le moment, le projet n’en est qu’à un stade embryonnaire. Une simple idée, pour le dire autrement, qui promet d’être discutée avec le gouvernement français, selon Pierre Dartout. Tout l’enjeu étant de convaincre le gouvernement d’Élisabeth Borne de l’intérêt de co-financer un ouvrage aussi coûteux, qui profiterait peut-être davantage à Monaco qu’à la France, même si plus de 45 000 salariés pendulaires résident dans les communes limitrophes.

« Il n’y a pas que Monaco qui est préoccupée par cet enjeu, la France l’est aussi, et elle sera maître d’ouvrage pour une partie de l’infrastructure. Monaco ne sera pas seule à le financer, non plus »

Pierre Dartout. Ministre d’État

D’autres projets à court terme

D’ici à ce que ces discussions aboutissent avec la France, Pierre Dartout invite les conseillers nationaux à s’entendre avec lui et son gouvernement sur d’autres projets à court terme, « moins coûteux, et qui requièrent des infrastructures moins lourdes ». Le métro étant, selon lui, un projet à moyen et long-terme, qui ne pourra être concrétisé « qu’au-delà de cinq ans ». Sur le court-terme, en effet, le gouvernement aimerait commencer par fluidifier davantage les liaisons internes à Monaco. Le ministre d’État se réjouit ainsi de la réalisation de la trémie sur la moyenne corniche, pour relier Cap d’Ail à Monaco à la sortie du tunnel Rainier III. Celle-ci a été décidée conjointement avec la majorité du conseil métropolitain Nice Côte d’Azur (NCA), malgré l’avis contraire du maire Les Républicains (LR) de Cap d’Ail, Xavier Beck, qui a pointé du doigt le préjudice subi par sa commune, lié à la perte de stationnements horodatés. Céline Caron-Diagoni avance aussi des solutions à la fois piétonnes, mécanisées, et motorisées depuis l’ouest, avec le développement de liaisons directes par autobus pour transporter plus rapidement les salariés vers les quartiers excentrés, comme a pu le faire, en son temps, la navette du centre hospitalier princesse Grace (CHPG), tout en libérant certains parkings saturés du cœur de ville, selon la conseillère-ministre. Les 1 820 places du futur parking des Salines en entrée de ville, pourraient également être reliées par voie piétonne, en complément des liaisons mécaniques, autant pour verdir un peu plus le territoire, selon Céline Caron-Dagioni, que pour offrir une multiplicité d’accès aux salariés pendulaires.

Conseil National de Monaco
© Photo Conseil National.

Céline Caron-Diagoni avance aussi des solutions à la fois piétonnes, mécanisées, et motorisées depuis l’ouest, avec le développement de liaisons directes par autobus, pour transporter plus rapidement les salariés vers les quartiers excentrés, comme a pu le faire, en son temps, la navette du centre hospitalier princesse Grace (CHPG)

En ce qui concerne la partie Est de Monaco, le gouvernement monégasque réalise des sondages avec les autorités locales de Roquebrune-Cap-Martin pour trouver des solutions complémentaires au manque de stationnement autour du giratoire Saint-Roman. Enfin, Céline Caron-Dagioni ne met pas de côté le vieux projet de création de transport collectif en site propre (TCSP), une sorte de bus électrique, étendu sur 3,8 kilomètres de tracé, qui permettrait de traverser la principauté d’est en ouest, de la place Wurtemberg à la place Varavilla, dans l’hypothèse où le projet de métro ne serait pas réalisable. Mais cette dernière idée n’a pas franchement convaincu les élus de la majorité, qui préfèrent miser sur un projet souterrain, plus pertinent, ont-ils estimé. La solution miracle n’est pas sortie du chapeau des autorités à l’issue de cette séance budgétaire du 12 décembre 2022, mais Pierre Dartout a proposé de tenir une commission plénière d’étude (CPE) en février 2023, juste après l’élection nationale du 5 février, pour aborder la question de la mobilité dans ses moindres détails, avec la nouvelle majorité du Conseil national.

Des familles se plaignent à nouveau de malfaçons à l’Hélios

Rebelotte pour l’Hélios. Après une première série de malfaçons dénoncées en 2018 par une partie de ses résidents, cette résidence située le long du boulevard Rainier III, a de nouveau fait parler d’elle dans la soirée du lundi 12 décembre 2022, à l’occasion de la troisième séance consacrée à l’examen du budget primitif 2023. Selon Franck Lobono, président Priorité Monaco (Primo !) de la commission du logement, 17 familles se plaignent de malfaçons. Il y aurait, selon lui, « des problèmes flagrants ». En cause : « Le parquet qui s’enfonce, des baies vitrées qui ne ferment pas, de la pluie qui rentre dans les appartements. » Il regrette également que « le département des finances et celui des travaux publics se renvoient la balle », selon lui. Du côté du gouvernement, le conseiller-ministre des finances et de l’économie, Jean Castellini, assure qu’un « point sera fait » à la rentrée avec les locataires, et avec Albert Croesi, conseiller interministériel en charge du cadre de vie et des relations avec les usagers, pour « prendre le problème à bras-le-corps », sans passer par d’autres intermédiaires.