vendredi 29 mars 2024
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Bientôt un métro entre Nice et Monaco ?

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A la surprise générale, le 8 octobre 2020, en pleine séance budgétaire, la conseillère-ministre pour l’équipement, l’environnement et l’urbanisme, Marie-Pierre Gramaglia, a évoqué la possibilité de créer un métro entre Nice et Monaco. Les études ont été lancées et ont « déjà bien avancé ».

L’information a été révélée le 8 octobre 2020, un peu après 18h. L’élu Union Monégasque (UM), Jean-Louis Grinda, s’est adressé à la conseillère-ministre pour l’équipement, l’environnement et l’urbanisme, Marie-Pierre Gramaglia, pour savoir où en était le projet de transport collectif en site propre (TCSP), qui doit traverser Monaco d’est en ouest. Cette question relativement anodine a débouché sur une réponse de Marie-Pierre Gramaglia qui a stupéfait les élus, puisque la conseillère-ministre a indiqué que le projet de TCSP pourrait céder la place à un projet beaucoup plus ambitieux : une ligne de métro entre Nice et Monaco. Le tracé permettrait plus précisément de connecter Nice Riquier et l’îlot Charles III. Il passerait aussi par la Brasca, à Eze, où un parking sera livré. Il serait alors possible de laisser sa voiture à la Brasca et d’emprunter ce métro pour entrer ensuite dans Monaco. Il est aussi envisagé que le tracé soit prolongé jusqu’à Saint-Roman en souterrain.

« Tréfonds »

« Ce projet a déjà bien avancé au niveau des études, a expliqué Marie-Pierre Gramaglia. Bouygues et Vinci travaillent déjà sur ce sujet. Ils ont des projets structurés qui doivent nous être présentés, et qui remettraient peut-être en cause la création du TCSP, si on peut passer par en dessous. » Du coup, la ligne budgétaire sur le TCSP a été réduite de 450 000 euros. Mais au cas où cette ligne de métro ne serait pas réalisable, le gouvernement continue tout de même de travailler sur les études concernant le TCSP. Aucun détail n’a filtré sur la complexité technique de cet énorme chantier. Seule information : « La liaison souterraine ne nécessite pas une expropriation du tréfonds, puisque ce tracé part de Riquier, passe sous les montagnes, et vient en droite ligne à Monaco », a précisé la conseillère-ministre pour l’équipement, l’environnement et l’urbanisme. Mais ce projet pharaonique de métro entre Nice et Monaco pourrait ne pas forcément signer l’abandon du dossier TCSP.

« Le TCSP, ce sont des bus électriques en site propre. Or, ces bus ont presque leur site propre déjà dessiné, de l’îlot Charles III jusqu’au pont Sainte Dévote, a souligné Marie-Pierre Gramaglia. Ce serait facile de le mettre en œuvre très rapidement, sans gros travaux, car le TCSP a été pris en compte lors des différents chantiers, que ce soit les Jardins d’Apolline, l’Hélios, l’îlot Pasteur et maintenant l’îlot Charles III. Maintenant, il faut que l’on voit comment concilier ce nouveau métro souterrain jusqu’à Saint Roman avec le TCSP. »

Stéphane Valeri. Président du Conseil national © Photo Conseil National.

« C’est la première fois qu’un membre du gouvernement nous parle d’un métro entre Nice et Monaco. Les séances publiques budgétaires ne sont pas le lieu pour évoquer ça. Il existe une commission plénière d’étude sur les grands travaux, c’est le lieu approprié »

Stéphane Valeri. Président du Conseil national

« Excusez ma transparence ! »

Pour le reste, aucun élément supplémentaire n’a filtré. Rien sur le coût de ce chantier colossal, ni sur son financement, rien sur son calendrier, et rien sur le nombre de voies ni sur sa capacité en termes de nombre de voyageurs transportés. Sur un plan plus politique, la surprise affichée chez les conseillers nationaux a été exprimée très clairement par le président, Stéphane Valeri : « Permettez-moi de vous dire notre surprise, Madame Gramaglia. Car je vois que mes collègues sont un peu étonnés que vous nous annonciez des choses aussi importantes, comme ça. J’imagine les travaux et les budgets colossaux que cela suppose. Je pense que si on en avait déjà parlé, on serait un certain nombre à s’en rappeler ici. Ce n’est pas le lieu pour nous annoncer des choses pareilles. » La réponse de la conseillère-ministre pour l’équipement, l’environnement et l’urbanisme a fusé : « Excusez ma transparence ! ». Ce qui provoqué un petit sourire chez le président du Conseil national, Stéphane Valeri : « On peut voir les choses comme ça… Mais c’est aussi aborder de façon légère et superficielle un projet important et aux conséquences majeures pour l’avenir. » Avant d’enfoncer le clou, toujours autour de la méthode employée par le gouvernement princier autour de ce dossier : « C’est la première fois qu’un membre du gouvernement nous parle d’un métro entre Nice et Monaco. Les séances publiques budgétaires ne sont pas le lieu pour évoquer ça. Il existe une commission plénière d’étude sur les grands travaux, c’est le lieu approprié. Un sujet aussi complexe doit être abordé avec tout le temps nécessaire pour nous expliquer les enjeux, les raisons de ce projet : où vous en êtes, les investissements nécessaires… Ensuite, on pourra parler de ce projet en séance publique, lors du budget primitif 2021. »