Beaucoup plus filtrants, les masques FFP2 séduisent de plus en plus, surtout face au variant Omicron et à sa plus grande contagiosité. Le gouvernement monégasque est en pleine réflexion quant à son utilisation en principauté.
« Il serait judicieux aujourd’hui de distribuer à tous les personnels de la communauté éducative des masques FFP2, comme cela commence à être le cas en France, et d’étendre cette mesure à tous les personnels de la fonction publique, en contact avec des usagers. » À l’occasion de ses vœux à la presse, le 19 janvier 2022, le président du Conseil national, Stéphane Valeri, n’a pas manqué d’évoquer le sujet des masques FFP2. Effectivement, en France, le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports, Jean-Michel Blanquer, a annoncé le 13 janvier 2022 que 5 millions de masques FFP2 seraient distribués dans les écoles. Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), une instance ministérielle consultative, doit donner son avis dans les jours qui viennent concernant une éventuelle extension du port de ce masque à d’autres professions. Le regain d’intérêt pour les masques FFP2 s’explique en grande partie par la diffusion du variant Omicron. Alors que, selon Santé Publique France, le variant Omicron est majoritaire en France au détriment de la souche Delta depuis le 31 décembre 2021, la question de sa très haute contagiosité fait débat. Avec Omicron, une personne contaminée peut potentiellement en infecter dix autres. Résultat, à Monaco, le taux d’incidence (1) flirte avec les 2 000 pour 100 000 habitants depuis plus de quinze jours. Le 24 janvier 2022, il a même dépassé pour la première fois ce seuil, pour s’établir à 2 157, contre 1 953 la semaine précédente. Omicron se diffuse vite et très largement, faisant resurgir le débat autour de l’efficacité du masque chirurgical. Interrogé le 8 janvier 2022 par nos confrères de franceinfo : le président du syndicat des fabricants français de masques, Christian Curel, a indiqué que, face au variant Omicron, le masque chirurgical est « quasiment inefficace pour Omicron ». Avant d’étayer son propos par « une étude parue aux États-Unis [du PNAS, Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, le 7 décembre 2021 — NDLR], qui dit qu’avec des masques chirurgicaux, vous avez 30 % de chances de l’attraper, et 0,4 % avec un FFP2 dans la même situation [NDLR : dans le cas où deux personnes portent un masque et où la personne infectée est en train de parler. Dans le cas des masques chirurgicaux, l’étude précise que le risque de contamination reste en-dessous de 30 %, et non pas qu’il est de 30 %]. Depuis le début de l’épidémie, les gens à risque devraient avoir des FFP2. » Et ce questionnement autour de l’efficacité des masques risque de s’amplifier encore, puisque BA.2, le sous-variant d’Omicron, est devenu majoritaire au Danemark, où il représentait 66 % des souches de SARS-CoV-2 le 25 janvier 2022, alors que Monaco Hebdo bouclait ce numéro. Sa propagation rapide pose déjà la question d’une transmissibilité plus grande encore.
« Beaucoup de gens ne savent pas mettre correctement un masque FFP2. Or, s’il est mal mis, ce masque est peu efficace, ou pas plus qu’un masque chirurgical », souligne une infirmière de bloc opératoire diplômée d’État (Ibode)
« Résistance respiratoire »
Face à cette menace, il existe trois classes de masques FFP. En France, la Haute autorité de santé rappelle qu’ils sont classés par ordre d’efficacité croissante [à ce sujet, lire notre encadré, par ailleurs — NDLR], mais qu’il faut par-dessus tout qu’il soit porté correctement. Ce qui est loin d’être simple. « Beaucoup de gens ne savent pas mettre correctement un masque FFP2. Or, s’il est mal mis, ce masque est peu efficace, ou pas plus qu’un masque chirurgical », souligne une infirmière de bloc opératoire diplômée d’État (Ibode). S’il n’est pas posé sur le visage de façon « étanche », un masque FFP2 offre alors la même protection qu’un masque chirurgical. De plus, un masque mal mis peut laisser penser à son porteur qu’il est protégé, alors qu’il n’en est rien. Il s’expose alors au coronavirus, tout comme son entourage. Ce n’est pas pour rien que l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) multiplie les communications pour expliquer comment procéder. L’INRS rappelle ainsi qu’avec une protection FFP2, lorsqu’on inspire « le masque doit s’écraser légèrement sur le visage. Si le masque ne se plaque pas, c’est qu’il n’est pas étanche, et il faut le réajuster. […] Une fois ajusté, ne plus toucher le masque avec les mains et ne pas le placer en position d’attente sous le menton ou sur le front, pour éviter de contaminer l’intérieur du masque » [à ce sujet, lire notre encadré, par ailleurs – NDLR]. Ce type de masque n’est donc pas facile à mettre, mais il n’est pas non plus très agréable à porter, puisque sa plus grande étanchéité se paie par un confort moindre. L’Anses évoque d’ailleurs une « résistance respiratoire » et un « inconfort thermique ». Il est également conseillé d’être rasé de près, ou d’avoir une barbe la plus courte possible, afin de garantir une meilleure efficacité. À l’achat, le masque FFP2 se paie aussi plus cher qu’un masque chirurgical. Le prix généralement constaté est d’environ 50 à 60 centimes l’unité, soit entre deux et six fois le prix d’un masque chirurgical. Mais parfois, certaines grandes enseignes françaises vendent leurs stocks « à prix coûtant ». C’est le cas d’Intermarché, qui a proposé début janvier 2022 la boîte de 20 masques FFP2 à 4,52 euros, soit près de 23 centimes l’unité. Selon le gouvernement monégasque, même si les ventes ont considérablement augmenté ces dernières semaines, aucune pénurie ne semble à craindre. De son côté, le président du syndicat des fabricants français de masques, Christian Curel, ne s’est pas montré inquiet de voir une partie de la population française faire des stocks de masques FFP2. « Je pense que les gens sont assez inquiets, et donc ils font des stocks pour éviter de se retrouver à court de FFP2, même s’il y a peu de risques qu’il y ait des ruptures de stock. […] Il y a pas mal de stocks chez nos fabricants aujourd’hui. Il y a aussi des capacités de production importantes. On peut monter assez facilement à 40, 50 millions de masques FFP2 par semaine en fabrication », a-t-il expliqué à franceinfo : le 8 janvier 2022.
« Sont attendues notamment les préconisations du Haut conseil de la santé publique français qui devraient être publiées prochainement, et qui semblent ne pas préconiser le port du masque FFP2 pour la population générale. Effectivement, ce masque filtre mieux, mais il est plus difficile à porter »
Le département des affaires sociales et de la santé
Stratégie
Les experts indiquent qu’il faut réserver le port d’un masque FFP2 aux lieux à risques, comme les transports en commun, par exemple. Dans les hôpitaux, ce type de protection est utilisé pour les services en contact direct avec les malades du Covid-19, mais aussi parfois dans les blocs chirurgicaux et en réanimation. On conseille aussi aux personnes les plus fragiles d’opter pour le port d’un masque FFP2, qui offre une durée de vie de huit heures, contre quatre heures pour les masques chirurgicaux. Alors que Monaco Hebdo bouclait ce numéro le 25 janvier 2022, le département des affaires sociales et de la santé de la principauté indiquait disposer d’un stock « d’environ » 1,2 million de masques de type FFP2, assurant que « le gouvernement veille à maintenir un stock stratégique suffisant ». En principauté, les personnels de secours et les chirurgiens-dentistes ont pour obligation d’utiliser ce genre de protection. Ce qui n’empêche pas le gouvernement monégasque de se questionner sur la bonne stratégie à adopter : « Une réflexion est en cours quant à l’évolution du port du masque FFP2 en principauté. Sont attendues notamment les préconisations du Haut conseil de la santé publique français qui devraient être publiées prochainement, et qui semblent ne pas préconiser le port du masque FFP2 pour la population générale. Effectivement, ce masque filtre mieux, mais il est plus difficile à porter. Quelques situations peuvent justifier le port de ce type de masque, lorsque les personnes sont fragiles. » Quant à savoir si l’État va distribuer gratuitement des masques FFP2 aux personnes les plus fragiles, et notamment immunodéprimées, le département des affaires sociales et de la santé rappelle que « tous les résidents monégasques ont été dotés à plusieurs reprises de masques « Bettimask », qui ont une filtration très proche du masque FFP2 », tout en indiquant qu’une « nouvelle campagne de distribution gratuite de masques en milieu scolaire est prévue prochainement », sans donner de date précise. La question de l’organisation dans l’espace public du port des masques chirurgicaux « classiques » et des masques FFP2, très demandés depuis quelques semaines, n’est donc pas loin, mais elle n’est pas encore tout à fait à l’ordre du jour, glisse le département des affaires sociales et de la santé, qui précise tout de même que « cette question sera étudiée, s’il était décidé d’élargir le port du masque FFP2 à d’autres catégories de population ».
Trois classes pour distinguer les masques FFP
FFP1 :
Filtration des aérosols : 80 % minimum
Fuite vers l’intérieur : 25 % maximum (22 % en moyenne)
Couleur(s) de l’élastique : généralement jaune
FFP2 * :
Filtration des aérosols : 94 % minimum
Fuite vers l’intérieur : 11 % maximum (8 % en moyenne)
Couleur(s) de l’élastique : généralement bleu ou blanc
*Le masque KN95 offre une protection identique. Il répond à la norme GB2626-2006, qui est valide pour la Corée du Sud et la Chine.
FFP3 :
Filtration des aérosols : 99 % minimum
Fuite vers l’intérieur : 5 % maximum (2 % en moyenne)
Couleur(s) de l’élastique : généralement rouge
Source : Institut national de recherche et de sécurité (INRS).
Masque FFP2 Comment bien le porter
S’il est mal mis, un masque FFP2 perd tout son intérêt, et il ne protège alors pas mieux qu’un masque chirurgical. Sur son site Internet, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) conseille de suivre les étapes suivantes :
• Se laver les mains.
• Placer le masque sur le visage, la barrette nasale sur le nez.
• Tenir le masque et passer les élastiques derrière la tête sans les croiser.
• Pincer la barrette nasale avec les deux mains, pour l’ajuster au niveau du nez.
• Vérifier que le masque soit bien mis. Pour cela, il convient de contrôler l’étanchéité :
• Couvrir la surface filtrante du masque en utilisant une feuille plastique maintenue en place avec les deux mains.
• Inspirer : le masque doit s’écraser légèrement sur le visage.
• Si le masque ne se plaque pas, c’est qu’il n’est pas étanche, et il faut le réajuster.
• Après plusieurs tentatives infructueuses, changer de modèle, car il est inadapté.
• Une fois ajusté, ne plus toucher le masque avec les mains et ne pas le placer en position d’attente sous le menton ou sur le front, pour éviter de contaminer l’intérieur du masque.
Une vidéo diffusée sur Internet par l’INRS détaille également les étapes à respecter pour bien mettre son masque FFP2 : «Comment bien ajuster son masque de protection respiratoire ?», via la chaîne YouTube de l’INRS, INRSFrance.
1) Le taux d’incidence correspond au nombre de cas positifs enregistrés sur les 7 derniers jours, rapporté à 100 000 habitants. Le seuil d’alerte est fixé à 50.