jeudi 25 avril 2024
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« Le Conseil national a disparu des écrans radars »

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En conférence de presse le 21 janvier, les élus de l’opposition Union monégasque ont dénoncé l’attentisme de la majorité Horizon Monaco au Conseil national.

 

Faut-il déclencher une alerte enlèvement ? Les élus d’opposition Union monégasque (UM) seraient presque tentés de le faire… Car depuis environ un mois — en clair depuis que l’ancien ministre d’Etat Michel Roger a été victime d’un AVC — il semblerait que la plupart des élus d’Horizon Monaco (HM) et le président du Conseil national soient aux abonnés absents… C’est en tout cas ce que dénoncent les élus UM qui se demandent carrément « si le Conseil national existe encore » ? « Le président Nouvion ne cesse de répéter que le Conseil national est à sa place. En réalité, sa place… c’est nulle part », peste Bernard Pasquier. Selon ces élus, le travail au Conseil national serait au ralenti depuis plusieurs semaines. Seules trois commissions se sont réunies : la commission des intérêts sociaux et des affaires diverses (CISAD) de l’élu HM Thierry Poyet, la commission des droits de la femme et de la famille de l’élue HM Béatrice Fresko-Rolfo, et la commission cadre de vie et environnement de l’UM Jean-Louis Grinda. « Les autres commissions, à savoir, éducation, finances et législation, ont été annulées sans aucune motivation. C’est un peu décevant, poursuit Bernard Pasquier. J’avais osé supposer qu’en l’absence d’un ministre d’Etat nommé officiellement par le Prince, le Conseil national aurait au contraire multiplié les commissions et continué son travail pour bien montrer à tous les Monégasques que cette institution existe indépendamment. » Histoire aussi de montrer le dynamisme des élus au nouveau ministre d’Etat, Serge Telle : « Il n’y a pas d’actualité politique à Monaco. Or, il y a encore des gens qui ont envie de réfléchir. Il faut que le nouveau ministre d’Etat sache ce que l’on pense. Mais le Conseil national a disparu des écrans radars ! Une désescalade totale de la présence de l’institution », peste à son tour Jean-François Robillon.

 

« Choqués »

Plusieurs dossiers sensibles ont aussi été évoqués par ces élus. Notamment la Société des Bains de Mer (SBM). Et plus particulièrement l’interview d’Agnès Puons accordée le 23 décembre à Monaco-Matin, dans laquelle la secrétaire générale indiquait qu’elle voulait faire de cette entreprise une entreprise « normale », tout en conservant sa « responsabilité sociale au sein de la Principauté. » Une petite phrase qui a provoqué la colère d’une composante de la majorité HM, l’Union pour la principauté (UP), qui a déclaré dans un communiqué : « En voulant faire de la SBM une « société normale », en faisant fi de plus de 150 ans d’histoire, la direction générale en place depuis trop longtemps, a-t-elle encore sa place ? Il est grand temps d’envisager l’avenir avec une nouvelle gouvernance. » Des propos excessifs pour UM : « Nous avons été choqués par ces réactions exagérées. Je ne comprends pas pourquoi un tel déferlement de haine et de rage pour des propos qui somme toute, étaient frappés au coin du bon sens, estime Jean-Louis Grinda. A partir du moment où cette entreprise est une entreprise commerciale cotée en bourse, je ne vois pas comment on pourrait la traiter différemment. Alors, oui historiquement, la SBM a un rôle social à jouer et elle continue de le jouer. Mais ce ne peut pas être l’alpha et l’omega de son management. Surtout pas au XXIème siècle. » Avant de conclure : « Ce que nous souhaitons, c’est laisser travailler tranquillement les équipes de la SBM. Arrêtons de nous mêler de ce qui ne nous regarde pas. Nous ne sommes pas co-gestionnaires de la SBM. Ce sont des méthodes du passé. »

 

Financement de le dépendance

 « Les frais vont exploser »

Ils sont plusieurs élus, aussi bien dans la majorité HM que dans l’opposition UM, à avoir alerté le gouvernement sur le financement de la dépendance. Car, même si pour le moment, « il n’y a pas d’urgence », selon UM le gouvernement doit dès aujourd’hui prévoir l’avenir : « Notre population est vieillissante. Les frais liés à la dépendance vont exploser au fil des années. Actuellement, le financement de la dépendance est majoritairement assuré par l’Etat et par les personnes qui peuvent participer à leur prise charge. Mais si la santé financière du pays se dégrade, que ferons-nous ? Ce que l’on demande en cette période de budget confortable, c’est de réfléchir à comment faire demain pour nos aînés, alerte l’élu UM, Jean-François Robillon. La première étape, c’est d’évaluer les besoins à 10, 15, 20 ou 30 ans. Les études sont en cours. Il faudra ensuite étudier d’autres pistes de financement. Selon nous, se baser uniquement sur le budget de l’Etat, est complètement déraisonnable. »

 

 

Retraite des fonctionnaires

 « Il faut en discuter maintenant »

Pour UM, l’autre sujet de préoccupation, c’est le financement de la retraite des fonctionnaires. Un financement assuré aujourd’hui en quasi totalité par l’Etat. « On estime que le coût de cette dette virtuelle est d’un peu plus de 500 millions d’euros. Certains parlent même de 700 millions d’euros. Etant donné que les fonctionnaires monégasques partent à la retraite toujours plus jeunes, ce chiffre croît à une vitesse considérable, explique Bernard Pasquier. Le jour où nos rentrées budgétaires diminueront, que ferons-nous ? On diminue les pensions des fonctionnaires ? Il faut donc en discuter maintenant. »

 

 

Elections

 « Nous ne voterons pas pour Laurent Nouvion »

Au mois d’avril, il y aura un rendez-vous important au Conseil national : le vote pour l’élection du président de cette assemblée. Est-ce que le patron de la majorité HM, Laurent Nouvion, sera réélu ? Le choix des élus UM est bien sûr déjà fait : « Nous ne voterons pas pour Laurent Nouvion. » Tout en ouvrant politiquement une porte : « Si une nouvelle majorité d’idées se dégage au sein de l’hémicycle, nous apporterons notre voix, sans aucune contrepartie. » C’est donc au sein de la majorité HM que le suspense reste entier. Majorité dans laquelle Laurent Nouvion ne fait pas vraiment l’unanimité.