jeudi 28 mars 2024
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Qualité de vie à Monaco – Nathalie Amoratti-Blanc et Karen Aliprendi : « L’UPCV n’est qu’une partie de la solution »

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Instigateurs du projet de brigade dédiée à la circulation en 2018, les élus du Conseil national portent un regard positif sur l’action de l’unité de préservation du cadre de vie. Toutefois, elle ne peut, selon eux, constituer l’unique solution aux problèmes de congestion du trafic et de nuisances en principauté, comme l’expliquent à Monaco Hebdo la nouvelle présidente de la commission environnement et qualité de vie de la Haute assemblée Nathalie Amoratti-Blanc, et sa vice-présidente en charge des mobilités, Karen Aliprendi.

Pourquoi le Conseil national a-t-il réclamé en 2018 la création d’une unité dédiée au cadre de vie ?

Nathalie Amoratti-Blanc : Depuis de nombreuses années, nous constations une importante dégradation de la circulation en principauté, avec parfois plus d’une heure de bouchons avant de pouvoir entrer en ville. Cela n’était tout simplement plus acceptable. Cette saturation de la circulation nuit à la qualité de vie des Monégasques et résidents, mais aussi rend Monaco moins attractif pour l’ensemble des pendulaires qui viennent travailler chaque jour.

Karen Aliprendi : Comme l’explique ma collègue Nathalie, c’est pour cela que dès le début de la précédente mandature [en février 2018 — NDLR], l’ensemble des élus du Conseil national ont réfléchi à des solutions pour réussir à désengorger la ville. Nous avons donc pensé qu’une équipe de la sûreté publique, principalement dédiée à faire circuler les flux de véhicules, aux heures de pointe notamment, pourrait être une partie de la solution. Cette unité a aussi pour autre mission de pouvoir venir constater et verbaliser les nuisances sonores liées aux nombreux chantiers en ville.

« Depuis de nombreuses années, nous constations une importante dégradation de la circulation en principauté, avec parfois plus d’une heure de bouchons avant de pouvoir entrer en ville. Cela n’était tout simplement plus acceptable »

Nathalie Amoratti-Blanc. Présidente de la commission environnement et qualité de vie du Conseil national

Trois ans après son lancement, quel bilan faites-vous de l’action de l’UPCV ?

Nathalie Amoratti-Blanc : L’UPCV a su démontrer son efficacité pour aider à gérer les flux de circulation, notamment lors de gros évènements tels que le Grand Prix, le Rolex Masters, etc. Le fait d’avoir des policiers présents à tous les axes principaux de la ville, notamment aux heures de pointe, permet de fluidifier au mieux la circulation. Rien ne vaut le discernement humain pour optimiser la mobilité.

Les élus sont-ils satisfaits malgré vos plaintes répétées sur la dégradation de la qualité de vie en principauté, notamment en termes de trafic automobile ?

Nathalie Amoratti-Blanc : La qualité de vie en principauté s’est fortement dégradée ces dernières années, notamment à cause de trop nombreux chantiers simultanés, mais aussi du fait de l’augmentation conséquente du trafic automobile. Nous avons toujours indiqué au gouvernement que, pour pouvoir constater de réelles améliorations à ce sujet, il faut mettre en place de nombreuses mesures variées et complémentaires. Il n’y a pas de solution miracle unique.

Karen Aliprendi : L’UPCV n’est qu’une partie de la solution, mais tant qu’elle ne sera pas accompagnée d’autres mesures, son effet sur l’amélioration du trafic restera assez faible. Pour autant, elle démontre une prise en compte de la problématique par les pouvoirs publics, sur le terrain.

Quels sont les axes d’évolution et de progression de cette brigade ?

Nathalie Amoratti-Blanc : Je pense qu’une augmentation des effectifs de cette brigade serait très bénéfique, car bien qu’ils soient régulièrement présents sur certains points névralgiques de la principauté, il persiste certains endroits où leur présence serait un plus. Ainsi, ils pourraient être déployés sur l’ensemble des axes souvent congestionnés pour permettre une plus grande efficacité sur tout le territoire.

Karen Aliprendi : Lors de cette nouvelle mandature, nous avons la chance de compter parmi les élus, mon amie et collègue Jade Aureglia, qui par sa formation professionnelle, est spécialisée dans la modélisation et la simulation des problématiques urbaines. Comme moi, elle a été désignée comme vice-présidente de la commission environnement et qualité de vie, pour l’urbanisme durable et les grands travaux. Je suis certaine qu’ensemble, nous allons pouvoir proposer des solutions innovantes pour améliorer la gestion des flux en principauté, et surtout demander au gouvernement de prendre des décisions structurantes d’envergure.

Le maître-mot de l’UPCV est la sensibilisation et la prévention, avant la répression : devrait-elle sévir davantage ?

Nathalie Amoratti-Blanc : J’ai toujours pensé que la sensibilisation et la prévention peuvent permettre dans de nombreux cas d’empêcher des comportements excessifs. Toutefois, il est important que les équipes de l’UPCV n’hésitent pas à verbaliser en cas de non-respect des règles du code de la route, ou des ordonnances souveraines définissant les règles concernant les chantiers en principauté.

Quels sont les points noirs identifiés par les élus du Conseil national au sujet de la qualité de vie ?

Nathalie Amoratti-Blanc : L’un des principaux points noirs, c’est l’importante dégradation de la circulation en principauté. Pendant la crise sanitaire, nous avons tous connu une incroyable accalmie, notamment grâce au télétravail obligatoire. Mais depuis l’année 2022, les flux de circulation en principauté sont revenus au même nombre qu’en 2019, ce qui a donc allongé considérablement le temps de trajet en voiture pour rentrer dans la ville. Un autre point noir est le nombre de chantiers en ville, qui nuit fortement à la qualité de vie des Monégasques et résidents. De plus, cela impacte notre attractivité, notamment par rapport au tourisme, ainsi que pour attirer de nouveaux résidents.

Karen Aliprendi : Avant la crise de la Covid-19, nous enregistrions jusqu’à 100 000 véhicules entrants par jour dans le pays. Pour un pays de 2 kilomètres carrés, c’est une sacrée prouesse !

Que demandez-vous au gouvernement ?

Nathalie Amoratti-Blanc : Depuis de nombreuses années, nous demandons au gouvernement de multiplier les actions en faveur de la mobilité douce, intra-muros, mais aussi pour nos pendulaires, avec, par exemple, un renforcement du nombre de trains aux heures de pointe. Il est important aussi que le gouvernement continue à inciter les entreprises à avoir recours au télétravail lorsque c’est sans incidence sur la productivité. Du fait de l’exiguïté de notre territoire, il n’existe pas une seule solution miracle pour régler ce problème. Au contraire, il faut combiner tout un ensemble de mesures complémentaires, qui auront chacune un impact. Il faut pouvoir proposer différentes solutions de mobilité douce pour répondre à l’ensemble des besoins des personnes qui entrent et sortent de la principauté.

Karen Aliprendi : Nous demandons au gouvernement d’en finir avec les études, et de prendre des décisions concrètes sur un nouveau mode de transport structurant pour l’avenir de notre pays, tel que le projet de métro ou d’une liaison rapide entre la Brasca et Monaco. L’heure est aux décisions, désormais.

« Nous demandons au gouvernement d’en finir avec les études, et de prendre des décisions concrètes sur un nouveau mode de transport structurant pour l’avenir de notre pays, tel que le projet de métro ou d’une liaison rapide entre la Brasca et Monaco. L’heure est aux décisions, désormais »

Karen Aliprendi. Vice-présidente de la commission environnement et qualité de vie du Conseil national, en charge des mobilités

Cette brigade peut-elle, à elle seule, contribuer à améliorer la qualité de vie en principauté ?

Nathalie Amoratti-Blanc : Cette brigade est un bon début. Elle a déjà su démontrer son efficacité pour aider à fluidifier la circulation, et donc préserver la qualité de vie en principauté. Néanmoins, il est nécessaire de continuer à développer d’autres actions complémentaires pour améliorer la qualité de vie à Monaco.

Quels autres leviers activer, notamment pour fluidifier la circulation ?

Nathalie Amoratti-Blanc : Il faut continuer à faire de la pédagogie auprès de notre population, pour les inciter à réduire l’utilisation de leurs véhicules intra-muros, tout en proposant des solutions viables de mobilité douce, telles que MonaBike, ou encore une augmentation de la fréquence des autobus. La création de la Galerie des Salines permettra, à terme, un acheminement piéton depuis le Jardin Exotique jusqu’à l’îlot Pasteur, et sera certainement un atout pour inciter à la mobilité douce.

Quoi d’autre ?

Karen Aliprendi : Une importante partie du flux de véhicules vient de l’extérieur de la principauté. Prochainement, le chantier du parking relais d’entrée de ville à l’ouest sera terminé, et permettra ainsi d’inciter une partie des véhicules et autobus entrant à Monaco, de se garer directement dans ce parking et d’utiliser le réseau d’autobus interne pour continuer leur déplacement. Mais le nombre de places disponibles dans ce parking ne suffira pas à désengorger la ville. Il faut donc trouver d’autres solutions complémentaires. Cela fait plusieurs années que le gouvernement vient nous présenter régulièrement des projets tels que le métro souterrain, la liaison rapide entre La Brasca-Monaco, le projet de TCSP qui tourne à la légende urbaine, des parkings d’entrée de ville à l’est… Pour autant, nous en sommes toujours au stade des études et des réflexions. Il faut que le gouvernement prenne des décisions concrètes, et commence à lancer le démarrage d’un ou plusieurs projets structurants. Car ces projets ne verront le jour que dans plusieurs années. Il faut donc décider rapidement, pour que l’on puisse espérer désengorger notre principauté durablement.

La brigade va bientôt enregistrer l’arrivée de renforts : comment accueillez-vous cette décision du gouvernement princier ?

Nathalie Amoratti-Blanc : Nous avons toujours soutenu le gouvernement, lors des votes des lois de budget, pour qu’il puisse obtenir les crédits nécessaires pour augmenter les moyens de ses différents services, et notamment la sûreté publique. Ainsi, nous sommes satisfaits que l’UPCV puisse bénéficier de nouveaux renforts très prochainement.

UPCV
« Comme toujours, le Conseil national n’hésitera pas à voter les crédits nécessaires pour permettre à cette unité, et à la sûreté publique dans son ensemble, de continuer à travailler dans des conditions optimales. » Nathalie Amoratti-Blanc. Présidente de la commission environnement et qualité de vie du Conseil national. © Photo Manuel Vitali / Direction de la Communication

Cinq renforts supplémentaires, est-ce suffisant à vos yeux ?

Karen Aliprendi : Je pense que c’est un bon début, et qu’il est important de faire un bilan annuel sur les problèmes rencontrés dans leurs fonctions, pour voir si à l’avenir il sera encore nécessaire d’augmenter leurs effectifs.

Nathalie Amoratti-Blanc : Comme toujours, le Conseil national n’hésitera pas à voter les crédits nécessaires pour permettre à cette unité, et à la sûreté publique dans son ensemble, de continuer à travailler dans des conditions optimales.

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