jeudi 28 mars 2024
AccueilPolitiqueMarc Mourou : « Nous travaillons sur une proposition de loi sur le...

Marc Mourou : « Nous travaillons
sur une proposition de loi sur
le harcèlement scolaire »

Publié le

Le président de la commission de l’éducation, de la jeunesse et des sports, Marc Mourou, dresse un bilan de son action et détaille les priorités de la majorité Priorité Monaco (Primo !) jusqu’en 2020. Interview.

C’est votre premier mandat et vous êtes l’un des plus jeunes élus : comment avez-vous vécu ces débuts politiques ?

Avec passion, détermination et beaucoup de travail. M’engager au service de la collectivité m’a permis, avec Stéphane Valeri et mes collègues de la majorité, de prendre la mesure de tous les enjeux actuels de la principauté et de travailler sur les grands sujets qui concernent le pays : logement, éducation, qualité de vie, etc. Ces premiers mois de mandature ont été très formateurs. J’ai pu assimiler les conseils et l’expérience des plus anciens pour les adapter à ma propre vision du futur. Je crois qu’il est nécessaire d’être passionné par ce que l’on fait. Savoir se mettre à l’écoute des besoins de ses compatriotes, les comprendre et les aider à surmonter certaines de leurs difficultés constitue une de mes motivations quotidiennes. A cela s’ajoutent le travail législatif de tout élu et la mise en œuvre des engagements de campagne du programme Priorité Monaco (Primo !), comme l’importante augmentation de l’enveloppe budgétaire consacrée aux bourses d’études ou l’organisation du premier MC Summer Concert pour les jeunes, le 15 juillet 2019.

Comment s’est passé le tout premier MC Summer Concert avec le DJ Kungs ?

Cela a été une grande réussite, avec plus de 1 000 jeunes déchaînés sur les sons d’artistes locaux choisis par eux-mêmes, et du DJ Kungs qui a illuminé la salle des étoiles. Les jeunes de Monaco ont particulièrement apprécié la possibilité d’assister à un concert gratuit avec un artiste de renom, et d’être associés à la programmation du début à la fin. Ça a été un grand moment de fête pour notre jeunesse, bien mérité après leur excellente année scolaire.

Quels sont les enseignements, positifs ou négatifs, que vous en avez retiré ?

Ce grand concert, organisé à l’initiative du Conseil national, a été une réussite grâce à la collaboration étroite des différentes institutions de la principauté, qui ont coorganisé cet évènement : Conseil national, gouvernement princier et mairie ont ainsi avancé main dans la main pendant un an pour faire aboutir ce projet. Ce travail collectif et concerté est un point extrêmement positif. De même que d’avoir pu réaliser ce projet dès la première année de mandature et d’avoir relancé l’animation pour les jeunes en principauté, tout en mettant en valeur de jeunes artistes locaux en première partie.

Qu’est-ce qui changera pour l’édition 2020 ?

Nous allons d’abord nous réunir et se rencontrer avec les acteurs concernés pour envisager les meilleures évolutions, si nécessaire. Nous allons nous atteler à discuter dès les séances budgétaires du budget rectificatif 2019 de la seconde édition du MC Summer Concert, avec, bien évidemment, des axes d’améliorations et de nouvelles propositions de formats afin de toujours proposer quelque chose de novateur aux jeunes de Monaco. Et, bien sûr, en continuant de les impliquer dans le choix final de la programmation.

Le taux de réussite global des bacheliers est de 99,08 % après rattrapage : à ce rythme, il deviendra bientôt impossible de faire mieux ?

Cela semble difficile de faire mieux en effet ! Comme l’a dit récemment Stéphane Valeri, président du Conseil national, il n’est peut-être plus opportun de parler de cette réussite en pourcentage car, à Monaco, grâce à l’excellence du système éducatif, et sauf vrai accident, tous les élèves obtiennent leur baccalauréat. Je souhaiterais d’ailleurs souligner la qualité du travail de la direction de l’éducation nationale, du corps professoral et de toute la communauté éducative qui accompagnent les élèves pendant leur scolarité, jusqu’à ce précieux sésame. Une grande pensée aussi pour les parents et familles des bacheliers qui les aident au quotidien, en les épaulant et en les encourageant de manière permanente.

Que demander de plus, alors que pour cette cuvée 2019, un bachelier monégasque sur cinq a décroché la mention « très bien » ?

C’est en effet remarquable, et nous les félicitons, comme tous les bacheliers. En plus de ces résultats brillants, nous leur souhaitons surtout de s’épanouir dans leur vie de jeune adulte et de choisir des études qui leur plaisent et où les débouchés leur permettront d’atteindre le métier de leur rêve. L’orientation et l’épanouissement personnel seront des éléments clés pour bien réussir leurs premières années post-lycée.

Concernant l’augmentation des bourses, qu’avez-vous pu obtenir finalement ?

Au budget primitif 2019, le Conseil national a réussi à obtenir l’augmentation de 50 % de l’enveloppe budgétaire consacrée aux bourses d’études, qui est passé de 2,7 millions d’euros à 4,1 millions d’euros, et également un nouveau mode de calcul du barème via la commission des bourses. Cela a permis à tous les étudiants, monégasques et résidents, d’obtenir une augmentation substantielle de leur bourse d’étude, en fonction de critères plus justes et approfondis.

La répartition de ces bourses est-elle équitable entre les Monégasques et les résidents ?

Pour l’année 2018-2019, plus de 700 demandes de bourses ont été allouées par la direction de l’éducation nationale, d’où environ 350-400 de boursiers monégasques. Le nouveau mode de calcul est plus juste et approfondi, avec un vrai coup de pouce pour tous les étudiants, tout en gardant des spécificités propres aux boursiers monégasques. Les bourses Très Grandes Ecoles (TGE) sont réservées à nos jeunes compatriotes, ainsi que l’allocation forfaitaire, qui elle aussi a été revalorisée de manière significative. Dans les bourses dites « classiques », l’aide en amont au niveau du calcul du quotient familial, par exemple, est, elle aussi, avantagée pour nos jeunes monégasques.

Comment est calculé le nouveau barème, désormais ?

Tout le monde est d’accord sur le constat, le barème ne correspondait pas aux besoins des jeunes qui en ont besoin. Le barème a donc été totalement revisité avec la création de nouveaux critères dans le mode de calcul : pondération en fonction de la cherté des villes dans lesquelles se trouvent les étudiants, logement dans un appartement individuel, en internat ou en cité universitaire, etc. Malgré la demande de sa publication officielle par les représentants du Conseil national, pour le moment, il n’a été communiqué que parmi les membres de la commission des bourses d’études.

En France, à la rentrée 2019, les étudiants hors UE, et donc les étudiants monégasques, devront débourser 2 770 euros au lieu de 170 euros pour s’inscrire en licence, et 3 770 euros pour une formation en master ou en doctorat, contre 243 euros et 380 euros jusqu’à présent : votre réaction ?

Nous avons lu avec attention l’annonce de la France concernant la hausse des droits d’inscription à l’université pour les étudiants extra-européens. Elle relance aussi le débat sur le principe de quasi-gratuité de l’enseignement public supérieur et donc de la chance donnée à tous d’accéder à un diplôme de grade licence, master ou doctorat (cursus LMD), tout en visant pour la France de continuer à attirer les cerveaux les plus brillants. Pour l’année universitaire 2019-2020, nous avons eu la confirmation de la part du gouvernement que les étudiants monégasques ne seront pas impactés par cette augmentation des frais de scolarité dans les facultés françaises.

Quels sont les dossiers sur lesquels vous travaillez actuellement ?

La commission éducation, jeunesse et sports du Conseil national travaille actuellement sur une meilleure répartition des subventions octroyées aux associations sportives de la principauté. En effet, nous avons pu constater à l’occasion de notre participation à la commission nationale des sports qu’il était nécessaire de revoir son fonctionnement et de la rendre plus transparente. Nous avons donc alerté le gouvernement sur ce point et nous avons proposé d’y apporter une expertise différente, via un système de pondération associé à une analyse qualitative poussée. Ceci dans le souci d’apporter plus de justice et de mérite aux associations qui remplissent le mieux leurs mission au vu de critères objectifs : nombre de pratiquants, lien avec la principauté, représentativité du sport, niveau et résultats… Cela nous paraît être un point essentiel pour développer le sport en principauté et encourager les structures à continuer leur mission, notamment auprès des jeunes.

Vous travaillez sur d’autres dossiers importants ?

L’orientation est également l’un des dossiers importants sur lesquels nous nous penchons, avec la nécessité de développer des “coachings” personnalisés et d’aider au mieux les élèves à faire le bon choix entre leurs aptitudes, envies et débouchés pour leur future carrière. Cette année a été le grand premier test de Parcours Sup et il est important de soutenir au mieux les conseillers d’orientation, afin que chaque élève puisse être accompagné et guidé vers le choix qui lui correspond le mieux.

Quoi d’autre ?

Un autre sujet sur lequel nous travaillons et qui me tient particulièrement à cœur, c’est le harcèlement scolaire, un fléau qui, même s’il est moins visible à Monaco, existe bien néanmoins, et qui peut avoir des répercussions graves sur la santé morale et physique des élèves.

Quels sont les textes qui intéressent votre commission et qui sont susceptibles de passer devant le Conseil national d’ici fin 2019 et pour 2020 ?

Nous sommes en train de travailler sur une proposition de loi du Conseil national sur le harcèlement scolaire, après un long travail effectué et de nombreuses entrevues avec des associations monégasques et des entités publiques expertes sur ce sujet. Cette proposition de loi devrait être débattue en commission et proposée en séances législatives d’automne. Nous espérons aussi pouvoir travailler sur le projet de loi du gouvernement sur le sport, attendu depuis de nombreuses années et qui, espérons-le, sera déposé en 2020 auprès du Conseil national. Ce texte permettra d’offrir un réel cadre légal à la pratique du sport en principauté et de favoriser un meilleur accès au sport pour tous.