jeudi 25 avril 2024
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Thierry de Montbrial : « Hollande est un radical socialiste, et non un excité d’extrême gauche »

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Thierry de Montbrial
Thierry de Montbrial © Photo Monaco Hebdo.

Les élections de 2012, la politique internationale, la crise de l’euro… Autant de sujets au centre de l’actualité que Thierry de Montbrial a traité, mardi 15 mai 2012, pendant la conférence organisée à l’hôtel Hermitage.

Par Romain Fondacaro

«Dans les démocraties, les nouveaux présidents n’ont généralement pas d’expérience. Ce fut le cas des chanceliers Schröder, Kohl et même de Barack Obama ». Pour Thierry de Montbrial, fondateur et président de l’Institut Français des Relations internationales (IFRI), l’élection de François Hollande à l’Elysée ne pose aucun problème. Que ce soit en raison de son « inexpérience » à des fonctions gouvernementales ou internationales. Ou bien qu’il s’agisse de la la bonne santé du couple franco-allemand. Invité par la Monaco Méditerranée Foundation (MMF) le 15 mai 2012, le spécialiste en relations internationales a rappelé une vérité : « Dès qu’il y a un changement politique en Allemagne ou en France, on prédit la mort du couple franco-allemand. Mais, à chaque fois, un nouveau couple se forme et l’on remarque que ça marche. » Un brin agacé par les critiques faites à l’égard du nouveau président, Thierry de Montbrial assure que « Hollande est un radical socialiste et non un excité d’extrême gauche. » Même si pendant la campagne François Hollande avait fustigé la politique d’austérité allemande et qu’Angela Merkel avait soutenu clairement Nicolas Sarkozy, les deux têtes de l’axe franco-allemand « semblent disposées à faire des compromis. » C’est ce qu’a en tout cas laissé penser la première rencontre à Berlin entre la chancelière démocrate chrétienne et le président français socialiste. François Hollande a tout de même maintenu qu’il voulait ajouter un volet croissance au pacte européen de discipline budgétaire et était « prêt à tout mettre sur la table au conseil européen [du 23 mai – NDLR], y compris les euro-bonds ». L’idée d’un plan de croissance étant quant à elle soutenue depuis par le président américain Obama lors du dernier sommet du G8 à Camp David le 18 mai.

« Risque de détricotage »
Pour sauver la zone euro, les dirigeants français et allemand « n’auront pas le choix » de trouver des compromis, insiste Thierry de Montbrial. La crise de la dette persiste et le monde est en perpétuelle mutation. « La survie de l’euro conditionne la survie de l’Union européenne entière », ajoute l’analyste. Le constat est clair. La question est désormais de savoir « si l’on sauve l’euro ou pas ? » Deux scénarios sont alors envisageables : « détricoter » l’Europe ou « renforcer sa gouvernance économique et politique pour espérer sauver son économie. »
Car pour Thierry de Montbrial, l’Europe a jusqu’à présent commis une erreur majeure : « L’élargissement de la zone euro s’est faite trop rapidement dans les années 2000. C’est le problème de l’euphorie. L’euro a été très rapidement un grand succès, du coup on a été trop laxistes, notamment sur le respect des critères de Maastricht, et nous le payons aujourd’hui. » La commission européenne a, elle aussi, sa part de responsabilité. Elle a pour vocation de représenter les intérêts de l’Union Européenne et non pas ceux des pays. « Les commissaires européens sont supposés oublier leur nationalité afin de servir les intérêts de l’Europe. Malheureusement, on voit que c’est de moins en moins le cas. » En ayant construit une Europe plus économique que politique, Thierry de Montbrial avoue que « le risque de détricotage est élevé. »