mardi 19 mars 2024
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Elections communales 2023 — Georges Marsan : « Ça ne sera pas un mandat de trop »

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Maire de Monaco depuis 2003, Georges Marsan est à nouveau candidat pour les élections communales qui se dérouleront le 19 mars 2023. Alors qu’aucune liste concurrente ne s’est présentée face à la sienne, il estime que le principal enjeu de ce scrutin sera le niveau de participation (1). Interview.

Vous êtes maire de Monaco depuis 2003 : en vous présentant une sixième fois aux élections communales ne craignez-vous pas de faire le mandat de trop, et l’usure du pouvoir ?

« Un mandat de trop » c’est une réflexion qui revient tous les quatre ans. Cela d’autant que je suis élu communal depuis 1991, donc ce serait mon 9ème mandat au sein de l’institution communale. Ça ne sera pas un mandat de trop. Je suis toujours aussi motivé pour faire évoluer la mairie, continuer à construire dans nos différents domaines de compétence, et défendre avant tout l’institution communale, avec ses prérogatives. La richesse de notre projet communal 2023-2027 démontre que mon équipe et moi-même, nous sommes plus que jamais motivés pour porter l’ensemble des actions de ce nouveau mandat.

Georges Marsan
« Comme il y a quatre ans, sur le plan électoral, l’enjeu de ce scrutin sera encore la participation, puisque ma liste, L’Evolution Communale, est la seule liste à se présenter. » Georges Marsan. Maire de Monaco depuis 2003 et candidat aux élections communales du 19 mars 2023. © Thierry Ameller Photography

Selon quelle logique avez-vous bâti votre liste ?

Notre liste est bien renouvelée avec un tiers de nouveaux candidats, composée de femmes et d’hommes qui partagent les mêmes valeurs, les mêmes objectifs, avec de l’expérience, et des compétences professionnelles bien spécifiques. Chaque candidat apporte à notre liste toute son énergie et son expertise, toujours dans le respect d’un travail collectif. De plus, comme en 2019, il y a une parfaite parité autour de moi. J’y tenais, car c’est essentiel dans mon esprit.

Qui sont les nouveaux candidats dans votre liste ?

Les quatre nouveaux candidats sont Georges Gambarini, Nada Lorenzi, Jean-Luc Puyo, et Nathalie Vaccarezza. Ils ont été choisis dans cette logique.

Quel budget allez-vous déployer pour cette campagne et comment allez-vous financer cette campagne ?

Les dépenses électorales pour les élections communales sont limitées à 203 000 euros, avec un remboursement des frais de campagne pour une liste de 15 candidats limité à 78 000 euros. Comme en 2019, je m’efforcerai à ne pas dépasser 60 % du montant autorisé.

« Les dépenses électorales pour les élections communales sont limitées à 203 000 euros, avec un remboursement des frais de campagne pour une liste de 15 candidats limité à 78 000 euros. Comme en 2019, je m’efforcerai à ne pas dépasser 60 % du montant autorisé »

En l’absence de liste concurrente, percevez-vous un désintérêt pour la vie politique en principauté ?

Comme il y a quatre ans, sur le plan électoral, l’enjeu de ce scrutin sera encore la participation, puisque ma liste, L’Evolution Communale, est la seule liste à se présenter. Même si aujourd’hui le vote par procuration est devenu très étendu et très facile avec la nouvelle loi, on observe un désintérêt pour les élections en Europe. Monaco n’échappe pas à la règle. Nous allons sensibiliser chaque électeur d’ici la date du 19 mars 2023, et ce, au travers des réseaux sociaux, de la presse, et de notre soirée électorale du 15 mars à l’auditorium Rainier III. Et surtout, en parlant à chacun, pour que tous les Monégasques se sentent concernés. Il en va de la vie démocratique de notre pays. Il en va de la force de notre institution multiséculaire.

Jusqu’au vote qui se déroulera le 19 mars 2023, comment allez-vous organiser votre campagne électorale, et quelle sera la ligne politique défendue par votre liste ?

Nous allons défendre notre bilan au sein de cette institution de proximité, mais aussi d’excellence, qui a bien rempli ce rôle pendant ces quatre ans, et ce, dans de nombreux domaines : le social, avec les seniors et la petite enfance, l’animation, l’environnement, la culture, le sport, la défense du patrimoine et des traditions, et enfin, la transition numérique. Même si notre liste est seule à se présenter, elle mérite d’être très largement soutenue.

Quels sont les dossiers sur lesquels vous comptez prioritairement travailler pour la mandature 2023-2027 ?

Les dossiers prioritaires sont la nouvelle médiathèque, le nouvel Espace Léo Ferré, le Jardin Exotique, la maison des répétitions, ainsi que l’ouverture de trois nouvelles crèches, avec Honoria, Ida, et le Bel Air. Les autres dossiers importants portent sur la création d’animations, d’activités et de marchés itinérants dans tous les quartiers. Il y a aussi l’engagement de la mairie au niveau 2 du pacte national pour la transition énergétique, mais aussi une nouvelle évolution, et même une restructuration du marché de la Condamine. Et enfin, en partenariat avec le gouvernement princier et Monaco Telecom, nous continuerons de travailler sur la lutte contre la rupture numérique.

Où en sont les travaux à la maison de vie intergénérationnelle Villa Lamartine, située au 19 boulevard princesse Charlotte ?

Pour la Villa Lamartine, les travaux avancent bien. Sauf imprévu on devrait pouvoir faire l’inauguration début juillet 2023.

Et les locaux commerciaux dans l’immeuble Le Luciana, sur le port Hercule ?

Le groupe Lacoste devrait ouvrir une boutique dans le courant du deuxième semestre 2023.

Il y a aussi la rénovation de la piscine à Saint-Charles et un projet de nouvelle salle de sport à Saint-Charles ?

Il y a une réfection de la piscine Saint Charles, avec une rénovation complète des vestiaires publics, des menuiseries extérieures du bassin, et aussi une amélioration de l’efficacité énergétique et thermique de la piscine. Enfin, une nouvelle salle de sport, qui proposera de la gym douce, des cours de Pilates et de stretching sans abonnement mais à la carte, sera créée. L’ouverture de cet ensemble est prévu dans les prochaines semaines.

Cinq ans après, quel bilan faites-vous de la salle de sport ouverte en avril 2018 par la mairie, l’Hercule Fitness Club ?

Depuis le début, la salle de sport municipale, l’Hercule Fitness Club rencontre un véritable succès ; après la période de Covid-19, les adhérents ont repris progressivement leurs habitudes, et les cours sont toujours aussi fréquentés qu’au début. Cela prouve aussi la qualité d’enseignement, de matériel, et de conditions de travail. Les adhérents sont fidèles.

Avec un abonnement sur 13 mois proposé à 1 100 euros, les tarifs de l’Hercule Fitness Club sont-ils adaptés (2) ?

A notre sens, les tarifs de l’Hercule Fitness Club sont adaptés. Ils restent dans la moyenne du marché monégasque, à conditions équivalentes.

Comment résorber la liste d’attente de l’Hercule Fitness Club ?

Nous avons de l’attente, principalement sur les abonnements incluant les cours collectifs, qui sont de qualité, variés, et nombreux. Nous avons mis en place de nouveaux tarifs, comme l’abonnement « heures creuses » et plus récemment l’abonnement « trimestriel musculation » ou encore l’abonnement « annuel musculation ». Nous avons pu faire rentrer dans la salle de nombreuses personnes qui ne souhaitaient accéder qu’au plateau de musculation.

Combien de places de crèches vont ouvrir à Monaco, et selon quel calendrier ?

Nous avons actuellement environ 420 places d’accueil en crèches. En prévision nous avons en septembre 2023 l’ouverture de la crèche du palais Honoria, qui propose 30 places. En 2024 l’ouverture de la crèche du Grand Ida, offrira une capacité de 35 places. Et à l’horizon 2026, l’ouverture de la crèche du Bel Air permettra de disposer de 50 places supplémentaires.

Que comptez-vous faire pour améliorer l’égalité femmes-hommes ?

La parité femmes-hommes au sein du conseil communal est une réalité depuis 2019. Au sein des 20 services communaux, 9 femmes sont chefs de service, et 14 sont adjoints au chef de service. La rémunération et le classement indiciaires des postes occupés par des femmes sont identiques à ceux des hommes.

« La parité femmes-hommes au sein du conseil communal est une réalité depuis 2019. Au sein des 20 services communaux, 9 femmes sont chefs de service, et 14 sont adjoints au chef de service. La rémunération et le classement indiciaires des postes occupés par des femmes sont identiques à ceux des hommes »

Quelles sont vos priorités pour la culture ?

La médiathèque et l’espace Léo Ferré sont deux espaces qui ouvriront en 2025. Ils nous permettront de proposer une offre culturelle riche et variée pour les Monégasques et pour les résidents. La mairie gère aussi les deux écoles d’enseignement artistique, que sont l’académie Rainier III et l’école supérieure d’arts plastiques – pavillon Bosio. L’académie complètera son offre pédagogique avec des interventions régulières de musiciens de renommée internationale, et ce dès la rentrée de septembre 2023. Au niveau de l’école supérieure d’arts plastiques – pavillon Bosio, un nouveau cursus va voir le jour, puisque nous allons proposer un master II en scénographie de la mode.

En 2023, la mairie de Monaco devrait sceller un jumelage avec Dolceacqua, en Ligurie : que prévoit ce jumelage ?

Ce jumelage sera officiellement signé le 3 novembre 2023. Il concrétisera les liens d’amitié et d’histoire qui unissent nos deux villes. Tout au long de l’année, jusqu’à la signature du jumelage, des rencontres et des échanges culturels et sportifs seront organisés entre nos deux villes.

Où en est le projet de télécabine qui devrait partir du Jardin Exotique, pour desservir Fontvieille, puis le Rocher ?

Je n’ai à ce jour aucune information sur ce projet que portait le gouvernement princier.

Où en sont les travaux du Jardin Exotique et les discussions avec le gouvernement monégasque ?

Les discussions ont ces derniers mois porté sur l’inscription au budget de l’Etat de l’enveloppe nécessaire à la restructuration du Jardin Exotique. La somme de 15 millions a été inscrite au budget 2023 de l’Etat. Les travaux qui avaient débuté en 2020, puis interrompu, ont repris depuis. Ils se poursuivront en 2023 et en 2024.

Comment jugez-vous la qualité de vos relations avec le gouvernement et avec le Conseil national ?

Nous avons des relations cordiales avec le gouvernement, mais nous veillons toujours à défendre avant tout l’institution communale, avec ses prérogatives. Quand nous ne sommes pas d’accord, nous le faisons savoir. Cela a été le cas lors du retard des travaux de rénovation et de sécurisation du Jardin Exotique. Nos relations sont excellentes avec le Conseil national, avec qui nous échangeons notamment sur les projets de loi qui concernent la mairie.

Depuis la loi de 2006, la mairie de Monaco dispose d’une autonomie administrative et budgétaire. Puis, en décembre 2013, vous étiez monté au créneau pour défendre l’autonomie de la mairie : faut-il aller plus loin ?

En ce qui concerne l’autonomie, la mairie dispose depuis 2006 d’une autonomie administrative et budgétaire, grâce à la dotation. Aujourd’hui, nous nous attachons à avoir aussi une autonomie financière, en développant nos ressources propres.

« Le budget primitif de la mairie pour l’année 2023 est fixé à 85 329 000 euros. La dotation reçue de l’Etat représente 57 462 400 euros. Nous comptons aujourd’hui près de 800 fonctionnaires et agents de la commune »

Quel est le budget de la mairie de Monaco ?

Le budget primitif de la mairie pour l’année 2023 est fixé à 85 329 000 euros. La dotation reçue de l’Etat représente 57 462 400 euros. Nous comptons aujourd’hui près de 800 fonctionnaires et agents de la commune. Depuis la loi de 2006 qui confère à la mairie l’autonomie administrative et l’autonomie budgétaire, la seule façon d’augmenter notre budget, c’est d’accroître les ressources propres de la mairie. L’une des solutions, c’est la valorisation de notre patrimoine immobilier.

Vous valorisez déjà le patrimoine immobilier de la mairie ?

Nous l’avons fait sur le port avec l’opération le Luciana, qui nous a permis de financer un projet social appelé « espace de vie intergénérationnel Lamartine ». La priorité de ce mandat sera d’accroître l’autonomie financière de la mairie.

La mairie, c’est aussi l’organisation des élections : quel bilan faites-vous de l’organisation des deux scrutins, nationaux et communaux, en 2023 ?

L’organisation des élections mobilise la quasi-totalité des services de la mairie : services techniques communaux, domaine Communal, espace Léo Ferré, et, bien sûr, le secrétariat général. Et ce, depuis plusieurs mois. Les élections nationales se sont bien passées. J’ai d’ailleurs vivement remercié mes équipes, mais également les candidats des deux listes en présence.

Lors de l’élection nationale du 5 février 2023, le mode de scrutin n’a pas permis de garantir la diversité des opinions, puisque la liste de Brigitte Boccone-Pagès a remporté la totalité des 24 sièges : faut-il faire évoluer la loi électorale pour donner davantage de représentativité aux différentes listes en course lors des élections communales ou nationales ?

Nous avons deux modes de scrutins différents aux élections nationales et communales. Aux élections nationales, 16 sièges sont attribués au scrutin majoritaire et 8 le sont à la proportionnelle. Ce mode de scrutin permet d’avoir une diversité dans l’hémicycle à condition, à mon avis, d’avoir des listes complètes qui se présentent au suffrage des Monégasques. Cela n’a pas été le cas aux dernières élections, puisqu’une liste n’avait que 14 candidats. Donc, forcément un moindre nombre de voix. Pour les élections communales, c’est un système majoritaire à deux tours. Même si nous avons toujours été élus confortablement, je n’oublie pas qu’en 1991, où j’étais colistier d’Anne-Marie Campora, nous avions été élus au deuxième tour, avec une courte majorité d’un siège. Cela veut dire que l’alternance est possible.

Vous aurez 69 ans en fin de mandat, en 2027 : pourriez-vous envisager un septième mandat ou pensez-vous qu’il faut instaurer un âge limite en politique, afin de laisser sa place à la génération suivante ?

Si je suis élu le 19 mars 2023, en 2027, j’aurai 69 ans. Depuis 1991, la liste l’Evolution Communale a toujours instauré une limite d’âge à 80 ans pour se présenter. J’ai donc encore le temps.

« Si je suis élu le 19 mars 2023, en 2027, j’aurai 69 ans. Depuis 1991, la liste l’Evolution Communale a toujours instauré une limite d’âge à 80 ans pour se présenter. J’ai donc encore le temps »

Quelles seront vos premières décisions ?

Si nous sommes élus, il y a des mesures que l’on pourra mettre en place rapidement. Je pense à la journée petite enfance, à l’application « ma crèche au quotidien », à la création dans les crèches d’espaces pour permettre aux parents d’échanger des articles de puériculture. Je pense aussi à la journée de bien-être des aidants, à la gratuité des piscines à partir de 60 ans, à la création d’un marché estival des artisans sur le Rocher, ou de marchés itinérants dans tous les quartiers. Il y a aussi la création d’une bibliothèque solidaire pour les enfants au parc princesse Antoinette.

D’autres dossiers sont sur le point d’aboutir ?

Je pense également, sur nos différents sites, en partenariat avec le gouvernement princier et Monaco Telecom, à des actions immédiates pour lutter contre la rupture numérique. Dans quelques semaines, l’académie Rainier III accueillera en résidence une artiste de renommée internationale pour accompagner des élèves du département piano et musique de chambre. Dans quelques mois, l’espace de vie Lamartine ouvrira. Et, prochainement, ce sera le tour de la piscine Saint-Charles rénovée, avec sa nouvelle salle de sport.

1) Lors de l’élection communale précédente, le 17 mars 2019, la liste défendue par Georges Marsan était aussi seule en course. Le taux de participation a été de 46,49 %.

2) Le détail des tarifs du Hercule Fitness Club sont consultables ici.