mercredi 24 avril 2024
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Election nationale : 2013 L’UP fait durer le suspense

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L’ancien conseiller national Jean-Michel Cucchi sera-t-il candidat aux prochaines élections de 2013 ? Ce leader naturel de l’Union pour la Principauté (UP) laisse encore planer le mystère sur sa participation. Tout en expliquant le rapprochement de son parti avec Rassemblement & Enjeux et en posant les conditions d’une telle alliance.
Interview relue et amendée.

Monaco Hebdo?: Laurent Nouvion et Claude Boisson respectivement leaders de Rassemblement & Enjeux et de Synergie Monégasque, viennent d’annoncer leur alliance pour les prochaines élections. L’Union pour la principauté envisage-t-elle également de se rallier à cette liste d’union nationale??
Jean-Michel Cucchi?: Comme en 2003 et 2008, l’Union pour la Principauté présentera des candidats aux élections nationales de 2013. Parce que nous n’avons jamais été des adeptes de la pensée unique, parce que nous avons toujours cru, et aujourd’hui sans doute encore plus que jamais, que l’union de toutes les bonnes volontés autour de valeurs communes de respect de nos institutions, de défense de notre identité et de progrès social est la seule base possible d’une action politique efficace et responsable au service de nos compatriotes, l’UP a naturellement la culture du rassemblement. C’est pour cela qu’en 2003 et en 2008, l’UP s’est présentée sur une liste d’union, je ne vois pas pourquoi il n’en serait pas de même en 2013, si les conditions indispensables que nous mettons à une alliance se trouvent réunies.

M.H.?: Quelles conditions justement??
J.-M.C.?: Parce que l’écoute des Monégasques est un des piliers de notre mouvement, nous avons, comme en 2002 et en 2007, envoyé un questionnaire « Plus que jamais vous avez la parole » à l’ensemble des nos compatriotes que j’invite à y répondre largement, quelle que soit leur sensibilité politique. Je me permets de préciser que cette consultation est réalisée après validation de la Commission de contrôle des informations nominatives. Les résultats de ces questionnaires serviront à bâtir un axe de programme à partir des priorités exprimées par nos compatriotes, qui devront se retrouver dans les propositions portées par la liste à laquelle l’UP choisira de participer. C’est une condition nécessaire de toute alliance. Une autre condition indispensable concerne bien évidemment la nécessité de se rejoindre autour d’un socle de valeurs communes qui fondent depuis toujours l’engagement politique de l’UP et qui sont l’attachement à la famille princière, le respect de notre monarchie constitutionnelle et la défense d’un modèle économique performant permettant d’offrir à nos compatriotes une qualité de vie à la hauteur de leurs justes aspirations.
Au vu du manque d’efficacité de la majorité aggravé par les nombreuses dérives accumulées par celle-ci depuis plusieurs mois, force est de constater que l’UDM s’est manifestement éloignée de ces valeurs. En face de cela, une dynamique de rassemblement est en train de se construire autour de valeurs dans lesquelles l’Union pour la Principauté se reconnait et que j’ai citées plus haut. Pourquoi ne pas se féliciter si d’autres, comme par exemple R&E, s’y reconnaissent également??

M.H.?: Avez-vous fait votre choix concernant votre candidature??
J.-M.C.?: Vous n’êtes pas la première à me poser cette question depuis plusieurs mois et je suis toujours aussi surpris de l’importance qu’on semble y attacher car pour moi les idées qu’ils défendent ont toujours été plus importantes que les hommes qui les portent. Aujourd’hui, je me suis en effet déterminé quant à ma candidature aux prochaines élections. J’expliquerai mon choix à mes compatriotes très prochainement.

M.H.?: Ne craignez-vous pas que les adhérents de l’UP soient décontenancés par ce rapprochement avec Rassemblement et Enjeux, qui est historiquement le parti « ennemi » de l’UP??
J.-M.C.?: L’UP ne s’engagera pas sur une liste d’union sans avoir toutes les garanties que les valeurs et le programme soutenus par tous sont conformes à ses attentes. Je ne vois pas pourquoi dans ces conditions un rapprochement ne serait pas possible?; il me semble d’ailleurs que Synergie Monégasque n’était pas non plus l’alliée de R&E en 2008. En outre, la situation politique s’est modifiée, aujourd’hui l’urgence n’est plus la nécessité de construire des centaines de logements domaniaux pour faire face à la pénurie, même s’il faut bien évidement veiller à maintenir un programme de construction suffisant, mais face à la crise économique et aux dérives de l’UDM, les priorités qui s’imposent désormais sont la mise en place d’une politique économique et budgétaire axée sur la recherche de nouvelles recettes et sur l’optimisation de l’utilisation de l’argent public afin de pouvoir poursuivre une politique sociale avancée dans le respect de nos institutions.

M.H.?: Pas de voix discordante non plus au sein du comité directeur de l’UP sur ce rapprochement??
J.-M.C.?: Absolument aucune, les valeurs fondamentales de l’UP sont partagées par tous ses membres. C’est d’ailleurs bien parce que nous ne voulions pas les brader que certains nous ont quittés.

M.H.?: Vous considérez que la volonté exprimée par la majorité de ne pas voter le texte de la réforme des retraites dans l’urgence est une dérive parlementariste??
J.-M.C.?: Avoir voulu repousser l’examen d’un texte sensible mais néanmoins essentiel, non par nécessité de concertation car ce dossier a donné lieu depuis dix ans à de multiples consultations avec l’ensemble des acteurs concernés, mais pour éviter un débat gênant à l’approche des élections, c’est avoir fait passer des considérations politiciennes avant l’intérêt du pays de ne pas retarder les décisions qui s’imposent pour préserver les avantages du système de retraite monégasque. C’est déjà en soi faire bien peu de cas de sa responsabilité d’élu. Mais ce qui constitue une véritable dérive parlementariste, c’est que l’UDM a tenté de modifier les règles du jeu institutionnel en manifestant son refus de la tenue d’une session extraordinaire en septembre alors que la convocation d’une session extraordinaire est une prérogative princière, ce qui a justifié un légitime rappel à l’ordre du prince.

M.H.?: Et donc??
J.-M.C.?: Malheureusement, il ne s’agit pas là d’un fait isolé. Depuis sa création, l’UDM a multiplié les provocations, par exemple en élisant à sa tête le chef de cabinet du président du conseil national au mépris des devoirs de réserve et de discrétion qui s’imposent à ce haut fonctionnaire payé par l’Etat pour servir l’institution et non un parti, ou encore lorsque le président de la commission des Relations extérieures a remis publiquement en cause la légitimité de la Direction des Services judiciaires. Tous ces agissements empruntés à une culture parlementariste qui n’est pas la nôtre contredisent les fondements mêmes de notre monarchie constitutionnelle et portent atteinte aux valeurs de respect et de défense des institutions qui ont toujours guidé l’action de l’UP au sein du conseil national.

M.H.?: Personnellement, comment avez-vous vécu les défections au sein de l’UP??
J.-M.C.?: Qu’il puisse y avoir des divergences d’opinions au sein d’un mouvement politique, ce n’est pas rare et cela peut même être sain selon le motif. Ce fut le cas au sein de notre comité directeur concernant une éventuelle modification des règles de désignation des candidats aux prochaines élections. J’avais cru comprendre que l’ensemble du comité directeur avait accepté le principe de se conformer à l’avis exprimé par les adhérents de l’UP à l’occasion d’une assemblée générale extraordinaire. Au lieu de cela, certains, par crainte sans doute d’être mis en minorité, ont préféré quitté la maison sans prévenir, avec sous le bras le fichier des adhérents et en oubliant de régulariser le versement de la quote-part de leurs indemnités parlementaires destinée à participer au fonctionnement du parti qui les avait fait élire. Je dois vous avouer qu’il m’a été douloureux de voir ainsi des personnes, pour certaines proches de moi depuis de nombreuses années, se comporter avec si peu de morale. Mais s’il leur a été possible de fuir le vote des adhérents de l’UP lors d’une AG, ils ne pourront se soustraire à celui de l’ensemble des Monégasques aux prochaines élections.

M.H.?: Vous avez été élu du conseil national de 2003 à 2008, rapporteur du budget, président de l’UP et président de la commission des finances. Est-ce que l’exercice de ces fonctions politiques vous manque??
J.-M.C.?: C’est vrai que j’ai eu la chance de pouvoir pendant 5 ans exercer des fonctions politiques importantes à une période charnière. Ce fut certes pour moi une grande charge de travail, mais j’y ai beaucoup appris, et le sentiment d’avoir, sous l’impulsion de Stéphane Valeri et avec l’ensemble de mes collègues de la majorité, rempli le mandat que nos compatriotes nous avaient confié a été et reste une immense satisfaction. En 2008, pour des raisons professionnelles et personnelles, j’ai choisi de ne pas briguer un nouveau mandat. Je ne le regrette pas car il ne m’aurait pas été possible de me consacrer autant que je l’estimais nécessaire à ma fonction de conseiller national. Je ne me suis pas pour autant désintéressé de la vie politique que j’ai continué à suivre de près. Je suis toujours membre du comité directeur de l’UP, je siège au conseil d’administration du CHPG et mes confrères m’ont réélu il y a quelques mois à la présidence du conseil de l’ordre des médecins. J’ai également continué à être membre de la commission de contrôle des jeux jusqu’à récemment.

M.H.?: Est-ce que ces tensions politiques sont problématiques au sein du conseil de l’ordre des médecins, dont vous êtes le président et Jean-François Robillon, le vice-président??
J.-M.C.?: Absolument pas. Ce n’est pas parce que nous avons des différends sur le plan politique que nous ne nous respectons pas et que nous n’entretenons pas d’excellentes relations professionnelles. D’ailleurs, Jean-François Robillon a accepté de se représenter à mes côtés comme vice-président du conseil de l’ordre lors des élections de juin dernier.