jeudi 25 avril 2024
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Election nationale 2023 : L’Union reçue 24 sur 24

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Sans surprise, la liste L’Union de Brigitte Boccone-Pagès a balayé les NIM de Daniel Boeri. L’Union a remporté 24 sièges sur 24, créant ainsi une première historique dans la vie politique monégasque depuis la révision constitutionnelle de 2002. Par rapport à l’élection nationale de 2018, la participation est en baisse de près de 13 points, à 57,25 %.

Il n’y aura pas eu de match. Comme beaucoup d’observateurs le pressentaient, Brigitte Boccone-Pagès a écrasé cette élection nationale. Face à elle, Daniel Boeri et ses Nouvelles Idées pour Monaco (NIM), sont donc repartis bredouilles. Dans la soirée du 5 février 2023, la liste L’Union portée par la présidente sortante du Conseil national a raflé 24 sièges sur 24, ne laissant absolument rien à la liste de 14 candidats présentée par Daniel Boeri. Depuis le passage de 18 à 24 sièges suite à la révision constitutionnelle de 2002, c’est la première fois qu’une liste parvient à s’emparer de la totalité des fauteuils. Il faut remonter à 1998 pour trouver trace d’une telle victoire sans partage, avec 18 sièges sur 18. A l’époque, l’Union Nationale et Démocratique (UND) de Jean-Louis Campora avait réussi à s’imposer sans laisser le moindre fauteuil en route face aux deux autres listes concurrentes, L’Union Nationale pour l’Avenir de Monaco (UNAM) et le Rassemblement Pour la Famille Monégasque (RPFM). Après une campagne sans grand dynamisme, rythmée jusqu’en janvier 2023 uniquement par L’Union, qui a officiellement présenté sa liste de 24 candidats le 17 octobre 2022, ce scrutin s’est achevé sur un taux de participation en repli par rapport à l’élection de février 2018. Il y a cinq ans, la farouche bataille politique entre les trois listes en course, Priorité Monaco (Primo !), Horizon Monaco (HM), et Union Monégasque (UM), ainsi que la multiplication des réunions publiques et des meetings, s’était conclue par un taux de participation à 70,24 %. Lors des quatre précédentes élections entre 2003 et 2018, la participation a été, en moyenne, de 75,32 % [voir notre tableau, par ailleurs — NDLR]. Le 5 février 2023, la participation est tombée à 57,25 %. A midi, elle était à 29,15 %, soit 2 214 votants sur un total de 7 594 électeurs inscrits, avant de passer à 17 heures à 49,22 % (3 738 votants sur 7 594 électeurs inscrits). Une perte finale de près de 13 points par rapport à 2018, qui vient donc sanctionner une campagne qui a manqué de relief, comme un certain nombre de Monégasques n’ont pas manqué de le souligner sur les réseaux sociaux. Si L’Union de Brigitte Boccone-Pagès a organisé une série de six « ré-unions » de quartier sur des thématiques porteuses, ainsi que deux meetings le 14 novembre 2022, puis le 1er février 2023 au Grimaldi Forum, les NIM et Daniel Boeri ont davantage misé sur des conférences de presse, dans un premier temps. Ils ont ensuite mis en place une permanence qu’ils ont ouverte le 23 janvier 2023. Les Monégasques intéressés par leur démarche pouvaient rencontrer les candidats des NIM de 17 heures à 19 heures, à L’Entrepôt, une galerie d’art tenue par Daniel Boeri, installée rue de Millo. Les NIM ont complété leur campagne par un meeting au Grimaldi Forum, le 2 février 2023. « Notre légitimité n’est pas fragilisée, a estimé Brigitte Boccone-Pagès dans les colonnes de Monaco-Matin le 7 février 2023. La baisse de la participation est largement compensée par l’ampleur du résultat. » Avant d’ajouter : « Le concept d’union nationale n’empêche pas le débat démocratique. Ce débat, nous le retrouvons et nous le retrouverons entre des personnes qui pensent sur certains sujets des choses différentes. A la fin, c’est l’expression de la majorité qui l’emporte : c’est cela la démocratie. » Et elle promet du débat, en interne cette fois : « Cette liste comporte des personnalités qui n’ont pas pour habitude d’aseptiser le débat, bien au contraire. […] Chez nous, le débat est interne et naturel. A la fin, nous nous rassemblons sur des grandes majorités d’idées, pour sans cesse rechercher l’efficacité, la responsabilité, et le pragmatisme. »

© Source : mairie de Monaco

Il n’y aura pas eu de match. Comme beaucoup d’observateurs le pressentaient, Brigitte Boccone-Pagès a écrasé cette élection nationale

© Source : mairie de Monaco
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Expérience

Avec seulement 10,37 % des suffrages, les NIM n’ont donc pas convaincu l’électorat monégasque, qui a très largement préféré miser sur la continuité, en reconduisant la liste pilotée par la présidente sortante du Conseil national, Brigitte Boccone-Pagès. Elue en février 2018 avec la liste Primo ! dirigée par Stéphane Valeri, qui avait alors remporté 21 sièges sur 24, Brigitte Boccone-Pagès vient donc de signer un succès encore plus large. Même en passant par les 8 sièges accordés à la proportionnelle, les NIM n’ont pas pu accrocher le moindre fauteuil. En effet, à la proportionnelle, les listes en course obtiennent le nombre de conseillers nationaux qui correspond au nombre de fois où le quotient électoral est atteint dans le total des suffrages de chaque liste. Or, avec un quotient électoral à 10 125,38 et un total de voix de 8 401, les NIM ont aussi été écartés de cette proportionnelle. Chez les NIM, les élus qui ont obtenu le plus de voix sont Jean-Charles Tonelli, Daniel Boeri, et Juliette Rapaire, avec, respectivement, 770, 731, et 706 suffrages. On peut lire dans le score de Juliette Rapaire, le soutien de celles et ceux qui ont été convaincus par sa proposition de relancer le débat sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG). En face, les trois élus de L’Union qui ont récolté le moins de voix sont Philippe Brunner (2 860), Guillaume Rose (2 903), et Mikaël Palmaro (2 917). Les mieux élus sont Nathalie Amoratti-Blanc (3 164 voix), Balthazar Seydoux (3 131), et Christine Pasquier-Ciulla (3 122). Cette dernière a sans doute bénéficié de son expérience politique et de sa notoriété, puisqu’elle a siégé au Conseil national pendant dix ans, jusqu’en 2007. En 2003, Christine Pasquier-Ciulla a créé le Parti Monégasque (PM), un groupe politique qui a fini par rejoindre en 2007 Valeurs & Enjeux (V&E), un autre groupe politique dirigé par Laurent Nouvion, qui s’est ensuite assis dans le fauteuil de président du Conseil national de février 2013 à avril 2016. Elue au scrutin majoritaire, la tête de liste Brigitte Boccone-Pagès arrive pour sa part en 15ème position, avec 3 002 suffrages. Au passage, elle améliore ainsi son score de février 2018, où elle avait été élue au scrutin proportionnel, avec 2 568 voix, soit 434 voix de moins.

© Source : mairie de Monaco

Depuis le passage de 18 à 24 sièges suite à la révision constitutionnelle de 2002, c’est la première fois qu’une liste parvient à s’emparer de la totalité des fauteuils. Il faut remonter à 1998 pour trouver trace d’une telle victoire sans partage, avec 18 sièges sur 18

« Campagne apaisée »

Interrogée par Monaco Hebdo, Brigitte Boccone-Pagès s’est félicitée de cette victoire large et massive : « C’est évidemment une victoire très nette, avec un score sans appel et un résultat en sièges qui représente une première historique depuis que le Conseil national est passé de 18 à 24 sièges en 2003. Bien sûr, c’est une satisfaction, aussi bien sur le plan personnel, avec beaucoup d’émotion, mais aussi sur le plan collectif, car c’est avant tout la victoire d’une équipe, d’une liste soudée dans l’union nationale, entre des élus sortants motivés et de nouveaux candidats qui vont découvrir le travail parlementaire et nous apporter un regard neuf. » Si le score est sans appel, il est surtout logique, estime Brigitte Boccone-Pagès, rappelant qu’elle affrontait une liste limitée à 14 candidats, ce qui fait mathématiquement toute la différence : « Partir avec une liste incomplète de 14 personnes représente un handicap difficilement surmontable au niveau arithmétique. On le voit au niveau des résultats, puisque chaque liste entière apporte 24 suffrages pour l’Union contre 14 pour nos concurrents. » Pour le reste, elle estime que c’est le déroulé de sa campagne qui a contribué à faire la différence : « Nous avons respecté le “timing” des élections et de l’opinion publique monégasque qui souhaite connaître ses candidates et ses candidats autour du mois d’octobre. Nos compatriotes souhaitent être entendus et écoutés sur les principaux thèmes qui font la vie de notre pays. Nous avons défini à leur contact et à l’épreuve du précédent mandat, les grandes lignes politiques pour les cinq ans qui s’ouvrent. » Si L’Union a débuté sa campagne en octobre 2022, soit quatre mois avant le scrutin du 5 février 2023, la tête de liste de L’Union refuse de parler d’une campagne trop calme : « Je parlerais plutôt de campagne apaisée. Rappelons-nous des niveaux de tension que notre communauté nationale a connus lors des précédents scrutins. Je pense à 2003, je pense à 2013 notamment. » Désormais, les 24 élus de L’Union ont les yeux rivés vers la date du 16 février 2023, qui verra se dérouler la séance publique d’installation du nouveau Conseil national.

« C’est évidemment une victoire très nette, avec un score sans appel et un résultat en sièges qui représente une première historique depuis que le Conseil national est passé de 18 à 24 sièges, en 2003. » Brigitte Boccone-Pagès. Tête de liste de L’Union. © Photo L’Union

Lors des quatre précédentes élections entre 2003 et 2018, la participation a été, en moyenne, de 75,32 %. Le 5 février 2023, la participation est tombée à 57,25 %

Daniel Boeri
Daniel Boeri s’est attardé sur le taux de participation « le plus faible que nous ayons connu pour cette élection » et qui « n’aura servi les intérêts d’aucune des deux listes. Toutefois, je crois pouvoir le dire : grâce à la liste des NIM, la démocratie de notre pays a été préservée. Ainsi que notre image à l’international, ce qui est tout aussi important. De ce point de vue, je ne regrette rien ». © Photo NIM

Avenir

De son côté, dans l’interview qu’il a accordée à Monaco Hebdo le lendemain du scrutin, Daniel Boeri s’est montré beau joueur, expliquant « ne rien regretter » car « grâce à la liste des NIM, la démocratie de notre pays a été préservée. Ainsi que notre image à l’international, ce qui est tout aussi important ». Il s’est aussi attardé sur le taux de participation « le plus faible que nous ayons connu pour cette élection » et qui « n’aura servi les intérêts d’aucune des deux listes. Toutefois, je crois pouvoir le dire : grâce à la liste des NIM, la démocratie de notre pays a été préservée. Ainsi que notre image à l’international, ce qui est tout aussi important. De ce point de vue, je ne regrette rien ». Quand on lui demande s’il estime avoir commis des erreurs pendant cette campagne électorale, qui a officiellement débuté pour les NIM le 16 janvier 2023, soit très exactement 21 jours avant le scrutin du 5 février 2023, il répond : « Je ne sais pas si l’on peut parler d’erreurs. Nous avons dû partir en campagne très tardivement, du fait des difficultés à constituer la liste, avec un budget limité. » L’expérience a donc démontré qu’une liste limitée à 14 candidats qui s’appuie sur seulement trois semaines de campagne ne peut pas prétendre à grand-chose dans le cadre de cette élection nationale. Quant à l’alliance avortée entre les NIM et HM, cela n’a jamais vraiment été un sujet, estime Daniel Boeri, qui évoque même la fin du groupe politique porté par Laurent Nouvion : « Mais enfin, de quoi me parlez-vous ? J’ai appris, par un hasard soudain, que HM mettait la clé sous la porte avant même notre deuxième rencontre. Et depuis, aucune nouvelle. No comment. Nous en avons pris acte et décidé de continuer notre chemin seuls, en dépit des difficultés. » HM n’avait pas répondu à nos questions à ce sujet, alors que Monaco Hebdo bouclait ce numéro, le 7 février 2023. Une certitude, à 78 ans, Daniel Boeri va quitter la vie politique pour se consacrer aux voyages à l’étranger, notamment au Brésil, et à l’écriture d’un nouveau livre. Mais son groupe politique, les NIM, qu’il a créé après son départ de Primo ! en septembre 2022, pourrait continuer sans lui. Estimant que les « nouvelles idées auront toujours un avenir », Daniel Boeri nous a indiqué que « les membres des NIM souhaitent poursuivre l’aventure et se structurer autour d’un projet commun qui représentera, différemment, la voix de celles et de ceux qui nous ont apporté leurs suffrages », parce que « disposer d’un siège au Conseil national n’est pas la seule manière de mener un combat politique ou un débat d’idées ». Dans les jours qui viennent, les NIM vont donc se réunir pour décider de leur avenir. « Dans notre pays, rares sont les structures politiques qui restent en éveil entre deux élections. Ce n’est pas simple, mais nous réfléchirons à comment faire », glisse Daniel Boeri.

« Notre légitimité n’est pas fragilisée. La baisse de la participation est largement compensée par l’ampleur du résultat »

Brigitte Boccone-Pagès. Tête de liste de L’Union

Un grand meeting pour L’Union

Pour mieux comprendre cette déferlante, il est utile de se replonger dans les deux dernières séquences de cette campagne électorale. Avant le scrutin du 5 février 2023, deux ultimes meetings sont en effet venus tenter d’animer une campagne qui n’aura finalement jamais vraiment décollé. Cette campagne électorale à bas bruit n’est pas parvenue à prendre son envol, laissant beaucoup de Monégasques loin des enjeux de ce scrutin. Dans la soirée du 1er février 2023, devant environ 400 personnes réunies dans la salle des princes du Grimaldi Forum, les 24 candidats de L’Union, 11 femmes et 13 hommes, ont expliqué leurs positions pendant deux heures. Brigitte Boccone-Pagès a dressé un bilan de la mandature 2018-2023, estimant que la majorité dont elle est issue, Priorité Monaco (Primo !), créée par Stéphane Valeri, a « remis le Conseil national à la place qui doit être la sienne, ni plus ni moins, la place qui lui est dévolue par notre Constitution ». Elle a commencé par évoquer le logement des Monégasques, estimant que son groupe politique a remis « la politique du logement au cœur des politiques publiques de la principauté, pour que chaque foyer monégasque qui en a besoin puisse bien se loger dans son pays », avant d’enchaîner par le Contrat Habitation Capitalisation (CHC) qui autorise les Monégasques à accéder à la propriété aménagée dans les immeubles domaniaux de l’Etat. Brigitte Boccone-Pagès a aussi insisté sur le volet social, avec les changements législatifs intervenus en faveur de l’égalité femmes-hommes, mais aussi la reconnaissance de l’union libre ou le contrat de vie commune.

Cette campagne électorale à bas bruit n’est pas parvenue à prendre son envol, laissant beaucoup de Monégasques loin des enjeux de ce scrutin

Après avoir remercié et fait applaudir Stéphane Valeri, qui était présent dans la salle, elle est revenue sur la création de « l’union nationale » pour ce scrutin 2023. Une union construite avec d’anciens opposants : les deux têtes de liste de l’élection nationale 2018, à savoir Béatrice Fresko-Rolfo, alors candidate sous la bannière d’Horizon Monaco (HM), et Jean-Louis Grinda qui se présentait à l’époque avec Union Monégasque (UM). « En tant que vice-présidente, puis présidente du Conseil national, j’ai assisté aux effets concrets de l’union nationale : un parlement respecté, et des propositions mieux prises en compte par le gouvernement », a assuré Brigitte Boccone-Pagès, avant de s’adresser à ces deux ex-opposants : « Chère Béatrice, cher Jean-Louis, vous étiez têtes de liste en 2018. Aujourd’hui, nous sommes tous les trois sur une même scène, car nous avons conscience des enjeux, et nous savons que nous sommes plus forts ensemble. » Estimant que les années à venir sont « cruciales » pour Monaco, la tête de liste de L’Union a promis que le Conseil national ferait entendre sa voix concernant la négociation autour d’un éventuel accord d’association avec l’Union européenne (UE) : « Le Conseil national défendra pied à pied chacune des lignes rouges régulièrement rappelées par le prince lui-même. » Sur le toujours sensible dossier du logement des Monégasques, Brigitte Boccone-Pagès a continué de réclamer une nouvelle opération immobilière, notamment parce que certains chantiers envisagés à court terme, comme le Bel Air, ont été retardés, pendant que d’autres ont été annulés. Toujours sur ce chapitre, elle a également exigé une gestion plus serrée, et donc plus efficace, du parc domanial de logements à destination des Monégasques. « C’est notre rôle de rapprocher inlassablement les mesures prises par le gouvernement, de cette réalité de notre communauté nationale et celle des résidents et des salariés de Monaco », a-t-elle ajouté. Et, effectivement, le rapport au gouvernement monégasque a aussi été évoqué. « Si nous sommes partenaires institutionnels, alors je veux de la transparence et de la loyauté », a déclaré la tête de liste de L’Union. Avant de lancer : « L’indécision, c’est pour moi l’adversaire numéro un de l’action publique. Je suis contre l’immobilisme, je suis contre les décisions sans cesse reportées, je suis contre le principe de se réfugier dans des études sans fin. Je suis contre l’opacité sur certaines données, certains chiffres. »

On peut lire dans le score de Juliette Rapaire, le soutien de celles et ceux qui ont été convaincus par sa proposition de relancer le débat sur l’interruption volontaire de grossesse

Un grand meeting pour les NIM

Le lendemain, dans la soirée du 2 février 2023, Daniel Boeri et les NIM ont, à leur tour, occupé la salle des princes du Grimaldi Forum, devant environ 150 personnes. Si la scénographie était moins aboutie que chez L’Union, car moins rodée, cela n’a pas empêché les 14 candidats de cette liste, quatre femmes et dix hommes, de dérouler leurs idées pour Monaco. A commencer par Daniel Boeri, qui a une nouvelle fois évoqué son souhait de travailler à un « Monaco du futur », pour « les enfants qui ont 10 ans aujourd’hui », avec cette perspective d’un « Monaco 2033 ». Volontariste, la tête de liste de NIM avançait alors : « Comme je suis un optimiste, permettez-moi de paraphraser Corneille (1606-1684) : ils partirent 14, mais par un prompt renfort ils trouvèrent 3 000 bulletins NIM dans l’urne, dimanche prochain ! ». On connaît désormais la suite, malgré une séries d’idées originales. A commencer par Jean-Michel Rapaire, qui a proposé de déposer une proposition de loi sur « les nouvelles constructions ». Dénonçant une baisse importante de la qualité de vie en principauté, ce candidat souhaitait que ce texte garantisse « pour chaque nouvelle construction, un quota de logements/m2 pour les nationaux, les enfants du pays, et les enfants de Monégasques qui vivent avec leur ascendant non-Monégasque ». Pour Jean-Michel Rapaire, la qualité de vie, c’est aussi la vue que l’on a depuis son appartement : « La vue sur mer est un privilège maintenant, alors, que nous vivons au bord de la mer. C’est désolant ! Nous sommes au Grimaldi Forum, à votre droite, Mareterra. Combien de logements pour les nationaux ? Zéro ! ». Pour s’attaquer à ce problème, Jean-Michel Rapaire est revenu sur le projet d’une proposition de loi sur la vue, qui offrira une « juste indemnisation pour les propriétaires, lorsque la valeur du bien sera dépréciée par les nouvelles constructions qui barrent la vue des logements déjà édifiés. Nous proposerons une diminution du loyer pour les locataires impactés ». De son côté, comme elle l’avait indiqué le 25 janvier 2023 sur son compte Twitter, Juliette Rapaire, 27 ans, s’est engagée avec les NIM pour « défendre les droits des femmes et la dépénalisation de l’IVG » à Monaco. Pour cela, cette candidate a expliqué qu’un grand débat devait être mené sur ce sujet sensible. Actuellement, les professionnels de santé de Monaco qui se risqueraient à pratiquer une IVG risquent une peine de cinq à dix ans de prison. Le catholicisme étant religion d’Etat en principauté, Juliette Rapaire a rappelé sa volonté que l’Eglise, et tous les catholiques, soient associés à ce questionnement, afin d’avancer ensemble. Pour lutter contre les violences faites aux femmes, le harcèlement sexuel ou moral, elle a avancé la création d’une « maison de vie », qui serait une sorte de planning familial monégasque. A l’intérieur, différents besoins pourraient être couverts, notamment la contraception et l’éducation sexuelle pour les jeunes, la lutte contre l’homophobie, ou encore l’écoute de jeunes en situation difficile. Sur le plan économique, Gaylord Crovetto a pris la parole pour évoquer la « nécessaire diversification » de ce secteur : « Nous n’avons pas le choix, car une large partie de notre politique budgétaire semble être basée majoritairement sur la construction, la TVA en résultant, l’immobilier, et la fiscalité douce. De ce fait, si jamais un grain de sable venait s’insérer dans ce rouage, nous aurions un problème budgétaire immédiat. Alors même que le fonds de réserve constitutionnel, qui s’est amoindri, ne peut assurer que deux années de roulement. » Selon ce candidat, le « grain de sable » pourrait notamment être européen avec l’harmonisation de ses politiques fiscales : « Ces discussions aboutiront à un taux uniforme de 15 % pour les entreprises européennes avec un mécanisme précis pour contrer les filiales à faible fiscalité. En clair, même une filiale monégasque d’un groupe européen paierait 15 % via un mécanisme européen pour récupérer la différence, cela impacterait notre attractivité. Pourquoi venir à Monaco où les prix de l’immobilier et les coûts de vie sont élevés, l’accès difficile, sans une véritable fiscalité à taux zéro ? ». Pour regagner en attractivité, Gaylord Crovetto a réclamé « en concertation avec tous les acteurs concernés un vrai débat sur la semaine de travail de quatre jours, et le développement d’une politique commerciale claire pour attirer les familles sur Monaco, avec la gratuité des musées, des parkings, la « piétonisation » de certaines rues pour préserver le calme et promouvoir notre culture via, par exemple, des marchés ouverts d’art, du “made in Monaco”, de musique. Un tissu social resserré, plus d’arts, plus de commerce de rue, plus d’attractivité compétitive ». Les NIM ont donc à nouveau avancé l’idée de la semaine de quatre jours, de davantage de télétravail, et, d’une manière générale, d’une plus grande flexibilité dans le travail. Mais ces propositions n’ont finalement pas emporté l’adhésion des 4 348 Monégasques qui se sont rendus aux urnes dans la journée du 5 février 2023.

Les NIM ont à nouveau avancé l’idée de la semaine de quatre jours, de davantage de télétravail, et, d’une manière générale, d’une plus grande flexibilité dans le travail

Sentiment

Au vu du résultat sans appel de cette élection, et de l’écart final entre les deux listes en course, difficile d’avancer que ces deux meetings ont été décisifs. L’Union a attiré environ 500 personnes et les NIM près de 150. On se souvient que lors de la campagne pour l’élection nationale de 2018, les trois listes de 24 candidats avaient attiré beaucoup plus de monde. En février 2018, lors des trois derniers meetings, environ 550 personnes s’étaient déplacées pour Horizon Monaco (HM) le 7 février, puis 300 pour Union Monégasque (UM) le 8 février, et près de 800 pour Priorité Monaco (Primo !) le 9 février au soir. Soit un total de 1 650 personnes, contre 650 en 2023. Si cet indicateur ne révèle pas tout, il donne néanmoins une tendance sur l’engagement des Monégasques lors de cette élection. Au total, difficile aussi de penser que cette campagne électorale, à la fois raccourcie et d’une faible intensité par rapport à 2013 et à 2018, aura significativement pesé sur le score des uns et des autres. Pour beaucoup de Monégasques, tout était certainement joué avant le 5 février 2023. Plus expérimentée, plus équilibrée, mieux organisée, et, au final, plus puissante, la liste de Brigitte Boccone-Pagès semblait nécessairement promise à une très large victoire. Le résultat final n’est pas venu contredire ce sentiment.

Conseil national : 24 élus sur 24 pour L’Union