samedi 20 avril 2024
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Election nationale 2023 – Débat télévisé : comment le dialogue s’est rompu entre L’Union et les NIM

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Le comité de coordination de la campagne télévisuelle avait laissé la possibilité aux deux listes L’Union et Nouvelles Idées pour Monaco (NIM) de s’affronter à l’occasion d’un débat télévisé dans la soirée du 3 février 2023. Mais ces deux listes n’ont pas pu s’entendre pour que cet exercice médiatique ait lieu.

L’exercice ne semblait pas si périlleux, mais il n’aura pas lieu. Les représentants de L’Union et de Nouvelles Idées pour Monaco (NIM) auraient pu débattre face caméra, sur le plateau de Monaco Info, le 3 février 2023 à 21 heures, soit deux jours à peine avant l’élection nationale du dimanche 5 février 2023. L’émission aurait duré 60 minutes et elle aurait été enregistrée. Les candidats avaient même la possibilité de proposer les six grands thèmes qu’ils voulaient aborder, laissant au journaliste monégasque Yann-Antony Noghès le seul soin d’animer et de rythmer ce un-contre-un. Pas de questions piège à l’horizon, ni de public sur le plateau pouvant déstabiliser les candidats. Les conditions semblaient souples et conciliantes pour que ce débat s’organise sans trop d’accrocs. Lors de l’élection nationale de février 2018, Stéphane Valeri, tête de liste Priorité Monaco (Primo !), et Jean-Louis Grinda, tête de liste Union monégasque (UM), s’étaient livrés à cet exercice médiatique sur un terrain plus sensible : les deux candidats — la tête de liste Horizon Monaco (HM) Béatrice Fresko-Rolfo n’avait pas souhaité y participer — s’étaient en effet affrontés en direct pendant 1 h 20 sur les ondes de Radio Monaco. En parallèle, leur échange était retransmis en vidéo, et toujours en direct, sur YouTube et sur les réseaux sociaux. Les questions étaient posées par les journalistes de Monaco Hebdo et de L’Observateur de Monaco, les deux journaux organisateurs de cet événement historique dans la vie politique monégasque, puisque c’était la première fois qu’un tel débat avait lieu. Pour la première fois en 2023, Monaco Info était d’accord pour organiser et diffuser ce débat, à son tour. Mais encore fallait-il que les candidats s’entendent pour que ce débat ait lieu. En effet, si tout était encadré par l’arrêté ministériel du 1er août 2022 sur « la campagne télévisuelle concernant les élections nationales », L’Union et les NIM devaient affiner leurs modalités avec le comité de coordination, comme le prévoit l’article 26 : « Un débat télévisé peut être organisé durant la période de campagne officielle prévue aux articles 30 et suivants de la loi n° 839 du 23 février 1968 sur les élections nationales et communales, modifiée. Aucun débat télévisé ne peut toutefois être diffusé dans les vingt-quatre heures qui précèdent le jour du scrutin. Le débat télévisé consiste en la diffusion d’une émission de débat à l’antenne de Monaco Info, et organisé selon les modalités définies par le comité de coordination après consultation des listes de candidats souhaitant participer au débat. » Problème : les discussions ont coincé concernant le choix du candidat NIM qui devait participer au débat, car le candidat désigné n’était pas tête de liste.

Jean-Louis Grinda et Stéphane Valeri débat 2018
Le 5 février 2018, à quelques jours de l’élection nationale du 11 février 2018, Monaco Hebdo et L’Obs’de Monaco avaient organisé le tout premier débat politique médiatisé entre deux candidats à l’élection nationale, en collaboration avec Radio Monaco. D’une durée de 1 h 20, ce tête-à-tête avait été diffusé en direct sur les ondes de cette radio, et en vidéo, toujours en direct, en “streaming” sur Internet. Faute d’accord entre Brigitte Boccone-Pagès et Daniel Boeri, il n’y aura pas de débat pour cette élection nationale 2023. © Photo DR

Contre toute attente, pour ce débat télévisé, les NIM ont préféré mettre en avant un autre colistier, Jean-Charles Tonelli, ancien conseiller-national (1998-2003) et membre du conseil de la couronne entre 2011 et 2014

Réflexion

On peut être tête de liste et ne pas s’avancer en première ligne. Les NIM ont en effet considéré que leur numéro un, Daniel Boeri, n’était pas le plus à même de défendre leurs idées face à Brigitte Boccone-Pagès à la télévision. « Un débat télévisé est un combat de boxe », s’était défendu Jean-Michel Rapaire, leur colistier et trésorier, en conférence de presse le 24 janvier 2023. Contre toute attente, pour ce débat télévisé, les NIM ont préféré mettre en avant un autre colistier, Jean-Charles Tonelli, ancien conseiller-national (1998-2003) et membre du conseil de la couronne entre 2011 et 2014. Daniel Boeri n’était pas contre. Du moins, il n’avait rien eu à en redire en conférence de presse, tout sourire au moment d’aborder cette question. Mais il n’en est pas allé de même du côté de L’Union. Après une période de réflexion, la liste portée par Brigitte Boccone-Pagès, s’est déclarée favorable à la tenue d’un débat, proposé par le comité de coordination de la campagne télévisuelle. À condition toutefois que cet échange se déroule entre les deux têtes de liste. Après quelques échanges infructueux entre L’Union et les NIM avant la date limite du lundi 30 janvier 2023, L’Union a coupé court à ce débat télévisé. Par l’intermédiaire d’un communiqué de presse publié le 25 janvier 2023, la communication de cette liste représentée par la présidente du Conseil national, Brigitte Boccone-Pagès, a annoncé qu’elle ne souhaitait pas se livrer à l’exercice face à Jean-Charles Tonelli : « Alors que Brigitte Boccone-Pagès a invité publiquement au débat télévisé Daniel Boeri, fondateur et président du NIM et donc naturellement tête de liste médiatique de la liste du même nom, la liste de l’Union Nationale Monégasque a constaté, devant le comité de coordination de la campagne télévisée, l’impossibilité de donner suite à cette demande de débat. » L’Union considère également que « tout autre dispositif qu’un débat entre les deux têtes de liste en lice pour les élections nationales du 5 février prochain, avec, par exemple, la désignation d’un(e) autre candidat(e), serait contraire à l’attente des électeurs de voir les leaders reconnus de chaque liste échanger, projet contre projet, sur les grands enjeux de cette campagne électorale. » L’Union considère également, en fin de communiqué, que le choix des NIM de mettre en avant Jean-Charles Tonelli lors du débat est une alternative qui dénature « l’esprit de ce moment démocratique ». En réponse, dans un communiqué, les NIM ont regretté « pour la démocratie monégasque » que « la liste Union [ait] voulu imposer son propre choix au NIM, au mépris de toute règle de bienséance. Par esprit du « pas vers l’autre » si important pour nos institutions, et dans le cadre de la réunion organisée ce mercredi 25 janvier 2023 par le comité de coordination de la campagne électorale, les NIM ont proposé de modifier les textes, de façon à ce que chaque liste puisse être représentée par deux candidats, à savoir, pour le NIM, MM. Daniel Boeri et Jean-Charles Tonelli. Cette proposition, témoignage de l’ouverture du NIM, a été une nouvelle fois refusée par l’équipe de l’Union. La liste des NIM prend acte de ce nouveau refus et regrette l’absence du débat. » Cette campagne électorale, bien discrète du début à la fin, n’aura donc pas permis une seule fois aux deux listes de s’affronter directement devant les Monégasques. Chaque liste aura tranquillement avancé ses idées de son côté, avant l’échéance du 5 février 2023. À l’issue de cette date, le taux de participation révélera si, oui ou non, cette discrétion était de bon ton. Le taux de participation était de 70,35 % en février 2018.