mardi 19 mars 2024
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Daniel Boeri : « Des gens sont inquiets à l’idée de ne pas pouvoir s’exprimer librement »

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Une liste s’opposera-t-elle à L’Union ? La liste conduite par Brigitte Boccone-Pagès a entamé seule sa campagne pour l’élection nationale du 5 février 2023. Daniel Boeri, président des Nouvelles idées pour Monaco (NIM), et élu dissident de la majorité Priorité Monaco (Primo !), espère encore tirer son épingle du jeu (1), avant janvier 2023, date butoir pour déposer sa liste (2). Interview.

Combien de personnes figurent actuellement sur votre liste Nouvelles idées pour Monaco (NIM) [cette interview a été réalisée le 28 novembre 2022 — NDLR] ?

On augmente lentement, mais sûrement. Nous ne communiquons pas encore de chiffre, mais l’espoir est au bout du tunnel. Nous nous rapprochons de la possibilité de nous constituer à 13 pour monter une liste pour l’élection nationale de février 2023.

Êtes-vous toujours aussi confiant, alors que l’échéance approche ?

Tout à fait confiant. Des gens sont inquiets à l’idée de ne pas pouvoir s’exprimer librement. Ils s’auto-censurent, pour diverses raisons, et c’est une véritable remise en cause de la démocratie.

C’est-à-dire ?

Par exemple, des personnes à qui il ne reste qu’une ou deux années d’activité avant de prendre leur retraite vont éviter de s’exposer politiquement, de peur de ne pas obtenir l’augmentation qu’on leur avait promis, et d’en pâtir, au final, pour leurs points retraite.

Ce sont des pressions ?

Ce ne sont même pas des pressions. Face à la situation, il s’agit véritablement d’auto-censure, sous prétexte de campagne électorale. C’est un point que nous avons peut-être sous-estimé au moment de nous lancer dans cette campagne. Mais il faut avancer.

Il y a aussi une crise de l’engagement politique à Monaco ?

C’est probablement un peu vrai, partiellement. Mais cela va beaucoup plus loin, en réalité. Au-delà des fantasmes des uns et des autres d’exister publiquement, la majorité des Monégasques se sent investie pour la principauté. Malheureusement, des gens étaient prêts à s’engager avec nous au début [au lancement du parti des Non-inscrits Monégasques (NIM), en septembre 2022 — NDLR], mais ils ont fait marche-arrière, par auto-censure.

« Si nous ne sommes pas élus, une page se tournera peut-être pour moi. Mais nous n’en sommes pas là »

Auriez-vous eu plus de chance de constituer une liste si vous aviez quitté le parti de la majorité Priorité Monaco (Primo !) plus tôt [Daniel Boeri a quitté Primo !, le 21 juillet 2022 — NDLR] ?

Le “timing” joue un peu, évidemment. Mais le problème va bien au-delà, en réalité. L’auto-censure est une barrière à laquelle je ne m’attendais pas du tout.

Les idées que vous défendez avec les NIM sont très axées sur ce que pourrait devenir la principauté dans dix ans : pourquoi ce positionnement ?

Notre idée consiste toujours à réfléchir au Monaco que nous allons offrir aux enfants qui ont 10 ans aujourd’hui. Ce qui a été fait jusqu’à présent a été extrêmement positif. Même les comptes de l’État sont positifs, en dépit de la pandémie de Covid-19 que nous avons dû affronter. En revanche, des mutations n’ont pas encore été anticipées, et elles peuvent littéralement nous mener dans le décor.

Quelles sont ces mutations ?

Un risque de changement de fiscalité, vis-à-vis de l’Union européenne (UE). Mais aussi, un risque de bureaux vides également, face aux évolutions technologiques que nous connaissons. Il est question, aujourd’hui, de construire davantage de logements autour de Monaco, pour y accueillir les salariés de la principauté. Mais il demeure un paradoxe, qui est celui du travail à distance. Nous devons donc conserver les emplois à haut niveau et à haute valeur ajoutée, qui doivent rester fixe. En matière de climat, enfin, nous faisons des choses, mais avec une seule jambe.

Si vous n’êtes pas élu en février 2023 au Conseil national, poursuivrez-vous votre engagement politique en dehors de la Haute Assemblée ?

Tout dépendra des résultats. Si nous ne sommes pas élus, une page se tournera peut-être pour moi. Mais nous n’en sommes pas là.

1) Alors que Monaco Hebdo bouclait ce numéro le 29 novembre 2022, Daniel Boeri devait tenir une conférence de presse le 30 novembre 2022.

2) La loi sur les élections nationales et communales prévoit que « tout candidat aux élections est tenu, seize jours au moins et vingt jours au plus avant le jour du scrutin, de déposer auprès du secrétariat général de la mairie […] une déclaration individuelle de candidature ». Pour l’élection nationale du 5 février 2023, la date de dépôt limite est donc fixée au 21 janvier 2022.