jeudi 28 mars 2024
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Le Conseil national veut des chantiers sans nuisances

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Les 21 élus de la majorité Primo ! et l’élu UM Jean-Louis Grinda ont voté contre le chapitre “Grands travaux — Urbanisme” du projet de loi sur le budget rectificatif 2019. Un vote qui vient sanctionner la politique du gouvernement et marquer un peu plus le ras-le-bol de la population monégasque, quotidiennement confrontée aux nuisances des chantiers.

Ils ont donc fini par mettre leur menace à exécution. Le 10 octobre, la majorité Priorité Monaco (Primo !) a voté contre le chapitre sur les travaux publics. L’élu Union Monégasque (UM), Jean-Louis Grinda, les a rejoints, portant à 22 le nombre de votes contre. Seuls les deux élus du groupe politique Horizon Monaco (HM), Béatrice Fresko-Rolfo et Jacques Rit, ont voté pour. Le chapitre “Grands travaux — Urbanisme” du projet de loi sur le budget rectificatif 2019 de l’État a donc été le cadre dans lequel les élus ont, tour à tour, déballé leur colère ou leur exaspération, face à une situation qu’ils estiment enlisée. La vice-présidente du Conseil national, Brigitte Boccone-Pagès a lu une courte intervention, qu’elle a qualifié de « déclaration solennelle », dans laquelle elle a expliqué pourquoi les élus Primo ! ne voteraient pas ce chapitre : « Des travaux de voirie trop nombreux et conduits de manière inefficace par l’entreprise en charge de ces travaux. Trop peu de contrôles des chantiers et trop peu de contrôleurs habilités, et surtout si peu de sanctions. Pas assez d’information des riverains, pas de pose de double-vitrages, ou si tard. Pas de phasage concret des chantiers, pas de reports des chantiers privés. Retards des chantiers publics, avec tous les surcoûts et les blocages d’autres opérations que cela provoque. Retard notamment d’un chantier vital, celui du nouveau centre hospitalier princesse Grace (CHPG), retard du collège pour nos enfants. »

« Furieuse »

Si le chapitre I de la section VII du budget rectificatif 2019 n’a pas été voté par les élus, c’est aussi une question comptable. « Selon vos propres chiffres, les chantiers publics coûtent entre 120 et 240 millions d’euros de surcoût chaque année », a rappelé le président du Conseil national, Stéphane Valeri, estimant ces dérapages à environ « 20 à 40 % par chantier ». « La population était mécontente. Désormais, elle est furieuse !, a lancé Jean-Louis Grinda. Il va donc falloir trancher dans le vif. Nous attendons un geste fort ». Au préalable, le conseiller-ministre pour l’équipement, l’environnement et l’urbanisme, Marie-Pierre Gramaglia, avait pourtant lu une déclaration pendant une dizaine de minutes, dans laquelle elle détaillait l’action de son département sur ce sujet sensible. Notamment 4 757 contrôles et « seulement 14 infractions constatées », reprocheront les élus, incrédules. Avec l’arrivée d’un nouveau contrôleur le 21 octobre 2019 et d’un second le 4 novembre, ils seront bientôt 6 experts assermentés à sillonner les chantiers de la principauté. Marie-Pierre Gramaglia a aussi indiqué mettre en place des dispositifs anti-bruits, notamment des murs acoustiques ou encore la technique du “up and down” sur le chantier Pasteur afin de « limiter le bruit et la poussière ». Le surcoût est estimé par le gouvernement à 10 millions d’euros.

« Smart chantiers »

Les élus ont aussi et surtout réclamé des sarcophages acoustiques. Sans fermer la porte à cette possibilité, Marie-Pierre Gramaglia a jugé que ce n’était pas une solution miracle : « C’est très coûteux et très difficile à mettre en place. Ce n’est pas possible avec tous les chantiers. De plus, il y a une incidence sur les délais, car il faut environ 6 mois pour construire un sarcophage. » Néanmoins, le chantier de la Villa Carmella, que le gouvernement veut « exemplaire », bénéficiera d’un sarcophage. « Sur 600 millions dépensés pour des chantiers, et alors que vous avez des surcoûts de 120 millions, vous ne trouvez pas quelques millions pour un sarcophage ? », a ironisé Stéphane Valeri, qui, à l’heure de la « smart city » prônée par le gouvernement, a réclamé des « smart chantiers ». Mettant en avant le « succès » de la rénovation des Jardins d’Apolline, terminée avec « 3 à 6 mois d’avance », le ministre d’Etat, Serge Telle, a admis que les résultats n’étaient pas satisfaisants et que son gouvernement en portait la responsabilité : « Mais nous ne sommes pas devenus anti-chantiers ». Pour le président du Conseil national, « demander des chantiers moins bruyants, ce n’est pas être anti-chantiers. Nous avons le prix du mètre carré le plus cher du monde. Nous avons une incroyable plus-value. Nous devons donc être le numéro 1 mondial pour la qualité de nos chantiers ». Serge Telle s’est engagé à « voir ensemble comment on peut améliorer ce qui est fait », avec pour objectif de parvenir à « mieux coordonner » les chantiers de la principauté. « On est déterminé à vous faire changer de braquet », lui a rappelé Stéphane Valeri. Sous pression, le gouvernement a désormais deux mois avant le vote du budget prévisionnel 2020 pour démontrer qu’il est passé à l’action.