mardi 16 avril 2024
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Crise sanitaire « Monaco doit être un modèle de relance économique »

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Si la séquence sanitaire de la crise liée à l’épidémie de Covid-19 n’est évidemment pas terminée, le Conseil national évoque désormais la question de la relance économique, qui a été abordée lors de la dixième réunion du comité mixte de suivi du Covid-19, le 5 juin 2020.

«La circulation du virus est désormais sous contrôle, même si bien évidemment les mesures de précaution continuent de s’imposer à tous, pour parer à toutes les hypothèses relatives à l’évolution de la Covid-19. Cette réussite collective, illustration de l’unité des institutions, sous l’autorité du prince souverain, est aujourd’hui largement reconnue par la population. » C’est en ces termes que le communiqué publié le 4 juin 2020 par le Conseil national pose les choses. La séquence d’urgence sanitaire semble désormais derrière nous et, si la prudence demeure, il faut désormais s’intéresser à la relance économique, dans un pays où, comme partout ailleurs, les entreprises ont beaucoup souffert de la période de confinement. « Aujourd’hui, le grand défi qui se présente à nous est d’ordre économique et social », soulignent les élus. Le plus souvent à l’arrêt, avec un chiffre d’affaires bloqué à zéro, les patrons ont fait face comme ils ont pu, s’appuyant notamment sur les différents dispositifs mis en place par le gouvernement et le Conseil national. Désormais, « l’objectif du Conseil national est […] de contribuer à faire de Monaco un exemple de relance économique, tout en préservant notre modèle social ». Les élus souhaitent que les différentes aides versées aux acteurs économiques et aux salariés de la principauté ne soient pas brutalement stoppées, mais se poursuivent « avec discernement » et « aussi longtemps que nécessaire pour les secteurs les plus impactés » par l’épidémie de Covid-19. « Le Conseil national a voté une enveloppe globale de 350 millions pour financer ce soutien de l’Etat. Ces sommes ont été décidées d’un commun accord entre le Conseil national et le gouvernement, dans le cadre du premier budget rectificatif 2020 », rappellent les conseillers nationaux dans ce même communiqué. Mais pas question d’injecter une telle somme sans aucun contrôle. Conscients que ces abus pourraient voir le jour et se disant soucieux de « préserver les finances publiques », les élus réclament aussi dans le même temps des contrôles stricts, afin de « sanctionner ceux qui pourraient profiter injustement des mesures de solidarité économique mises en place par l’Etat ». Il faut donc soutenir acteurs économiques et salariés au-delà du 30 juin 2020, estiment les élus afin de tenter de limiter au maximum les conséquences sociales que pourrait avoir cette crise sanitaire, notamment dans les secteurs les plus impactés. Et jusqu’où faut-il aller en termes de dépenses publiques ? « Ceci doit se faire dans la seule limite des sommes déjà votées, qui à la fin juin 2020 seront loin d’avoir été toutes utilisées, répondent les conseillers nationaux dans ce communiqué. En effet, lors de la réunion précédente, le gouvernement a présenté aux élus un plan progressif de fin de ces aides qui leur semble manquer d’ambition et qu’ils n’ont pas approuvé sur le siège. » Ce point a été débattu lors de la dixième réunion du comité mixte de suivi Covid-19, le 5 juin 2020, et le gouvernement a simplement indiqué dans un communiqué qu’il comptait poursuivre « dans la voie déjà engagée du soutien aux acteurs économiques, tout en envisageant une évolution et une adaptation de leur modalité suite aux mesures de déconfinement », sans plus de détails, pour le moment.

« Contraignantes »

La question du déconfinement et de sa vitesse d’exécution fait aussi débat. Si Monaco a actionné cette phase le 4 mai 2020, soit une semaine avant la France, les conseillers nationaux jugeaient le 4 juin 2020 qu’il y avait du retard à l’allumage : « Le Conseil national constate que dans plusieurs domaines, le plan gouvernemental de déconfinement et de relance de l’activité prend désormais du retard sur les pays voisins, notamment en matière de réouverture des salles de sport, d’assouplissement des conditions d’utilisation des installations sportives, de réouverture des parcs et jardins d’enfants, ainsi que des salles de cinéma. » Dès le lendemain, lors de la réunion du comité mixte de suivi, le gouvernement a répondu en validant un certain nombre de réouvertures, des crèches, en passant par des salles de classe suplémentaire, les piscines privées et publiques, les salles de spectacle, les cinémas ou encore les salles de sport (voir notre encadré, par ailleurs). Parmi les points d’achoppement qui demeurent, on peut citer la question des mesures appliquées aux restaurants de la principauté. « Nos restaurants se voient imposer des normes plus contraignantes qu’en France, avec obligation de réservation préalable, distances supérieures entre les tables et nombre de convives inférieur par table. Ce décalage est regrettable », estiment les élus du Conseil national. Sur ce sujet, le gouvernement a indiqué qu’une « réévaluation des mesures de distanciation appliquées aux restaurants interviendra prochainement en disposant du recul nécessaire face à cette réouverture qui est intervenue il y a 3 jours [la réunion du comité mixte de suivi du Covid-19 s’est déroulée le 5 juin 2020 — N.D.L.R.] ».

« Priorité »

Le Conseil national a insisté : « Monaco doit être un modèle de relance économique et garder constamment un temps d’avance. Plutôt que d’économiser des crédits pourtant votés et donc disponibles pour soutenir les acteurs économiques de Monaco en vue de la relance, il s’agit pour le Conseil national de travailler à développer de nouveaux types de recettes pour l’Etat dans différents secteurs d’activité. » En conséquence de quoi, un groupe de travail sera créé prochainement au sein du Conseil national afin de pouvoir établir une série de propositions qui seront ensuite transmises au gouvernement. « Cette relance passe aussi par le maintien des investissements et d’un haut niveau de commande publique, qui doit bénéficier avant tout aux entreprises et commerces de la principauté. Dans ce cadre, la priorité aux acteurs économiques monégasques doit plus que jamais être respectée, mieux que par le passé. Le Conseil national y veillera tout particulièrement, à sa place », ont ajouté les élus, confirmant ainsi leur volonté de rester impliqués au plus près de ce dossier Covid-19. Convaincus que le respect des mesures sanitaires peut être un argument marketing et de promotion de la principauté, le gouvernement et les élus travaillent sur l’attribution d’un label qui viendra confirmer la mise en application stricte de ces normes. La prochaine réunion du comité mixte de suivi du Covid-19 se déroulera le 18 juin 2020.

Crèches, cinéma, salles de sport… qui rouvre et quand ?

Peu à peu, la reprise se confirme pour chacun des pans d’activité de la principauté. Lors de la 10ème réunion du comité mixte de suivi du Covid-19, le 5 juin 2020, le gouvernement a confirmé un certain nombre de réouvertures. Les voici :

• La grande section des maternelles : cette section va rouvrir, en respectant les prescriptions fixées par les autorités sanitaires. Les élèves et le personnel pourront être testés, s’ils le souhaitent. « Les élus ont souhaité que les enfants puissent être accueillis tous les jours de la semaine au lieu de deux actuellement, afin de faciliter le retour au travail des parents concernés », précise le gouvernement.

• Les crèches : actuellement, deux crèches municipales et une crèche de la Croix-Rouge monégasque sont ouvertes. Jugeant cela « suffisant » pour l’état des demandes aujourd’hui, le gouvernement n’envisage pas, pour le moment, d’autres réouvertures. Si le nombre de demandes augmentait, d’autres sites pourraient rouvrir à leur tour, afin de respecter la distanciation sanitaire. Le gouvernement a confirmé que, « exceptionnellement », cette année les crèches resteront ouvertes en juillet et en août 2020.

• Aires de jeux pour enfants, agrès sportifs en libre-service en extérieur, piscines privées et publiques : rouverts depuis le 6 juin 2020. Des points d’eau avec du savon, et des bornes de gel hydroalcoolique seront installés à proximité des aires sportives. Attention : pour les piscines, chaque gestionnaire de bassin doit envoyer un dossier à la direction des affaires sanitaires (Dasa), afin de préciser les modalités d’accès et de dispositions de l’aire nautique. Les décisions seront ensuite prises au cas par cas par l’administration, qui précise que « des contrôles des modalités de gestion des piscines et de la qualité de l’eau seront régulièrement organisés ».

• Salles de spectacle, salles de cinéma : réouverture le 12 juin 2020. Le port du masque est obligatoire, avec occupation d’un siège sur deux, en quinconce.

• Salles de sport : réouverture le 15 juin 2020. D’ici là, les exploitants devront faire des propositions précises sur les modalités de mise en œuvre des précautions sanitaires. Chaque dispositif devra être validé par l’administration pour que la réouverture soit ensuite confirmée.

• Parkings publics : la tarification exceptionnelle à la journée prendra fin le 15 juin 2020, comme prévu initialement.