vendredi 26 avril 2024
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Un budget rectificatif 2017
qui « ne rectifie pas grand chose »

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Avec 5 votes contre et 2 abstentions, le budget rectificatif de l’exercice 2017 a fait grincer des dents, vendredi 6 octobre, au Conseil national.

Le « désastre » des Jardins d’Apolline, selon les mots de Marc Burini, élu Nouvelle Majorité (NM), était à l’esprit de tous les conseillers nationaux, vendredi 6 octobre, au moment du vote du budget rectificatif 2017, qui a finalement été adopté. Si Marc Burini a voté en faveur de ce budget, il a plaidé pour que « Monaco se dote d’une véritable politique d’Etat, afin d’améliorer le patrimoine immobilier » de la Principauté. Valérie Rossi, élue NM, l’a martelé : « Comment ne pas voter ce budget, quand nous avons besoin de crédits pour reloger les habitants d’Apolline ? », entrainant son vote « sans enthousiasme » en faveur du budget. Un thème qui a, au contraire, poussé Jean-François Robillon, élu Union monégasque (UM) à voter contre. Il a estimé qu’une commission d’enquête sur les Jardins d’Apolline devait être formée. Jardins d’Apolline encore dans l’intervention de Béatrice Fresko-Rolfo. L’élue Horizon Monaco (HM) a estimé qu’il n’y avait « pas grand chose à dire sur ces débats » sur le budget rectificatif 2017, puisqu’il « ne rectifie pas grand chose ». Mais concernant les Jardins d’Apolline, « nous savons tous que ces 8,5 millions d’euros ne suffiront pas. Les élus HM vont être vigilants aux mesures que le gouvernement mettra en place dans le budget primitif 2018 ».

Houleux

L’autre sujet de discorde lors de ce vote du budget primitif concernait les associations sportives. C’est Christophe Robino, élu NM, qui l’a soulevé (lire notre article par ailleurs), soulignant qu’il s’agit « d’un thème qui mobilise la majorité des élus, si j’en juge le taux d’abstention exceptionnel sur le chapitre 8 de la section des interventions publiques, portant sur les subventions sportives ». Faisant référence aux débats houleux du 5 octobre, il a réclamé une plus grande lisibilité sur l’organisation des sports à Monaco, et sur les moyens qui y sont affectés. « L’exemple du club de basket féminin ou de celui de l’association de tennis de table qui, faute de moyens, ne peuvent participer à des compétitions nationales ou internationales, sont incompréhensibles, a-t-il insisté. C’est un sujet que vous ne pourrez pas éviter au budget primitif 2018. » Christophe Robino a néanmoins voté pour ce budget rectificatif 2017.

« Climat »

Pour Philippe Clérissi, élu sans étiquette, il n’était pas question de « voter contre un budget, car il n’y a rien à redire sur les rectifications proposées », mais plutôt de voter « contre un climat général qui ne me convient plus ». Avant d’ajouter, donnant peut-être un indice sur son éventuelle candidature pour les élections nationales de février 2018 : « Je ne me sens plus écouté, ni efficace », estimant qu’un manque d’informations émanant du gouvernement, notamment sur « une politique commerciale de la cité », ou sur la réaffectation des locaux de l’office de tourisme, n’apaisent pas son « désarroi qui devient chronique à chacun de ces débats budgétaires ».

« Différents »

Deux autres votes contre émanent d’UM. Bernard Pasquier d’abord, qui a expliqué avoir pris sa décision après s’être posé deux questions : « Ce budget comprend-il toutes les recettes et toutes les dépenses publiques de la Principauté ? La réponse est non, parce que le fonds de réserve constitutionnel (FRC) finance directement les dépenses publiques et que celles-ci ne sont pas soumises au vote des conseillers nationaux. » Selon cet élu, « des dizaines, voire des centaines de millions d’euros » ne figurent pas ni au budget, ni au FRC et « ne sont pas non plus soumises au vote des conseillers nationaux ». Sa deuxième question est simple : est-ce que ce budget exprime la politique économique et financière de Monaco ? « Non, en clôture, les comptes 2017 seront bien différents de ceux présentés ce soir », a-t-il martelé, fustigeant encore le manque d’informations produites aux conseillers.

Amendement budgétaire

Toujours pour UM, Jean-Louis Grinda a rappelé que son groupe n’a voté aucun budget depuis 2013 : « En presque 5 ans, rien n’a changé sur la position du gouvernement sur l’amendement budgétaire que nous réclamons et réclamerons inlassablement. Ce droit existait dans notre première constitution et n’a jamais altéré notre régime. Bien au contraire, il serait un gage de meilleur travail des conseillers nationaux et constituerait un retour aux pratiques d’une vie démocratique normale et adulte. » En effet, UM appelle de ses vœux cet amendement budgétaire qui permettrait aux élus de ne pas voter contre un point de budget sur lequel ils ne seraient pas favorables, sans avoir à voter contre l’ensemble du budget. Jean-Louis Grinda a aussi dénoncé l’absence d’avancée « sur l’égalité homme-femme », posant encore la question du chef de foyer.

« Courage »

Le doute était permis au vu des multiples critiques qu’il a formulé pendant les débats, mais Jean-Charles Allavena a finalement décidé de voter pour ce budget rectificatif 2017. Tout en rappelant « l’intérêt de l’amendement budgétaire », qu’il souhaiterait, lui aussi, voir être instauré. Pour NM, Jean-Michel Cucchi n’a pas manqué de réagir aux propos de Jean-Louis Grinda : « Je ne peux vous laisser dire que ceux qui votent ce budget le font par habitude ou par lâcheté. Ils le font par courage, en prenant leurs responsabilités, a-t-il plaidé. Parce que si, ici, tout le monde faisait comme vous, l’argent pour refaire Apolline, on ne l’aurait pas. » Il a néanmoins convenu que la question de l’amendement budgétaire se posait. Chez HM, Jacques Rit a voté pour ce budget rectificatif, indiquant que s’il avait voté contre lors du budget primitif 2017, c’était « pour une forme de désaccord par rapport à certaines positions du gouvernement » notamment par rapport à « la manière cavalière » dont a eu lieu l’acquisition du port de Vintimille, le port de Cala del Forte (lire notre dossier publié dans Monaco Hebdo n° 1032).

« Vision »

L’élue NM, Nathalie Amoratti-Blanc, a indiqué qu’elle « aimerait pouvoir voter sans réserve » pour le budget rectificatif 2017, mais que de trop nombreux points viennent assombrir son vote : « Il y a un décalage entre la réalité des chiffres et la bonne santé de notre pays, a-t-elle commenté. Nos compatriotes ne vont pas bien. Les Monégasques ont besoin d’un nouvel élan. » Manque de vision pour Monaco également selon Daniel Boéri, élu NM, qui est allé plus loin, puisqu’il a décidé de voter contre le budget rectificatif : « Parmi la myriade de chiffres qui nous a été assenée, je ne vois que zéro Monaco, zéro Monégasques, zéro vision pour notre environnement et zéro vision pour notre modèle social », a-t-il justifié, regrettant également l’absence de politique du logement, alors que « nous avons besoin de 1 000 logements supplémentaires ». Christian Barilaro, élu HM, s’est quant à lui abstenu en raison de ses absences pour raisons professionnelles durant les débats. Pour NM, Thierry Crovetto, l’a imité. Lui qui espérait « obtenir de vraies réponses, a eu plus de silences, de non réponses et de non dits ».