mercredi 24 avril 2024
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Budget 2011 : un vote de confiance

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Session Budget Conseil national
© Photo Monaco Hebdo.

C’est à une large majorité qu’a été adopté, lors de séances publiques animées, le budget primitif 2011, le premier budget concocté sous l’ère Michel Roger. Nécessaire optimisation des recettes, climat social délétère à la Société des bains de mer, besoin en logements domaniaux… Du 10 au 17 décembre 2010, élus et gouvernement ont balayé l’actualité, les prises de position de chaque parlementaire se sont enchaînées, clarifiant au passage le paysage politique monégasque.

Le 17 décembre 2010, dans l’hémicycle, le ton était très sérieux. Après des échanges musclés, entre coup d’éclats mais aussi quelques fous rires, on sentait bien qu’il ne faut guère badiner avec la politique. Et encore moins avec la démocratie. Ainsi, si Jean-François Robillon rappelait, citant François Mitterrand, que « la politique c’est aussi le droit institutionnel de dire des bêtises », le clash intervenu deux jours plus tôt (voir page 14), était encore dans tous les esprits. En résumé, mercredi soir, après l’interruption de séance, plusieurs élus avaient tardé à revenir débattre avec leurs collègues. Agacé, le président du conseil national avait enchaîné le vote des chapitres budgétaires avec les présents. Et pas question de revenir sur les débats déjà abordés. Ce qui avait provoqué l’ire des retardataires, avec comme point d’orgue, la sortie de l’hémicycle de l’opposant Marc Burini. Alors qu’au final, la scène était plus la démonstration que les absents ont toujours tort…

Il n’empêche que vendredi dernier, jour du vote du budget, la colère n’était visiblement pas retombée. Les groupes parlementaires Unam et Rasemblement & Enjeux, rejoints par Christophe Spiliotis-Saquet, se sont fendus d’un communiqué contre les « manières dictatoriales » de la présidence. Tandis qu’Anne Poyard-Vatrican décochait une flèche, gratuite, contre son propre camp?: « Notre travail c’est de parlementer. Cela peut prendre du temps et il faut parfois accepter de se coucher plus tard pour le bien de nos compatriotes, n’est-ce pas Monsieur le président?? »

Stand-by à l’UP

Car au-delà du vote du budget, adopté à une large majorité – en dehors des abstentions des élus R&E et de Christophe Spiliotis -, les séances publiques ont été riches d’enseignement sur le positionnement politique de chacun. Sur les fondamentaux, il n’y a pas eu de revirement majeur. La majorité a défendu bec et ongles le programme de construction domaniale avec comme cible prioritaire, la construction des Tamaris, avenue Pasteur, prévue si le futur hôpital ne se fait pas in situ. Le contexte économique actuel étant morose, Alexandre Bordero, président de la commission des finances, a prévenu que « sans le retour de la croissance, il faudra, dès le rectificatif 2011 et encore plus au primitif 2012, faire des arbitrages au niveau des dépenses. » Et voter le plus rapidement possible « un projet de loi réglementant les transactions immobilières faites au travers de sociétés offshore qui permettra de retrouver un niveau acceptable de recettes liées aux droits de mutation. » Pourquoi pas lors d’une séance extraordinaire en avril. Tout ça dans la volonté partagée avec le gouvernement de livrer un message de confiance aux forces vives du pays dans l’année à venir. Au sein de l’UP, officiellement, l’unité était de mise. Dans la même posture confiante de la majorité, Anne Poyard-Vatrican intimait juste à Michel Roger de « remplir les caisses » de l’Etat. Avec quelques conseils?: « Allouez les mètres carrés qui dorment en attendant d’hypothétiques industriels ou les appartements mal situés qui ne trouveront pas de locataires. Occupez vous sérieusement du fonds de réserve dont la partie placée va rapporter moins cette année qu’un livret A, malgré les centaines de millions concernées. » La friction interne au parti de l’été dernier semblait oubliée. Même si la présidente de l’UP ne loupe pas une occasion de tacler Jean-François Robillon et d’encenser son prédécesseur aujourd’hui aux affaires sociales, Stéphane Valeri. De là à éviter une guéguerre interne pour la prochaine élection à la présidence du conseil national en avril prochain?? A voir.

L’appel de l’Unam

A l’Unam, en revanche, on cherche ses marques. Pas question de rejoindre l’opposition. Les alliés d’hier de l’UP continuent de voter le budget et de soutenir le programme pour lequel ils ont été élus. Mais en même temps, l’Unam veut jouer un rôle. Et pour cela, elle a trouvé une cible?: Jean-François Robillon. « La Présidence alimente nos tensions et exacerbe nos divisions, indiquent ainsi les élus Unam dans un communiqué. Ces manœuvres, loin de nous décourager, renforcent notre détermination à jouer notre rôle dans l’échiquier politique monégasque. Il est temps que ceux qui placent l’intérêt du pays au-dessus de leurs intérêts partisans, franchissent les clivages politiques et se regroupent pour redonner à notre assemblée la place qui doit être la sienne. » Il est ainsi amusant de voir que, comme l’opposition, l’Unam reproche à Jean-François Robillon d’être à la fois un président faible, trop conciliant vis-à-vis du gouvernement, et dictatorial, rabaissant le caquet aux élus qui ne sont pas UP. Et cela au moment même où le président du conseil national prône « la responsabilité démocratique, où majorité et opposition, sur les grands sujets qui dépassent l’intérêt général, dépassent leurs divergences et leurs affrontements. » Et il est d’ailleurs encore plus étonnant de voir que finalement on fait les mêmes reproches à Robillon qu’à son prédécesseur, alors qu’il y a un monde entre les deux hommes, tant sur le plan de la personnalité que sur la façon de gérer le parlement.

2011, année politique

Seule certitude?: cette situation fait en tout cas le jeu de Rassemblement & Enjeux. A l’instar de Christophe Steiner qui a stigmatisé « l’optimisme béat » de la majorité et du gouvernement, et qui a même hésité à voter contre le budget. Ou de Laurent Nouvion qui enfonce le clou?: « Du côté de la majorité, on gagne du temps, on s’auto-congratule, on se félicite, on se remercie avec le gouvernement sur des sujets certes respectables mais qui traduisent le manque de maturité politique dont devrait faire preuve une majorité digne de ce nom. » Un Laurent Nouvion qui semble pouvoir de plus en plus compter sur l’appui de Christophe Spiliotis-Saquet, même si l’électron libre du parlement souhaite conserver son indépendance.

A deux ans de la campagne pour les élections nationales de 2013, il est en tout cas certain que les partis se mettent en ordre de bataille. Et il ne sont pas les seuls. Du côté du gouvernement, on se met aussi en branle pour un remaniement annoncé a priori début janvier. « 2011 s’annonce riche sur le plan politique avec sans doute de nouveaux visages ou des visages anciens que nous aurons le plaisir de revoir », a annoncé Jean-François Robillon.

Ils ont dit
« L’AS Monaco ne doit pas être le tonneau des Danaïdes. » Bernard Marquet (UP)
« Gonflez les recettes à l’hélium si cela peut faire s’envoler les ballons, cela ne suffira pas à remplir les caisses. » Anne Poyard-Vatrican
« Je refuse d’être pris en otage par l’idée qui consiste à faire croire que si un budget n’est pas voté, on n’a pas confiance en son pays et en la capacité de ses forces vives. » Marc Burini
« Le lundi fut un « Woodstock parlementaire » empreint d’une ambiance psychédélique où la majorité dans un esprit hippie très « Cool?! Pas de vagues, génial?! » ne cessa de tarir d’éloges sur un gouvernement ébahi. » Christophe Steiner
« Vous êtes des gardiens du temple, vous êtes des vestales. Vous êtes un microcosme. Sortez-en?! » Roland Marquet
Jean-François-Robillon
© Photo Monaco Hebdo.

Clash au conseil national

La séance publique du 15 décembre a bien failli tourner court. Plusieurs chapitres du budget ont été votés en l’absence de la majorité des élus, arrivés quelques minutes en retard dans l’hémicycle. Ce qui a valu de virulentes critiques au président du conseil national.

Par Sabrina Bonarrigo.

Piment de la vie politique, les invectives et les prises de becs entre élus sont monnaie courante au conseil national. Mais la tension est montée d’un cran lors de la séance publique du 15 décembre. Il est 21?h?30 lorsque la séance budgétaire reprend après dîner. Les membres du gouvernement, et une poignée d’élus sont de retour dans l’hémicycle. Le président du conseil national, Jean-François Robillon, fait alors voter plusieurs chapitres du budget sans tenir compte du fait que la majorité des parlementaires sont absents. Les privant ainsi de toute intervention publique. Une attitude qui, sans surprise, a particulièrement ulcéré les élus absents. Notamment dans l’opposition. « Je trouve que vous avez des manières un peu dictatoriales pour quelqu’un qui est élu démocratiquement au sein d’une assemblée », lance Christophe Steiner de R&E. « Il y avait 6 élus présents dans l’enceinte alors que nous sommes 21. Cinq chapitres ont été votés en notre absence. Vous n’avez pas le droit », lance à son tour son collègue Laurent Nouvion, qui va jusqu’à réclamer une suspension de séance. Furieux, Marc Burini décide même de quitter l’enceinte parlementaire. Pendant qu’une personne du public lève la voix et se mêle à son tour à la dispute collective.

Le gouvernement financera une sonnette

Il a fallu attendre la voix du sage, celle d’Alexandre Bordero, pour calmer les esprits très échauffés. « Vous avez bien fait monsieur le président de rappeler tout le monde à l’ordre. Il y a eu un certain nombre de retards et des redites dans les interventions », explique l’élu UP qui exhorte ses collègues à avoir un « esprit plus synthétique ». Avant de proposer « de remettre les compteurs à zéro. Reprenons les débats là où nous les avions laissés avant la pause. » Face à la levée de boucliers, Jean-François Robillon cède à la demande et cherche dans la foulée à se justifier. « Loin de moi l’idée de vouloir censurer quiconque dans cet assemblée. Je voudrais simplement rappeler le respect que vous devez à vos collègues, au gouvernement et au public. Ma réaction a sans doute été excessive mais ça a le mérite au moins d’être pédagogique. » Des propos qui n’auront pas suffi puisque dès le lendemain, les élus de l’Unam, de R&E ainsi que Christophe Spiliotis-Saquet ont fait un communiqué commun dénonçant « le comportement autoritaire antidémocratique du président Robillon, pas digne d’un président de haute assemblée et qui donne à nos compatriotes ainsi qu’au gouvernement princier une triste image de la présidence ». Le mot de la fin est revenu à Michel Roger. « Je pense qu’il faudrait s’inspirer de parlements étrangers et avoir une sonnette. Quand la séance reprend au Sénat ça sonne partout pendant 5 minutes. Dans le nouveau bâtiment du conseil national, le gouvernement est ainsi prêt à financer une sonnette », plaisante le ministre d’Etat. Une sonnette comme au Sénat. Ou comme à l’école…

Communication?:

Opération lobbying

Par Sabrina Bonarrigo.

Le gouvernement a décidé de mettre les bouchées doubles en matière de communication. Après la campagne institutionnelle lancée en novembre dans les médias français, le ministre d’Etat Michel Roger a annoncé en séance budgétaire qu’une « phase lobbying » débutera dès le mois de janvier. Une opération visant à cibler davantage les investisseurs. « Il y a un budget global de 4 millions d’euros prévu sur l’année 2011. Une somme qui comprend l’ensemble des actions, y compris la partie lobbying », a précisé sur ce point le secrétaire général du ministère d’Etat, Robert Colle.

2011 sera aussi l’année du déploiement de la campagne à l’international en Angleterre. Et le calendrier choisi pour son lancement ne s’est pas fait au hasard. « Elle sera lancée en Grande-Bretagne en septembre 2011. Car il serait judicieux de capitaliser les retombées positives du mariage princier (prévu le 1er et le 2 juillet, ndrl) », ajoute le secrétaire général. Dans la foulée, les élus sont également revenus sur l’épisode fâcheux du JT de France 2 du 22 novembre dans lequel un reportage traitant d’économie souterraine, montrait des images de Monaco en illustration. Après une lettre d’excuse de France 2 envoyée au gouvernement, le niveau d’interlocuteur est monté. C’est Jean-Luc Mano en personne, un des experts ayant mené les sondages sur l’image de Monaco, qui a rencontré un représentant de la direction de l’information du groupe France télévisions. « L’intervention doit être aussi politique et au plus haut niveau », estime à son tour l’élu R&E Laurent Nouvion pour qui le journaliste aurait dû être carrément « viré pour faute professionnelle ». Une suggestion tout de suite contestée dans les rangs de la majorité. « Il vaut mieux traiter cette affaire en coulisses, sans sanction publique car ce serait complètement contre-productif. Le journaliste irait sur toutes les chaînes rependre l’affaire », répond l’élu UP Alexandre Bordero. « Nos citoyens sont ulcérés à chaque fois que des choses négatives sont dites sur Monaco. Le but n’est pas d’avoir une lettre d’excuses, le but est qu’il n’y ait pas d’incident. Jusqu’à aller devant les tribunaux s’il le faut », a surenchéri l’élue UP Anne Poyard Vatrican.

Commerces?:

“Certaines artères sont indignes”

Par Sabrina Bonarrigo.

Monaco est une ville déserte durant le week-end. Certaines artères sont indignes de la principauté. La rue Caroline a besoin d’être complètement réaménagée. Le boulevard des Moulins mérite aussi mieux que cela. » Le coup de gueule est signé Philippe Clérissi. L’élu de l’UNAM s’inquiète en effet de voir peu à peu la principauté s’endormir et perdre de son dynamisme. Avant de réclamer la création d’un « collège d’experts qui s’occupe de la ville et de l’ambiance de la principauté ». Le ministre d’Etat s’est dit prêt à y réfléchir dès janvier avec l’UCAM (Union des commerçants et artisans de Monaco). Autre inquiétude soulevée par Laurent Nouvion?: le marché de la Condamine et sa restructuration. L’élu déplore le manque d’informations relayées aux commerçants sur ce sujet et demande au ministre d’Etat à ce que la mairie fasse en sorte d’être plus claire sur le « schéma directeur » du projet.

Bouchons Sortie tunnel A8 sur la moyenne-Corniche
© Photo Monaco Hebdo.

Transports?: mobilité à deux vitesses

En séance budgétaire, les élus ont à nouveau évoqué les points noirs de la circulation et les solutions à l’étude. Avec un constat?: si la mobilité intra-muros s’est améliorée, l’accès à Monaco reste toujours aussi chaotique.

Par Sabrina Bonarrigo.

« Des usagers traités comme du bétail ». L’expression est signée Jean-Charles Gardetto. L’élu UP a relancé devant l’hémicycle le lancinant problème du transport des salariés. Notamment par la voie ferroviaire. L’occasion de remettre sur le tapis la question des pénalités prévues dans le contrat passé entre le gouvernement monégasque et la SNCF. « Il n’est pas normal que la SNCF s’exonère de toute responsabilité. Et qu’une poignée de grévistes paralyse l’activité économique de Monaco de manière récurrente. Nous avons financé 5 rames à 50 millions d’euros pour améliorer la desserte de la principauté. Ça ne fonctionne pas », estime l’élu. Les parlementaires réclament donc que la SNCF paie la note des retards et des grèves subis à répétition par les salariés. « Il faut établir un vrai rapport de force. Avec ces 50 millions payés, on est en droit de demander des comptes », lance à son tour l’élue UP Anne Poyard-Vatrican. Et pour le gouvernement, la question des pénalités est plus que jamais d’actualité. Car pour pouvoir les réclamer, le gouvernement devait d’abord payer la totalité des rames. Ce qui est désormais chose faite. « On est à la fin du paiement des soldes. Donc, dès à présent, on est juridiquement en mesure de pouvoir réclamer des sanctions, suivant les dispositions prévues », précise le conseiller à l’équipement Gilles Tonelli, qui rappelle toutefois que les rames monégasques ont permis de passer « de 60 liaisons quotidiennes entre Nice et Menton à plus de 100 ». Reste à savoir si le gouvernement passera ou non à l’acte.

Côté mobilité sur les routes, après avoir essuyé de virulentes critiques, les aménagements internes ont fini par convaincre les élus qui ont constaté plus de fluidité intra-muros. Grâce à l’effet conjugué des nouveaux ronds-points (carrefour de la Madone, boulevard du Jardin exotique et Place d’armes) et de la dorsale. Un optimisme qui n’est d’ailleurs pas forcément partagé par l’ensemble de la population. « Il y a une vraie dichotomie entre l’intra-muros où les décisions prises sont bonnes, et l’extérieur de Monaco où l’on ne voit rien venir », souligne toutefois l’élu UNAM Philippe Clérissi. Ouvrant ainsi le débat sur les projets destinés à améliorer l’accessibilité des pendulaires à Monaco.

Un rond-point à Cap d’ail

Car c’est bel et bien l’arrivée en principauté qui constitue le gros point noir de la circulation. « C’est un problème qui fait fuir tout le monde. Y compris de potentiels investisseurs », explique Laurent Nouvion, qui exhorte carrément le gouvernement à lancer « des états généraux des conditions d’accès à Monaco. Ne serait-ce que pour montrer aux pendulaires que vous mettez tout en œuvre pour trouver des solutions. » L’élu de R&E rappelle d’ailleurs qu’il n’y a pas que des solutions onéreuses. Exemple?: le feu à Cap d’ail à la sortie de l’autoroute. « Tous les matins, il devrait clignoter. Ou alors il faudrait mettre à la place un rond-point. Monaco a des arguments pour faire pression. On investit dans la ZAC Saint-Antoine des dizaines de millions d’euros, c’est aussi un moyen de négocier. » Pour le gouvernement, sur ce tronçon, l’heure est encore à l’analyse. « Commençons par mesurer concrètement ces difficultés d’entrée. Et dès que les élections cantonales seront passées, je ferai remonter le dossier au maire de Cap d’ail. C’est aussi un sujet permanent de discussion avec le maire de Nice Christian Estrosi et le président de la région Paca, Michel Vauzelle », précise le ministre d’Etat.

Parkings relais?: oui mais

Bien plus onéreux en revanche?: le projet de funiculaire et ses fameux parkings relais en dehors de Monaco. « La position du gouvernement est ferme est claire. Oui au parking de dissuasion hors Monaco qui diminuerait le nombre de voitures en principauté. Non, si à côté de ce parking de dissuasion, doit se dégager une grande zone commerciale concurrençant notre activité économique », explique Michel Roger. Et c’est dans 6 mois que le gouvernement disposera de tous les résultats sur la faisabilité de ce projet, avec différents sites de départ. Autre piste lointaine étudiée?: le transport en commun en site propre (TCSP) qui offrirait une liaison d’est en ouest à Monaco. « Sa réalisation ne pourra intervenir qu’une fois que les infrastructures des délaissés SNCF seront réalisées. Une étude est en cours. Je n’ai pas le tracé du TCSP dans sa partie est. Pour la partie ouest, il empruntera en effet les terrains des délaissés SNCF. Au prochain budget, tout se précisera », assure Gilles Tonelli.

Voie maritime?: enterrée??
Des navettes faisant des liaisons régulières entre Nice, Menton et Monaco?? La solution du transport maritime a été de nouveau débattue en séance budgétaire. Et sur ce point, une partie du chemin a manifestement été effectuée. « La principauté a construit un nouveau ponton sur le port de Fontvieille qui a pour vocation d’accueillir, non seulement des bateaux de croisière, mais aussi toute nouvelle voie qui serait potentiellement ouverte entre Nice Menton et Monaco pour les salariés », précise le conseiller à l’équipement Gilles Tonelli. Sauf que, pour l’heure, aucune entreprise privée ne s’est réellement dit prête à assurer ces liaisons. « Un appel d’offres a été lancé par le conseil général pour créer une ligne régulière maritime. Les réponses obtenues n’étaient pas satisfaisantes. Car aucune entité ne voulait prendre le risque de faire cette liaison régulière. Notamment pour des raisons de météo pas toujours stables », précise encore le conseiller qui avance également l’argument de lourds frais de fonctionnement pour le gouvernement. Pour l’heure, le projet est donc au point mort.
Tunnel descendant ou traversant??
Dans les cartons du gouvernement depuis des années, le projet de tunnel descendant (1) est encore loin de faire l’unanimité. Pour le conseiller aux transports, l’apport de cet ouvrage est pourtant réel?: « Le principal atout de ce tunnel descendant directement connecté à la dorsale, est de limiter la présence de camions de livraison et de chantier dans les rues de la principauté. Et par la même diminuer la pollution. Son rôle est de limiter une circulation parasite en ville et de laisser les rues aux gens qui y vivent ou qui viennent faire des achats », assure Gilles Tonelli. Sauf qu’entre temps, un autre projet est venu se mêler au débat. Celui de la fédération patronale monégasque (FPM) et de son président Philippe Ortelli?: le tunnel traversant qui desservirait en souterrain tous les parkings de la principauté. « Le gouvernement entend confirmer ou non le projet de tunnel descendant dans les 3 ou 4 mois qui viennent une fois que sera terminée l’évaluation du projet alternatif du tunnel traversant », précise d’ailleurs Michel Roger. Une piste sérieusement étudiée donc par le gouvernement. Reste que « ces deux projets ne résoudront pas pour autant les problèmes d’accès à Monaco », souligne Philippe Clérissi.

(1) Tunnel de 1?700 m de longueur environ, ayant pour origine le boulevard du Jardin exotique et pour extrémité le boulevard Charles III. Coût de l’opération estimé à 95 millions d’euros.

IM2S
© Photo Monaco Hebdo.

L’Etat au chevet de l’IM2S

En séance budgétaire, le gouvernement a réitéré sa volonté de sauver l’IM2S au bord de la faillite selon lui. Objectif?: sauver les 125 emplois et la réputation médicale de l’établissement. Ce qui passera aussi par une nouvelle direction.
Par Sabrina Bonarrigo.

La pathologie du « patient IM2S » est « chronique » et « préoccupante ». La sémantique des élus est médicale pour parler de l’état de santé particulièrement alarmant de l’institut médical du sport. Les comptes de la clinique privée sont en effet dans le rouge. « Sur les deux sociétés, immobilière et médicale, le trou est aujourd’hui estimé à 18 millions d’euros de déficit?! », a rappelé en séance budgétaire l’élu Unam Philippe Clérissi. « Une situation financière et capitalistique structurellement déficitaire », déplore à son tour l’élu d’opposition R&E, Laurent Nouvion. Pas question donc pour le gouvernement de laisser l’IM2S sombrer. Les 125 emplois, la réputation médicale de l’établissement et l’attractivité de Monaco sont en jeu. « Il est du devoir du gouvernement d’intervenir pour empêcher une fermeture qui serait sinon inéluctable », a encore insisté le ministre d’Etat, Michel Roger. C’est donc l’Etat qui devrait renflouer les caisses en devenant actionnaire majoritaire dans les deux sociétés. Via une augmentation de capital. « Nous ne souhaitions pas forcément remplacer les actionnaires privés. Nous avons simplement dit que nous voulions sauver l’IM2S. Et que nous étions prêts à le faire en prenant 51 % du capital. La proposition du gouvernement a laissé aux actionnaires privés le temps nécessaire pour faire une contre-proposition. Mais nous n’avons eu aucune réponse », a précisé en complément le ministre d’Etat.

A quel prix??

La reprise en main étatique s’est donc inévitablement imposée. Suscitant de nombreuses craintes chez les parlementaires. « Les aides de l’Etat ne doivent pas se faire à tout prix, mais sous condition. Il faudra bien nous expliquer l’augmentation de la participation du gouvernement dans le capital de la société. Si elle concerne l’activité clinique et/ou immobilière », a insisté le président du conseil national, Jean-François Robillon. Des élus qui demandent donc des comptes et une totale transparence. Après avoir été mis, selon eux, « devant le fait accompli » dans cette affaire. « J’espère que vous prendrez vos responsabilités si les choses vont mal. Ce n’est pas à tout prix que l’on doit sauver l’IM2S », alerte à son tour l’élu Unam Philippe Clérissi. Et c’est le conseiller aux finances et à l’économie Sophie Thevenoux qui affirme, sans détailler, que le gouvernement a ses gardes fous pour ne pas mettre en péril les finances publiques. « Ce n’est pas un puit sans fond. Nous avons des garanties. L’intervention de l’Etat se fera sous conditions. » Quelles conditions?? La question devrait être débattue début janvier, lors d’une réunion de la commission de placement des fonds. Mais au-delà de l’aspect purement financier, la remise sur pied de l’IM2S passe, selon le ministre d’Etat, par une gestion digne de ce nom au sommet.

Nouvelle gestion

Sur ce point Michel Roger est formel. C’est une refonte de la gestion de l’établissement qui va remettre d’aplomb la clinique. « Le gouvernement a donc décidé de proposer à l’actionnaire de devenir majoritaire dans le capital. Et en contrepartie d’accepter que le mode de gestion de cet établissement soit profondément revu et confiée à un directeur qui aurait toute compétence », a annoncé le ministre d’Etat. « Si l’accord se fait, il y aura donc un recrutement immédiat d’un directeur de clinique expérimenté qui nous apportera sa rigueur dans la gestion. Il y a aura aussi la mise en place d’un comité stratégique », a annoncé en complément le conseiller aux affaires sociales Stéphane Valeri. Une annonce qui résonne donc comme une porte de sortie pour l’actuel directeur Philippe Ballerio. « Nous allons mettre les médecins là où ils doivent être c’est-à-dire dans la médecine, et nous allons veiller à mettre les gestionnaires d’hôpitaux là où ils ne sont pas encore. » Chacun son métier donc. En attendant que l’accord définitif soit validé, le gouvernement a déjà fait un premier pas concernant l’assouplissement des conditions tarifaires applicables aux remboursements. « Le gouvernement a agi, puisqu’il a convaincu les caisses sociales d’appliquer une réduction par rapport à la T2A qui s’appliquait pleinement depuis le début de l’existence de cette clinique », a expliqué le ministre d’Etat. « Un consensus pas évident à obtenir », a d’ailleurs rajouté le conseiller aux affaires sociales, Stéphane Valeri. Avant de préciser?: « Cette clinique était la seule à être remboursée par les caisses monégasques sur la T2A. Ce n’était pas juste. On a corrigé ça pour 4 ans jusqu’à ce que la T2A se généralise en principauté. »

10 millions d’euros par an au CHPG

Mais l’attention focalisée sur l’IM2S ne doit pas pour autant mettre en péril l’hôpital public. C’est en substance la crainte exprimée par Brigitte Boccone Pagès. « Il faut absolument que les travaux et l’investissement continuent de se faire à l’hôpital pour garder le niveau qu’il a actuellement », a alerté l’élue de la majorité UP. Mais sur ce point, le gouvernement tient à maintenir le cap. Le CHPG ne pâtira pas des finances injectées dans l’IM2S. Pour une raison simple?:

« Le nouvel hôpital sera livré sans doute à l’horizon 2018. Ce qui engage au moins 7 à 8 ans de vie à l’hôpital actuel », précise Stéphane Valeri. Le niveau de soin pour les patients devrait donc se maintenir. Voir s’améliorer. Le conseiller annonce en effet que le gouvernement y investira chaque année autour d’une dizaine de millions d’euros. Objectif?: « Maintenir un plateau technique exceptionnel à cet hôpital. En 2011 et 2012, nous allons par exemple investir plusieurs millions d’euros pour acheter un appareil extrêmement performant en radiothérapie pour traiter les cancers. Ce sera l’un des plus performants d’Europe. » Et le conseiller de rappeler dans la foulée la rénovation du service de pédiatrie, la restructuration du service d’hémodialyse, comme celui du service d’imagerie médicale. Sans oublier l’extension de la crèche à 60 berceaux supplémentaires.

Pas de concurrence

Présentés souvent comme des « frères ennemis », les deux chirurgiens orthopédistes du CHPG et de l’IM2S, tous deux d’ailleurs favorables au lancement d’un véritable « Grenelle de la santé » (voir MH n°718), s’affichent à présent main dans la main. « Entre les docteurs Ballerio et Rit, il y a une volonté commune d’arrêter tout concurrence agressive », affirme Stéphane Valeri. « Il est hors de question qu’il y ait une concurrence entre les deux établissements. S’il y a un partenariat c’est dans la complémentarité », rajoute sur ce point le ministre d’Etat. Reste aussi à voir si le développement éventuel d’une activité d’ophtalmologie à l’IM2S se concrétisera. « D’un point de vue médical, je pense qu’il faut éviter la diversification des activités », a enfin expliqué, sous sa casquette de cardiologue Jean-François Robillon, qui s’est fait le défenseur de ses collègues médecins et spécialistes en ville. « S’il y a trop de spécialités dans ces établissements, vous allez mettre en péril les activités libérales. Le danger est de les tuer petit à petit. »

Chantiers?:

L’éternel point noir??

Depuis des années, les élus pointent du doigt les lenteurs des travaux publics et en particulier l’aménagement du port Hercule. C’est encore le cas lors de ce budget.
Par Milena Radoman.

Lundi 13 décembre. Dans l’hémicycle, Anne Poyard-Vatrican n’a visiblement pas envie de rire. Un portfolio du port à la main, la présidente de l’UP se lève et attaque directement Gilles Tonelli. « Vos services ont reçu ce document, qui représente une visite guide du port et dépeint les réalités que l’on peut constater depuis des années?: chaines rouillées, poubelles exhibées… Chaque fois qu’on a abordé ce sujet avec vous, nous n’avons jamais été pris en considération. En revanche, quand ces photos sont arrivées au département, vous avez listé tous les travaux d’entretien à faire d’ici juillet 2011?: électricité refaite à telle date, poubelles enlevées… Désormais je vous enverrai des photos?! » Une idée qui trotte aussi dans la tête de l’opposant Laurent Nouvion?: « Je vais faire la même chose sur le Rocher. Ça fait quatre ans qu’on est en pleine guerre des tranchées à Monaco Ville. Je vais faire un reportage photographique et tout va changer. Il y a un événement heureux en juillet 2011. Vous êtes obligé d’assurer l’entretien de ce site. » Pour l’Unam, Philippe Clérissi enchaîne?: « Il y aura du monde qui viendra le jour des noces en hélicoptère. J’espère que l’héliport qui est aujourd’hui en état de ruine, avec des morceaux de ferraille au sol, sera retapé. » Avant d’ajouter?: « Pourquoi vous laissez pourrir les choses comme une femme de ménage qui ne nettoie pas dans les coins?? »

“Les engagements sont pris”

Devant cette avalanche de critiques, le conseiller pour l’équipement Gilles Tonelli reste droit dans ses bottes et répond du tac au tac?: « Sur le port, les engagements sont pris et les chantiers en cours dans le cadre d’un plan de rattrapage. Au Rocher, certains chantiers pourraient certes être mieux tenus. Mais s’ils étaient mieux tenus, peut-être que nous ne pourrions réduire les délais. Quant à l’héliport, il est entretenu. Il y a des locaux vétustes et des portes qui ne ferment plus mais certainement pas de ferraille qui traîne. » Venant à la rescousse de son conseiller, Michel Roger assure qu’il viendra vérifier sur le terrain début janvier que tout se passe bien. Des propos qui n’ont guère calmé les ardeurs des élus. « Ce n’est pas une question personnelle, assure Laurent Nouvion. Mais la plupart des gens se demandent?: qu’est-ce qu’ils font?? » D’autant que comme le rappelle Anne Poyard-Vatrican, « le prince ne va pas se marier tous les jours… » pour précipiter l’avancée des travaux.

Qui pour gérer le port??

Pour l’Unam Claude Cellario, au moment où l’on parle de la fin des lourdeurs administratives et d’attractivité, le principal problème concernant l’entretien du port reste la multiplication des acteurs?: « Il y a 6 entités dont 4 services de l’administration pour faire 98 actions. Il faut coordonner l’action. » Christophe Spiliotis-Saquet propose une solution?: « Le concessionnaire, la Société d’exploitation des ports de Monaco (SEPM), qui est tous les jours sur le terrain, n’aurait pu agir en voyant les ouvrages dégradés?? » Mais pour cela il faudrait changer la loi qui indique que la SEPM ne peut gérer le port au delà de la limite de la « pierre froide », fixée à 1,50 mètre. Et donc repousser cette limite, choisie initialement pour éviter que la SEPM ne gère les commerces du port. L’idée est donc lancée.

Opération tamaris?: feu vert

Par Sabrina Bonarrigo.

Les élus et le gouvernement ont finalement trouvé un terrain d’entente sur le dossier Tamaris lors de la séance budgétaire du 15 décembre. Cette opération domaniale située sur l’avenue Pasteur (en contrebas du centre hospitalier princesse Grace), estimée à 50 millions d’euros avec une livraison prévue en 2013, a longuement monopolisé les débats lors de l’examen du budget primitif 2011. Certains des élus craignaient en effet que la construction Tamaris gêne l’éventualité d’installer le nouvel hôpital in situ. Les élus avaient donc décidé à l’unanimité d’attendre que la décision définitive du nouveau site de l’hôpital soit prise. A savoir en avril 2011 et donc de différer de quelques mois la livraison.

Pour ne pas perdre de temps, le gouvernement a alors proposé aux élus une solution alternative?: « Si le conseil national partage cette position, le gouvernement est prêt à passer commande de la maîtrise d’ouvrage déléguée immédiatement sous condition résolutoire », explique Michel Roger. En clair, le gouvernement lance l’appel d’offres dès maintenant pour que le promoteur puisse commencer à faire ses études sur le projet. Si au moment de la décision de l’emplacement du nouvel l’hôpital, il est constaté que l’opération gêne le nouveau CHPG, la clause résolutoire intervient. Ce qui veut dire que le gouvernement devra indemniser le promoteur. Un gain de temps et un compromis dont la faisabilité juridique n’est pourtant pas sans risque.

Le gouvernement s’était engagé à livrer 500 logements pour les Monégasques entre 2008 et 2013. Dégager le nombre maximum de logements aux Tamaris serait donc le seul moyen de respecter cette promesse. En parallèle des prochaines livraisons d’appartements domaniaux prévues au premier trimestre 2012 sur l’îlot Rainier III avec 120 logements et 835 places de parking.

“8?000 m2 de bureaux disponibles”

Par Sabrina Bonarrigo.

Nous sommes très préoccupés de constater que dans les deux ou trois ans qui viennent, il n’y ait que 1?350 m2 de bureaux livrés sur l’îlot Rainier III et assez peu sur l’îlot Pasteur pour ne pas dire rien. » Dans l’opposition, Laurent Nouvion s’inquiète d’un risque de pénurie de bureaux dans les années à venir et demande à ce qu’il soit possible « de surélever d’un ou deux étages ces bâtiments de façon à récupérer des surfaces de m2. C’est un bon moyen de rentabiliser les immeubles domaniaux », rajoute l’élu de R&E. Une inquiétude que ne partage pas forcément le gouvernement. « 8?000 m2 de bureaux disponibles sont à vendre ou à louer après consultation des plus grandes agences immobilières », rappelle Sophie Thevenoux, conseiller aux finances et à l’économie. Et Michel Roger de rappeler que « si l’hôpital n’est pas sur les délaissés, un bâtiment sera dédié à l’activité de bureaux. Donc attendons le choix du lieu de l’hôpital d’ici 3 mois. » L’occasion également de revenir sur les futurs projets prévus sur l’îlot Pasteur?: à savoir la construction du collège, un hôtel 3 étoiles, un nouveau centre de tri postal, un ensemble de bureaux comprenant des surfaces pour le relogement des services ateliers municipaux, les bureaux domaniaux à la location, la maison des associations et enfin des parkings associés. Des ouvrages confirmés en séance par le ministre d’Etat.

Le coup de gueule de Spiliotis

Par Raphael Brun.

Vendredi 10 décembre, 19h59. L’élu indépendant Christophe Spiliotis-Saquet se lève et prend la parole. Avec des mots soigneusement choisis, il s’adresse au président Union pour la principauté (UP) du conseil national, Jean-François Robillon. En se basant sur une interview publiée le matin même dans Monaco Matin : « Les critiques que vous faites contre ceux qui ne partagent pas votre point de vue sont inacceptables, lance Christophe Spiliotis-Saquet. Tout comme vos déclarations dans la presse de ce jour. Car le président du conseil national, c’est le président de tous les élus, quelles que soient leurs idées politiques. Or, vous utilisez la voix de la présidence pour critiquer publiquement les élus de l’opposition Rassemblement & enjeux (R&E), faire votre propagande et mentir aux Monégasques. D’ailleurs, vous vous mentez à vous-même en affirmant dans cet article qu’il y a dans cette assemblée un bloc majoritaire en faveur de la construction immédiate de l’opération Tamaris (voir par ailleurs). Alors que les élus ont décidé à l’unanimité du report de cette opération de quelques mois, en attendant de connaître le site retenu par le gouvernement pour la construction du nouveau centre hospitalier princesse Grace (CHPG). »

Contacté par Monaco Hebdo, Christophe Spiliotis-Saquet avoue un rapprochement avec R&E. Mais il refuse d’aller plus loin, préférant garder son indépendance. Reste à savoir jusqu’à quand. Ce qui ne l’a pas empêché d’ajouter?: « Vous déclarez aussi que certains élus, qui sont d’anciens membres de la majorité, ont été approchés par divers partis et sont opposés aux logements pour les Monégasques. Tout comme les élus de l’opposition qui seraient, selon vous, contre la politique du logement des Monégasques. C’est faux?! Et vous le savez. D’ailleurs, certains élus, dont ceux de l’opposition, dont je fais partie aujourd’hui, ont souhaité que le programme Tamaris soit revu à la hausse pour disposer de plus d’appartements domaniaux à terme. » Avant de conclure?: « C’est vrai qu’il faut du courage politique pour dire à nos compatriotes qui attendent un logement depuis des années, de patienter encore quelques mois. En contrepartie, d’autres familles monégasques seront logées. Monsieur le président, ce courage politique, vous ne l’avez pas. Et vous attendez du gouvernement qu’il tranche cette question du logement. Je ne me suis pas engagé pour plaire mais pour servir l’intérêt général. Si votre majorité existe encore, ce n’est plus qu’une somme d’intérêts particuliers. Notamment depuis avril dernier, où la majorité s’est attribuée la totalité des présidences de commission. Alors que dans votre discours vous appelez à l’union, vous êtes le premier à créer des divisions. L’interview publiée ce matin le prouve. »

R&E?: “Le conseil national, greffier de l’exécutif”

Par Raphael Brun.

Le 10 décembre, un peu après 20 heures, c’est l’élu de l’opposition Rassemblement & enjeux (R&E), Laurent Nouvion, qui a pris la parole. « La majorité Union pour la principauté (UP) a transformé le conseil national en chambre d’enregistrement. Elle est devenue le greffier de l’exécutif. »

Du coup, cet élu a décidé de réagir, en dénonçant ce budget 2011 présenté « encore en déficit », à hauteur de 94 millions, par le gouvernement. « On se retrouve avec des dépenses certaines de 940 millions d’euros et des recettes optimistes, a souligné Laurent Nouvion. Or, il faut gérer cet argent en bon père de famille. Quand on a des recettes à 900 millions, on n’en dépense pas 940?! »

Steiner?:

“Dans l’ère du déficit structurel??”
« Le président de la commission des finances nous a donné un rapport dont le relief n’est pas sans évoquer Le plat pays de Brel face à la réalité topographique de l’état de nos finances. Or c’est le 10ème budget déficitaire depuis 1995. Et le 8ème depuis 2002. » Le 10 décembre, l’élu de l’opposition Rassemblement & enjeux (R&E), Christophe Steiner a critiqué le rapport de l’élu Union pour la principauté (UP), Alexandre Bordero. En estimant que ce rapport « masque les vraies questions. Sommes-nous entré dans l’ère du déficit structurel?? Combien de temps les liquidités du fonds de réserve peuvent éponger nos pertes?? » Avant d’ajouter, en s’adressant au ministre d’Etat, Michel Roger?: « Vous dépensez trop et trop vite?! Aujourd’hui, nous sommes donc condamnés à augmenter nos recettes. Ou, plus précisément, nos moyens de recettes. Mais aussi à réussir la relance de l’attractivité de notre pays. Cette relance doit passer par l’innovation, l’évolution et l’adaptation. »

Villa Paloma?:

La colère de Clérissi
« Je n’ai rien contre l’art, mais le musée de la villa Paloma, inauguré le 18 septembre avec l’expo La carte d’après nature, reste désespérément vide. C’est donc un échec. Or, je rappelle que l’on a racheté cette villa au fonds de réserve pour 77 millions?! » Le 10 décembre, l’élu Union nationale pour l’avenir de Monaco (Unam), Philippe Clérissi, s’est plaint du manque d’engouement autour de la villa Paloma. En ajoutant qu’il serait souhaitable de miser sur des expo « plus consensuelles pour fédérer et attirer plus de monde. » Du coup, le ministre a expliqué que « Le principe de ce musée, c’est d’avoir des expositions qui tournent. Donc l’espoir est permis, Monsieur Clérissi. » Ce qui n’a pas empêché cet élu Unam de ne pas voter la ligne de budget consacrée à la direction des affaires culturelles.

SBM?:

“Faites quelque chose?!”
Statut unique, respect de la priorité nationale et définition d’une véritable stratégie pour le marketing des jeux. Ce sont les questions abordées le 10 décembre, après 22 heures. D’ailleurs, l’élu Union pour la principauté (UP), Guillaume Rose a été assez alarmiste?: « Il est temps d’agir. Et vite. S’il vous plaît, faites quelque chose?! Car ça fait des années qu’on demande que le marketing des jeux soit renforcé. Et que le directeur des jeux ait les moyens d’agir. Mais ça fait des années qu’on nous ballade et que rien ne se passe. Résultat, la SBM est au plus mal. On a nommé deux nouveaux directeurs des jeux qui sont aujourd’hui comme deux pompiers au moment où les flammes sont déjà très hautes. Alors qu’avant le premier court circuit, le conseil national hurlait pour que quelque chose soit fait. » Réponse du ministre, Michel Roger?: « La situation des jeux de tables est très inquiétante. Mais la SBM ne va pas déposer le bilan. Car les hôtels marchent bien. Aujourd’hui, les jeux ça marche à Macao et au Moyen Orient, pas en Europe. Donc il ne faut pas trop noircir le tableau, surtout en séance publique. » Oui mais « ce sont les jeux qui ont toujours permis d’apporter des sous » a estimé l’élue UP, Brigitte Boccone-Pagès, avant de se plaindre du manque d’embauches réservées à des Monégasques. Comme l’élu Rassemblement & enjeux (R&E) Laurent Nouvion ou la présidente de l’UP, Anne Poyard-Vatrican, qui ont rappelé qu’avec 3?100 salariés, la SBM devrait pouvoir faire plus. « Recruter 2 Monégasques par an, c’est insuffisant. » Du coup, le gouvernement a révélé que le dernier conseil d’administration de la SBM a validé le recrutement d’un secrétaire général de nationalité monégasque. Reste à connaître le calendrier. Quant aux tensions liées à la création d’un statut unique, elles inquiètent Boccone-Pagès. Mais pas question pour le gouvernement d’intervenir en direct. « Le gouvernement est présent, a insisté Michel Roger. Il est même actif, comme il l’a été pour éviter la grève pendant le dernier Grand Prix. Mais le gouvernement n’est pas en charge de la gestion de la SBM. »