jeudi 25 avril 2024
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Béatrice Fresko-Rolfo : « Notre liste, c’est les bonnes personnes aux bons postes »

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À moins d’un mois de l’élection nationale du 11  février  2018, Monaco Hebdo donne à nouveau la parole aux leaders des trois listes engagées dans cette course. Béatrice Fresko-Rolfo, tête de liste Horizon Monaco, ouvre cette série d’interviews politiques.

Comment jugez-vous le climat de cette campagne électorale ?

M. Stéphane Valeri a fait prendre un virage dangereux à cette campagne lors de son dernier meeting. Horizon Monaco (HM) a été attaquée sans fondement, sur de fausses affirmations, par de nombreux candidats de la liste Primo !. Nous avons d’ailleurs répondu par le biais d’un communiqué sur les réseaux sociaux pour rétablir la vérité. Lors d’une campagne, il est normal de s’affronter sur les idées. Mais je ne tolère pas le mensonge. La liste Primo ! devrait respecter les électeurs et ne pas insulter leur intelligence. Les Monégasques ne sont pas dupes.

Quels rôles jouent les réseaux sociaux dans cette campagne ?

J’ai annoncé ma candidature en tant que tête de liste pour cette élection sur les réseaux sociaux. Cet outil permet d’entretenir une vraie proximité avec les Monégasques.

C’est aussi pour ça que vous avez lancé votre application HM pour iOS et Android ?

Oui, et cette application a déjà rencontré un joli succès, puisque plus de 300 personnes l’ont téléchargée sur leur smartphone. Les gens nous envoient parfois des questions, de façon totalement anonyme, c’est important de le rappeler. Cette interaction est intéressante, car elle nous permet de réagir. Et même d’affiner notre programme sur certains points.

On vous reproche d’avoir échoué dans l’union avec Union Monégasque (UM) pour un simple problème de répartition de sièges et pas pour un différend d’ordre idéologique ?

Cet épisode est derrière nous, désormais. Nous ne nous sommes pas entendus et nous avons pris la décision de ne pas nous unir avec l’ensemble des candidats HM présents à cette période. Mais cela ne nous a pas ralentis, ni gênés dans notre travail. Le schéma de notre liste est très simple : les bonnes personnes aux bons postes. J’ai voulu que la liste HM soit un véritable miroir de la société monégasque d’aujourd’hui. Et je pense y être arrivée.

 

Vous avez donc vos 23 colistiers ?

Bien sûr. La 24ème candidate est Maria Dolores Villalonga-Ottobruc. Une retraitée de 67 ans, très active, qui est depuis longtemps à nos côtés en politique. Elle a été commerçante pendant de nombreuses années à Monaco.

Quel bilan affiche le groupe parlementaire HM pour la mandature 2013-2018 ?

Dans ce bilan, il ne faut pas oublier qu’il y a deux phases : il y a avant et après 2016. Notre bilan sur le logement est très bon, contrairement à ce que l’on peut entendre. Nous avons initié la construction de 369 logements domaniaux, dont certains avaient été lancés avant 2013. Il y a eu les 133 appartements de l’Engelin, puis 150 à Testimonio. Et dès 2013, une politique de préemption inédite a été mise en place par notre majorité, avec environ 135 logements préemptés, ce qui est un record et une belle réussite.

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« Le bilan sur le logement est bien plus que l’objectif affiché de M. Valeri. En tout, 329 appartements attribués, auquel il faut ajouter 110 appartements récupérés »

 

L’intérêt de ces préemptions ?

Ces préemptions, outre leur destination pour permettre un remembrement, ont aussi servi à loger des Monégasques. Quant aux opérations intermédiaires, elles nous ont permis de livrer des appartements plus rapidement. Donc le bilan est bien plus que l’objectif affiché de M. Valeri. En tout, 329 appartements attribués, auquel il faut ajouter 110 appartements récupérés.

Mais chez Primo ! on juge que le bilan 2013-2018 est catastrophique !

Stéphane Valeri propose de construire 100 logements par an. Or, sur ces 100 logements, un bon nombre auront été votés par nous, mais ne seront livrés qu’à partir de 2019. Entre les opérations intermédiaires et Testimonio, 236 appartements auront déjà été votés et seront donc disponibles. Soit les 3/5ème des promesses faites par Stéphane Valeri et par Primo !. Nous n’avons donc vraiment pas à rougir de ce bilan sur le logement.

Il y aurait pourtant un manque de 150 à 300 appartements pour les Monégasques ?

Dans son premier meeting, Stéphane Valeri disait qu’il manquait 500 logements. Et aujourd’hui, c’est 150 à 300… Ce qui est tout de même plus raisonnable. Cette mandature a fait son job sur le dossier du logement domanial. Même si, bien sûr, il y a encore à faire. S’il n’y a pas de retard, nous sommes couvert jusqu’en 2021-2022, avec la livraison de Testimonio. Après cela, le gouvernement doit engager de la construction. Nous serons très fermes.

Il n’y aura aucun logement pour les Monégasques sur la future extension en mer : qui en porte la responsabilité ?

Au moment du vote de cette loi, je ne faisais plus partie de la majorité. Ce sont les référents et les candidats de Stéphane Valeri, qui étaient alors dans la nouvelle majorité, qui étaient aux manettes. Les erreurs et l’inaction sont partagées par l’ensemble des élus. Mais il faut se souvenir qu’il n’a jamais été question, de la part des hautes autorités, au regard de l’économie du projet, de créer des logements pour les Monégasques sur cette extension en mer. En revanche, une soulte d’à peu près 400 millions a été obtenue en contrepartie, qui pour nous, doit être convertie en immeubles domaniaux.

 

« Il faut se souvenir qu’il n’a jamais été question, de la part des hautes autorités, au regard de l’économie du projet, de créer des logements pour les Monégasques sur cette extension en mer »

 

Sur le dossier des Jardins d’Apolline le ministre d’Etat, Serge Telle, a annoncé le 23  décembre  2017 un chantier d’une dizaine de mois par bloc à partir de février 2018, soit « 36 à 40 mois » au total : le dossier est clos ?

Ce dossier ne sera clos que lorsque les locataires des Jardins d’Apolline pourront rentrer chez eux. Je regrette le retard pris dans ce dossier. Car j’ai conscience que la situation a été très compliquée à vivre pour beaucoup de familles monégasques. Aujourd’hui, les choses bougent enfin.

Mais les représentants de l’association des résidents des Jardins d’Apolline s’inquiètent du flou concernant le détail précis des travaux et contestent le choix Satri-Engeco et Pastor pour les futurs travaux ?

À l’annonce du choix des entreprises pour ces travaux, je n’étais pas satisfaite. Et puis, à la réflexion, c’est une bonne chose que ce soit un groupement de trois entreprises. Les entreprises ont, pour moi, l’obligation de finir le travail. Mais le gouvernement devra encadrer ces travaux de très près. Ce que je trouve regrettable, c’est la communication du gouvernement autour de ce dossier, que nous avons d’ailleurs dénoncée. Le ministre d’Etat aurait dû prendre le temps d’expliquer directement aux locataires cette décision. Je comprends que la lecture dans Monaco-Matin, un jour de Noël, ajoute de la tension là où on devrait chercher à accompagner et à apaiser.

Le gouvernement a indiqué que ces trois entreprises travailleront presque à « prix coûtant » ?

Je suis étonnée que les entreprises initiales ne travaillent pas gratuitement. Ça aurait été un geste élégant.

L’expertise technique du tribunal en charge de ce dossier fera connaître ses conclusions au second semestre 2018 : l’Etat prend un risque en refusant de s’aligner sur le temps judiciaire, en lançant des travaux sans connaître les vraies causes des dégâts, avec le risque de nouveaux sinistres ?

Le gouvernement a suivi ce que souhaitait le Conseil national, en faisant passer en premier lieu le facteur humain. Il fallait agir en urgence pour les familles et l’ensemble des compatriotes concernés. Je vous rappelle que l’on a frôlé la crise sanitaire grave. Pour le reste, j’espère que le gouvernement n’a pas pris cette décision à la légère et qu’ils ont pris le maximum de précautions possibles.

Certains vous reprochent d’être pilotée à distance par l’ex-leader de HM, Laurent Nouvion, qui était d’ailleurs présent à votre meeting ?

Auraient-ils posé cette question si j’étais un homme ? Je suis en politique avec Laurent Nouvion depuis 2008. J’ai travaillé avec Rassemblement & Enjeux (R&E), puis on a été élus ensemble, en 2013, avec HM. J’ai beaucoup appris à ses côtés et j’en suis très fière. Mais je ne suis pas son satellite. Aujourd’hui, je suis à la tête de la liste HM, seule.

Laurent Nouvion vous donne des conseils ?

Ça m’est arrivé de lui passer un coup de fil, oui, pour lui demander ce qu’il pensait d’un dossier. C’est normal, c’est avant tout un copain. Mais il n’y a pas que lui que j’appelle. Et ce n’est pas parce que j’appelle Laurent Nouvion que je suis sa marionnette. Cette idée est ridicule. C’est moi qui suis face aux électeurs.

Cette rumeur persiste depuis longtemps pourtant ?

Mes adversaires qui font courir cette rumeur n’ont rien contre moi. Ils en sont donc réduits à ça. Car je fais partie des élus les plus assidus lors des commissions. Je fais partie des conseillers nationaux qui ont le plus travaillé sur les textes. Ils n’ont rien à me reprocher. Alors ils veulent faire croire que je ne suis pas capable. Mais franchement… Entre Stéphane Valeri qui fait des va-et-vient entre le Conseil national et le gouvernement pour des ambitions de carrière et Jean-Louis Grinda qui s’époumone avec des propositions utopistes, j’ai largement démontré que j’avais ma place dans le débat.

Etre une femme en politique, c’est encore difficile en 2018 ?

Oui. Même si, heureusement, les choses avancent, il reste quelques réflexes sexistes. Il faut donc faire preuve d’une bonne dose d’humour quand on est une femme en politique.

 

« Lors d’une campagne, il est normal de s’affronter sur les idées. Mais je ne tolère pas le mensonge. La liste Primo ! devrait respecter les électeurs et ne pas insulter leur intelligence. Les Monégasques ne sont pas dupes »

 

Le monde politique monégasque est macho ?

Il est de moins en moins macho. Mais il l’est encore un petit peu. En tout cas, le monde politique monégasque est encore trop misogyne. Bien sûr, quand on est une femme, on n’a pas la voix qui porte et il arrive que l’on porte une jupe. Mais ce n’est pas parce que je porte une jupe que mon intellect est bridé.

Il y a combien de femmes sur votre liste ?

Il y a 11 femmes sur la liste HM, dont une tête de liste. Ce qui n’était jamais arrivé dans l’histoire du Conseil national.

Vous avez donc cherché à placer un maximum de femmes sur votre liste ?

Je peux assurer que ce n’était pas mon intention. La liste s’est construite au gré des rencontres et de ma volonté, j’insiste, de trouver les bonnes personnes pour les mettre aux bons postes. Or, il s’est avéré que dans beaucoup de cas, les femmes ont répondu présentes pour porter certains thèmes. Mais nous avons aussi nos 13 messieurs !

Vous auriez signé la tribune publiée par Catherine Deneuve dans Le Monde du 9  janvier  2018, dans lequel elle défend notamment « une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle », en compagnie d’un collectif de 100 femmes, dont Catherine Millet et Ingrid Caven ?

On ne peut pas faire de généralités. Il y a des femmes qui subissent beaucoup de désagréments, que ce soit dans le cadre professionnel ou familial. Donc, même si certaines femmes s’en sortent bien parce qu’elles évoluent dans des mondes avec des gens raisonnables, on ne peut pas dire qu’aucune femme ne souffre. À Paris, dans certains quartiers, des femmes ont exprimé leur ras-le-bol, parce qu’elles ne peuvent pas prendre le métro sans être victimes de sifflets ou de commentaires sexistes.

Vous êtes féministe ?

Avoir ce point de vue, ce n’est pas être féministe. C’est défendre des femmes qui souffrent. Je ne suis pas une féministe pure et dure, mais il y a encore beaucoup de progrès à faire.

Y compris à Monaco ?

En Principauté, les femmes n’ont pas à souffrir du harcèlement de rue. Mais il y a encore beaucoup de violences. Il y a encore des inégalités salariales et des difficultés pour accéder à de hautes fonctions. Donc, même dans un pays comme Monaco, on doit faire mieux et plus. Nous sommes tout de même en 2018…

Vos adversaires, Stéphane Valeri et Jean-Louis Grinda, vous reprochent aussi de ne proposer aucune idée nouvelle : que leur répondez-vous ?

Je leur réponds un chiffre : 100. J’ai proposé 100 propositions nouvelles lors de mon meeting, le 15 janvier 2018. Et il ne s’agit pas d’idées qui sont déjà actées depuis longtemps, comme Primo ! qui propose de construire un multiplex de cinéma à Fontvieille ou une tour administrative à l’îlot Charles III… Car tout cela a déjà été voté ou est en cours ! Quand je vois les idées de Primo !, par exemple sur le droit des femmes, ce sont des idées que je défends depuis 2016, alors que M. Valeri était encore membre du gouvernement. Donc je retourne la question à M. Valeri : où sont ses idées nouvelles ? Je suis en tout cas très fière d’être une inspiratrice pour Primo !.

Mais quand Jean-Louis Grinda propose de raser et de délocaliser le stade Louis II pour construire un millier de logements pour les Monégasques, c’est une idée nouvelle ?

Etant donné l’énorme budget que cela nécessiterait, autant construire sur la mer devant Fontvielle. Au moins, les Monégasques auront des appartements avec une jolie vue sur la mer.

La qualité de vie est un axe fort de cette campagne ?

Il est fondamental de trouver des solutions. Ces dernières années le ressenti des Monégasques est criant. Les gens se plaignent beaucoup du bruit, de la pollution, à cause des travaux, qu’ils soient publics ou privés. Nous demandons donc que les logements domaniaux, qui sont directement impactés par les travaux, soient tous équipés de doubles-vitrages pour réduire ces nuisances. Et ce n’est pas encore le cas. La population a aussi le besoin d’être informée, en toute transparence, pour agir en conséquence. Nous souhaitons donc la pose de panneaux indicateurs pour donner l’état de la qualité de l’eau potable et de l’air pour chaque quartier.

Que pensez-vous des routes solaires lancée par le gouvernement ?

C’est une excellente idée et la liste HM s’est penchée sur la question. C’est tout à fait faisable, rentable et intelligent. On va donc leur demander de développer ces routes solaires le plus possible. Et pourquoi pas l’éclairage public intelligent.

Quoi d’autre ?

Dans les cantines, on veut que soient introduits le plus possible de produits issus de circuits courts et de produits bio. Nous réclamons aussi, et on sera très fermes là-dessus, un bilan écologique complet de chaque grande manifestation qui se déroule à Monaco. Que ce soit le Grand Prix de Monaco, le Monaco Yacht Show… Cela ne signifie pas une interdiction. Il s’agit simplement d’informer le public sur l’impact, afin d’avoir des chiffres précis pour essayer d’améliorer les choses.

Vous demandez aussi que le parc de véhicules hybrides ou électriques soit développé ?

Pour cela, il faut augmenter le nombre de places de parking équipées de bornes de recharge rapide. Cela permettrait aussi de développer le nombre de taxis électriques, ils sont en demande

Il y a aussi les bateaux qui polluent beaucoup ?

C’est exact. Les croisières sont évidemment très importantes pour l’économie monégasque. Mais cela a aussi un impact écologique. Du coup, nous demandons l’instauration d’un tarif préférentiel pour les “clean ships”, c’est-à-dire les bateaux propres. Ce qui ne signifie pas qu’on demande à interdire les autres bateaux, mais que nous souhaitons privilégier les bateaux ayant fait un effort.

Votre position sur les travaux pour la future usine d’incinération ?

C’est tentant d’aller brûler chez les autres, mais nous souhaitons que cette usine d’incinération soit reconstruite là où elle se trouve, à Fontvieille.

Mais il y a une école à proximité !

C’est pour cela que nous souhaitons qu’elle fonctionne avec les technologies les plus récentes, des technologies propres. Des solutions existent. N’oublions pas que cette usine produit le chauffage pour tout un quartier. Notre autonomie en matière de gestion de déchets n’est pas négociable.

Il y a des inquiétudes du côté de la fonction publique ?

Nous demandons la création d’un fonds de retraite pour la retraite des fonctionnaires. La retraite des fonctionnaires aurait un coût pour le budget de l’Etat estimé à 1 milliard d’euros. Je regrette que Monsieur Valeri, alors conseiller-ministre au gouvernement pour les affaires sociales ne se soit pas emparé du sujet plus tôt. Or, rien n’a été fait. On a perdu beaucoup de temps. Le gouvernement vient de créer, lors du budget primitif 2018, en décembre 2017, une poche dans le fonds de réserve constitutionnel. Je souhaite que le gouvernement fasse désormais comme n’importe quel employeur privé : qu’il cotise, en fonction des salaires de chacun.

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« Quand je vois les idées de Primo !, par exemple sur le droit des femmes, ce sont des idées que je défends depuis 2016, alors que M. Valeri était encore membre du gouvernement. Donc je retourne la question à M. Valeri : où sont ses idées nouvelles ? Je suis en tout cas très fière d’être une inspiratrice pour Primo ! »

D’autres mesures ?

Il faut que le gouvernement négocie un régime de prévoyance, avec garantie décès invalidité et santé, auprès d’organismes d’assurances, à des tarifs préférentiels. Ce qui offrira une couverture supplémentaire. De plus, pour favoriser le retour à l’emploi dans la fonction publique après un arrêt maladie, il faudrait augmenter le nombre d’emplois à temps partiel dans la fonction publique. Actuellement, il y en a très peu, moins d’une dizaine, je crois. Il faut le renforcer.

Il faut professionnaliser le poste de président du Conseil national ?

Il en est hors de question. Cette idée proposée par Stéphane Valeri était plus large au départ, puisqu’il s’agissait de professionnaliser aussi les postes des quatre présidents de commissions permanentes. Puis, M. Valeri a limité sa proposition au président du Conseil national. Une chose est sûre : si le président est chirurgien, je ne me ferai pas opérer par lui après 5 ans de mandat… Ce n’est pas au gouvernement de financer le salaire du président du Conseil national. Être élu, ce n’est pas un métier. On devient élu parce qu’on a envie de se mettre au service de son pays. Pour moi, vouloir être élu ne doit pas être guidé par une carrière ou une ambition salariale.

Cela pose le problème de la cotisation pour la retraite, puisque le président du Conseil national n’est pas salarié ?

Ma retraite, je la constitue moi-même. Je rappelle que M. Valeri a racheté des parts dans une entreprise de communication. Il peut donc se faire aider dans cette tâche et constituer sa retraite.

Monaco Telecom est aussi un sujet pour vous ?

Monaco Telecom est une entreprise concessionnaire. Je regrette que Monaco Telecom emploie encore trop peu de Monégasques et de résidents. Car les résidents doivent aussi pouvoir travailler dans le pays dans lequel ils vivent. Je remarque que d’autres entreprises concessionnaires, comme la Société Monégasque d’Electricité et de Gaz (Smeg) respectent beaucoup mieux la priorité nationale que Monaco Telecom.

Et à la Société des Bains de Mer (SBM) ?

Le secteur hôtelier et administratif de la SBM doit faire des efforts pour embaucher davantage de Monégasques. Car tous les Monégasques n’ont évidemment pas vocation à devenir croupiers à la SBM ! Il faudrait que la SBM communique à l’Etat un prévisionnel sur les futurs départs à la retraite dans tous les secteurs, de façon à ce que les Monégasques se forment en fonction des postes qui seront à pourvoir.

Comment optimiser la gestion de la SBM, qui enchaîne les mauvais résultats et les pertes financières ?

J’ai confiance dans le redressement de cette entreprise. J’ai hâte de voir le One Monte-Carlo terminé. Quant à la loi de désaffectation votée par le Conseil national pour que ces immeubles puissent être construits, je rappelle que le terrain désaffecté ne touchait absolument pas le Sporting d’Hiver. Donc, quand j’entends Michèle Dittlot affirmer qu’avec cette loi de désaffectation nous avons détruit le Sporting d’Hiver, je lui réponds non : c’est une contre-vérité. Nous avons juste donné à la SBM les moyens de bâtir sa dernière tour, pour que cette entreprise puisse devenir plus rentable et embaucher plus de Monégasques.

La SBM n’a donc rien à changer pour améliorer ses résultats ?

Il faudrait que la SBM organise plus d’échanges avec ses nouveaux actionnaires que sont LVMH et GEG Invest. Expérience, formation, bonnes pratiques, nouvelles technologies… Il y a beaucoup à faire avec ces actionnaires, qui sont de grands groupes. Cette synergie ne peut être que bénéfique. Nous serons aussi très vigilants sur l’avenir du partenariat avec le Fairmont, qui prend fin en 2022. Nous n’avons aucune information sur ce sujet. Or, c’est un dossier important, qui peut avoir des conséquences, sur le Sun Casino notamment, mais aussi sur certains emplois de l’hôtel qui peuvent concerner des Monégasques.

Et pour les écoles de jeu de la SBM ?

Nous avons réclamé une planification à long terme de ces écoles pour les jeux de table. Pour deux départs à la retraite, il est prévu un seul recrutement, par la convention collective des jeux de tables. Quant au futur One Monte-Carlo, nous veillerons à ce que la priorité nationale soit respectée, car beaucoup d’emplois devraient être créés.

Votre position pour les négociations entre Monaco et l’Union européenne (UE) ?

Les lignes rouges fixées par le Prince et son gouvernement doivent absolument être respectées. Ensuite, nous respectons la Constitution monégasque : les négociations avec l’UE reviennent au Prince. Les Monégasques sont minoritaires dans leurs pays, nous devons les protéger. Il y a un manque de communication de la part du gouvernement vis-à-vis de la population. Pourtant, nous avons demandé à plusieurs reprises qu’ils fassent le nécessaire. Une question posée par l’intermédiaire de l’application HM nous a marqués : 85 % des Monégasques qui nous ont répondu estiment ne pas être suffisamment informés sur ces négociations Monaco-UE.

Quel sera le rôle du Conseil national dans ce dossier européen ?

Si un accord est trouvé, le gouvernement devra obtenir de la part du Conseil national le vote d’une loi de ratification. Si les négociations sont compliquées et débouchent sur un accord qui n’est pas satisfaisant, le gouvernement peut s’appuyer sur les élus pour qu’ils ne votent pas ce texte. Comme l’UE accorde une grande importance à la voix du peuple, le choix du Conseil national sera entendu.

En 2013, pendant la campagne électorale, l’ex-leader de HM et ex-président du Conseil national, Laurent Nouvion avait déclaré « on veut rester chez nous, entre nous, avec nos sous » : le positionnement de HM a donc évolué de 180° ?

Apparemment, oui. On est entre nous et on n’a pas besoin d’être subventionnés par l’Europe. C’est une force. Les résidents étrangers à Monaco sont nombreux. Ils apportent une véritable valeur ajoutée à notre économie. Or, notre économie permet de financer les aides sociales et les logements pour les Monégasques. Il ne faut pas l’oublier non plus. Mais il faut que Monaco conserve la possibilité de pouvoir décider quelles professions peuvent venir s’installer en Principauté. Notamment pour les architectes, les dentistes ou les avocats par exemple.

Qu’attendez-vous de l’Europe ?

Je me questionne. Qu’est-ce que cela va impliquer pour nous, ensuite ? Est-ce que les élus et l’administration seront capables de faire face à la réglementation européenne ? Est-ce qu’on aura la capacité d’absorber tout ce travail administratif ?

Comment allez-vous organiser votre campagne jusqu’au 11  février  2018 ?

Après notre grand meeting du 15 janvier, on est à une vingtaine de jours de l’élection. D’ici là, on lancera quelques actions ciblées, surtout à travers les réseaux sociaux. Il y aura aussi quelques conférences de presse. Et du terrain, surtout !

Un débat télévisé aura lieu entre les trois candidats, comme le souhaite Jean-Louis Grinda ?

Je ne suis absolument pas frileuse sur ce sujet. Au contraire. J’accepte l’idée d’un débat télévisé, mais j’exige, en revanche, qu’il soit très sérieusement encadré, avec des minuteurs. Il faut aussi que les journalistes qui encadrent ce débat télévisé, qui serait une première en Principauté, soient parfaitement neutres. Il faudra, de toute façon, que le dépôt des listes, qui a lieu du 22 au 26 janvier 2018, soit terminé pour envisager une date concernant ce débat télévisé. Cela pourrait avoir lieu entre le 27 janvier et le 5 février.