vendredi 29 mars 2024
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2013 en ligne de mire

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Anne Poyard Vatrican
Anne Poyard Vatrican © Photo DR.

A deux ans des élections nationales, les deux premiers partis de Monaco, l’Union pour la principauté et Rassemblement & Enjeux se disputent déjà les faveurs des électeurs. Mais pour l’UP, les luttes de pouvoir se font sentir aussi en interne…

Drôle d’ambiance à la galette des rois organisée par l’Union pour la principauté le 20 janvier. « Au moins pour le naufrage du Titanic, il y avait de la musique… », soupire l’un des cadres du parti à l’issue de cette réunion politique qui, au final, n’avait rien de vraiment… politique. On s’attendait effectivement à un discours plus combatif de l’UP, deux jours après l’assemblée générale de Rassemblement&Enjeux, où les trois élus de l’opposition avaient, l’un après l’autre, tiré à vue sur le parti majoritaire.

Le cadre était pourtant propice?: pour les nostalgiques de 2003, date de la première victoire de l’UP aux élections nationales, la Chaumière avait accueilli la première mise sous plis. De quoi, a priori, galvaniser des militants sans doute venus dévorer autre chose qu’une part de frangipane. Mais pour la présidente de l’UP, cette réunion, qui a rassemblé une centaine de personnes, a plutôt servi à énumérer quelques-uns des combats menés depuis deux mandats?: « On a démontré que lorsqu’on a des idées importantes pour Monaco, on savait les faire avancer?: l’accession à la propriété, l’attribution des locaux commerciaux, la loi sur l’égalité hommes-femmes en matière de transmission de la nationalité. » Juste un petit tacle pour les adversaires et leur leader Laurent Nouvion?: « Nous agissons pendant qu’il décide de descendre du Rocher. Le fera-t-il en bus ou à pied?? En ligne politique, il a des progrès à faire. » Avant de rectifier?: « Pour lui, si l’UP se préoccupe de la qualité de vie des Monégasques, c’est par électoralisme. Non, on le fait par conviction. »

Pas d’appel à l’unité

Bref, rien de bien saignant et encore moins d’appel à l’unité alors que deux jours avant, Laurent Nouvion livrait une analyse au vitriol de la majorité?: « Au conseil national, il y a des opportuno-majoritaires, Poyard, le chef de cabinet Fiorucci, Bordero… Ils se détestent tous… La majorité est sur une voie sans issue. Elle a passé tellement de trocs et de négociations souterraines qu’aujourd’hui, elle n’a qu’une seule possibilité?: voter les budgets et tout accepter. » Une attaque directe qui est restée sans réponse du côté de l’UP. Coiffé de sa double casquette de président du conseil national et de président d’honneur de l’UP, Jean-François Robillon a tout de même défendu les choix de sa majorité?: « C’est facile de dire non au gouvernement mais ma responsabilité d’élu et de président du conseil national est plutôt de faire des propositions. C’est ce qu’on a fait avec la clause résolutoire sur l’opération domaniale des Tamaris afin de lancer les études, tout en pouvant mettre fin au programme si le choix du site de l’hôpital pose problème. »

En revanche, il faudra certainement attendre la prochaine assemblée générale pour voir l’UP se mettre réellement en ordre de bataille. Car à part les « on a besoin de vous » et « c’est vous l’arbitre », aucun plan de bataille n’a été esquissé pour l’échéance électorale de 2013. S’il est évident que l’UP n’a pas à se caler sur l’agenda de son adversaire – Rassemblement & Enjeux lance déjà son timing de campagne en organisant des “réunions d’appartements” -, le premier parti de Monaco ne peut lui laisser le terrain libre si justement, il veut le rester. Sauf à risquer une érosion de son électorat. Un électorat qui peine déjà à comprendre les tiraillements et chamailleries internes sous-jacents depuis plus d’un an.

Secret de polichinelle

Depuis l’élection de Jean-François Robillon à la présidence du conseil national, les divergences avec la présidente du parti sont un secret de polichinelle. En toute transparence, Anne Poyard-Vatrican ne s’est jamais caché de s’être opposée à la sortie de l’Unam de la majorité ou encore à la candidature en tant que tête de liste de Jean-François Robillon en 2013. Et ce par un communiqué officiel du bureau politique – et non du comité directeur -passé l’été dernier. Au risque d’entamer l’unité, ne serait-ce que de façade, pourtant indispensable à une victoire aux prochaines élections. Mais il faut dire que d’aucuns parlent déjà une scission au sein de l’UP. Info ou intox, l’avenir le dira.

En attendant, on subodore en tout cas que la prochaine assemblée générale de l’UP, qui devrait se dérouler en mars, sera pour le moins instructive. C’est à ce moment qu’on verra, à travers les élections du comité directeur, quelle est la force de chaque clan. Et donc, par conséquent, si Anne Poyard-Vatrican sera reconduite présidente de l’UP.

Logiques opposées
Difficile pour la majorité de trouver un positionnement politique. R&E a trouvé le sien?: il tape souvent sur le gouvernement et sur les dysfonctionnements des relations institutionnelles. Une phrase de Laurent Nouvion résume sa philosophie?: « De 1962 à 2002, le pays a fonctionné grâce à ce que j’appelle le triangle magique, composé du cabinet princier, du gouvernement et du conseil national. Il y avait un rapport de force équivalent entre ces trois entités pour un fonctionnement harmonieux. Désormais, nous ne trouvons plus ce triangle. Le conseil national est affaibli, le gouvernement est instable et le cabinet princier joue-t-il son rôle?? Je pose aujourd’hui la question », avait-il déclaré à Monaco-Matin le 19 janvier. La majorité, elle, réfute de transformer le conseil national en chambre d’enregistrement comme le prônent ses adversaires. Tout en défendant bec et ongle le bien fondé du consensus pour la stabilité du pays. Reste à savoir quel discours l’emportera auprès des électeurs.