mercredi 24 avril 2024
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Marjorie Crovetto-Harroch : « Nous sommes gâtés et gourmands »

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Elue municipale depuis 2007, Marjorie Crovetto-Harroch est en charge du pôle cadre de vie, police municipale et du contrôle des dépenses. Candidate pour les élections municipales du 17 mars, elle explique à Monaco Hebdo pourquoi elle a décidé de poursuivre son engagement en politique aux côtés du maire sortant, Georges Marsan. Interview.

Quel bilan faire du mandat 2015-2019 qui vient de s’écouler ?

Cela fait 12 ans que je suis au conseil communal et je dois dire que ce dernier mandat a été particulièrement riche et intéressant. Dans la plupart des domaines, nous avons eu la grande satisfaction et le plaisir de concrétiser notre programme, et même souvent d’aller au-delà de ce que nous avions prévu, voire même imaginé, il y a 4 ans. Nous sommes très fiers de notre bilan, qui est le résultat d’un véritable travail d’équipe, de notre liste bien entendu, mais également du professionnalisme et de l’implication sans faille de l’ensemble du personnel municipal.

Quelles sont vos principales satisfactions ?

Monaco est entré dans une ère de transition et au travers de ma délégation cadre de vie environnement et développement durable, j’ai la chance de pouvoir y participer et veiller à ce que la mairie soit un acteur privilégié de cette évolution. Pour la transition numérique, j’ai participé à la mise en place de l’application Pay By Phone, qui permet aux particuliers de gérer la durée de leur stationnement horodaté à distance et d’en payer le juste prix. Elle constitue le premier pas de la smart city. De même, le 8 octobre 2018, j’ai assisté avec une grande satisfaction à la signature par le maire, du pacte national pour la transition énergétique, qui vient officialiser la position prise depuis plusieurs années par le conseil communal d’agir en faveur de l’environnement.

Il y a aussi des regrets ?

J’ai bien un regret, c’est vrai et même un immense regret, qui est le même depuis mon engagement au sein du conseil communal. C’est celui de n’avoir pu encore, et malgré mon implication totale sur la question, donner une reconnaissance suffisante et à la hauteur de leur investissement aux agents de la police municipale. Certes les choses ont énormément évolué, puisque il y a 12 ans la police municipale n’avait ni tenue, ni grade. Mais cela reste insuffisant. Et je constate avec regret que bien que les policiers municipaux voient partout ailleurs leurs compétences se renforcer, ce n’est pas encore le cas en principauté. Mais rassurez-vous, je n’ai pas dit mon dernier mot, et je continuerai à réclamer sans faiblir un véritable statut pour nos agents.

La qualité de vie en principauté est un sujet sensible depuis plusieurs années : que peut faire la mairie sur ce dossier ?

En tant que mairie, nous sommes concernés au tout premier plan par la qualité de vie des résidents de la principauté. Car la mairie, c’est d’abord la proximité. La première chose qui me vient à l’esprit, c’est que nous devons être très vigilants pour maintenir la qualité et le niveau d’excellence des services que nous proposons, et toujours continuer à les développer. Je pense bien entendu au social, avec les crèches et le maintien à domicile des personnes âgées mais aussi à l’animation.

Et en ce qui vous concerne ?

Pour ma part, je suis déléguée à la police municipale et j’ai vraiment à cœur que celle-ci soit une police de proximité. Il est primordial qu’elle soit quotidiennement en contact avec la population de Monaco pour jouer un rôle de relais entre les habitants et la mairie. Les informations remonteront ainsi plus rapidement en mairie, et une solution immédiate pourra être trouvée à chaque problème. Le maire préside également deux commissions mixtes qui nous permettent d’apporter des réponses concrètes aux doléances de la population.

Lesquelles ?

La commission de la circulation, au travers de laquelle nous veillons scrupuleusement à ce que tout ce qui se passe en termes de manifestations, chantiers et autres événements en principauté aient le moins d’impact possible sur la circulation. Je prends pour exemple marquant le Yacht Show, pour lequel nous avons réussi à obtenir des organisateurs une fermeture minimale de la route de la piscine.

Et la seconde commission ?

Il existe aussi la commission des quais et plages, qui nous permet, encore une fois, d’être le relais des attentes des résidents. Nous menons depuis plusieurs années l’opération Monaco Plage Propre, en partenariat avec la Société Monégasque d’Assainissement (SMA) et la Direction du Tourisme et des Congrès (DTC), qui consiste à distribuer des cendriers sur la plage et à sensibiliser les fumeurs pour qu’ils ne jettent pas leurs mégots sur le sable ou dans la mer. Dans ce cadre, nous voulons que la partie de la plage qui se trouve devant les jeux d’enfants soit aménagée en espace non fumeur.

Quoi d’autre ?

Améliorer le cadre de vie, c’est aussi faciliter la vie au quotidien des résidents. La mairie s’est lancée avec beaucoup d’énergie dans la transition numérique, avec notamment la transmission des actes d’état civil en ligne, et la smart city. Nous avons mis en place l’application Pay By Phone, et je peux vous assurer que beaucoup d’autres applications de ce style sont aujourd’hui en projet.

La police municipale a été récemment réorganisée : qu’est-ce qui a été fait ?

Ces dernières années, la police municipale a été en quelque sorte écrasée par une masse de travail administratif au détriment de ses missions de terrain. Nous avons donc engagé une réorganisation totale de l’organigramme du service, afin d’optimiser les missions qui lui sont dévolues. Trois pôles bien distincts ont été créés pour répondre aux besoins actuels : un pôle technique (garage municipal, horodateurs, gestion des panneaux de réservation de stationnement), un pôle administratif, avec un personnel suffisamment important pour répondre dans les meilleures conditions d’accueil et de temps aux demandes d’occupation de la voie publique et enfin un pôle surveillance, disposant d’agents supplémentaires.

Votre objectif ?

L’objectif est d’accentuer encore d’avantage les missions de proximité, avec une présence accrue d’agent sur les sites de la mairie : parc princesse Antoinette, marchés, cimetière… Cette proximité est très rassurante dans la période actuelle, notamment dans les manifestations que la mairie organise.

La police municipale est suffisamment efficace aujourd’hui, ou des améliorations sont en projet ?

Cette refonte du service a été imaginée en regardant loin devant nous. Elle va s’opérer en plusieurs étapes, mais, à son terme, nous pourrons envisager sereinement l’avenir et disposer d’une police efficace pour répondre aux besoins futurs de la mairie, de la ville et de ses habitants. Le nombre d’agent sera suffisant pour assurer notamment un service d’ordre durant l’ensemble des manifestations organisées par la commune. Mais, si nous voulons vraiment bénéficier d’une police municipale opérationnelle, il est impératif que le statut des agents suive cette évolution et que le gouvernement princier leur reconnaisse enfin la qualité d’agent de police judiciaire (APJ).

Vous êtes chargée du contrôle municipal des dépenses : la mairie parvient-elle à optimiser ses dépenses ?

En 2007, avec la modification de la loi sur l’organisation communale, nous avons acquis une autonomie budgétaire et nous sommes passés d’un système de subvention, à un mécanisme de dotation forfaitaire. La mairie a donc mis en place son propre système de contrôle de ses dépenses. Chaque dépense est ainsi contrôlée par le service du contrôle municipal des dépenses, avec à sa tête un chef de service et un personnel extrêmement rigoureux. Ce service est lui-même chapoté par un chargé de mission à l’économie et aux finances, qui veille à ce que nos dépenses soient réalisées en adéquation totale avec notre programme budgétaire, qui correspond à la politique souhaitée par le maire et le conseil communal. La tenue rigoureuse d’une comptabilité analytique joue aussi un rôle très important dans l’optimisation de nos dépenses. Je rappellerai quand même que 75 % de nos dépenses sont des dépenses liées au personnel municipal.

Le budget de la mairie est suffisant ?

Nos recettes ne pourront jamais couvrir la totalité de nos dépenses. Aussi, je dois bien reconnaitre que nous sommes gâtés, et que la dotation que nous recevons du gouvernement princier nous place dans une situation enviable par rapport aux communes des pays voisins. Mais si nous sommes gâtés, nous sommes aussi très gourmands et nous nous devons de l’être.

Comment améliorer les recettes pour gagner en autonomie ?

Au cours de ce dernier mandat, nous avons lancé une réflexion sur les recettes propres de la mairie. En effet, développer et optimiser nos recettes nous permet de gagner en autonomie et de mener de nouveaux projets pour le bien-être de nos Monégasques et résidents. Une commission menée par Axelle Amalberti-Verdino a donc travaillé sur l’ensemble des services de la mairie pour augmenter nos finances, avec des résultats très concluants pour tous, notamment le service de l’affichage qui enregistre une hausse de 7 % de ses recettes depuis 2015.

Avec les travaux à l’anse du Portier et bientôt au Larvotto, la qualité de vie va mécaniquement continuer à baisser ?

Nous n’avons malheureusement pas notre mot à dire dans la planification des chantiers en principauté et nous ne pouvons pas intervenir sur les nuisances occasionnées. Par contre, nous serons extrêmement vigilants à ce que ces opérations se déroulent dans les meilleures conditions possibles de circulation. Au niveau du Larvotto, la plage sera fermée pendant toute la durée des travaux. Aussi, afin de continuer à offrir un lieu de baignade à la population, nous demandons que des transats soient installés sur le solarium. Cet espace sera ainsi plus convivial et confortable et permettra de patienter jusqu’à la réouverture de la plage du Larvotto.

Comment lutter contre le gaspillage et favoriser l’économie circulaire ?

Nous menons diverses campagnes de sensibilisation, dont celle visant à lutter contre le gaspillage alimentaire. Depuis plusieurs années nous distribuons à des restaurateurs partenaires et avec l’association MC2D, des “doggy bags”, appelés La Petite Boite, pour proposer à leurs clients d’emporter les plats non terminées. A ce jour, plus de 13 000 Petites Boites ont été distribuées. Des sacs pour proposer à leurs clients d’emporter également les bouteilles non finies leur seront en plus remis prochainement.

Vous avez d’autres projets ?

Nous projetons aussi de travailler avec les cantines scolaires, pour leur proposer des actions de sensibilisation des élèves et des ateliers pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Mais nous avons décidé d’aller au-delà et d’élargir notre champ d’action, en nous engageant à lutter contre toute forme de gaspillage et à favoriser l’économie circulaire. Dans ce cadre, nous organiserons tout au long de l’année, à l’espace Léo Ferré, des collectes d’objets pour leur donner une deuxième vie : jouets, livres, appareils électriques et électroniques, fournitures scolaires, vêtements chauds…

Quels sont les grands projets sur lesquels vous souhaitez travailler pour la mandature 2019-2023 ?

La mairie de Monaco a toujours été un exemple en matière de développement durable et je veux vraiment m’engager pour qu’elle le reste. Notre engagement doit être un signal fort adressé à nos compatriotes. Nous sommes quotidiennement à leur contact et nous pouvons donc, à travers nos engagements, non seulement montrer l’exemple, mais aussi les entraîner dans une dynamique positive en faveur du développement durable. Dans cette perspective nous avons décidé de ne pas attendre 2020 et de supprimer tous les gobelets, bouteilles et autres contenants en plastique de nos bureaux. La mairie sera prochainement équipée de fontaines à eau plate, gazeuse et chaude et chaque membre du personnel se verra remettre une gourde.

Et en dehors de la mairie ?

Nous accompagnerons les commerçants des marchés dans la suppression de la vaisselle et des contenants plastiques en leur proposant des substitutifs, en collaboration avec la démarche « commerce engagé », impulsée par la direction de l’environnement. Nous projetons de mettre à disposition de tous les commerçants présents lors des manifestations organisées par la mairie comme la foire attraction, le village de Noël et même le Grand Prix, des verres réutilisables dans lesquels ils vendront leurs boissons. Le client pourra ainsi soit repartir chez lui avec son “écocup”, soit le restituer et obtenir le remboursement de la consigne.

D’autres lieux municipaux sont visés ?

Les crèches sont des lieux de vie propices au changement de pratiques pour un meilleur respect de l’environnement et de la santé de chacun. Elles sont aussi un levier pour engager les citoyens, professionnels, parents et enfants, dans un modèle de société plus durable. Nous souhaitons que nos crèches s’inscrivent dans une démarche encore plus écoresponsable, respectueuse de la santé des enfants et du personnel. Nous avons l’ambition d’installer le développement durable en pratique, au quotidien, dans le domaine de la petite enfance, avec la mise en place d’une démarche plus durable au sein des crèches, tout en conservant une liberté de choix et sans contrainte supplémentaire trop lourde.

Et les véhicules de la mairie ?

Et, bien entendu, nous poursuivrons plus que jamais nos efforts au niveau de notre flotte de véhicules, afin de remplacer les véhicules thermiques par des véhicules électriques. La décision a d’ores et déjà été prise de remplacer immédiatement l’ensemble des deux roues par des scooters électriques. Cette objectif sera très prochainement atteint. J’ai un rêve, celui de disposer un jour d’une flotte 100 % électrique.