vendredi 29 mars 2024
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Jean-Louis Grinda : « Je veux voir toutes les dépenses et toutes les recettes »

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Dans le cadre des élections nationales de février 2018, Monaco Hebdo a décidé de donner la parole aux têtes de listes engagées dans cette course. Jean-Louis Grinda, tête de liste Union Monégasque pour les élections du 11 février 2018, ouvre cette série d’interviews et nous explique ses positions (1).

Votre sentiment sur les “affaires” José Badia et Guillaume Rose (2) ?

Il n’y a pas d’affaire José Badia, lui-même l’a indiqué clairement. Par contre, Primo ! a reproché à Monaco-Matin sa présentation de l’évènement. Je trouve regrettable qu’un mouvement politique remette en cause la liberté de la presse pour raisons de convenances personnelles… Concernant M. Rose, je ne pense pas qu’il soit opportun de commenter une ordonnance souveraine.

Récupérer les “affaires” Badia et Rose d’un point de vue politique et électoraliste, ce n’est pas très “fair play” ?

Personne ne m’a entendu sur ces sujets…

Comment jugez-vous le climat dans lequel se déroule cette campagne électorale ?

Union Monégasque (UM) déroule des idées, notamment dans les conférences de presse et les réunions publiques que nous organisons régulièrement. Mais une chose m’étonne : je ne vois d’idées ni chez Horizon Monaco (HM), ni chez Priorité Monaco (Primo !). Je parle ici de vraies idées, sur des sujets forts. Comme, par exemple, notre proposition pour les bourses scolaires, qui est une vraie façon de changer les choses. Même si, bien entendu, on peut ne pas être d’accord avec nous. On pourrait aussi citer notre moratoire sur les chantiers et le droit à la tranquillité pour chaque quartier. Et ce n’est pas fini… La campagne est longue et il y aura des propositions fortes, et sans doute surprenantes, de notre part.

Mais depuis octobre 2017 Primo ! et Stéphane Valeri ont organisé 12 pôles d’écoute et de propositions (Pep’s) !

Oui, mais je n’ai vu aucune idée nouvelle de leur part. Ils ont, par exemple, proposé de créer un multiplexe de cinéma dans le futur centre commercial de Fontvieille. Sauf que ce n’est pas une idée nouvelle : ça fait 5 ans qu’on en parle ! Pourquoi réclamer ce qui était déjà annoncé par Michel Roger ? Sinon, ils ont aussi proposé de construire 100 logements par an. Ce n’est pas une nouveauté. Avec les opérations intermédiaires, depuis le début de la mandature, en 2013, on a toujours construit entre 80 et 100 appartements par an…

Donc, tout va bien ?

Non, car nous savons tous que ça ne suffira pas. Du coup, je trouve malvenu de venir sur la scène politique avec une proposition qui est insuffisante. Surtout quand on sait que Stéphane Valeri a sacrifié 20 appartements domaniaux dans le bloc C de l’immeuble des Tamaris. Par sa faute, il y a aujourd’hui 20 familles monégasques qui ne sont pas logées en Principauté. On peut aussi parler des appartements domaniaux transformés en bureau dans la tour Odéon, à la demande de Jean-Michel Cucchi. Or, peut-être que des gens auraient été contents d’y habiter, en attendant de trouver quelque chose de mieux. Pour moi, leur bilan, c’est 35 appartements de perdu. C’est un fait vérifié et indiscutable.

Primo ! estime que grâce à l’extension et la surélévation du centre commercial de Fontvieille, il sera possible de construire 80 appartements supplémentaires réservés aux Monégasques ?

Je n’ai jamais entendu parler de ce projet. J’ai même posé la question aux responsables de Carrefour qui n’en savent pas plus ! Or, avec ces appartements en plus, ce n’est plus du tout le même projet d’architecture. Est-ce un dossier que le gouvernement nous a caché ? Nous le saurons très bientôt, car je poserai la question en séance publique.

 

« C’est bien gentil de parler de construire 100 logements par an quand on a été dans le gouvernement et que l’on n’a pas levé le petit doigt pour que des appartements pour les Monégasques soient prévus et construits sur l’extension en mer. Stéphane Valeri avait la légitimité pour intervenir. Il ne l’a pas fait »

 

En tout cas, Primo ! et Stéphane Valeri ont promis de faire du logement la priorité absolue du Conseil national ?

C’est bien gentil de parler de construire 100 logements par an quand on a été dans le gouvernement et que l’on n’a pas levé le petit doigt pour que des appartements pour les Monégasques soient prévus et construits sur l’extension en mer. Stéphane Valeri avait la légitimité pour intervenir. Il ne l’a pas fait. Et j’ai même entendu en séance publique au Conseil national, le président de la commission du logement dire que, « évidemment », il n’y aurait pas de logements domaniaux sur l’extension en mer. À eux d’assumer tout ça.

Pourquoi UM insiste pour réformer la loi électorale ?

Cette loi n’est pas correcte. On constate d’ailleurs que depuis 10 ans, aucune majorité n’a tenu… Il est normal qu’il y ait une prime au vainqueur des élections pour qu’il puisse mener sa politique. Mais il ne faut pas que la minorité soit réduite à quatre élus maximum. Avec 40 % des voix en 2013, UM a obtenu seulement trois élus. Ça n’a pas de sens.

Mais la loi électorale aurait pu être modifiée entre 2013 et 2018 ?

Oui, mais HM ne l’a pas fait. Et, bien sûr, aujourd’hui que ça les arrangerait, ils disent qu’il faudrait réformer ce texte. Ils portent la responsabilité de ce statu quo. Je note aussi que Primo ! ne propose pas de changement.

Pourquoi avoir critiqué Christophe Steiner, avant de finalement vous déclarer prêt à faire une liste avec lui et les élus de la Nouvelle Majorité ?

J’ai été critique avec le président Nouvelle Majorité (NM) du Conseil national, Christophe Steiner, sur le dossier du port de Vintimille. J’ai même dit en séance publique : « Moi président, ça ne se serait pas passé comme ça ! ». Même si je ne partage pas l’intégralité de ses décisions, Christophe Steiner a eu un comportement exemplaire vis-à-vis de notre groupe politique. Donc, s’il avait souhaité être candidat pour les élections nationales de février 2018, on aurait sans doute pu trouver une base politique commune. UM aurait été un aiguillon politique assez important auprès de lui. Après le retard législatif pris par Laurent Nouvion et HM, il a fallu cravacher dur. Et j’ai toujours dit que NM avait alors fait un gros travail législatif pour parvenir à voter un maximum de textes d’ici la fin de cette mandature. Le code de l’environnement en est un exemple.

Béatrice Fresko, à qui vous avez proposé une fusion de vos listes, est aussi quelqu’un de valeur ?

Absolument. C’est quelqu’un de correct, avec qui on pourrait s’entendre. Comme la loi électorale ne repose pas sur une élection à la proportionnelle, on sait qu’avec trois listes UM et HM auront beaucoup de mal à gagner face à Primo !. Je constate, et je ne suis pas le seul, que ce qui nous unit est plus fort que ce qui pourrait nous diviser. A nous de prendre la responsabilité de créer un véritable dynamique.

Comment se sont déroulées les discussions entre UM et HM pour ce projet de fusion ?

Je vous promets de tout vous raconter par le détail le moment venu (3).

C’est parce qu’il y avait ce projet de fusion UM-HM qu’on ne vous entend pas critiquer Béatrice Fresko-Rolfo et HM ?

Vous ne m’entendez pas tout simplement parce qu’elle dit peu de choses. Or, Béatrice Fresko-Rolfo est candidate depuis début septembre 2017. J’avais déjà dit la concernant : « Pourquoi s’est-elle déclarée si vite pour se taire si tôt ? ». Nous verrons ce qui sera annoncé lors de son premier meeting de campagne.

Mais entre UM et HM, les idées politiques sont très différentes, notamment sur l’Europe, l’amendement budgétaire ou la dépénalisation de l’avortement ?

Sur la question de la négociation pour un accord d’association entre Monaco et l’Union européenne (UE), tout le monde a finalement à peu près les mêmes positions. C’est juste la façon de les exprimer qui diffère. Faut-il être prudent ? Oui. Faut-il être fermé ? Non. Faut-il un bon accord, respectueux des spécificités monégasques ? Oui. Mais le langage de la peur est beaucoup plus simple à décliner que le langage de la raison. Je propose de remplacer la peur par la confiance et l’espoir !

Mais lors du meeting de Primo !, le 22 NOVembre 2017, le candidat Thomas Brezzo a estimé qu’un partenariat avec l’UE ne déboucherait pas sur « plus de souveraineté » ?

Je rappelle qu’il ne s’agit pas d’adhérer à l’UE. Ceux qui ont adhéré ont, effectivement, abandonné une part de souveraineté. Quelle est aujourd’hui la réalité monégasque ? Nous n’avons pas de réelle souveraineté, puisque la Principauté s’appuie sur 160 accords avec la France. Cela, tout le monde de fait semblant de l’oublier. Désormais, la France n’a plus le mandat nécessaire pour négocier à notre place. C’est fini. Donc, si on parvient à un bon accord d’association avec l’UE, Monaco deviendra un pays souverain, parmi tant d’autres. Au lieu de passer sous les fourches caudines du Quai d’Orsay, ou de s’adresser à un obscur fonctionnaire de Bruxelles, Monaco pourra s’asseoir à une table de négociation, comme les 28 autres pays européens. Et ça, c’est un gain incontestable de souveraineté ! Tout ce qui renforcera notre place dans le concert des nations protègera notre avenir. Depuis plus d’un siècle, nos Princes l’ont parfaitement compris : ONU, Unesco, Conseil de l’Europe…

Comment expliquer cette hostilité et cette inquiétude face au dossier européen ?

Il existe une hostilité vis-à-vis des technocrates de Bruxelles qui est parfaitement justifiée. Et puis, il y a aussi cette idée que quand il y a des maux, ce n’est pas de notre faute, mais que c’est celle des autres. Nous devons aborder des négociations, que nous n’avons pas demandées, avec la fierté de ce que nous sommes.

Les professions réglementées de Monaco ont créé un comité pour faire valoir leurs droits et leurs inquiétudes dans cette négociation avec l’UE, notamment concernant la liberté d’établissement ?

Je ne partage pas toutes leurs inquiétudes, mais je comprends tout à fait qu’ils se soient regroupés. Ils ont sans doute estimé qu’ils seraient plus forts en créant ce comité, qu’en étant seulement représentés par des élus du Conseil national ou par le gouvernement. Cela en dit long sur l’absence de confiance…

Qu’avez-vous à dire à ce comité monégasque des professions réglementées ?

Ils ont raison de faire entendre leurs préoccupations. Ils ont aussi eu raison de créer un comité, car cela place les élus et le gouvernement sur un même pied d’égalité pour dialoguer avec eux. Peut-être qu’au départ, le gouvernement n’a pas très bien communiqué sur ce dossier Monaco-UE. Depuis quelques mois, il me semble que Me Arnaud Zabaldano, le coordinateur du collectif monégasque des professions réglementées, et que le nouveau bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Yann Lajoux, ont un discours plus tempéré sur ce sujet. Incontestablement, leurs voix sont entendues. Ce que je trouve parfaitement normal.

Ne craignez-vous pas que ce dossier européen, qui continue de susciter beaucoup d’inquiétudes, vous coûte cher, d’un point de vue électoral ?

Et alors ? Est-ce que je dois dire l’inverse de ce que je pense pour faire des voix en plus ? Non. Je suis un homme de convictions, ni « européiste », ni « eurobéat ». Monaco est un pays entouré de 500 millions d’habitants. Nous avons des frontières naturelles avec l’Europe. Nous avons plus de 120 nationalités différentes en Principauté. Tout le monde est heureux que des investisseurs étrangers viennent à Monaco. Qu’est-ce que c’est que ces histoires ? De quoi on parle ? Je ne défends pas l’Europe bureaucratique de Bruxelles, d’ailleurs, je n’en veux pas. Je ne veux pas non plus intégrer l’UE. Par contre, je souhaite qu’une bonne négociation nous apporte le maximum d’avantages possibles !

 

« L’esprit de cette institution, ce n’est pas que le président du Conseil national soit omniprésent. Sauf à vouloir être un professionnel et être intéressé par un salaire »

 

Quel regard vous portez sur la gestion de ce dossier Monaco-UE par le gouvernement ?

Jusqu’à décembre 2015, il y a eu une confiscation de la négociation avec l’Europe, au profit exclusif de la partie française. C’était Michel Roger qui négociait. UM a publiquement demandé à ce qu’un Monégasque soit nommé à la tête des négociations avec l’UE. Et nous l’avons obtenu ! Le Prince a désigné Gilles Tonelli, conseiller-ministre pour les relations extérieures et la coopération, pour mener à bien cette mission. En retour, nous avons reçu un courrier extrêmement sévère de la part de Michel Roger. Mais peu importe. Nous voulons nous battre pour nos enfants et nos petits-enfants. Qui d’autre qu’un compatriote pourrait le faire ?

Vous estimez vous battre suffisamment en faveur des Monégasques ?

Sans doute jamais assez… Mais outre l’épisode du négociateur européen, j’ai pu obtenir que le président du conseil du patrimoine soit un Monégasque. Alors que Daniel Boeri était prêt à laisser tomber. J’ai dû faire un scandale en commission, car le gouvernement ne voulait pas de cette idée. Je n’ai pas de leçon à recevoir en termes de « monégasquitude » : lorsqu’il a fallu mouiller le maillot pour des sujets importants comme celui-là, ou d’autres, je l’ai toujours fait.

Pourquoi avoir refusé de faire une grande union nationale avec Stéphane Valeri ?

Parce que je ne partage absolument pas sa façon de faire de la politique. Je suis fondamentalement opposé à son projet de professionnalisation des élus du Conseil national, à savoir le président, le vice-président et les quatre présidents de commissions permanentes.

Pourquoi ?

Car cela créera un déséquilibre au sein du Conseil national et un déséquilibre constitutionnel cataclysmique. On va se retrouver avec des gens dont la politique deviendra la profession, et qui chercheront donc ensuite à être réélu. L’esprit de la constitution de la Principauté, ce n’est pas d’avoir une classe politique composée de professionnels. Car cela amènerait automatiquement un changement de régime constitutionnel.

Vraiment ?

Oui, car nous passerions alors d’une monarchie constitutionnelle à une monarchie parlementaire. Et ça, je n’en veux à aucun prix. C’est le plus gros danger qui pèse aujourd’hui sur la Principauté de Monaco. Nous sommes une toute petite communauté et qu’il faudra trouver au moins 24 élus professionnels dans une population de 9 000 Monégasques. Avec une monarchie parlementaire, il n’y aurait plus l’arbitrage du Prince. Le gouvernement serait responsable devant le Conseil national, et nous aurons ainsi réussi à importer ce dont nous n’avons pas besoin ! La Constitution monégasque est très bien faite.

Pourquoi ?

Parce qu’elle est très subtile. L’accord des volontés qu’il faut trouver entre le gouvernement et le Conseil national permet de résoudre beaucoup de choses. Il faut d’ailleurs parler du gouvernement du Prince, et non pas du gouvernement princier, qui est une invention du précédent ministre d’Etat, Michel Roger. Le gouvernement princier n’existe pas dans la Constitution. Nous souhaitons très clairement revenir à notre texte suprême dans toutes ses composantes.

Mais chez Primo ! on vous reproche justement de vouloir « diriger le Conseil national en intermittent du spectacle et de la politique » ?

D’abord, je ne suis pas intermittent du spectacle. Ensuite, il est évident que si demain je devenais président du Conseil national, j’organiserais mon départ de la direction de l’opéra de Monte-Carlo.

Et aussi de la direction des Chorégies d’Orange, que vous assumez depuis juin 2016 ?

Non, le festival durant un mois l’été, cela reste parfaitement compatible avec l’emploi du temps du Conseil national. Jean-François Robillon, Laurent Nouvion ou Christophe Steiner ont présidé le Conseil national, en continuant à travailler à côté. C’est une question d’organisation personnelle et d’état d’esprit. L’esprit de cette institution, ce n’est pas que le président du Conseil national soit omniprésent. Sauf à vouloir être un professionnel et être intéressé par un salaire.

Et si vous êtes élu, sans devenir président du Conseil national ?

Je continuerai comme aujourd’hui. Je resterai à la tête de l’opéra de Monte-Carlo et des Chorégies d’Orange.

Chez Primo !, on laisse entendre que vous dépendez de la Société des Bains de Mer (SBM), et donc de l’Etat, puisque l’opéra est un locataire de la SBM ?

Je ne suis pas dépendant de la SBM car il n’y a aucun lien de subordination entre la SBM et l’opéra. À aucun moment cette entreprise n’a essayé de faire pression sur moi. En revanche, j’ai un lien de subordination avec le gouvernement. Ce qui ne m’empêche absolument pas de le critiquer et de voter systématiquement contre le budget, au motif que la Constitution n’est pas respectée. Tout le monde ne peut pas en dire autant…

Comment vous situez-vous politiquement ?

Si j’étais français, est-ce que je serais socialiste ? Certainement pas. Est-ce que je serais proche de Laurent Wauquiez ? Certainement pas. À la présidentielle française, j’aurais voté pour Emmanuel Macron, et pas pour François Fillon, pour des raisons de morale. En politique, la morale, ça compte. En fait, pour me situer, je dirais que je me sens démocrate, dans le sens américain du terme. Car je crois que l’on doit être proche des gens, être à l’écoute des difficultés de chacun, et ne surtout, ne pas penser que l’on a réponse à tout.

Quelle vision avez-vous du Conseil national ?

Le Conseil national est là pour faire de la politique, donner une impulsion, donner son avis, avancer des idées et pousser le gouvernement dans ses retranchements, si nécessaire. Ou pour freiner, s’il estime qu’il le faut.

Quels sont les sujets de désaccord avec le gouvernement ?

Outre la présentation tronquée et inexacte des comptes, nous pensons que l’Etat dépense trop. Et qu’il faut donc revenir d’urgence sur le dogme des 30 % de dépenses d’investissements avancé par le gouvernement. Nous devons mettre davantage d’argent de coté pour préparer les dossiers fondamentaux que sont la sécurisation de la retraite des fonctionnaires et le financement de la dépendance.

Il existe d’autres points de désaccords avec le gouvernement ?

Je suis fondamentalement contre la division de la fonction publique en deux, avec des fonctionnaires d’un côté et des agents de l’Etat de l’autre. Pour nous, et contrairement au candidat Primo ! et président de l’association des fonctionnaires monégasques (AFM), Patrick Rinaldi, la fonction publique monégasque est une et indivisible. Ce qui n’empêche pas de publier ensuite des arrêtés ministériels selon les catégories et les cas. Je refuse que le Conseil national se fasse dépouiller de son influence.

 

« L’esprit de cette institution, ce n’est pas que le président du Conseil national soit omniprésent. Sauf à vouloir être un professionnel et être intéressé par un salaire »

 

Que faire pour la retraite des fonctionnaires ?

Je rappelle que Stéphane Valeri a été conseiller-ministre des affaires sociales et de la santé pendant 7 ans et demi. Est-ce qu’il a fait quelque chose pour sécuriser la retraite des fonctionnaires ? Non. Il s’est même opposé à ce que l’on fasse la moindre avancée sur ce dossier sensible. UM est le seul groupe politique à avoir fait des propositions concrètes pour sanctuariser la retraite des fonctionnaires. Nous sommes une vraie force de propositions.

C’est un vrai sujet d’inquiétude ?

Oui, car la retraite des fonctionnaires est une dette certaine, qui va se creuser au fil du temps. Nous ne voulons pas changer les conditions actuelles d’accès à la retraite des fonctionnaires. Mais on veut que cette retraite devienne pérenne et soit sécurisée. Et ça va coûter très cher.

Combien ?

On parle d’un milliard d’euros ! Il faudra donc que le gouvernement créée un fonds indépendant pour payer ces retraites et qu’il cotise.

En tout cas, le Prince Albert a indiqué en novembre 2017 qu’il ne souhaitait pas de l’amendement budgétaire que vous réclamez depuis des années ?

Au-delà de l’amendement budgétaire, il y a la situation budgétaire. Pendant 5 ans, de 2013 à 2018, avec UM, on n’a pas voté un seul budget présenté par le gouvernement. D’une part, parce que nous n’avions pas l’amendement budgétaire, mais aussi et surtout, parce que le budget présenté par le gouvernement ne présente pas la réalité des dépenses et des recettes engagées. Donc le gouvernement ne respecte pas la Constitution. Si UM est majoritaire, je suis prêt à renoncer à une révision constitutionnelle et à l’amendement budgétaire, à condition que le gouvernement s’engage à vraiment appliquer la constitution à la lettre. Je veux voir toutes les dépenses et toutes les recettes.

Que réclamez-vous d’autre ?

Nous souhaitons aussi l’égalité hommes-femmes, qui n’est pas respectée et qui est pourtant dans la constitution. Il suffit de voir la question du chef de foyer… Or, c’est une situation dont tout le monde semble s’accommoder, parce qu’on arrange chaque cas à la marge.

Quelle est votre position, et celle d’UM, par rapport à la question des femmes, du harcèlement et du phénomène du hashtag sur Twitter, #balancetonporc ?

Un mouvement politique qui défend l’égalité homme-femme ne peut être insensible à cette lame de fond mondiale et salutaire. Le respect des personnes, quelles que soient leur sexe ou leur origine, est à la base de notre pacte civil.

Au fil du temps, la question de la qualité de vie est devenue un vrai grand sujet de cette campagne électorale ?

Mais c’est parce qu’il y a là un vrai sujet d’inquiétude et de gêne pour les Monégasques et les résidents. Tout le monde le constate. Il y a des chantiers partout. Et donc, des nuisances. Ce que propose Primo !, notamment la pose de capteurs de bruits, est déjà prévu dans le texte sur le code de l’environnement que nous avons voté le 30 novembre 2017. La cartographie sonore de la Principauté fait partie de cette loi. Je n’aime pas cette façon de faire de la politique, qui consiste à venir avec des idées qui sont déjà là…

Et pour le projet de construction de la future usine d’incinération ?

Premièrement, je souligne avec satisfaction que le gouvernement, sous la pression quasi exclusive de UM, a décidé de revoir sa copie. Par ailleurs, j’ai été ravi d’apprendre que Primo ! se rangeait derrière notre position, qui consiste à dire, depuis des années déjà, qu’il est préoccupant de construire une usine d’incinération à côté d’une école. On parle de cette usine depuis au moins 2012. Stéphane Valeri était au gouvernement pendant cette période, au poste de conseiller-ministre pour les affaires sociales et la santé. Mais je ne l’ai pourtant jamais entendu nous soutenir sur ce sujet. Depuis qu’il n’est plus conseiller, il a donc réfléchi différemment sur ce dossier… Ce n’est pas la girouette qui bouge, mais le vent que change de direction !

 

1) Contactée à plusieurs reprises par Monaco Hebdo, Béatrice Fresko-Rolfo nous a indiqué ne pas avoir été en mesure de trouver « un créneau pouvant satisfaire » notre demande.
2) Lire notre article publié dans Monaco Hebdo n°1040.
3) Cette interview a été bouclée le 3 décembre 2017, soit avant le premier grand meeting d’Horizon Monaco (HM), qui s’est déroulé le 4 décembre.