Xavier Niel prend
le contrôle de Nice-Matin

Après avoir racheté Monaco Telecom en mai 2014 pour 321,7 millions d’euros, le patron d’Iliad, maison mère de Free, Xavier Niel, s’est offert mi-février 2020 le groupe de presse Nice-Matin. On se souvient qu’en 2014, pour boucler le rachat de Monaco Telecom, ce milliardaire français avait racheté la Compagnie Monégasque de Communication (CMC) à Cable&Wireless Communications (CWC), soit 55 % des parts de Monaco Telecom, via sa holding NJJ Capital. Cette holding est adossée à un fonds d’investissement, Kima Ventures, qu’il a co-fondé avec Jérémie Berrebi en 2010. Pour s’offrir Nice-Matin, c’est encore NJJ qui a été sollicitée pour acquérir les 66 % d’actions de la coopérative des salariés. Xavier Niel, qui est déjà présent dans la presse nationale en étant aussi actionnaire à titre individuel du Monde, aura donc mis un peu plus de 14 mois à finaliser cette opération. La holding NJJ Capital était déjà propriétaire depuis juillet 2019 de 34 % de Nice-Matin, grâce à la prise de contrôle d’Avenir Développement, qui appartenait alors à l’actionnaire belge Nethys. Xavier Niel est donc désormais à la tête d’un groupe de presse de près de 800 salariés, dont environ 200 journalistes, qui diffuse les éditions Nice-Matin, Var-Matin, Corse-Matin et Monaco-Matin. L’offre de 5 millions d’euro, une première fois refusée par une assemblée générale en décembre 2019, a finalement été acceptée. En 2014, les salariés avaient investi 925 000 euros pour sauver leur journal, en versant une part comprise entre 770 et 7 700 euros. L’argent proposé par Niel multiplie donc par un peu plus de cinq leur investissement. Selon Le Monde, le PDG Jean-Marc Pastorino, un ancien délégué syndicat CGT, devrait céder sa place, de façon temporaire, à Anthony Maarek, qui a piloté cette reprise pour Xavier Niel. Un plan de continuation va être présenté avant la date limite du 6 mars 2020 devant le tribunal de commerce de Nice, et permettre ainsi à Nice-Matin de quitter la période de sauvegarde dans lequel ce groupe de presse est plongé. NJJ compte s’appuyer sur un plan de 80 départs volontaires, étalés sur deux ans, à partir de l’été 2020, sans que les 195 postes de journalistes salariés à temps plein ne soient concernés. « Même si des négociations sont encore à mener, l’enveloppe financière consacrée à ces départs volontaires se situe autour de 7 millions d’euros », explique au Monde Frédéric Bertaina, secrétaire général de la CGT, syndicat majoritaire chez Nice-Matin. Reste une inconnue : suite à ce rachat, les journalistes peuvent faire valoir une clause de cession, qui pourrait prendre effet le 1^er mars 2020. « Il est difficile d’estimer le nombre de journalistes qui peuvent être concernés, mais on pense qu’il y aura entre 30 et 35 départs », estime Rodolphe Peté, délégué du Syndicat national des journalistes (SNJ), interrogé par Le Monde. Le groupe Nice-Matin a réalisé en 2019 un chiffre d’affaires d’environ 80 millions d’euros pour environ 5 millions d’euros de pertes. Si des pertes sont encore attendues pour 2020, Xavier Niel avait indiqué qu’il injecterait 50 millions, ce qui prend en compte les 12 millions de pertes à assumer suite au rachat d’Avenir Développement. Dans l’immédiat, 5 millions devraient être versés d’ici 2022, notamment pour lancer un nouveau système informatique à l’attention de la rédaction, et pour moderniser le secteur imprimerie. Le périmètre de diffusion, Alpes-Maritimes, Monaco, Corse et Var, est confirmé. Pour le moment, la vente de certains titres n’aurait pas été évoquée.