jeudi 28 mars 2024
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Un livre blanc pour réfléchir
au tourisme de demain

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Quel sera le tourisme de demain à Monaco ? C’est à cette question que réfléchissent aujourd’hui les services de l’État monégasque, alors que le secteur continue de souffrir de la crise sanitaire. Des premiers éléments de réponse ont été apportés, fin novembre 2021, avec la présentation d’un livre blanc du tourisme responsable.

Lancé en 2020 et destiné aux professionnels du secteur, Le Livre Blanc du tourisme responsable  (1) dresse « un état des lieux de tout ce qui a été fait, de comment est perçu le tourisme par ses acteurs, par les visiteurs et les résidents dans le but d’identifier des points forts, des points faibles et de mettre en place une stratégie et un plan d’action pour aller demain vers un tourisme encore plus responsable », résume le directeur du tourisme à Monaco, Guy Antognelli. « Car, si la crise nous a appris quelque chose, c’est que le tourisme est essentiel à l’économie et à l’équilibre des gens qui veulent voyager mais il faut qu’il soit responsable pour qu’il puisse durer ».

« L’industrie a envie d’aller dans cette voie. Aujourd’hui, ils attendent tous impatiemment que nous les invitions aux ateliers pour définir le plan d’action »

Guy Antognelli. Directeur du tourisme

Tourisme responsable

Ce document de 25 pages, préfacé par le prince Albert II et par le secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme Zurab Pololikashvili, a été élaboré avec le concours de la Mission pour la transition énergétique (MTE), la direction de l’environnement et un cabinet de conseils (François Tourisme Consultants) à partir d’analyses d’enquêtes, d’études comparatives et d’ateliers d’échanges. Cette « base de travail », comme elle est décrite par les autorités, met en évidence les pistes d’amélioration et les actions à mener pour aller vers un tourisme plus responsable. Mais pas nécessairement plus « green », nuance Guy Antognelli. « Je veux que nous sortions de cette appellation que nous avions jusqu’à présent. Ce n’est pas du tourisme green, ce sont des actions responsables. Pour moi, le terme “green” correspond aujourd’hui beaucoup plus à un tourisme de nature. Et dans mon imaginaire, le tourisme nature c’est le Costa Rica ou la Slovénie. Ce n’est pas une destination urbaine comme Monaco », explique-t-il. Et d’insister : « Le tourisme responsable, c’est plus que de l’environnement. Nous sommes sur ce que l’on appelle du social et du sociétal. Le social, c’est pour les employés au sein des entreprises. Et le sociétal, c’est pour l’impact sur la société des entreprises du tourisme. C’est vraiment une responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ».

Un plan d’action attendu avant la fin du semestre

Cet engagement dans le tourisme responsable n’est pas nouveau en principauté puisque de nombreux professionnels du secteur ont d’ores et déjà mis en place des solutions concrètes en adoptant par exemple des certifications environnementales contraignantes, en encourageant la mobilité douce et le tri sélectif des déchets, ou encore en luttant contre le gaspillage alimentaire. On apprend ainsi grâce à ce Livre Blanc que 88 % des chambres d’hôtels en principauté bénéficient à ce jour d’un label environnemental et que 97 % des établissements ont signé le pacte pour la transition énergétique. La restauration n’est pas en reste avec pas moins de dix restaurants membres du label Mr GoodFish pour une pêche responsable et 29 associés au programme « Restaurants engagés ». Ces efforts en faveur d’un tourisme raisonné sont d’ailleurs reconnus à l’international. Le Global Destination Sustainability Index, principal programme d’analyse comparative des destinations sur leurs stratégies durables, a en effet attribué à Monaco un score de 70,1 % à son “benchmark” [technique marketing basée sur l’analyse comparative — NDLR] 2020, soit une amélioration de 13,24 % par rapport à 2018. « Mais nous devons encore progresser. Le tourisme est un élément important dans le suivi de la feuille de route du souverain pour la réduction des émissions de carbone », rappelle le directeur de la DTC, qui n’oublie pas non plus les fameux objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies. « Six sont davantage applicables au tourisme. Et quatre sont particulièrement applicables en principauté. Nous allons donc, à partir de ces ODD, décliner un plan d’action qui sera communiqué avant la fin du semestre ».

« Nous ne faisons pas ça pour attirer plus de clients. Ce n’est pas du tout l’objectif. […] C’est juste une nécessité si nous voulons que la planète survive, et si nous voulons que le tourisme ait un impact positif, et ne soit pas plus destructeur que créateur »

Guy Antognelli. Directeur du tourisme

« Une nécessité, pas un argument marketing »

Il faudra donc attendre encore un peu avant d’en savoir plus sur les actions concrètes qui guideront cette démarche responsable. Mais à en croire Guy Antognelli, les professionnels du tourisme à Monaco ont pris conscience de leurs responsabilités et de la nécessité de remettre en cause certains modèles. « Le Livre Blanc a été très bien accueilli. La plupart des hôtels avaient déjà mis en place des “green teams”, c’est-à-dire des référents responsables pour l’environnement, pour les déchets… Nous nous sommes appuyés sur ces équipes quand elles existaient. Nous avons invité d’autres personnes et le succès des ateliers nous fait déjà dire que les gens ont envie. L’industrie a envie d’aller dans cette voie. Aujourd’hui, ils attendent tous impatiemment que nous les invitions aux ateliers pour définir le plan d’action », assure le directeur du tourisme. Et les professionnels du secteur ne seraient d’ailleurs pas les seuls à être convaincus par cette démarche : « Nous sommes clairement dans un moment où les clients cherchent cette information. Nous savons que la sensibilité prix est devenue très faible. C’est-à-dire qu’au même prix, un établissement qui a une politique environnementale et qui la met en avant sera favorisé par le client ». Mais pas question pour autant de faire de cet engagement responsable, un argument de vente de la destination estime Guy Antognelli : « Nous ne faisons pas ça pour attirer plus de clients. Ce n’est pas du tout l’objectif. […] Pour moi, ce n’est pas un élément marketing. C’est juste une nécessité si nous voulons que la planète survive et si nous voulons que le tourisme ait un impact positif et ne soit pas plus destructeur que créateur ». On l’aura compris, le tourisme de demain se pense dès aujourd’hui.

1) Pour plus d’informations, vous pouvez télécharger Le Livre Blanc du tourisme responsable à Monaco sur le site de la direction du tourisme et des congrès, VisitMonaco : puis “livre blanc du tourisme responsable” dans l’onglet recherche.