mercredi 24 avril 2024
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La Table d’Antonio Salvatore fait son entrée dans le métavers, avec DWorld

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Le chef étoilé Antonio Salvatore collabore avec Manila Di Giovanni, la patronne de l’entreprise monégasque DWorld, pour faire entrer son restaurant, La Table d’Antonio Salvatore, dans le métavers. Objectif : développer la relation client de cet établissement à l’international.

C’est une rencontre entre deux mondes antinomiques en apparence. Et pourtant. Le chef étoilé au Michelin, Antonio Salvatore, chef exécutif et fondateur de La Table d’Antonio Salvatore, collabore avec Manila Di Giovanni, la jeune entrepreneure de la tech, patronne et fondatrice de DWorld, l’entreprise monégasque qui a modélisé l’intégralité de la principauté dans le métavers. Cette technologie, qui a été mise à l’honneur une nouvelle fois à Monaco avec le Metaverse Entertainment World Summit (MEWS) entre le 3 et le 5 mai 2023, est présentée comme un nouvel Internet. Elle offrirait un potentiel d’un trillion de dollars en 2022, selon les prédictions du fonds américain Grayscale Trust, géant de l’investissement en cryptomonnaies [à ce sujet, lire notre dossier spécial Métavers : quelles opportunités pour Monaco ?]. Pourtant, ce marché du métavers est encore timide en principauté, et les grands acteurs de l’économie monégasque ne se bousculent pas pour s’y lancer. Cette collaboration entre La Table d’Antonio Salvatore et DWorld est donc doublement symbolique : elle allie nouvelles technologies et gastronomie, peu encline d’ordinaire à ce type d’initiative, tout en renforçant le développement du métavers à Monaco.

« J’avais la conviction que l’on pouvait aller au-delà des expériences clients habituelles de Google et de Tripadvisor. Grâce au métavers, on peut rendre cette expérience beaucoup plus immersive. Mais il fallait que je comprenne comment faire »

Antonio Salvatore. Chef étoilé du Rampoldi Monte-Carlo

Expérience client

Si leur premier point commun est d’être tous les deux Italiens d’origine, Antonio Salvatore et Manila Di Giovanni sont également deux patrons curieux l’un envers l’autre. Leur rencontre remonte à la fin d’année 2021, alors que Manila Di Giovanni venait, à seulement 21 ans, d’être nominée au classement Forbes Monaco’s 30 Under 30, qui met en avant les meilleurs talents de l’entrepreneuriat chez les moins de 30 ans. Fasciné par son parcours hors norme, et par sa capacité à monter une affaire aussi ambitieuse que celle de modéliser la principauté pour en faire un véritable espace commercial et doper son attractivité, Antonio Salvatore a contacté l’entrepreneure pour imaginer, ensemble, un moyen d’intégrer son restaurant dans ce jumeau virtuel de Monaco : « La cuisine est un domaine très visuel, très physique, puisqu’il renvoie directement aux sens. Je n’arrivais donc pas à comprendre comment je pouvais intégrer la gastronomie et la restauration dans le métavers. C’est pour cette raison que j’ai contacté Manila, car j’avais la conviction qu’on pouvait aller au-delà des expériences clients habituelles de Google et de Tripadvisor. Grâce au métavers, on peut rendre cette expérience beaucoup plus immersive. Mais il fallait que je comprenne comment faire. » Grâce aux services de DWorld, La Table d’Antonio Salvatore a été modélisé et numérisé dans les moindres détails dans le jumeau numérique de la principauté, avec des mises à jour constantes. Questionnés par Monaco Hebdo, Antonio Salvatore et Manila Di Giovanni n’ont pas souhaité communiquer le budget nécessaire pour cette opération.

« Notre approche du métavers n’est pas celle de la “gamification” [du jeu — NDLR]. C’est avant tout un jumeau virtuel, dans lequel tous les secteurs de l’économie monégasque peuvent travailler leur image de marque »

Manila Di Giovanni. Fondatrice et dirigeante de DWorld

« Modélisation »

L’intérêt pour Antonio Salvatore, en plus de s’offrir une nouvelle visibilité, c’est de bâtir une communauté de clients fidèles au-delà des frontières de la principauté. Le public pourra ainsi se déplacer entre les murs virtuels du restaurant, comme s’il y était, et pourra acheter et collectionner des NFT, ces jetons non fongibles, des objets numériques traçables, qui permettront d’appartenir à la communauté internationale du restaurant, à la manière d’un programme de fidélité. « Notre approche du métavers n’est pas celle de la “gamification” [du jeu — NDLR]. C’est avant tout un jumeau virtuel, dans lequel tous les secteurs de l’économie monégasque peuvent travailler leur image de marque », explique Manila Di Giovanni. Pour y accéder, il faut télécharger l’application Dworld VR à travers laquelle Monaco l’Oculus quest connecté à un Occulus link, ainsi qu’un ordinateur doté d’une bonne carte graphique. Cette technologie est donc encore destinée à un public restreint, pour le moment. Mais Antonio Salvatore voit cela comme une première pierre posée sur un projet à long terme : « Le futur, c’est ça. On s’adapte, ou on meurt. Moi qui suis plutôt de la vieille école, il fallait que je comprenne comment m’adapter au nouveau monde. Sans le talent et la vision de Manila, je ne pense pas que j’aurais franchi le pas. » Et ce qui a été fait avec La Table d’Antonio Salvatore peut être transposé à d’autres établissements de la principauté, assure Manila Di Giovanni : « Concevoir la modélisation d’un établissement dépend du niveau de détail que l’on veut y apporter. Ça peut se faire en trois semaines, mais il faut aussi prendre le temps de l’interaction pour être au plus près des besoins du client. Pour La Table d’Antonio Salvatore, nous avons mis environ deux mois pour modéliser le restaurant. »