samedi 20 avril 2024
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Que faire après la tempête financière de l’été??

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crise financière
© Photo D.R.

Difficile de garder son sang froid après le krach boursier de cet été. Patience et prudence sont de mises avant des jours meilleurs…

Même tranquillement installé sur un transat au bord de la Grande Bleue, il était difficile de passer à côté de la tempête financière de cet été. Sur fond de nouvelles craintes de risque systémique provoqué par la crise de la dette des Etats européens, mais également des Etats-Unis, et d’une nouvelle récession, le fameux « double dip », les indices actions mondiaux ont connu un krach boursier d’une rare violence avec des chutes d’environ 20 % entre le 22 juillet et le 22 août. Aucun secteur n’a été épargné. Mais comme toujours dans de tels moments de panique, les valeurs financières et industrielles ont subi les plus forts dégagements. Depuis, les marchés d’actions tentent de se stabiliser à la faveur de bonnes nouvelles en provenance des résultats des sociétés cotées qui, paradoxalement, ne se sont jamais aussi bien portées avec des taux de rentabilité record et des bilans financiers très sains. Mais attention?! Les données macroéconomiques devraient rapidement reprendre le dessus au regard des difficultés structurelles que rencontrent les Etats dans la gestion de leur dette, et la flopée d’indicateurs prévus d’ici la fin du mois incite les intervenants à rester très prudents.

Craintes d’un « double dip »

« La conjonction de plusieurs évènements souligne la fragilité de l’environnement économique et financier, expliquent les experts d’Initiatives Financières, société indépendante de conseil en gestion de patrimoine. En Europe, la difficulté à régler la crise grecque a révélé brusquement les risques que comportaient les situations espagnole et italienne. Aux Etats-Unis, le laborieux et tardif compromis pour relever le plafond de la dette a démontré l’absence de leadership pour remédier à la dérive des finances publiques. Dans le même temps les dernières statistiques économiques ont fait apparaitre une détérioration de la conjoncture économique. » Aux Etats-Unis, fin juillet, la croissance a en effet été fortement révisée à la baisse. En Europe après un premier trimestre brillant, la décélération est soudaine, particulièrement en Allemagne et en France. Qui plus est, ces préoccupations conjoncturelles sont renforcées par la mise en place de mesures d’austérité justifiées par la situation alarmante des finances publiques. « Au-delà des péripéties non négligeables liées à la stabilisation des dettes souveraines et la consolidation du système bancaire, la perspective demeure celle d’une croissance fortement ralentie par le processus de désendettement », poursuivent ces experts. Dans un tel contexte, les investisseurs se sont rués sur les actifs réputés « sûrs » qui sont du coup devenus très chers. L’or est au plus haut, les rendements obligataires gouvernementaux des pays solides sont très faibles tandis que les taux des produits monétaires vont rester quasi nuls pour encore longtemps…

Prudence à court terme

Il convient donc de rester prudent à court terme. « Même si les valorisations des actions sont attractives, nous estimons que cela n’offre pas suffisamment de protection face à une éventuelle récession et/ou une hausse du risque systémique que la crise de la dette en zone euro pourrait provoquer, prévient Patrick Moonen, stratégiste Actions chez ING IM. Seule une amélioration de la situation sur l’une de ces deux thématiques pourrait permettre aux marchés d’actions de se reprendre solidement. D’ici là, la volatilité va reste élevée et les investisseurs concentrés sur les publications économiques et les déclarations politiques. » Dans un tel contexte, les experts d’Initiatives Financières conseillent « une allocation d’actifs qui doit rester prudente à court terme en raison de la volatilité des marchés, diversifiée sur toutes les classes d’actifs et surtout cohérente avec un horizon de placement à moyen terme. » Mais la patience pourrait finir par payer pour qui sait sélectionner les bons titres et attendre. « Les marchés finissent toujours par sortir des crises, fait valoir Jean-Marie Mercadal, directeur général adjoint en charge des gestions chez OFI AM. La croissance émergente est encore assez vive, les entreprises ne sont pas chères et celles qui bénéficient d’un véritable savoir-faire ou d’une marque reconnue seront, tôt ou tard, recherchées. »

Apple poursuivra sa lancée, même sans Steve Jobs
Pour Stuart O’Gorman et Ian Warmerdam, gérants Action Technologie chez Henderson Global Investors, le départ de Steve Jobs, l’emblématique patron d’Apple, ne devrait pas entamer la dynamique de croissance de la société. « En nommant le très respecté Tim Cook comme successeur, la société devrait éviter les luttes de pouvoir qui accompagnent souvent les changements de PDG, soulignent les gérants. Il connait l’entreprise de long en large et a évolué aux cotés de Steve Jobs tout au long de l’éclosion d’Apple. » Les gérants mettent également en avant que la société est extrêmement bien intégrée tout au long de sa chaine de valeur. « Du matériel informatique au logiciel, en passant par les systèmes d’exploitation qui conduisent tout droit aux contenus – Apple est partout, rappellent-ils. Apple n’est donc pas uniquement une société qui produit, mais possède d’importantes barrières à l’entrée, et non des moindres si l’on considère iTunes — qui mène l’industrie de la musique par le bout du nez — et l’App Store – qui a pour effet de créer des consommateurs toujours plus « accros ». Grâce à l’intégration verticale, Apple peut désormais non seulement produire le meilleur produit, mais aussi offrir le meilleur prix. »
Ils estiment donc qu’Apple continuera sur le même rythme et n’excluent pas une révision en hausse des prévisions de bénéfices, malgré les préoccupations économiques actuelles.