vendredi 24 mars 2023
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La SBM lance un plan social

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Sans que le nombre de salariés visés soit connu, la Société des Bains de Mer a décidé de lancer un plan de suppressions de postes.

Objectif : réaliser une économie de 25 millions d’euros. Au vu de l’ampleur de ce plan de restructuration, il s’agit d’une première dans l’histoire de cette entreprise, créée en 1863 par François Blanc.

La nouvelle n’a pas surpris grand monde. Le 2 octobre 2020, un plan social a été annoncé par la Société des Bains de Mer (SBM). Comme l’avait très largement laissé pressentir le président-délégué de la SBM, Jean-Luc Biamonti, son entreprise qui emploie 3 823 salariés, dont 470 Monégasques va donc licencier. Le nombre de départs forcés sera directement lié au nombre de départs volontaires, mais aucun chiffre précis n’avait filtré alors que Monaco Hebdo bouclait ce numéro, le 6 octobre 2020. Si les salariés de nationalité monégasque seront épargnés, on sait que le secteur des jeux, le secteur hôtels et restaurants, et enfin les fonctions support seront impactés à hauteur d’un tiers chacun. Personne ne sera donc épargné. Ce plan de départs volontaires concerne les salariés âgés de 57 ans et plus. Ils ne seront pas remplacés. Objectif : atteindre une baisse des dépenses à hauteur de 25 millions d’euros. Pour cela, outre les départs de salariés, la SBM va aussi jouer sur la renégociation de contrats d’assurance et la suppression de consultants, notamment. Des aides au départ seront versées aux volontaires qui seront également accompagnés par la SBM pour tenter de trouver un autre emploi. Pour être attractif, il s’agira évidemment de verser plus que l’indemnité légale conventionnelle. « La crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 et le choc économique engendré par cette dernière obligent la SBM à accélérer la mise en œuvre d’un plan de restructuration global, notamment en matière sociale », a annoncé l’entreprise dans un communiqué publié le 2 octobre 2020.

« Déficit chronique »

Le 2 octobre au matin, le directeur des ressources humaines de la SBM, Jean-François Mariotte s’est présenté à la salle des Etoiles pour exposer la situation aux délégués du personnel. Il a indiqué qu’en compagnie de la direction, il travaille depuis « plusieurs semaines » sur ce sujet, et qu’une série d’échanges ont eu lieu avec le gouvernement monégasque. De la même façon, de 17h à 20h, le jeudi 1er octobre 2020, la direction de la SBM a présenté ce projet de plan social au Conseil national et à son président, Stéphane Valeri, dans le cadre d’une commission plénière d’étude. « Le Covid n’a pas créé la situation de fond de la SBM. Les problèmes existaient avant. L’entreprise générait de la dette et des pertes. Le Covid est arrivé et il n’a provoqué qu’une chose : une crise de liquidités. Du coup, la SBM n’a plus d’argent pour pouvoir résister. Donc, les mesures que l’on prend aujourd’hui ne sont pas dictées par le Covid. Les difficultés remontent à 2007-2008, avec l’interdiction du tabac dans les casinos et les Italiens qui ne sont plus venus jouer le week-end à Monaco », a indiqué Jean-François Mariotte. « Ce travail de restructuration est rendu particulièrement nécessaire du fait d’un déficit chronique de ses exploitations hôtelières et de restauration et de son activité casino, lié notamment à un niveau de charge salariale en inadéquation avec le niveau de chiffre d’affaires généré », précise la SBM dans un communiqué. Devant les délégués du personnel, Jean-François Mariotte a donné quelques chiffres au sujet de la masse salariale : « En 2007-2008, la masse salariale c’est 179 millions d’euros pour 56 millions d’euros de résultat. En 2019-2020, l’exercice a été positif uniquement grâce à l’immobilier, à +26 millions d’euros et la masse salariale a augmenté de 98,9 millions d’euros, soit 277,9 millions. Dans l’intervalle, il y a seulement 400 salariés supplémentaires. Pourquoi ? Parce que le statut social de la SBM est avantageux, parce que les conventions collectives sont avantageuses, ce que je ne remets pas en cause. Mais l’entreprise ne peut plus assumer cette situation. » La crise sanitaire a provoqué une baisse de 74 % du chiffre d’affaires sur le second trimestre 2020 (lire Monaco Hebdo n° 1167) et les périodes automnale, puis hivernale qui se profilent, couplées avec la pandémie de coronavirus, ne permettent pas d’espérer un redressement spectaculaire des comptes.

« CTTR »

« Aujourd’hui la SBM est dans une situation critique. On ne prend pas le Covid-19 comme un prétexte. La situation que l’on vous présente aujourd’hui existait avant le Covid. Il aurait fallu mener des actions avant le Covid. […] L’entreprise vivait en générant de la dette. A part l’exercice 2019-2020, grâce à l’immobilier, la SBM ne gagne pas d’argent. Le périmètre des jeux et hôtellerie-restauration continue à perdre, même l’an dernier, plusieurs dizaines de millions d’euros », a ajouté le directeur des ressources humaines de la SBM. Pour financer l’immédiat, BetClic, la filiale jeux en ligne de la SBM, a prêté 65 millions d’euros à la SBM. En parallèle de cela, le département financier de la SBM a emprunté sur les marchés à court terme des billets de trésorerie. Au bout d’un, deux ou trois mois, l’entreprise peut renégocier pour essayer d’en obtenir d’autres. Cela représente plusieurs dizaines de millions d’euros, ce qui permet à la SBM de maintenir sa trésorerie. Au total, la SBM a emprunté 110 millions pour tenir le choc jusqu’à la fin de l’exercice 2020-2021, le 31 mars 2021. Mais ça ne sera pas suffisant. Il faudra aussi que l’aide de l’Etat monégasque soit prolongée, comme l’a très clairement expliqué Jean-François Mariotte : « Pour les marchés financiers, si la crise sanitaire se poursuit, cette situation pourra durer jusqu’à mars 2021, uniquement si le chômage total temporaire renforcé (CTTR) continue. Si le CTTR s’arrête fin octobre 2020, vous pouvez déchirer ce que je vous donne aujourd’hui, car la crise deviendrait alors vraiment beaucoup plus importante. Mais j’ai bon espoir d’un prolongement du CTTR jusqu’à la fin 2020, et probablement jusqu’à la fin de notre exercice, le 31 mars 2021 ».

« Sauver cette entreprise »

Tant que le nombre de salariés de 57 ans au moins volontaires au départ n’est pas connu, impossible de connaître le nombre de départs forcés, ni le nombre total de départs qui seront concernés par ce plan social. Mais le directeur des ressources humaines a profité de cette réunion pour tordre le cou à des rumeurs qui évoquaient entre 500 et 1 200 licenciements : « Faire tourner cette entreprise avec 1 200 ou 800 salariés de moins est impossible. Ces chiffres n’ont jamais été à l’étude. Ce n’est pas du tout la proportion sur laquelle nous travaillons […]. Mais il va falloir qu’on se serre la ceinture. Il va falloir continuer à effectuer le même travail, avec moins de monde. » Ce plan social fonctionnera donc avec une chronologie précise : d’abord les départs volontaires, ensuite les départs contraints et enfin les renégociations des accords collectifs. Le secteur hôtelier devra revoir les accords de masses, le secteur jeux de table la renégociation des articles de la convention collective et pour tous les secteurs le principe d’indexation des salaires sur l’inflation sera rediscutée a annoncé Jean-François Mariotte. Si la SBM n’a pas communiqué sur la durée exacte de la globalité de son plan social, les premiers départs volontaires pourraient intervenir, au mieux, d’ici la fin de l’année 2020. Un premier calendrier sera proposé dans la semaine du 5 octobre 2020 aux délégués du personnel. « Tout ne sera pas bouclé dans un mois et demi, c’est impossible, a lancé Jean-François Mariotte. Nous prendrons le temps de discuter avec chaque syndicat, avec chaque délégué du personnel sur sa corporation, sur ses activités, afin de pouvoir construire ensemble ce plan, dont l’objectif est sauver cette entreprise en ayant le moins de casse sociale possible. Mais on ne peut plus rester dans cette situation. » Une pause. Puis, il a ajouté : « Il faut sauver l’entreprise avec le moins de casse sociale possible. »

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