mercredi 24 avril 2024
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Musée océanographique
“2010 n’est que la première phase des travaux”

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Patrick Piguet responsable du patrimoine du musée
Patrick Piguet, conservateur des collections et responsable du patrimoine du musée. © Photo Monaco Hebdo.

Centenaire du musée océanographique, épisode 3. Pour ce dernier épisode, Monaco Hebdo fait le point sur les travaux qui ont été lancés. Interview de Patrick Piguet, conservateur des collections et responsable du patrimoine du musée.

M.H. : Pourquoi faire seulement aujourd’hui ces travaux qui sont nécessaires depuis longtemps ?
P.P. : Les travaux ont été possibles uniquement grâce à l’allocation de fonds de 30 millions d’euros de la part du Palais Princier. Sans ça, on aurait absolument pas pu réaliser les travaux. Il faut dire que notre seule source de revenus, pour le musée et l’institut de Paris, ce sont les entrées du musée. Dans ces conditions, on est obligé de faire des choix. Et nos priorités sont : les normes d’accueil, le fonctionnement du personnel et la bonne marche de l’aquarium. Donc, la partie patrimoine était effectivement négligée. Car la part des dépenses incompressibles engloutissait toutes les recettes. Mais le centenaire a été un déclencheur pour redonner l’éclat d’antan au musée.

M.H. : Quelle est la restauration la plus importante ?
P.P. : C’est incontestablement celle de la salle de conférence. Une salle dans laquelle les 6 lustres de bronze de la maison Baguès ont été nettoyés, polis, vernis. Alors que les vitraux ont été remis en plomb. De plus, on a redécouvert le parquet centenaire et les toiles peintes ont été restaurées. Quant aux rideaux d’occultation, ils sont désormais électriques et toute la partie technique a été revue avec un matériel de projection haute définition, une sonorisation numérique, un accès sans fil à internet haut débit, une solution de visio-conférence, etc. On a investi dans de nouveaux fauteuils pliables, pour plus de fonctionnalité et de modularité. Tout en gardant les fauteuils patrimoniaux qui font partie de l’héritage du musée. Bref, tout un matériel dernier cri pour recevoir de nombreux événements dans les meilleures conditions et devenir un lieu de réunion auquel on pense.

M.H. : Des innovations également dans la salle de conférences ?
P.P. : Oui. Une issue de secours a été créée dans cette salle. Une innovation indispensable, car elle permet de la privatiser, de l’isoler entièrement du musée pour accueillir aussi bien des colloques scientifiques, des projections cinématographiques liées aux expositions en cours, des opérations d’incentives, ou des concerts, comme dans le cadre du printemps des arts. Mais elle pourra aussi accueillir des événements privés. Comme des mariages ou autres célébrations. Tout en respectant une certaine éthique qui correspond à la charte à laquelle le musée adhère.

M.H. : Et le reste du rez-de-chaussée ?
P.P. : Les murs du grand hall d’entrée et du salon d’honneur, où se tenaient les cérémonies importantes du vivant d’Albert Ier, ont retrouvé leur couleur d’origine. Avec une très belle nuance de rouge foncé. Pas facile d’argumenter sur ce sujet, mais le directeur, Robert Calcagno, m’a tout de suite soutenu. Et on voit le résultat : majestueux, en parfaite harmonie avec les dorures des plafonds, elles aussi restaurées. Même si le coût de l’échafaudage pour peindre ces murs de dimensions hors du commun a été exorbitant, car c’était du matériel sur-mesure. Autre rénovation, la loggia du salon qui domine la mer et qui est désormais réouverte. Résultat, on voit désormais la Méditerranée. Ce qui est une donnée importante dans un musée entièrement dédié au monde marin. Enfin, les lanternes de Baguès ont été redorées et des vitraux ont été redécouverts dans les réserves du musée et réinstallés.
M.H. : Et l’entrée du musée ?
P.P. : La porte d’entrée a retrouvé son faste d’avant la seconde guerre mondiale. A cause de ce conflit, les éléments de décoration de la grille d’entrée avaient été dissimulés pour échapper aux réquisitions des métaux précieux destinés à être fondus. Décapés, nettoyés, vernis et cuits au four, le blason et la pieuvre de cuivre rouge ainsi que les méduses de laiton, refont leur apparition au grand jour. Le premier bandeau de mosaïque, qui se trouve dans l’entrée du grand hall, était complètement usé par l’accueil de millions de visiteurs. Il a donc été entièrement refait. En fait, le public a découvert toutes ces restaurations le 2 avril dernier. Mais il reste encore beaucoup à faire.

M.H. : D’autres projets pour 2010 ?
P.P. : On doit installer dans l’année une nouvelle signalétique cohérente dans tout le musée. Car on a une physionomie un peu particulière, avec un visiteur qui entre au milieu et qui peut partir de tous les côtés. Du coup, il faut réaliser et signaler un cheminement cohérent, avec un sens de visite agréable.

M.H. : Et dans les prochaines années ?
P.P. : La didactique du grand bac est à revoir. Il faut multiplier les explications, avec plus d’interactivité. De plus, la descente depuis le rez-de-chaussée jusqu’au second sous sol va être réaménagée d’une façon plus moderne. Ce qui est vraiment nécessaire. Et puis, le parcours va aussi être changé. Ensuite on s’attaquera au premier étage, avec la réorganisation des 3 salles : la salle centrale et celle d’Albert 1er sont à améliorer. Et la salle de la baleine est à revoir sur le plan muséographique, en terme de présentation. Enfin, le réaménagement de la terrasse est prévu, pour mieux l’exploiter et la rendre plus attractive.

M.H. : Et à l’extérieur ?
P.P. : Il y a un projet de réhabilitation du parvis encore non finalisé. Le but, c’est de le rendre plus agréable, d’en faire une vraie place, plutôt piétonne. Ce qui permettra une réelle mise en valeur du bâtiment. Mais 2010 n’est que la première phase de travaux. Car on est partis sur un plan quinquennal, pour redonner du faste et du lustre. Et pour que le début du deuxième centenaire démarre en beauté.